J'ai ouvert les yeux en sursautant. Les filles étaient debout autour de mon lit, encore en pyjama. Les premières lueurs du jour pointaient à travers la fenêtre.

Elsa : Lily ! Ça fait cinq minutes qu'on essaie de te réveiller !

Moi : Ouais, excusez-moi... J'ai fait d'affreux cauchemars...

      Je ne me suis pas appesantie sur le sujet, et les filles n'ont pas cherché plus loin. À leurs mines déconfites, j'ai compris qu'il y avait quelque chose qui clochait.

Zoé : Lily...

Moi : Quoi ? Pourquoi vous faites cette tête ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Elizabeth : Ben... Sarah Grace, tu sais ? La fille timide de Serpentard ?

      À leurs têtes d'enterrement, j'avais peur d'avoir deviné ce qu'il était arrivé à cette fille. J'ai cependant demandé, espérant me tromper :

Moi : Eh bien ? Quoi ?

Elsa : Elle a sauté de la tour d'Astronomie, elle-aussi.

      La révélation m'a comme électrocutée et j'ai crié :

Moi : Quoi ?!

      Noelia a hoché la tête d'un air sombre.

Noelia : Oui. Sarah Grace a sauté de la tour d'Astronomie.

      Mon cœur s'est serré. Hugo avait fait exactement la même chose. Et maintenant que j'y pensais, j'avais failli le faire moi-aussi, et Alexander m'avait accusée de l'avoir poussé à sauter de la tour d'Astronomie. Cela ne pouvait pas être une coïncidence. Quatre élèves qui tentent de sauter du haut de la tour d'Astronomie, ce n'était pas une coïncidence.

      Je ne connaissais pas vraiment Sarah Grace, mais une chose était sûre : Hugo n'était pas un suicidaire, et Alec et moi ne l'étions pas non plus. J'étais prête à parier qu'il y avait quelque chose de louche là-dessous. J'avais comme été poussée, et Alexander pensait la même chose. J'étais persuadée qu'Hugo y avait été forcé, et par la même occasion, Sarah aussi.

Moi : C'est pas possible...

      Elsa a sursauté. J'avais dû rester silencieuse un moment pour qu'elle sursaute de cette manière.

Elsa : Qu'est-ce que tu dis ?

      Je me suis levée précipitamment, tout en répondant :

Moi : Rien, rien.

      J'ai enfilé mes chaussures en un rien de temps et je suis sortie en courant. J'étais toujours en pyjama, mais je n'en avais rien à faire.

      J'ai monté les escaliers quatre à quatre jusqu'à la tour d'Astronomie. De là, j'ai pu apercevoir le magnifique lever de soleil. Mais je n'étais pas là pour admirer la vue. Quelque chose me disait que cet endroit était le lieu de plusieurs crimes.

      Je m'approchais du garde-corps avec prudence quand j'ai entendu un bruit qui m'a fait sursauter. Je me suis tournée vivement et j'ai sorti ma baguette.

Moi : Qui est là ?

      Seul le silence m'a répondu, mais je sentais une présence.

Moi : Montrez-vous, je sais que vous êtes là !

      Toujours pas de réponse. Je me suis approchée de l'espace le plus sombre de la salle. Je savais que quelqu'un se trouvait là. Avant que j'aie pu faire un pas de plus, j'ai entendu chuchoter un sort. L'Imperum. Avant même de pouvoir réagir, j'ai senti quelque chose prendre possession de mon corps. Une deuxième fois.

« Allez, saute, petite idiote ! Tu m'as résisté une fois, tu ne le feras pas deux ! Saute ! »

      Je sentais mes jambes bouger toutes seules. Mais je ne voulais pas sauter !

      J'ai entendu un cri derrière moi, sans doute quelqu'un qui criait mon nom, et j'ai senti le maléfice se briser. Je me suis écroulée sur le sol avant de m'évanouir.

