9. Même les meilleurs amis se disputent

      Le lendemain matin, nous nous sommes levés plutôt tard. Alec a été le dernier à descendre dans la salle commune, où nos parlions de son attitude de la veille. Clairement, il avait abusé. D'accord, Serdaigle avait battu Gryffondor de quatre-vingt-dix points, mais ce n'était pas pour ça qu'il fallait qu'il se rende ivre au point de s'énerver pour rien.

Alexander : Salut tout le monde... Euh... Je voulais m'excuser pour hier soir, je ne sais pas trop ce qui m'a pris...

      Elsa l'a fusillé du regard et il a blêmi. Quant à moi, je ne me suis même pas tournée pour lui dire bonjour.

Noelia : Je pense que tu nous dois des excuses, c'est vrai. Mais si tu dois vraiment des excuses plus complètes et profondes à quelqu'un, tu les dois àKevin et Lily. Ce que tu as fait était stupide et irréfléchi. Non seulement tu as beaucoup trop bu, mais en plus, tu as failli te battre avec deux de tes plus proches amis. Alors trouve des excuses valables, parce que si j'étais eux, je ne te pardonnerais pas si facilement.

      Le visage de mon meilleur ami s'est décomposé. Comme toujours lorsqu'elle parlait calmement et très sérieusement, Noelia avait touché un point sensible. C'était en partie pour ça que j'adorais cette fille. Elle était plutôt timide et réservée, mais lorsqu'elle parlait, elle avait le don de trouver les mots justes, forts, des mots qui faisaient mouche.

Alexander : Kevin... Je suis désolé de t'avoir accusé sans raison. Enfin... Je sais bien que c'est du passé, mais... Quand je t'ai vu danser avec elle, ça tournait en boucle dans ma tête... Le soir où vous avez rompu... Je ne veux plus jamais la voir comme ça...

      Mon petit cœur a fondu et j'ai voulu le serrer dans mes bras. Seulement, j'étais censée être très fâchée, alors je n'ai rien dit et j'ai serré les dents d'un air buté.

Kevin : Je sais. Je comprends, et je ne t'en veux pas. On a tous des moments où on pète les plombs. Je sais que je l'ai blessée dans le passé, et je m'en veux encore. Mais le passé est dans le passé, il ne faut pas l'oublier.

      J'ai jeté un coup d'oeil vers les garçons. Ils se serraient la main de manière cordiale. Puis Alec s'est tourné vers moi, et j'ai fait mine de ne pas le calculer, même si l'effort me coûtait.

Alexander : Lily... Lily, je suis désolé. Je n'ai pas d'excuse. Il t'avait blessé, et je voulais simplement de protéger. Et parfois, on ne protège pas de la bonne façon...

      Je me suis tournée vers lui et lui ai planté un index accusateur dans la poitrine. À ce moment-là, ma colère était revenue, et je comptais bien le lui faire comprendre, à la manière forte.

Moi : Je n'ai pas besoin qu'on me protège ! Je sais très bien me protéger toute seule ! Et puis d'abord, je ne t'en veux pas parce que tu as voulu me protéger ! Tu sais pourquoi je t'en veux ? Parce qu'à ce moment-là, tu ressemblais à Albus !

      Alexander a haussé les sourcils. Apparemment, il ne comprenait pas. Il ne pouvait pas, je ne lui avais jamais raconté cet épisode. Je ne l'avais jamais raconté à personne, de toute façon. Le seul au courant était Kevin, puisqu'il était avec moi à ce moment-là.

Moi : Quand on sortait ensemble avec Kevin, on s'était rejoint dans un couloir, au deuxième étage ! Albus est arrivé alors que nous étions clairement en train de nous rouler une pelle, et ça ne lui a pas plu ! Pas plu du tout ! Il a hurlé puis il s'est dirigé directement sur nous ! Il nous a séparé, a dit à Kevin de dégager rapidement, puis il a commencé à m'engueuler ! Il disait que j'étais folle, que j'étais trop jeune, que je n'avais pas à faire ce genre de choses ! On s'embrassait, c'est tout ! Il a fini par dire que j'étais naïve et insouciante, et que Kevin allait se servir de moi et me blesser ! C'est la seule fois où je me suis disputée avec Albus ! Je lui en ai voulu pendant deux mois ! Alors, par Merlin, arrêtez de tous vouloir me protéger ! Je suis une grande fille, je sais me débrouiller !

      Je ne savais plus très bien si j'étais en colère contre Alec ou contre Albus, à qui je n'avais jamais vraiment pardonné cet épisode malgré notre incroyable complicité. Mais ce dont j'étais sûre, c'est que ma colère me dévorait. Il fallait que je bouge, sinon j'allais exploser.

