4. La voix
Les jours ont passé, tous aussi mornes que le premier, et même plus, si c'était possible. Bien sûr, on a eu droit à quelques distractions de temps en temps, comme par exemple la potion de Kevin qui a explosé en plein cours – longue histoire –, et d'autres bêtises de la sorte. Mais sinon, rien de vraiment intéressant. Jusqu'à ce jour.
Ce jour-là, c'était le jour de reprise du Quidditch. Les sélections avaient été effectuées. Bien sûr, je ne faisais pas partie de l'équipe de Serdaigle, mais Alec, si. Avec Luke et Kevin, bien sûr. Avec Cassie Thompson, Elena Moore, Sam Smith et Catherine Fray, tous les quatre moins âgés.
Donc, cet après-midi là, je ne pouvais pas rester avec Alec puisqu'il devait s'entraîner. J'étais donc assise dans la pelouse, profitant du soleil pour terminer un devoir de Potions.
À côté de moi, Noelia avait fermé les yeux, allongée dans l'herbe. Liz et Zoé discutaient gaiement de je-ne-sais-quoi – à vrai dire je n'écoutais pas –, et Elsa réfléchissait, le bout de sa plume entre les dents, à ce qu'elle allait écrire sur son parchemin de Botanique.
J'ai violemment fermé mon manuel de Potions. Je ne comprenais rien à ce que j'écrivais, et ça m'énervait au plus au point. Je n'étais pas concentrée du tout.
Moi : Bon je laisse tomber, je ferais ça demain. Là, ça m'a gonflée !
Elsa a sursauté tellement fort qu'elle a craché sa plume, qui a tâché son parchemin. Quant à Liz et Zoé, elles n'ont pas bougé. Noelia s'est simplement redressée.
Noelia : Qu'est-ce que t'es tendue dis donc ! C'est parce qu'Alexander n'est pas avec toi ?
Je l'ai fusillée du regard. Puis j'ai haussé les épaules comme si de rien n'était.
Moi : Il est en entraînement pour le Quidditch, c'est bon, c'est pas la mort non plus. Et puis d'abord, peu importe où il est, ce qu'il fait, je m'en fiche ! C'est mon meilleur ami, d'accord, ça ne veut absolument pas dire que je dois savoir où il est, ce qu'il fait, tout le temps !
Elsa a roulé son parchemin en soupirant puis s'est tournée vers moi, l'air profondément contrariée.
Elsa : Lily, tu es exaspérante ! On sait tous que tu es tendue parce que tu sais qu'Alec est dans l'équipe de Quidditch, avec Catherine, Elena et Cassie. Tu as peur qu'il finisse avec l'une d'elle plutôt qu'avec toi.
Je me suis levée et j'ai épousseté ma jupe. Je sentais mes joues rougir, mais j'ai essayé de ne rien laisser paraître.
Moi : C'est même pas vrai !
Liz et Zoé se sont tournées d'un même mouvement et ont crié d'une seule voix :
Elizabeth et Zoé : Bien sûr que si !
Je les ai toutes fusillées du regard, mi-amusée mi-énervée, puis j'ai pris mon livre, ma plume, je les ai fourrés dans mon sac à la va-vite et je suis partie sans me retourner.
J'ai regardé l'horloge de l'école. La grosse aiguille était sur le sept, et la petite sur le dix. J'avais juste le temps de monter poser mon sac de cours dans le dortoir avant de redescendre pour le dîner.
Après avoir posé mon sac sur mon lit, je suis redescendue. Mais en cours de route, j'ai entendu du bruit du côté de l'entrée de la tour d'Astronomie. Je me suis approchée en silence.
L'endroit était plongé dans le noir, même s'il faisait encore jour à l'extérieur, et semblait entièrement vide. Seulement, un bruissement, comme un léger chuchotis, se faisait entendre.
Moi : Il y a quelqu'un ?
Aucune réponse. J'ai poussé la porte pleinement et je suis entrée. Je ne voyais presque rien, malgré la fenêtre grande ouverte au fond de la salle.
Moi : Ho hé ?
Ma voix a résonné dans la vaste pièce pendant que je m'avançais vers le garde-corps. De là, je voyais toute la cour de Poudlard. C'était magnifique. La pelouse verte, le terrain de Quidditch, la maison d'Hagrid... Je voyais tout.
J'admirais la vue quand soudain, j'ai senti comme une décharge électrique dans ma tête. Je me suis écroulée sur le sol sous l'effet de la surprise plus que de la douleur.
