5. Un week-end ordinaire

      Le lendemain, alors que je dormais encore, j'ai entendu les filles qui discutaient. J'ai ouvert les yeux.

Moi : Les filles, c'est samedi ! Dormez enfin !

      Elles ne m'ont même pas calculée et ont continué leur discussion tranquillement, comme si je n'étais pas là.

Elsa : ... que Chloé a grossi, si vous voulez mon avis.

Zoé : C'est sûr. Par contre je ne comprends pas pourquoi elle suit tout le temps Alyssa et Terrence...

Elizabeth : Bah, elle voudrait bien être belle et populaire. Donc elle trouve des filles qui pourraient la pousser sur l'échelle sociale. Seulement, je pense que c'est plutôt le contraire, Terrence et Alyssa la tirent vers le bas. Et puis d'abord, moi, ce que je ne comprends pas, c'est comment Asher, le beau gosse typique, peut sortir avec cette pimbêche !

      Je me suis assise sur mon lit et me suis incrustée dans la conversation :

Moi : Bah, c'est simple. Qui se ressemble s'assemble. Ils sont aussi méchants et stupides l'un que l'autre !

      Les filles n'ont rien dit et un silence s'est installé. C'est Noelia qui l'a rompu en demandant :

Noelia : Et vous avez vu Archie, comme il a changé ?

      J'ai haussé les sourcils. Je ne connaissais pas tous les élèves del'école, alors j'ai attendu des explications. Comme elles ne venaient pas, j'ai demandé :

Moi : Qui ça ?

Noelia : Archie Gordon, tu sais ? Le gars de Poufsouffle qui a toujours les cheveux décoiffés, et des grosses lunettes trop moches ?

      J'ai cherché dans ma mémoire. Je ne connaissais pas d'Archie Gordon... Ah, si ! Le gars qui prenait jamais soin de lui, toujours un peu à l'ouest, dont tout le monde se moquait. J'étais incorrigible ! On partageait beaucoup de cours avec les Poufsouffles, comment je pouvais ne pas me souvenir de lui ?

Moi : Ah oui ! Eh ben, qu'est-ce qu'il a ?

      Zoé a souri.

Zoé : Tu n'as rien remarqué ? Tu n'as pas vu comme il a changé depuis quelques temps ?

Moi : Non.

      Elizabeth s'est assise sur mon lit, à côté de moi. Enfin, quand je dis s'est assise, je devrais plutôt dire s'est jetée, parce que mon lit a tremblé sous l'impact.

Elizabeth : Lily ! Comment tu fais pour ne jamais rien remarquer ? Il se coiffe, s'habille normalement et correctement ! Il ne porte même plus ses affreuses lunettes carrées trop laides ! Il est presque devenu beau, tu sauras !

      J'ai haussé les épaules. Qu'est-ce que j'en avais à faire, qu'il ait changé ou non ? C'était Archie Gordon, un type de Poufsouffle. Pour moi, à partir du moment où une personne se trouvait à Poufsouffle, elle était paresseuse, bête ou méchante. Prenez l'exemple de Dominique, avec son air supérieur. On avait aussi Alyssa, Terrence et Chloé, dans les rôles respectives de la pétasse – désolée pour le mot – de service, de la seconde et du faire-valoir. Ainsi qu'Asher, bien évidemment, toujours à les suivre comme un chien. Seul mon cousin Louis semblait être l'exception qui confirmait la règle, lui qui était toujours émerveillé de tout, et gentil avec tout le monde.

Moi : Bah, je m'en fiche un peu, en vrai. C'est des Poufsouffles !

      Elsa a levé les yeux au ciel, l'air désespéré, tandis qu'Elizabeth s'écriait :

Elizabeth : Lily !

      J'ai haussé les épaules et rattrapé au vol l'oreiller qu'elle me lançait à la figure.

Moi : Quoi ? C'est vous qui m'avez cherchée ! Vous savez ce que je pense des Poufsouffles. Je veux dire... Pas de Poufsouffle en général, mais de ceux actuellement scolarisés.

Zoé : Je te rappelle que tu ne les connais pas tous.

Moi : J'en connais quelques uns, et c'est largement suffisant, crois-moi ! J'ai pas envie d'en connaître d'autres. Dominique, Asher, Terrence, Chloé et Alyssa suffisent amplement !

      J'allais ajouter quelque chose quand Elsa a levé une main entre nous.

Elsa : Bon, on va pas débattre de ça pendant des heures. Si tu veux rester fermée d'esprit, Lily, c'est ton problème.

Moi : Mais...

Elsa : Non, c'est bon. On arrête là.

      J'ai soupiré puis je me suis levée. Je me suis dirigée vers ma valise, que j'ai ouverte. J'ai regardé longuement le contenu, pour savoir ce que j'allais mettre. Le week-end, nous avions droit de nous habiller comme nous le voulions. Pas de jupe plissée grise, pas de chemise blanche, pas de cravate ni de chaussettes hautes, en bref, pas d'uniforme.