      Lançant un dernier regard de feu à Alec, je suis sortie en coup de vent de la tour.

      J'ai couru dans les couloirs jusqu'aux toilettes les plus proches et je me suis engouffrée dans la pièce.

      J'ai ouvert un robinet à fond et j'ai commencé à m'asperger le visage d'eau. Puis j'ai abattu mon poing sur le lavabo, causant plus de dégâts sur ma main que sur la porcelaine.

Moi : Aïe !

      J'ai cherché ma baguette dans ma poche, mais impossible de la trouver. Oh non ! Je l'avais oubliée sur la table, dans la salle commune !

      J'ai hurlé en entendant quelqu'un prononcer mon prénom, juste derrière moi. Je me suis retournée vivement.

      Juste devant l'entrée des toilettes se trouvait mon cousin Hugo.

Moi : Tu m'as fait peur, sombre crétin !

Hugo : Désolé... J'ai vu passer quelqu'un en courant et je me doutais bien que c'était toi. Il n'y a pas cinquante rousses aux yeux bleus dans l'école.

      Il a légèrement ri.

Hugo : Beau match hier, tu ne trouves pas ?

Moi : Ne me parle pas d'hier !

      Sous le regard étonné de mon cousin, je lui ai expliqué les récents évènements. Il m'a souri calmement.

Hugo : Bah, il a fait le con, et après ? Tu ne vas pas en vouloir toute ta vie à ton meilleur ami juste parce qu'il a voulu te protéger, si ?

      Je lui ai souri à mon tour.

Moi : Non. Mais j'étais vraiment en colère, et je voulais vraiment qu'il comprenne que je sais me protéger toute seule.

Hugo : Bon. Alors retourne le voir, dis-lui que tu lui pardonnes, et qu'il ne doit pas refaire la même erreur. Le connaissant, il doit être dans tous ses états.

      J'ai hoché la tête tandis qu'Hugo faisait mine de partir.

Moi : Et, Hugo ? Merci !

Hugo : Pas de quoi !

      Il a souri et est parti pour de bon. Quant à moi, j'ai fermé le robinet et je suis retournée dans la salle commune.

      Quand je suis arrivée, Alec était assis dans un fauteuil, la tête entre les mains. Lysander et Zoé étaient assis à côté de lui, sûrement pour lui remonter le moral. Quant aux autres septièmes années, ils les observaient sans rien dire.

      Au moment même où je suis entrée, toutes les têtes se sont tournées vers moi, y compris celle des autres élèves présents.

Moi : Écoute, Alec... Je me suis un peu emportée... Je sais que tu ne pensais pas mal faire, mais je t'en supplie, ne recommence pas, d'accord ? J'aime pas qu'on mène mes combats à ma place.

      Alec a levé un regard illuminé vers moi.

Alexander : Tout ce que tu voudras !

      J'ai ouvert grand les bras.

Moi : Allez, viens-là !

      Il s'est levé sous les sourires de nos amis, puis il s'est approché de moi. Et je l'ai serré dans mes bras.

      Thomas Anderson, un élève de cinquième année, a alors hurlé :

Thomas : Allez, embrassez-vous maintenant !

      Le malaise. Il disait sûrement ça pour rigoler, mais il ne pouvait pas imaginer la réelle portée de ses mots.

      J'étais comme figée, et je me serais très certainement évanouie si Elsa n'avait pas pris les choses en main.

Elsa : Eh Anderson ! Embrasse Roberts et après on en reparle !

      Le garçon s'est tu en rougissant. Audrey Roberts était sa meilleure amie, tout le monde le savait, et il ne semblait pas vouloir l'embrasser le moins du monde.

      En fait, heureusement qu'Elsa a détourné l'attention, parce que je me sentais plutôt mal. Mes jambes ont flageolé, et je me suis sentie bien lourde.

      Alec s'était tourné vers les autres, aussi il n'a pas remarqué que je m'écroulais. Il a alors poussé un cri en me sentant glisser.

      Je me suis retrouvée assise par terre, légèrement sonnée.

Alexander : Lily, tu vas bien ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Moi : Je... je sais pas... Je crois que tout ce qui s'est passé... un trop plein, sûrement. Rien de grave, ne t'inquiète pas.

      Il m'a tendu sa main, que j'ai prise pour me relever.

Moi : Je crois que j'ai besoin de repos. Heureusement, dans un mois et demi, c'est les vacances.

      J'ai soupiré.

Moi : En attendant, je crois que je vais aller à la bibliothèque. J'ai un devoir de botanique à rendre, demain.

      Les filles ont proposé de m'accompagner, pendant que les garçons remontaient dans leur dortoir. 

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