6. Une soirée pleine de révélations

      Le dimanche soir, après avoir travaillé l'après-midi et avoir discuté de tout et de rien avant le dîner, nous sommes remontés dans les dortoirs après dîner pour nous mettre en pyjama.

      J'ai passé mon t-shirt par-dessus mes épaules, découvrant mon soutien-gorge. Elsa a éclaté de rire dans mon dos, vite suivie par Noelia et Liz. Je me suis tournée vers elles, perplexe.

Moi : Quoi ?

      Elsa a pointé du doigt mon soutien-gorge en riant. Je ne voyais pas vraiment ce qu'il y avait de drôle, étant donné que tous les soirs on se mettait en pyjama dans le dortoir et qu'on voyait nos soutifs respectifs.

Moi : Eh ben ? Qu'est-ce que vous avez ?

      Elizabeth, Zoé et Noelia semblaient incapables de m'expliquer, alors c'est Elsa qui a pris la parole, toujours pliée en deux :

Elsa : J'aime beaucoup ton soutif, Lily ! Surtout le petit cœur autour du nom d'Alec !

      J'ai rougi et j'ai enfin compris. J'avais complètement oublié ! Il y avait quelque temps, je m'ennuyais, et, dans un pur moment de folie, j'avais pris un marqueur et j'avais dessiné sur mon soutien-gorge. Ok, vous me direz, c'était stupide, mais c'était dans un moment d'égarement. Bien évidemment, étant donné que j'avais utilisé un marqueur indélébile, c'était impossible à effacer, et je me retrouvais avec un soutif blanc où était dessiné un cœur entourant le prénom de mon meilleur ami au marqueur noir, juste sur le sein gauche.

Moi : Ah oui... J'avais complètement oublié que j'avais fait ça !

      Je me suis mise à rire à mon tour, pendant que Liz sortait un marqueur de son sac.

Elizabeth : Attends, tu vas voir !

      Elle s'est approchée de moi et a décapuchonné son marqueur. Puis elle a fait mine d'écrire sur mon soutien-gorge, et j'ai reculé.

Elizabeth : Oh, allez ! Fais pas ta chochotte !

      Pour dire vrai, je n'étais plus à ça près. Mon soutien-gorge était déjà fichu, alors j'ai laissé Liz écrire dessus. Elle a écrit son prénom en l'entourant de petites fleurs. Puis elle a passé le marqueur à Elsa, qui a aussi écrit sur mon soutien-gorge, de même que Zoé et Noelia. Quand elles ont eu fini, Elizabeth a rangé son marqueur et a sorti un feutre à la place.

Moi : Tu comptes faire quoi avec ce feutre ?

      Liz a échangé un regard entendu avec les filles, que je n'ai pas compris. 

      Trop tard, j'ai réalisé ce qu'elles allaient faire. Noelia, Elsa et Zoé m'ont sauté dessus et m'ont plaquée au sol, et Elizabeth a commencé à me dessiner des petits cœurs, entourant chacun le prénom d'Alexander, sur le dos, le ventre et les bras. Elle m'en a même fait un juste au-dessus du sein droit.

Moi : Mais lâchez-moi ! Lâchez-moi ! Nooooooon !

      Elles m'ont finalement relâchée, couverte de petits cœurs un peu partout sur le haut du corps.

Elizabeth : Et voilà ! Si avec ça, on ne comprend pas que tu es amoureuse d'Alexander Londubat, c'est qu'on est débiles !

      Au mot ''amoureuse'', j'ai bondi vers elle en criant.

Moi : Chuuuuuuuuuut !

      On a éclaté de rire, et j'ai enfilé mon pyjama par-dessus les gribouillis.

Noelia : Joli pyjama aussi !

      J'ai baissé les yeux vers mon pyjama. Décidément, ce n'était pas ma journée ! J'avais enfilé mon pyjama bleu avec les pingouins, celui qui me va un peu trop petit. La chemise était un peu trop serrée au niveau de la poitrine – pourtant je n'avais pas une forte poitrine, c'était plutôt le contraire –, et le pantalon me remontait au-dessus des chevilles.

Moi : Bah...

      J'ai éclaté de rire en voyant les têtes de mes amies. Puis je suis tout à coup redevenue sérieuse et je me suis tournée vers Elsa.

Moi : Et toi, alors ?

      Elsa m'a regardée avec l'air de ne pas comprendre. Mais je savais très bien qu'elle avait pigé, alors j'ai continué :

Moi : Avec Lysander !

      Elle a haussé les épaules, mais je voyais bien que j'avais touché un point sensible et qu'elle essayait de maîtriser le tremblement dans sa voix.

Elsa : Avec Lysander quoi ? Qu'est-ce que tu veux qu'il se passe ?

Moi : Oh, Elsa, arrête ! Ça se voit qu'il est raide dingue de toi !

      Elsa a secoué la tête en rougissant et s'est forcée à rire.

Elsa : Mais non.

      Elle continuait à rougir à vue d'oeil.

Moi : Bien sûr que si ! Et toi aussi, vu la couleur que tu prends !

