31. Réconfort

      Le lendemain, Alec est sorti de l'infirmerie. Il s'était réveillé pendant la nuit, et comme il avait l'air d'aller bien, Madame Pomfresh l'avait autorisé à sortir en fin d'après-midi. J'avais à peine eu le temps de lui raconter mon incartade avec mon père qu'il avait fallu redescendre pour dîner.

      En remontant dans les dortoirs, j'ai fait part aux filles de mon envie d'un bon bain. Alors, quand tout le monde a été couché, je suis sortie en douce de la tour de Serdaigle et je suis allée directementà la salle de bain des préfets.

      Je me suis glissée dans la baignoire. J'avais besoin de réconfort, à tout prix. Plus personne ne me croyait. Les gens me pensaient cinglée, et seuls mes amis me parlaient encore. Les filles me faisaient confiance, mais je sentais qu'elles doutaient. Les garçons ne m'adressaient presque plus la parole, seulement lorsqu'Alec me parlait.

      Je me suis mise à pleurer doucement. Peut-être que je devenais folle, après tout ? Peut-être que personne n'avait jamais tenté de me tuer, ni moi, ni Alec, et peut-être qu'Hugo et Sarah s'étaient réellement suicidés.

      J'ai entendu un bruit qui m'a fait sursauter. Je me suis tournée vivement, tout en prenant soin de m'enfoncer dans l'eau jusqu'au menton. Je n'étais pas censée être là, si je me faisais chopper, j'étais clairement dans une mauvaise posture, surtout avec les récents événements. De plus, j'étais nue.

      J'ai regardé dans tous les sens, affolée, puis je l'ai vu et j'ai poussé un hurlement de frayeur. Alec. Il venait de rentrer dans la salle de bain sans un bruit et m'observait de ses yeux bleus.

Alexander : Euh... Je suis désolé, je ne savais pas que... que tu étais là...je...

      Je ne savais ni quoi faire ni quoi dire. Alec rougissait à vue d'oeil, et j'étais coincée, nue, dans la baignoire. Et puis j'ai entendu des voix dans ma tête. Pas réellement, mais je me suis souvenue d'une discussion que j'avais eue avec les filles.

« Tu ne seras jamais prête » disait la voix d'Elsa.

« Si tu refuses à chaque fois sous prétexte de préserver une amitié, tu finiras seule » disait celle de Noelia.

      Pour une fois, j'ai décidé de les écouter, et j'ai bougé dans la baignoire pour m'approcher du bord.

      Alexander a fermé les yeux au moment même où j'ai commencé à bouger. J'y ai vu une opportunité. Je suis sortie de la baignoire, sans même prendre la peine d'enfiler une serviette, et je me suis approchée d'Alec à pas de loup. J'étais à quelques centimètres de lui, mon visage tout près du sien, quand il a demandé :

Alexander : Lily ?

      Je ne lui ai pas répondu et j'ai déposé un baiser sur ses lèvres. Il n'a pas bougé.

      Mon cœur a loupé un battement, puis deux. Mon cerveau tournait à trois cent à l'heure. Que devais-je faire ?

      Vu qu'il ne bougeait toujours pas et que j'étais toujours à quelques centimètres de lui, j'ai laissé parler mon cœur et j'ai passé mes bras autour de son cou. Puis je l'ai embrassé d'un vrai baiser, de ceux qu'on voit dans les films. J'ai senti qu'il passait ses mains autour de ma taille nue, avant de me serrer contre lui. Il a répondu à mon baiser avec une ardeur que je ne lui connaissais pas.

      Je passais mes mains dans ses cheveux, et il me tenait fermement par la taille, ses mains glissant sur ma peau nue et humide. J'ai alors passé mes jambes autour de sa taille, et il a refermé ses bras autour de moi, comme pour m'empêcher de partir, de tomber. J'avais la tête qui tournait, et de plus en plus de mal à respirer.

      Lentement, mais sûrement, j'ai tiré le t-shirt d'Alec pour le lui faire passer par-dessus la tête. J'avais peur qu'il ne se retire, qu'il ne me repousse, mais il n'a rien fait. Il a seulement continué à m'embrasser de plus belle.

