7. Problèmes de famille

      Les jours ont continué de passer, ainsi que les semaines, sans que je ne les voie vraiment. Un peu plus d'un mois est passé, en tout. Je voyais de moins en moins Alec pendant les week-ends, car il continuait de s'entraîner avec l'équipe de Quidditch. Et, contrairement à ce que je voulais faire croire aux filles, ça me perturbait. Il était tous les week-ends en présence de trois filles, aussi magnifiques les unes que les autres. Oh, bien sûr, je savais que je n'étais pas en reste non plus – sans vouloir être narcissique. Mais les filles de l'équipe de Quidditch, en plus d'être belles, elles avaient quelque chose que je n'avais pas : la passion du Quidditch. Moi, tout ce que j'aimais dans ce sport, c'était le vif d'or, alors qu'elles... Eh bien, elles jouaient dans l'équipe. Pas moi.

      Elsa a interrompu mes réflexions en s'asseyant à côté de moi et en laissant tomber un manuel scolaire sur la table, ce qui m'a fait sursauter.

Elsa : Ouf ! Demain, c'est samedi ! Et en plus, on a sortie à Pré-au-Lard !

      Je me suis tournée vers Alec.

Moi : Il faut absolument qu'on fasse des provisions chez Honeydukes, et bien sûr, il faut qu'on passe chez Weasley, Farces pour Sorciers Facétieux. Il faut également que je fasse un tour chez...

      Il n'a pas quitté son parchemin des yeux et m'a coupée :

Alexander : Je ne vais pas à Pré-au-Lard, Lily.

      Sa déclaration a eu sur moi l'effet d'une bombe. Je me suis figée et j'ai balbutié, pas sûre d'avoir bien entendu :

Moi : Quoi ?! Comment ça ?

      Il a enfin daigné lever les yeux vers moi et a souri tristement.

Alexander : On est à la mi-octobre. Dans moins d'un mois, les matchs de Quidditch vont commencer. Il faut qu'on soit au top, alors on a entraînement un soir sur deux, ainsi que le samedi après-midi. On voulait avoir le terrain le dimanche, seulement, il est déjà pris par les Poufsouffles le matin et les Gryffondors l'après-midi. Le samedi matin est pris aussi, par les Serpentards.

      J'ai digéré l'information en silence. Alec me lâchait pour le Quidditch. Il me lâchait pour Catherine, Cassie et Elena.

      C'est ce moment-là qu'a choisi Lorcan pour débarquer, tenant fermement Dominique par la taille.

      Après avoir poussé un soupir théâtral, celle-ci s'est décollée de Lorcan.

Dominique : Bon, Lorcan, je te laisse. Trop de cerveaux d'intellos au même endroit... c'est mauvais pour ma beauté naturelle. Et si je deviens moche comme certaines...

      Elle m'a lancé un rapide coup d'oeil que j'ai été la seule à intercepter. 

Dominique : ... tu ne voudras plus de moi.

      Elle l'a embrassé en souriant et est partie. Quant à moi, j'ai fait mine de vomir, ce qui a fait rire Noelia, assise en face de moi. Puis je me suis tournée vers Lorcan.

Moi : Sérieusement, Lorcan, comment tu fais ?

      Lorcan s'est tourné vers moi, perplexe.

Lorcan : Comment je fais quoi ?

Moi : Comment tu fais pour supporter ma cousine ?

      Lorcan a froncé les sourcils. J'ai compris qu'il se demandait de quelle cousine je parlais. C'était vrai qu'avec sept frères et sœurs dans la famille Weasley, dont six garçons, ça faisait beaucoup d'enfants Weasley. Et, effectivement, j'avais en tout six cousines, dont deux qui n'étaient plus à Poudlard. J'ai donc précisé :

Moi : Je veux parler de Dominique.