      Elsa a rougi encore plus et a crié :

Elsa : Mais non, enfin !

      À ce moment-là, Liz, Noelia et Zoé se sont tournées vers nous, en même temps que je répondais :

Moi : Mais si !

      Elizabeth m'a regardée avant de s'arrêter dans son mouvement et de demander :

Elizabeth : Mais si quoi ?

      Elles n'avaient quand même pas pu louper notre conversation, si ? Elles étaient pourtant juste à côté de nous !

Elsa : Rien du tout ! Elle raconte n'importe quoi !

      Au même moment, après avoir tiré la langue à Elsa, j'ai lancé, mine de rien :

Moi : Elsa est amoureuse de Lysander !

      Zoé a laissé tomber ses livres sur le sol, et Noelia a poussé un petit cri. Liz a souri jusqu'aux oreilles et a crié :

Elizabeth : Je le savais !

      Elsa s'est empourprée et a râlé :

Elsa : Non, tu ne savais rien du tout, pour la bonne et simple raison que je ne suis PAS amoureuse de Lysander ! Ok ?

Moi : C'est ça ! Et moi, je ne m'appelle pas Lily Luna Potter, je ne suis pas à Serdaigle, et je ne suis pas amoureuse de mon meilleur ami !

      Elsa a fait un geste grossier avec sa main avant de déclarer fermement :

Elsa : Je ne suis amoureuse de personne. Encore moins de Lysander.

      Mais trop tard, le mal était fait. Les filles poussaient des couinements de joie, et Elsa était rouge comme une pivoine.

      Je me suis assise sur mon lit, pendant que Zoé ramassait ses livres.

Moi : En tout cas, lui, il est complètement amoureux de toi !

Elsa : Mais non, n'importe quoi !

      Noelia s'est assise à côté de moi sur mon lit, tandis que Zoé et Elizabeth s'asseyaient sur le lit d'Elsa. Celle-ci a décidé de rester debout, sans doute pour manifester son profond agacement.

Noelia : Ça, c'est vrai. Ça crève les yeux.

      Zoé a acquiescé en souriant.

Zoé : Il est fou amoureux, ça se voit quand il te regarde, Elsa. Pourquoi tu ne fais rien ? Tu es amoureuse de lui, non ?

      J'ai souri. Non mais quelle fourbe, cette Zoé ! Avec sa question, elle comptait la piéger. Son piège a très bien marché, d'ailleurs, puisqu'Elsa a répondu :

Elsa : Oui, mais...

      Elle a alors mis sa main sur sa bouche, les yeux écarquillés, et son visage a rougi encore plus.

Elsa : Non ! Non non non ! Ce n'est pas du tout ce que je voulais dire ! Je ne suis pas amoureuse de lui !

      J'ai attrapé mon oreiller et je le lui ai lancé à la figure. Elle l'a intercepté en plein vol.

Moi : Trop tard ! Tu l'as dit !

      Elsa a levé les yeux au ciel pendant que Liz, Noelia, Zoé et moi éclations de rire.

Elsa : Bon, d'accord. Je suis amoureuse de Lysander. Ça vous va comme ça ? Bande de commères !

      J'ai éclaté de rire et Elsa m'a renvoyé mon oreiller – que je me suis pris en pleine figure, maudits soient mes mauvais réflexes – avant de s'assoir sur son lit aux côtés de Liz et Zoé.

Elsa : Bon... Maintenant, à vous de me donner une information sur vous. Lily est amoureuse d'Alexander, tout le monde le sait...

      J'ai arrêté de rire et j'ai lancé, scandalisée :

Moi : Hé ! Personne ne le sait !

      Elsa n'a même pas relevé, elle a continué :

Elsa : ... mais vous, les filles, je veux savoir !

      Liz a éclaté de rire.

Elizabeth : Je ne suis amoureuse de personne, si c'est ce que tu veux savoir. Je me porte très bien en étant célibataire. Mais ce n'est pas le cas de Noelia...

Noelia : Eh ! C'est pas vrai !

      Elles ont commencé à se chamailler, et Elsa a levé la main pour ramener le silence.

Elsa : Noelia, tu dois être sincère. J'ai été sincère, moi !

      Bien sûr ! Il avait fallu qu'on lui tire les vers du nez, mais elle avait été sincère ! Sincère mon œil, oui !

Noelia : Mais je le suis...

      On lui a toutes lancé un faux regard noir, et elle a levé les yeux au ciel, avant de se reprendre :

Noelia : Bon, d'accord, c'est pas vrai. Je suis amoureuse d'un garçon qui s'appelle Frank. Mais vous ne le connaissez pas. C'est mon voisin, il a dix-neuf ans, et c'est un moldu.

      Nous avons poussé des cris victorieux, et Zoé a fait mine de partir. Je l'ai attrapée par le bras pour l'empêcher de bouger.

Moi : Pas si vite ! Et toi, Zoé ?

      Zoé a fortement rougi, ce qui est assez inhabituel dans son cas.

