30. Fautrice de troubles
Le lendemain, comme j'allais mieux, j'ai pu sortir de l'infirmerie et assister aux cours. Tu parles d'une joie !
Alec était quant à lui toujours inconscient. J'étais passé le voir le matin, avant de sortir de l'infirmerie, ainsi que le midi, et je comptais également passer le voir à la fin des cours de l'après-midi.
Les gens me regardaient passer d'un regard sombre. Je les comprenais tout à fait. En une nuit, j'avais fait perdre deux cent points à ma maison à moi toute seule. C'était un record que même mon père n'avait jamais atteint, et pourtant il en avait perdu, des points !
Une élève de cinquième année, Emily Brown, est venue me voir avec un air méchant.
Emily : Franchement, Lily Potter, la fille du grand Harry Potter ! Je pensais que tu valais mieux que ça ! Deux cent points en une nuit ? T'es contente de toi ? On ne gagnera jamais la coupe des quatre maisons à cause de toi !
C'en était trop. Que les gens me regardent méchamment, de loin, qu'ils parlent de moi dans mon dos, passe encore. Mais que cette fille qui ne connaissait rien de ma vie vienne me faire des reproches, c'était trop. Je l'ai saisie par le col de sa chemise et je l'ai plaquée contre le mur le plus proche.
Moi : ÉCOUTE-MOI BIEN TOI ! JE SUIS PEUT-ÊTRE LA FILLE DE HARRY POTTER, C'EST VRAI, MAIS JE NE SUIS PAS MON PÈRE ! JE NE SUIS PAS LUI, OK ? ET JE ME FICHE COMPLÈTEMENT DE CE QUE VOUS POUVEZ DIRE SUR MOI ! J'AI FAIT PERDRE DEUX CENT POINTS À SERDAIGLE, ÇA M'EST ÉGAL ! QUAND TON MEILLEUR AMI EST EN DANGER, TU FAIS TOUT POUR LE SAUVER ! ET QUAND BIEN MÊME JE NOUS AURAIS FAIT PERDRE TOUS NOS POINTS, JE NE REGRETTERAIS RIEN ! C'EST CLAIR ? MAINTENANT FOUS-MOI LA PAIX !
Elle n'a pas demandé son reste, elle est partie, en me traitant au passage de cinglée. J'ai hurlé à la ronde :
Moi : ET ALLEZ TOUS VOUS FAIRE VOIR ! J'EN AI RIEN À FAIRE DE CE QUE VOUS PENSEZ DE MOI !
J'ai éclaté en sanglots au milieu du couloir, m'attirant les regards contrariés et hébétés des élèves présents.
Heureusement, Luke est passé à ce moment-là. Il s'est arrêté en me voyant debout en larmes et s'est approché.
Luke : Lily...
Il m'a prise dans ses bras et je n'ai pas résisté. Je me suis blottie contre lui, les larmes continuant de ruisseler sur mes joues. Il n'a rien dit, respectant mon silence, mais il n'a pas non plus relâché la pression sur mes côtes. Il me maintenait collée à lui, dans un geste protecteur, fraternel. C'était un geste qu'aurait sûrement fait Leo.
Leo. En pensant à lui, mes sanglots ont redoublé. Je l'avais frappé la veille, parce qu'il m'avait empêché de parler à McGonagall.
En parlant de la directrice, elle est arrivée et s'est plantée devant moi.
McGonagall : Miss Potter, vous allez me suivre dans mon bureau.
Luke a tenté de s'interposer :
Luke : Professeur, si je puis me permettre...
McGonagall : Non, vous ne pouvez pas, Monsieur Sloper. Quant à vous, Miss Potter, vous allez me suivre. Vos parents vous attendent dans mon bureau.
Je me suis éloignée de Luke et j'ai tenté de lui sourire. J'ai essuyé mes larmes et j'ai suivi la directrice.
Lorsque je suis entrée dans son bureau, mes parents étaient debout. Mon père était encore en tenue de travail et avait l'air très mécontent, quant à ma mère, son expression était indéchiffrable. Honte ? Colère ? Déception ?
Le professeur McGonagall s'est assise derrière son bureau et a redressé ses lunettes. Puis elle a invité mes parents à s'assoir à leur tour. Je suis restée debout.
McGonagall : Bien. Je suis désolée de vous avoir fait venir au beau milieu d'une journée de travail, mais l'attitude d'hier de votre fille est des plus regrettable, et j'aimerais donc qu'on en parle.
Elle a tourné vers moi son regard sévère, et mon père a fait de même.
Mon père : Franchement, Lily, tu nous fais honte. Te comporter comme tu l'as fait ! Je comprends que le fait qu'Alec ait tenté de se suicider sous tes yeux t'ait perturbé, mais quand même...
Je l'ai interrompu avec violence :
Moi : Alec ne s'est pas suicidé, papa ! Pourquoi refusez-vous tous de m'écouter ? Hugo ne s'est pas suicidé, pas plus que Sarah Grace ou Alec ! Quelqu'un les a soumis au sortilège de l'Imperum, c'est pour cela qu'ils ont sauté !
Mon père : Lily, ça suffit ! Je veux que tu arrêtes de dire ça ! Ton cousin s'est suicidé, c'est triste mais ça arrive ! Vous êtes en septième année, les cours sont difficiles, et il y a les ASPIC à la fin de l'année. La pression était tout simplement trop forte pour Hugo et pour cette autre élève. C'est triste mais c'est comme ça.