   Une des choses que je ne comprenais pas. Pourquoi Lorcan Scamander sortait-il avec Dominique Weasley ? Elle était tellement sûre d'elle, tellement prétentieuse ! Elle était persuadée qu'elle était la huitième merveille du monde, et ne se privait pas pour faire remarquer aux autres qu'ils lui étaient inférieurs. Elle se sentait supérieure au reste de la communauté, sous prétexte que son arrière grand-mère était une Vélane, et qu'elle avait hérité d'elle une incroyable et extraordinaire beauté – en tout cas, c'était elle qui le disait. 

      Lorcan, lui, c'était tout le contraire. Il était attentionné avec tout le monde, il essayait à tout prix de remonter le moral des gens. Bien sûr, il était surexcité en permanence, et pouvait facilement relever le niveau de mes oncles Fred – paix à son âme – et George, mais même. 

      Alors pourquoi sortait-il avec Dominique Weasley ? Ils n'étaient même pas dans la même maison, ils n'étaient même pas en même année, et ils ne se seraient sans doute jamais rencontrés si je n'avais pas parlé à Dominique, un jour où j'y avais été obligée, et si Lorcan ne s'était pas trouvé à côté de moi juste à ce moment-là !

Lorcan : Franchement Lily, t'exagères ! Elle est pas méchante !

      J'ai levé les yeux au ciel. S'il avait écouté ce que je disais, il aurait entendu que je n'avais pas dit ça.

Moi : J'ai jamais dit qu'elle était méchante. Elle est juste tellement imbue d'elle-même ! T'as vu comment elle a clairement dit que j'étais moche ?

Lorcan : Mais non, enfin ! Elle dit ça pour plaisanter ! Et puis, pourquoi tu te sens visée ? C'est quoi ton problème, Lily ? Qu'est-ce que tu lui veux, à Dominique ? Je sais qu'entre cousines il y a des tensions, parfois, mais là ça va un peu loin, tu ne crois pas ?

      J'ai laissé tomber. J'avais une impression de déjà-vu, et chaque fois qu'on abordait ce sujet, on finissait immanquablement par se disputer.

      Je rageais intérieurement depuis quelques secondes quand Alexander a lancé, me faisant sursauter :

Alexander : Je ne trouve pas que tu sois moche.

      Je me suis tournée vers lui vivement. Est-ce que j'avais bien entendu ?

      Alec a rougi et a bafouillé :

Alexander : Je veux dire... Tu es ma meilleure amie, tout ça... mais d'un point de vue complètement objectif... je trouve que tu n'as pas à t'en faire question beauté. Si tu veux mon avis, tu es même plus belle que ta cousine. Elle tient sa beauté d'une Vélane. Tu tiens ta beauté de toi-même. Une personne n'est pas forcément belle si elle a de beaux cheveux, de beaux yeux... Il faut de ça, mais aussi, si tu es toi-même, ça ne te rend que plus beau.

      J'ai senti mes joues rougir tandis qu'Elsa s'étouffait de rire derrière son manuel. Noelia souriait jusqu'aux oreilles, une plume dans les mains. Quant à Lorcan, il ne semblait pas nous écouter.

Moi : Euh... merci...

      Je ne savais pas quoi dire, et le silence est devenu pesant. Elsa s'est alors levée en me prenant par le bras.

Elsa : Je vais à la bibliothèque, tu m'accompagnes ?

      J'ai tenté de répliquer :

Moi : Mais...

      Elle a resserré sa prise sur mon bras et m'a tirée. Apparemment, je n'avais pas le choix. Bien. Je me suis levée à mon tour.

      Quand on est arrivées à la bibliothèque, Madame Pince engueulait un élève de première année qui avait barbouillé un livre de chocolat. Le pauvre devait se sentir bien mal ! D'un autre côté, on avait pas idée d'emmener du chocolat à la bibliothèque. Surtout en présence de Madame Pince !

      Elsa a rangé le livre qu'elle tenait dans les mains.

Elsa : Arrête de sourire. On dirait une imbécile, c'est d'une niaiserie !

      J'ai haussé les épaules.