Je me suis relevée lentement et j'ai senti une sorte de gêne dans ma tête. Ce n'était pas douloureux, mais c'était bizarre. C'était comme si une petite voix murmurait à l'intérieur de ma tête. Une voix qui m'engageait à sauter.
« Saute. Allez, saute. Saute ! »
Mes mains étaient maintenant agrippées à la rambarde, et je luttais de toute ma volonté et de toute ma force pour résister au sortilège.
« Enfin, qu'est-ce que tu fais ? Allez, saute ! Jette-toi dans le vide ! »
D'un côté, il me semblait bien inutile de sauter. Pourquoi j'aurais fait une chose pareille ? Je ne voulais pas mourir ! Mais la petite voix insistait, mettant à l'épreuve mes arguments et ma volonté de résistance.
« Allez, saute ! Saute ! SAUTE ! »
Je sentais mes jambes me faire mal. Ma volonté faiblissait, je le sentais. Seulement, je ne pouvais rien faire contre. J'étais prête à sauter. J'allais même passer une jambe par-dessus la rambarde. Et puis j'ai entendu une voix, plus loin. La voix d'Alexander. Ça m'a brusquement ramenée sur terre, et j'ai crié :
Moi : Je ne ferais rien du tout ! Je refuse de sauter !
J'ai senti le maléfice se briser, juste au moment où Alec arrivait en courant.
Alexander : Lily ! Qu'est-ce que tu fais ? Je t'ai cherchée partout !
Il a posé ses mains sur ses genoux. Il avait l'air essoufflé et avait la figure rouge comme s'il avait couru dans tout le château. Quant à moi, je n'avais plus cette gêne dans la tête. Cependant, je me sentais un peu bizarre.
Alexander : Pourquoi tu criais ?
J'ai décidé de jouer l'incompréhension et l'imbécilité, ce qui, bien sûr, ne me correspondait pas du tout. D'un autre côté, je ne pouvais pas lui dire ''tu sais quoi ? Je crois que je deviens folle, j'entends une voix qui veut me forcer à sauter !'', ni''je crois qu'on essaie de m'ensorceler'', ça ne tenait pas debout. J'avais peut-être seulement rêvé, peut-être que je m'étais assoupie à moitié, ou quelque chose du genre, qui pourrait expliquer pourquoi j'avais crié.
J'ai donc décidé de répondre, l'air de rien :
Moi : J'ai crié ? Tu es sûr ?
Alec a hoché la tête, et j'ai secoué la tête d'un air consterné. Je n'avais jamais su mentir, encore moins à mon meilleur ami, mais j'ai tout de même insisté :
Moi : Non, je t'assure. Tu es sûr que tu te sens bien ?
Alec s'est redressé et a mis sa main sur son cœur, comme s'il allait tomber dans les pommes. Apparemment, il avait dû beaucoup courir. À moins que ça ne soit son entraînement de Quiddith...
Alexander : Mais... Je t'ai entendu crier...
Comme il n'avait pas l'air de vouloir passer à autre chose, je me suis forcée à rire. Il fallait que je trouve quelque chose à dire, et vite. J'ai eu une illumination et j'ai lancé :
Moi : Ah, oui. C'est à cause de la hauteur. Je me suis penchée pour voir, et j'ai eu le vertige. Je crois que j'ai peut-être crié à ce moment-là, ça doit être ça. La hauteur m'a vraiment fait tourner la tête, je ne me souviens plus très bien si j'ai crié ou non. Je n'avais jamais vraiment réalisé à quel point on est haut, et tout d'un coup, ça m'a fait impression. Ça, plus le fait qu'on voit tout d'ici, sans doute...
Mon meilleur ami n'avait pas l'air convaincu, cependant il a acquiescé et m'a tendu la main.
Alexander : Tu viens ? Il est temps d'aller dans la Grande Salle, le dîner ne va pas tarder à être servi.
Moi : Oui, je sais. J'étais en train de descendre à la Grande Salle quand j'ai entendu...
Il me regardait bizarrement, aussi j'ai secoué la tête.
Moi : Laisse tomber. C'est pas important.
Je l'ai suivi. Au moment où je passais la porte, je me suis retournée, dans l'espoir d'apercevoir qui m'avait lancé un sort. Il n'y avait personne. Perplexe, j'ai suivi Alexander jusqu'à la Grande Salle. Est-ce que je devenais folle ?
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