      J'ai sorti une robe noire, qui m'allait à mi-cuisse – longueur minimum réglementaire – et à la jupe en forme de corolle. J'ai aussi sorti un petit gilet blanc.

Moi : Ça va si je mets ça ?

      Les filles se sont tournées vers moi, et elles ont souri en voyant la robe que je tenais dans mes mains.

Noelia : Tu comptes séduire Alec ?

      Touchée, coulée. J'avais voulu jouer à la dure, quelques minutes plus tôt, maintenant j'en payais le prix.

Moi : Bien sûr que non. Je ne mets pas une robe pour plaire à Alec, je mets une robe parce que j'aime mettre des robes.

Elsa : C'est ça. Tu mets une robe qui te fait des jolies fesses rebondies et une belle poitrine, juste pour le fun, c'est ça ?

      Elle a éclaté de rire, vite suivie par les autres. Moi-même, j'ai eu du mal à me retenir de sourire. Elle n'avait pas entièrement tort.

      Zoé s'est levée.

Zoé : On devrait se préparer, n'oubliez pas qu'on va à Pré-au-Lard cet après-midi !

      J'ai acquiescé. Rien de mieux que ces sorties pour nos reposer un peu, discuter calmement, et bien sûr, boire une Bièraubeurre – nous étions majeures, maintenant, après tout, alors autant en profiter.

      Quelques heures plus tard, nous étions enfin à Pré-au-Lard pour notre première sortie de l'année, accompagnées des garçons.

Moi : Je propose qu'on aille chez Honeydukes en premier. Avec le monde qu'il y a, on en a pour un bout de temps. Ensuite, on peut aller aux Trois Balais boire une Bièraubeurre.

      Je me suis tournée pour entendre les réponses. Luke et Kevin n'étaient déjà plus là, et Lorcan rejoignait Dominique. Il ne restait plus qu'ALec, Lysander, les filles et moi. Nous avons opté pour Honeydukes puis les Trois Balais, comme je l'avais conseillé.

      On a dû passer une bonne heure chez Honeydukes, mais nous avions dorénavant de super friandises, alors nous sommes arrivés aux Trois Balais très contents de nous.

      J'ai ouvert la porte et l'ai tenue pendant que mes amis rentraient.

Lysander : Euh... Lily ? Est-ce que je pourrais te parler une minute ?

      Je me suis tournée vers lui, surprise. J'ai hoché la tête et ai fait signe aux autres de partir sans moi, d'aller s'assoir, que je les rejoindrais.

Moi : Oui ?

      Lysander se balançait sur ses pieds, l'air mal à l'aise. Il a commencé par rougir, puis a dit :

Lysander : Je... je voulais juste te demander quelque chose...

      Voyant qu'il ne continuait pas, je l'ai encouragé :

Moi : Oui ?

Lysander : Eh bien voilà... C'est au sujet d'Elsa...

      J'ai souri. Inutile qu'il précise le fond de sa pensée, au moment même où il avait dit ''Elsa'', j'avais deviné.

      Je lui ai souri.

Moi : Oui ?

Lysander : Je... je crois que je... que je suis amoureux d'elle et... je me demandais si... enfin, tu la connais, toi... et je sais que tu ne diras rien... mais...

      Il semblait sur le point de s'évanouir, aussi je lui ai posé une main sur l'épaule pour le rassurer.

Moi : Et tu voulais savoir si elle t'aime aussi, c'est ça ?

Lysander : Oui ! Enfin, non... Je voulais simplement savoir si tu penses qu'il y aurait... une possibilité qu'elle et moi on... tu vois ce que je veux dire ?

      Je lui ai souri et j'ai hoché la tête. Le regard de Lysander s'est illuminé.

Moi : Écoute, je ne peux rien te dire, je ne sais pas. Je pense sincèrement qu'elle est attirée par toi, mais je ne suis sûre de rien. Mais si tu veux, je pourrais enquêter.

      Lysander a hoché la tête, rassuré.

Lysander : Je... euh... ça serait gentil, merci...

Moi : Pas de quoi !

      J'ai ouvert la porte à nouveau pour nous permettre d'entrer, et on est allés rejoindre Alec et les filles, qui nous avaient commandé une Bièraubeurre – c'est fait pour ça les amis, pas vrai ?

      Dès que je me suis assise, Noelia s'est penchée vers moi.

Noelia : Qu'est-ce qu'il te voulait ?

      J'ai secoué la tête.

Moi : Rien d'important.

      J'ai pris ma Bièraubeurre, que j'ai vidée d'un trait.

      Plus tard, nous sommes rentrés au château, nos sacs remplis de provisions.

      Nous avons profité du dimanche pour faire nos devoirs, autant dire que ce n'était pas vraiment une journée intéressante. 

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