Moi : Je ne souris pas. Encore moins d'un air niais. Puis d'abord, pourquoi je sourirais ?

Elsa : Oh, je ne sais pas ! Peut-être parce qu'Alec vient de dire qu'il te trouvait belle parce que tu étais toi-même ?

      Elle a éclaté de rire.

Moi : Oui, et t'as entendu comme moi le ''t'es ma meilleure amie''. Donc ça ne sert à rien de se leurrer.

      Elsa s'est cogné le front avec la paume de sa main. Soit elle venait de se souvenir de quelque chose, soit je la désespérais – ou je l'exaspérais, au choix.

Elsa : Lily... Tu m'énerves !

Moi : Chut. Je veux pas savoir. Moi aussi je t'aime.

      Nous sommes sorties de la bibliothèque pour nous diriger vers l'escalier. De là, nous sommes montées au cinquième étage pour accéder à la tour de Serdaigle, ainsi qu'à notre salle commune.

      Quand on est entrées, Cassie Thompson – de l'équipe de Quidditch – et sa sœur Sabrina se disputaient. Kevin est alors intervenu pour les séparer.

Kevin : Oh les filles ça suffit ! Ou vous vous calmez ou je vais de ce pas faire un rapport au professeur Flitwick !

      Les filles se sont tues, mais j'ai bien vu qu'elles se retenaient de s'étrangler mutuellement ou d'étrangler le pauvre Kevin, qui ne remplissait que son rôle de préfet.

      Autant que sa sœur Cassie était blonde aux yeux bleus, Sabrina était brune aux yeux verts. Cependant, elles avaient la même intelligence, la même mémoire photographique, ainsi que la même lueur espiègle dans le regard. Quand on les voyait, on savait à l'avance qu'elles étaient faites pour le sport et les cours.

      J'avais toujours rêvé d'avoir les cheveux blonds de Cassie et les yeux verts de Sabrina. Comprenez-moi, en général, lorsque les gens voyaient des roux, ils les apparentaient directement aux Weasley. Bien sûr, tous les roux n'étaient pas du tout de ma famille. Mais il est vrai que la plupart des Weasley étaient roux, même maintenant. Prenez l'exemple d'Hugo, de sa sœur Rose, de mes cousines Molly et Lucy, ainsi que Fred. Seuls les enfants de Bill et Fleur se distinguaient par leur chevelure blonde, et la fille de George et Angelina avait les cheveux bruns de sa mère.

      D'après Noelia, chez les moldus, les roux étaient mal vus. Ils étaient apparentés à la sorcellerie il y a des siècles – bien que dans le cas des Weasley ce soit exact, mais les moldus ne croient pas à la magie – et maintenant encore, les gens refoulaient les chevelures rousses.

      Alors, entre les moldus et les sorciers, être rousse me dérangeait. Ce que je ne comprenais pas, c'était pourquoi j'étais rousse aux yeux bleus, alors que mon frère James était brun aux yeux marrons, et mon autre frère Albus, brun aux yeux verts. Moi, je devais me retrouver avec ces cheveux roux caractéristiques, et dès que quelqu'un me voyait, il pensait directement à la famille Weasley. D'accord, c'était ma famille. Mais comme toute famille, elle était très imparfaite. À commencer par Dominique Weasley.

      De mes cousins et cousines, c'était la seule que je détestais. Je ne m'entendais pas forcément très bien avec Roxanne, mais nos rapports restaient courtois. Je trouvais Fred un peu trop taquin, et Lucy un eu trop absorbée dans ses romans – en même temps, elle n'était pas à Serdaigle pour rien ! –, mais sinon, je m'entendais plus ou moins avec tous mes cousins.

      Juste comme je pensais ça, ma cousine est entrée dans la salle commune, un roman entre les mains.

Lucy : Salut Lily !

      Elle m'a fait signe de sa main libre avant de se diriger vers les escaliers en direction du dortoir des troisièmes années.

      J'ai sursauté en sentant une main se poser sur mon épaule. Je me suis tournée pour me retrouver nez à nez avec Elizabeth.