      Il a reculé, reculé, jusqu'à rencontrer un mur. Le mur avec le banc où étaient posées mes affaires. Je les ai poussées d'un coup de pied, et Alec m'a déposée sur le banc. Il me tenait toujours fermement par la taille, et il s'est allongé au-dessus de moi.

Alexander :Lily...

      J'ai passé mes mains dans son dos pour le rapprocher encore plus de moi. Il a compris le message et a déposé un baiser au creux de mon cou. Puis nous nous sommes laissés aller.

      Quand je suis revenue dans le dortoir, les filles dormaient déjà. Enfin... Je voyais bien qu'Elsa ne dormait pas vraiment, mais en tout cas elle faisait semblant.

      Je me suis glissée lentement dans les draps, le cœur battant encore la chamade.

      Alors que je commençais à fermer les yeux, envahie par le sommeil, la lumière s'est allumée.

Elsa : Où étais-tu encore ? Dans la salle de bain des préfets ?

      Je me suis redressée dans mon lit. Dans les autres lits, Elsa, Noelia, Zoé et Liz étaient assises et m'observaient.

Moi : Je te l'ai déjà dit. Oui, j'étais dans la salle de bain des préfets.

      Elsa a haussé les épaules, et Liz m'a souri.

Elizabeth : Tu sais qu'Alec s'inquiétait ? Il t'a vue descendre dans la salle commune, puis sortir. Il se demandait où tu allais.

      D'accord, ça expliquait pourquoi il était dans la salle de bain aussi. Attendez, non ! Ça n'expliquait pas comment il avait fait pour me rejoindre là-bas ! Comment savait-il où j'étais ?

Moi : Mais comment a-t-il trouvé la salle de bain des préfets ?

Zoé : Quoi ?!

      Oups. Aurais-je parlé tout haut ? À en croire les regards excités de mes amies, j'avais bel et bien formulé ma question à voix haute.

      J'ai rougi et n'ai rien répondu. Elsa m'a regardée droit dans les yeux et a semblé lire en moi comme dans un livre ouvert.

Elsa : Tu dis qu'Alec était dans la salle de bain des préfets ? Il y était déjà quand tu es arrivée ?

      Bon. Je n'allais pas pouvoir leur mentir bien longtemps, elles me connaissaient trop. Puis je pouvais simplement modifier un peu la vérité, non ?

Moi : Non. J'étais déjà dans la baignoire quand il est arrivé. J'ai entendu un bruit, et quand je me suis tournée, il était là. Il a fermé les yeux, a bredouillé quelques mots, s'est excusé et est reparti aussi sec, en se prenant au passage les pieds dans le tapis, je crois.

      Elsa a levé un sourcil.

Elsa : Et c'est tout ?

Moi : Oui c'est tout. Pourquoi ? Que voudrais-tu qu'il se soit passé d'autre ?

Elsa : Je sais pas, il n'a pas parlé ? Il n'a rien fait ?

      J'ai secoué la tête.

Elsa : Et toi ?

      Liz, Noelia et Zoé suivaient la conversation avec beaucoup d'intérêt.

Moi : Moi quoi ? Je suis rentrée dans l'eau à vitesse éclair et j'ai attendu qu'il sorte.

Elsa : Alors pourquoi Alexander n'est-il toujours pas revenu ?

      Juste à ce moment-là, on a entendu le bruit de la porte du dortoir des garçons s'ouvrir et se refermer. Voilà Alec qui rentrait.

      Je pensais que ça ferait une bonne diversion, et que je serais tranquille après ça, mais non. Elsa a insisté :

Elsa : Alors ? Pourquoi est-il revenu presque en même temps que toi s'il n'est pas resté ?

Moi : Qu'est-ce que tu veux que j'en sache ? Peut-être qu'il a décidé d'aller faire un tour, je ne sais pas ! C'est mon meilleur ami mais je ne le suis pas à la trace !

      Elsa a haussé les épaules. Je voyais bien qu'elle n'était pas convaincue, mais peu m'importait. De toute façon, j'avais sommeil, et je voulais dormir.

      Les filles ont semblé comprendre car elles se sont recouchées, puis Elsa a éteint la lumière. Aucune d'elles n'a pu voir le sourire béat qui flottait sur mes lèvres. 

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