      Quand j'ai ouvert les yeux, j'étais allongée à l'infirmerie. Le jour s'était levé pleinement et la lumière filtrait par les fenêtres. Autour de moi se trouvaient mes camarades de dortoir, ainsi qu'Alexander et Leo.

Alexander : Eh, Lily ! Comment tu te sens ?

      J'ai essayé de me redresser. Mauvaise idée. Tout est devenu vert devant mes yeux et j'ai eu la nausée.

      Je me suis rallongée en fermant les yeux. Puis je les ai rouverts.

Moi : Ça pourrait aller mieux... Qu'est-ce qui s'est passé ?

      Alec semblait remonté à bloc, et a tourné la tête vers Leo.

Alexander : Monsieur va t'expliquer !

      Hou là. Alexander avait clairement l'air en colère contre Leo. J'ai attendu son explication, qui n'est pas venue. Au lieu de ça, il s'est énervé.

Leo : C'est bon, pas la peine d'être désagréable ! Je te signale qu'elle serait sans doute morte si je n'avais pas été là !

Alexander : Et si c'était toi le responsable ? Je ne te fais pas confiance !

      Alec a pointé un index accusateur sur la poitrine de Leo.

Leo : C'est réciproque ! Je te signale que ta haine a failli la tuer ! Si je n'avais pas été là pour elle, qui sait ce qu'elle aurait fait !

Alexander : Tu as profité de la situation, voilà ce que tu as fait !

Leo : Et toi tu n'es qu'un...

      Je ne lui ai pas laissé finir sa phrase, j'ai crié :

Moi : Oh les mecs ! Je vous rappelle que je suis là ! Maintenant fermez-la et expliquez-moi ce que je fais ici !

      Ils se sont tus, tous les deux sidérés.

Moi : Leo, explique-toi.

      Alec allait répliquer mais je l'ai coupé :

Moi : Non, Alec tais-toi ! Leo, explique-toi.

      Leo a poussé un soupir.

Leo : Je sortais à peine de la salle commune de Gryffondor que je suis tombé sur Elsa, qui m'a demandé si je t'avais vu. Elle m'a expliqué que vous parliez de Sarah Grace, et que tu t'étais sauvée. Alors je me suis dit que tu devais sûrement être montée à la tour d'Astronomie, parce que la mort de Sarah avait dû te faire penser à celle de ton cousin. Quand je suis arrivé, tu étais sur le point d'enjamber le garde-corps et de te jeter dans le vide. Je savais que tu n'étais pas maître de toi, parce que je te connais, tu n'aurais jamais agi comme ça. Alors j'ai crié ton nom, tu t'es tournée vers moi, et tu t'es écroulée. J'ai cru que t'étais morte, mais heureusement tu l'étais pas. Je t'ai prise et je t'ai emmenée à l'infirmerie. Ça fait trois heures que tu dors. Le jour est bien levé, si tu veux savoir.

      J'ai hoché la tête. Son récit collait avec mes souvenirs. Seulement, quelque chose clochait.

Moi : Il y avait quelqu'un quand tu m'as trouvée ?

Leo : Non. J'ai fait le tour de la salle, mais il n'y avait personne. Pourquoi ?

      J'ai haussé les épaules.

Moi : Parce que je doute qu'un sortilège impardonnable se lance seul.

Alexander : Quoi ?!

      Il s'est tourné vers Leo et l'a fusillé du regard.

Alexander : Je vais te tuer !

      Il a passé ses mains autour du cou de Leo, qui s'est défendu en lui envoyant un crochet du droit. À ce moment-là, Madame Pomfresh est arrivée et a hurlé :

Mme Pomfresh : Non mais ça ne va pas, non ? Si vous voulez vous entretuer, c'est dehors ! C'est une infirmerie, ici ! Pas un camp de duel ! Dégagez !

      Elle a chassé les garçons d'un geste de main. Sous mon regard suppliant, Elsa les a suivis. Elle était la seule en qui j'avais assez confiance pour pouvoir les séparer et les raisonner – et, si le besoin s'en faisait ressentir, les mettre tous les deux au tapis.