Elizabeth : Comment elle fait ? Elle est toujours plongée dans ses romans, ta cousine ! Même quand elle marche ! C'est à se demander comment elle regarde où elle met les pieds !

      Je lui ai souri. Je me posais la même question depuis des lustres !

Moi : Bah... Le Choixpeau avait raison de l'envoyer à Serdaigle ! Elle est pire que ma tante, et c'est pas peu dire ! D'après mon père, elle était toujours plongée dans un livre, et toujours première de la classe. Eh bien Lucy, c'est pareil ! C'est pire, même. Ma tante ne s'est jamais baladée toute la journée avec un roman dans les mains.

Elizabeth : Tu sais, je pense que tu devrais lui parler. Ou quelqu'un. N'importe qui. Elle va finir seule. Elle ne reste avec personne, ou presque.Comment veux-tu qu'elle rencontre un garçon ?

      J'ai éclaté de rire.

Moi : Liz, elle va avoir treize ans !

Elizabeth : Et alors ? Il faut bien commencer un jour ou l'autre ! Et il n'est jamais trop tôt pour s'intéresser aux garçons et à l'amour !

      J'ai secoué la tête d'un air navré.

Moi : Liz, elle a encore le temps de sortir de ses romans pour rencontrer des garçons. Elle est pas pressée, et elle a raison de prendre son temps.

Elizabeth : Va lui parler !

Moi : Elizabeth ! Elle n'a pas besoin que je lui parle !

      Liz m'a fusillée du regard, l'air de rien, tout en me souriant.

Elizabeth : Va lui parler, sinon, je vais parler à tu-sais-qui.

      J'ai senti mon sang se glacer dans mes veines, et j'ai dégluti avec peine.

Moi : Tu n'oserais pas ?

      Elle n'avait pas le droit de me faire ce chantage-là ! Elle était une des rares à savoir que j'étais amoureuse d'Alec, elle n'avait pas le droit de menacer d'aller lui parler !

Elizabeth : Alors ?

      Liz a haussé un sourcil avec un sourire carnassier. Je me suis retenue de l'étrangler, et je me suis également retenue de rire. Cette fille était vraiment infernale, quand elle s'y mettait !

Moi : Ça va, c'est bon, t'as gagné ! Je vais lui parler !

      Je me suis précipitée vers ma cousine, qui était dans les escaliers.

Moi : Lucy ! Lucy, attends !

      Elle s'est tournée vers moi et a levé les yeux de son bouquin.

Lucy : Oui ?

Moi : Ça va ? Je veux dire... les amis, les amours, tout ça ?

      Elle s'est presque étranglée.

Lucy : Les... les amours ? Quels amours ? Je n'ai pas d'amours moi !

      Sa réaction m'a pétrifiée un instant. Elle était beaucoup trop rapide et beaucoup trop disproportionnée pour être réellement normale. Soit elle tenait à cacher quelque chose, soit elle n'aimait vraiment pas parler d'elle. 

Moi : Euh... d'accord, d'accord... J'ai rien dit... Je voulais juste... Non tu sais quoi ? Laisse tomber.

      Je lui ai fait signe de la main et j'ai fait mine de partir. Elle m'a retenue par le bras.

Lucy : Non, attends. Excuse-moi, j'ai pas l'habitude qu'on me demande des nouvelles... Mais sache que tout va bien, merci. Et, non, je n'ai pas d'amours. Je suis très bien en étant célibataire, si c'est ce que tu veux dire. Les garçons sont vraiment immatures à treize ans, alors à moins de sortir avec un garçon de dix ans de plus que moi, ce que je préfère éviter, j'évite de trop me coller aux garçons.

      Sur ce, elle m'a souri, a replongé le nez dans son roman, puis a gravi les marches des escaliers jusqu'au dortoir des filles de troisième année. 

      Je me suis tournée vers Liz, qui a haussé les épaules, l'air de dire ''au moins t'auras essayé''.

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