Je l'ai fusillé du regard, et à ce moment-là, j'ai pris conscience à quel point j'avais changé, à quel point j'avais grandi.
Moi : Mais vous ne comprenez rien ! J'ai fait un rêve, d'accord ? Juste avant le meurtre de Sarah, j'ai rêvé d'une femme aux allures de folle, qui menaçait de tous nous tuer pour ce que vous aviez fait ! Et juste après, elle a dit qu'elle avait déjà tué un garçon et qu'elle allait tuer une fille. Et là, Sarah est morte ! Ce n'est pas une coïncidence ! On en a déduit que cette femme était une partisane de Voldemort, et qu'elle vous en voulait pour avoir lutté contre lui et l'avoir vaincu !
Ma mère a manqué s'étrangler.
Ma mère : Lily, ce n'est qu'un rêve ! Comment peux-tu penser qu'il s'agit de la réalité ? Ce n'est qu'un rêve !
Je sentais la colère bouillonner en moi. Je luttais comme je pouvais, mais c'était plutôt compliqué quand les trois personnes devant moi ne me croyaient pas.
Moi : Et alors ? Papa faisait bien des rêves qui reflétaient la réalité !
Mon père : Mais c'était quand j'abritais une partie de Voldemort ! Parce qu'il existait un lien entre ce morceau de son âme et lui-même !
Moi : Quand bien même ! Je sais faire la différence entre rêve et réalité, et la mort de deux personnes, ce n'est pas un rêve !
Le professeur McGonagall continuait à nous observer. Apparemment, elle attendait que nous réglions nos comptes.
Moi : Quant tu disais que Voldemort était de retour, les gens ne te croyaient pas ! Et pourtant c'était la vérité ! Comment peux-tu ne pas me croire ? Tu crois vraiment que je mentirais sur la mort d'Hugo ! Papa, c'était plus qu'un cousin pour moi, c'était un ami, un confident ! Il savait tout de moi, jusqu'à mes plus noirs secrets ! Comment peux-tu seulement penser que je mens ?
Mon père s'est levé pour me faire face.
Mon père : Parce que Voldemort est mort, la plupart de ses partisans sont enfermés à Azkaban ou morts, et qu'il y a déjà eu assez de morts comme ça ! Si tu es la dernière de la famille et que tu souffres d'inattention, dis-le carrément au lieu d'inventer des histoires pour te faire remarquer ! Et arrête de jouer les fautrices de troubles, Lily !
C'était trop. Il n'avait pas le droit de me traiter de fautrice de troubles, parce que ce n'était pas le cas. Je n'aurais jamais inventé une chose pareille dans le simple but de me rendre intéressante. Mon cousin était mort, et Alec avait bien failli mourir lui-aussi.
Moi : Comment oses-tu ? Comment oses-tu dire ça, papa ? Tu ne sais rien de moi, tu ne me connais pas ! Tu ne sais pas qui je suis, pour tout le monde je suis Lily Potter, je suis un nom donné en hommage à ta mère ! Et si j'étais autre chose que Lily Potter, me croirais-tu ? Si j'étais fille unique d'une autre famille, me croirais-tu ? Tout ce que vous voyez en moi c'est Lily Evans ! Mais je ne suis pas elle ! Et je te hais !
D'accord, je mélangeais un peu tout, mais j'étais tellement en colère, tellement outrée par les paroles de mon père, que je n'arrivais plus à aligner correctement deux pensées.
Ma mère : Lily Luna Potter !
J'ai haussé les épaules et j'ai répondu, venimeuse :
Moi : Je vous hais tous. Tout ce que je veux c'est sauver mes amis, mais ça vous ne le comprenez pas, parce que vous êtes des lâches.
J'ai tourné les talons et je suis sortie précipitamment du bureau, ignorant les hurlements de ma mère, ignorant mon père qui courait après moi.
J'avais osé les traiter de lâches. Après tout ce qu'ils avaient fait pour leurs amis, pour leur famille, pour le monde entier, j'avais osé les insulter de la sorte.
J'ai sursauté en sentant une main m'agripper l'épaule. Avant même de me tourner, je savais à qui elle appartenait.
Mon père : Pas si vite jeune fille !
Je ne contrôlais plus mes mouvements, si bien que j'ai saisi ma baguette et je l'ai pointée vers mon père.
Moi : Ne me touche pas !
Mon père : Tu n'oserais pas ?!
Je l'ai fusillé du regard.
Moi : Tu ne sais pas de quoi je suis capable, quand il s'agit de sauver mes amis. Je pensais que tu le saurais, tu as tout donné pour tes amis. Mais apparemment je me suis trompée. Laisse-moi partir. Je n'ai plus rien à te dire.
J'ai poussé un long soupir.
Moi : Vous ne me croyez pas ? Vous pensez que je suis une fautrice de troubles ? Soit. Mais s'il y a d'autres morts, si quelqu'un que j'aime meurt... Je vous en tiendrai pour seuls responsables. Vous avez ma parole. En attendant, je promets de ne plus m'énerver contre McGonagall, ni contre personne d'autre. Je ne parlerai plus de ces meurtres à personne, mais je continuerai d'enquêter, que tu le veuilles ou non. Maintenant laisse-moi !
Je me suis dégagée de l'étreinte de mon père et, le défiant silencieusement de me suivre, je suis partie. Cette fois-ci, il ne m'a pas suivie.
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