24. Une révélation inattendue
Les jours ont passé, toujours et continuellement. Nous avions fêté les dix-huit ans d'Alec le 5 février – même si nous n'avions pas réellement fait la fête. Le mois de février avait bien démarré, et nous étions tous moins perturbés par la perte d'Hugo. Bien sûr, quand j'y repensais, j'avais envie de pleurer. Mais je ne pleurais plus tout le temps, ce qui, en soi, était déjà un début.
Ce jour-là, c'était le quatrième match de Quidditch de la saison, et il opposait Serpentard à Gryffondor. C'était donc un excellent moyen de nous divertir et de nous faire penser à autre chose.
Tous les élèves étaient réunis dans les gradins et attendaient le signal de départ de Madame Bibine.
Des cris ont retenti quand le coup de sifflet a enfin été donné.
Liam : Et c'est parti ! Le souafle est à Lendry, qui fait la passe à Johnson ! Il fait la passe à Lendry de nouveau, et... le souafle est intercepté par Weasley ! Elle fait la passe à White! Et il marque ! Dix points pour Gryffondor !
Au fur et à mesure du temps, les buts s'enchaînaient, dans un camp comme dans l'autre. Le score total était de 170 à 60 pour Gryffondor – évidemment.
Immédiatement après la fin du match, les joueurs de Gryffondor ont eu droit à une ovation quasi générale, et des véritables hurlements de joie les ont accueilli à la sortie.
Leo est venu me voir, flanqué de Noah et de Liam. Depuis qu'Hugo était mort, ces trois-là s'étaient considérablement rapprochés.
Leo : Hey Princesse ! T'as vu ce match ? On a peut être une chance de vous battre, encore cette année !
J'ai levé les yeux au ciel en riant. Il s'amusait à m'appeler Princesse, et parfois, quand j'étais d'humeur vraiment joyeuse, je lui répondais en l'appelant Super-Héros. C'était une sorte de jeu entre nous.
Moi : C'est ça. Cours toujours, Super-Héros ! Vous ne valez rien face à Serdaigle !
Avec un sourire ainsi qu'un clin d'oeil pour Noah et Liam, je suis partie la tête haute. Derrière moi, Leo s'esclaffait bruyamment.
En montant vers la salle commune de Serdaigle, j'ai croisé Alexander dans un couloir. Je me suis arrêtée.
Moi : Alec ! Qu'est-ce que tu fais là ?
Alexander : Ben j'allais remonter à la tour de Serdaigle...
Je lui ai souri.
Moi : Ça tombe bien, moi-aussi !
J'ai dû mettre un peu trop d'entrain dans ma voix car mon meilleur ami m'a regardée bizarrement. Mais il a fini par acquiescer et m'a souri.
Alexander : Allons-y ensemble alors !
Nous avons commencé à marcher, en silence, ce qui était bizarre car Alec avait tendance à parler pour rien, parfois. Il semblait préoccupé par autre chose, aussi je lui ai demandé :
Moi : Alec, ça va ? T'es bien silencieux...
Il a levé les yeux vers moi, l'air un peu perdu, et je me suis arrêtée au beau milieu du couloir. J'ai attrapé mon meilleur ami par le bras pour qu'il stoppe également.
Moi : Alec ? Tu m'inquiètes vraiment, là. Est-ce qu'il y a quelque chose qui ne va pas ?
Alec a secoué la tête.
Alexander : Non, pas vraiment... Enfin... Je sais pas, je réfléchis... Il s'est passé quelque chose entre Cassie et moi, l'autre soir, et je...
Tout de suite, je me suis inquiétée. Elle ne l'avait pas largué, tout de même ? Bien sûr, j'en aurais été ravie, mais si c'était pour qu'elle lui brise le cœur, c'était hors de question que je me réjouisse.
Moi : Vous avez rompu ?
Alec m'a alors regardée comme si je débarquais d'une autre planète, ce qui a entièrement répondu à ma question. Non, apparemment, ils n'avaient pas rompu. Alors quoi bon sang ?
Moi : Alors quoi ?
Alexander : Eh bien...
Mon meilleur ami avait l'air songeur.
Alexander : Il s'est passé un truc qu'il ne s'était jamais passé jusque là... J'ai fait... j'ai fait quelque chose de nouveau, mais...
Je l'ai interrompu :
Moi : Quoi ?
D'un côté, j'avais envie d'en savoir plus, mais d'un autre côté, j'avais peur de la suite. Je voyais bien qu'il mourrait d'envie de me raconter, mais je n'étais pas sûre de vouloir tout savoir. Pourtant, je l'ai engagé à poursuivre :
Moi : Dis-m'en plus.
Il avait l'air un peu gêné.
Alexander : Tu vas me juger...
Moi : Alec, t'es mon meilleur ami ! Bien sûr que non, je ne vais pas te juger ! Tu sais que tu peux tout me dire, hein ?
Mon meilleur ami a hoché la tête.
Alexander : Mais... mais c'est un peu gênant, quand même... Je veux dire... quand j'en parle avec les garçons, ça vient naturellement...