Zoé : Écoutez... Je ne suis pas prête à en parler, d'accord ?

      Noelia s'est immédiatement indignée :

Noelia : Quoi ?! Et tu crois que j'avais envie d'en parler, moi ? Tu ne vas pas t'en sortir comme ça, Zoé ! Allez, dis-nous tout ! On veut tout savoir !

      Zoé a secoué la tête.

Zoé : Je ne veux vraiment pas en parler.

      Son ton était clairement menaçant, pourtant ça n'a pas alerté les filles. Avant que je n'aie pu leur dire d'arrêter, de la laisser tranquille, Liz a lancé :

Elizabeth : Allez !

Zoé : Je ne veux pas en parler ! C'est trop compliqué à comprendre pour vous ?

      Elle s'est levée précipitamment, et je n'ai pas été assez stupide pour la retenir cette fois-ci. Elle est partie en claquant la porte derrière elle, et aucune d'entre nous n'a bougé. On était trop éberluées pour réagir.

      C'est Elsa qui a finalement brisé timidement le silence dans lequel nous étions enfermées :

Elsa : Vous croyez que c'est si grave que ça ? Je... je crois qu'on devrait aller la voir et s'excuser, non ? Qu'est-ce que vous en pensez ?

Moi : Absolument.

      Je me suis levée, j'ai ouvert la porte, et nous sommes descendues dans la salle commune.

      Zoé était assise dans un fauteuil et pleurait. Pas très loin d'elle, deux élèves de troisième année, Sabrina Thompson et Malcolm Chase, étaient assis et travaillaient. Aucun d'eux ne semblait remarquer la présence de Zoé.

      Je me suis approchée d'elle doucement.

Moi : Eh, Zoé... Je suis désolée... On ne pensait pas qu'on pourrait te blesser...

      Zoé a reniflé et s'est essuyé les yeux.

Zoé : Non, c'est pas votre faute... Je... je devrais vous en parler, je le sais... je vous fais assez confiance pour ça... Mais j'ai vraiment du mal à parler de ça...

      Elsa a posé une main rassurante sur l'épaule de notre amie.

Elsa : C'est si grave que ça ?

      Zoé a secoué la tête.

Zoé : J'ai juste tellement peur que vous me jugiez...

      Je me suis aussitôt indignée :

Moi : Quoi ?! Mais on ne te jugera pas, enfin ! Peu importe ce que tu pourras nous dire, je te promets qu'on ne te jugera pas.

      Qu'elle puisse penser qu'on la jugerait m'a blessé. On se connaissait depuis notre première année, on était tout le temps ensemble, on se connaissait par cœur... Comment pouvait-elle penser qu'on la jugerait ? On était ses amies ! Et les amis ne sont pas là pour se juger, ils sont là pour se soutenir.

      On est remontées dans le dortoir, parce que Zoé ne semblait pas vouloir parler dans la salle commune. D'un autre côté, je la comprenais. La présence d'autres élèves n'était pas agréable pour partager ses secrets.

      Zoé s'est assise sur son lit et a poussé un long soupir.

Zoé : Je suis amoureuse, c'est vrai.

      Elle s'est caché le visage dans ses mains en sanglotant.

Zoé : D'une fille.

      Elle a fondu en larmes, et je me suis demandée si j'avais bien entendu. Une fille ? Comment ça, une fille ?

      Un déclic s'est fait dans mon esprit. Bien sûr, une fille. Ça crevait les yeux, à tel point que je me suis demandé comment on n'avait pu ne pas s'en apercevoir avant.

      Noelia et Elsa sa sont regardées sans rien dire. Liz a baissé les yeux et a bredouillé :

Elizabeth : D'une... d'une fille ?

      Je l'ai fusillée du regard et j'ai passé mes bras autour des épaules de Zoé.

Moi : Et tu as gardé ça pour toi tout ce temps ? Comment as-tu faitpour tenir ?

      Zoé a écarté ses mains et a tourné son visage larmoyant vers moi.

Zoé : Tu... ce... je... ça ne te choque pas ?

      J'ai secoué la tête.

Moi : Bien sûr que non. Tu es Zoé, notre Zoé, et quoi que tu fasses, quoi que tu dises, tu resteras cette Zoé-là. Je me fiche que tu sois attirée par les filles, les garçons, ou même les trolls si ça te chante ! Tu es mon amie ! Tu es notre amie ! Et si quiconque a un problème avec le fait que tu sois...

      Je n'arrivais pas à trouver les mots justes, alors j'ai simplement serré les poings et fait mine de frapper.

Moi : Eh bien, je lui casse la figure, à la manière moldue, sans magie !

      Zoé a souri et essuyé ses larmes. Ça faisait du bien de la voir rire un peu.

      Elsa, Liz et Noelia se sont approchées et on s'est toutes serrées autour de Zoé. On était un groupe, et peu importait ce qu'il pouvait arriver, on resterait un groupe.

      Peu à peu, l'atmosphère s'est détendue, et on a commencé à parler des cours, avant d'éteindre la lumière et de s'endormir. 

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