Mme Pomfresh : Jeune fille, voilà pour vous !

      Elle m'a tendu un verre avec ce qui ressemblait à du jus de citrouille. Je l'ai bu d'un trait, et je me suis sentie immédiatement mieux.

Noelia : On a eu peur, Lily ! Quand Alec est venu nous voir en hurlant qu'il avait vu Leo se diriger vers l'infirmerie, toi dans ses bras, on a tous eu peur. Les garçons voulaient venir te voir aussi, mais madame Pomfresh les a renvoyés. Elle a bien voulu nous laisser rester, parce qu'on est dans le même dortoir, et elle a bien voulu laisser entrer Alec et Leo, même s'ils menaçaient clairement de se sauter à la gorge.

Moi : Je ne comprends pas...

      J'ai secoué la tête avec circonspection.

Zoé : Tu es sûre de ne pas comprendre ? Moi, je trouve ça parfaitement logique.

      J'ai secoué la tête une deuxième fois. Non, justement, ce n'était pas logique. Leo et Alec n'avaient jamais eu l'air de se détester, pour le peu qu'ils se voyaient. Ils étaient mes meilleurs amis, pourquoi se jaugeaient-ils du regard de la sorte ?

Moi : Non... Alexander n'est pas quelqu'un de violent. Je ne comprends pas ce qui lui prend...

      Noelia a haussé les sourcils avant de s'écrier :

Noelia : Tu es bien aveugle, Lily ! Tu ne vois pas qu'ils en pincent tous les deux pour toi ?

Moi : Non, tu te trompes. Ce sont mes meilleurs amis. Je sais que je suis sortie avec Leo, mais c'est de l'histoire ancienne maintenant. Quant à Alec, bien sûr que non qu'il n'en pince pas pour moi ! Il vient juste de rompre avec Cassie, et puis de toute façon, c'est mon meilleur ami !

      Zoé a levé les yeux au ciel tandis que la porte s'ouvrait sur Elsa, qui est rentrée en tenant Alexander et Leo chacun par une oreille. Leo avait l'arcade sourcilière ouverte, et Alexander avait la lèvre supérieure violette et boursoufflée. Il était clair que ces deux-là s'étaient battus à la manière moldue.

      Aussitôt je les ai engueulés :

Moi : C'est bon, vous vous êtes calmés ? Vous allez arrêter de jouer les abrutis ?

      Ils ont tous les deux baissé les yeux piteusement, et j'ai continué :

Moi : Quand j'ai dit que quelqu'un m'avait lancé un sortilège impardonnable, Alec, je ne voulais pas dire Leo. Je voulais quelqu'un que je n'ai pas vu. Et puis, Alec, franchement, heureusement qu'il était là ! Sans Leo, je serais morte tout comme Hugo et Sarah !

      Alec a levé la tête vers moi avec l'air de ne pas comprendre.

Alexander : Qu'est-ce que tu veux dire ?

Moi : Ils n'ont pas sauté. Pas d'eux-même. On les y a forcés. J'en ai la preuve, ça a failli m'arriver deux fois. Et ça a failli t'arriver à toi-aussi. Même que tu m'as accusée.

      Mon meilleur ami a baissé les yeux en rougissant, l'air gêné.

Moi : Quelqu'un cherche à nous tuer. Qui exactement, je ne sais pas. Mais ce qui est certain, c'est qu'Hugo n'aurait jamais sauté. Et je suis persuadée que Sarah non plus.

      Ma déclaration a eu l'effet d'une bombe. Il y a eu un grand blanc dans l'infirmerie. On aurait entendu un vif d'or voler. 

Voilà je tiens à dire qu'à partir d'aujourd'hui je vais poster un peu quand je peux, voire pas du tout pendant un petit mois, parce que j'arrive dans une période un peu compliquée appelée bac. Donc ne m'en veuillez pas trop si je ne suis pas régulière dans mes chapitres ou que je ne poste rien jusqu'à fin juin.