Moi : Entre mecs, c'est ça ? (NDA : mon amie Émilie aurait sûrement dit ''entre couilles'')
Il a ri, mais d'un rire un peu forcé.
Alexander : C'est ça.
Moi : T'es pas obligé de me dire si tu ne le veux pas. Mais si tu as besoin, je t'écoute.
Alec a poussé un soupir.
Alexander : Bon... Eh bien, Cassie et moi, on a... comment dire ? Un peu... couché ensemble l'autre soir...
Il a dit la fin de sa phrase très rapidement, comme si ça la rendait plus simple à prononcer, tandis que mon cœur loupait un battement, puis deux. Est-ce que j'avais bien entendu ? Ils avaient quoi ? Oh mon dieu !
Je me sentais très mal tout à coup. Pourtant, je ne pouvais rien laisser paraître. J'étais censée être sa meilleure amie, pas plus. Donc je ne devais pas être perturbée par le fait qu'il ait fait l'amour à une fille. Je ne devais pas avoir envie d'étrangler la-dite fille, ni envie de m'enfouir quinze pieds sous terre.
Au lieu de ça, j'ai bafouillé :
Moi : Oh, euh... Eh bien, euh... C'était comment ?
C'est la seule question qui m'est venue à l'esprit. Pas très distingué, je vous l'accorde. Mais j'avais le cerveau tout retourné et j'étais clairement incapable de réfléchir correctement.
Alexander : Eh bien... C'était bien, si tu veux savoir. Je sais pas si vous les filles vous ressentez ça comme ça, mais en tout cas, c'était fantastique !
Moi : Je peux pas te dire, j'ai jamais...
J'ai rougi. J'étais clairement en train de parler de sexe avec mon meilleur ami d'enfance, dont j'étais aussi secrètement amoureuse. Plus gênant, tu meurs.
Je ne voulais plus rien savoir, ni rien dire, cependant, dans la vie, il y a ce qu'on veut et ce qu'il se produit. Aussi, j'ai demandé, un peu malgré moi :
Moi : Mais comment vous avez réussi ? Je veux dire... le règlement, et puis...
Alec a semblé comprendre ma question car il a souri.
Alexander : Le jour de mon anniversaire, on avait entraînement de Quidditch. Et, après les entraînements, on prend une douche. On attendait tous les deux que les autres sortent, et puis tu sais... comme d'habitude, on s'embrassait, tout ça. Et quand ils sont tous partis, on n'étaient toujours pas douchés, parce qu'on avait passé tout notre temps à se bécoter.
Mon cerveau s'imaginait un peu trop bien la scène. Je pouvais voir tous les détails, même si je n'avais été qu'une seule fois dans les vestiaires de Quidditch – longue histoire. J'arrivais réellement à imaginer la totalité des détails de la scène que me racontait Alec. J'ai donc eu un haut-le-coeur cérébral tout en faisant mine d'être attentive et du même avis.
Alexander : Et puis, vu qu'on n'était pas douchés... On s'est dit qu'on allait prendre notre douche. Et, comme il n'y avait plus personne, on a décidé de prendre notre douche ensemble. À vrai dire, c'est plutôt Cassie qui en a eu l'idée...
Je la haïssais. Complètement. Je la haïssais, je la détestais ! Non, je l'abominais, je l'abhorrais, je la méprisais, je l'exécrais ! Je la... Mince, voilà que j'étais à cours de synonymes !
Alexander : Donc ben on est allés dans la douche et... et après, elle a commencé à m'embrasser, doucement, puis de plus en plus fort. Elle s'est collée contre moi et...
Cette fois, je n'ai pas pu réprimer ma grimace et j'ai supplié Alec :
Moi : Euh... Je crois que j'avais pas besoin de tant de détails... Vraiment pas, en fait... Je suis désolée, Alec, mais... je crois que je vais y aller, si ça te dérange pas...
Je commençais à avoir la nausée, et j'avais le cœur dans les chaussettes.
Alexander : Je t'avais dit que je ne savais pas comment t'en parler. Les garçons m'ont demandé tous les détails, donc je t'ai expliqué comme je le leur ai expliqué... Mais je suis désolé si je t'ai choquée. Je t'avais dit que tu allais me juger.
J'ai secoué la tête – autant pour le détromper que pour tenter de chasser ma nausée.
Moi : Je ne te juge pas. C'est juste que je pense que tu devrais beaucoup moins détailler tes récits... Ou alors, tu pourrais écrire des histoires érotiques... Tu ferais un carton...
J'ai éclaté de rire. Je n'en croyais ni mes yeux ni mes oreilles. Mais qu'est-ce qui m'arrivait ? Qu'est-ce que je racontais ? Il fallait absolument que j'arrête de sortir des âneries !
Alec a eu l'air aussi perturbé que moi car il a rougi et baissé les yeux.
Moi : Bon, euh... J'y vais... À plus tard...
Je suis partie en courant, rouge comme une pivoine et morte de honte.
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