23. L'enterrement
Les jours suivant sont passés comme dans un brouillard. Tellement que je ne me souviens même pas ce qu'on a fait pour l'anniversaire de Kevin, le 14 janvier.
Je ne reverrais jamais mon cousin, et ça me rongeait de l'intérieur. Tout le monde était sous le choc, et j'avais passé ces trois jours à pleurer, une fois dans les bras d'Alec, une autre dans ceux de Leo, ainsi que dans ceux d'Elsa, de Noelia, de Liz et de Zoé. J'ai même pleuré dans les bras de Luke, un jour.
Et puis est venu le jour de l'enterrement. Le temps était gris et terne, exactement comme je me sentais.
Tôt le matin, le professeur McGonagall nous a envoyé, mes cousins et moi, par Portoloin. Nous avons atterri sur une place déserte, à côté d'un cimetière sorcier dont je ne me rappelle plus le nom – j'étais bien trop mal pour prêter la moindre attention au nom de l'endroit.
Des dizaines de chaises étaient alignées, toutes face à un cercueil dorée. Le cercueil d'Hugo.
La cérémonie s'est déroulée elle-aussi comme à travers un épais brouillard – il y avait aussi réellement du brouillard, mais c'est une autre histoire –, jusqu'à ce que je sois appelée pour dire quelques mots.
Je me suis placée à côté du cercueil. C'était assez gênant de se trouver debout à côté d'un cercueil contenant un mort, dans ce cas précis mon cousin, mais je n'avais pas vraiment le choix.
Moi : Hugo... Hugo était un fils, un cousin, un frère, mais aussi un ami... Mais il était beaucoup plus que ça... Il était un rayon de soleil à lui tout seul... Il illuminait notre monde avec ses bêtises et ses blagues...
Les larmes ont commencé à couler sur mes joues.
Moi : Et maintenant, il n'est plus là... Il... il va nous manquer à tous... Mais... mais j'ai étudié en cours d'étude des moldus... que ces derniers croyaient en un paradis... après la mort... Alors, s'il existe réellement un paradis pour les morts... alors Hugo mérite plus que quiconque d'y accéder... Parce qu'Hugo... Hugo était simplement... il était juste génial...
J'ai essuyé mes larmes, même si d'autres continuaient à couler, et je suis retournée m'assoir à ma place, entre ma mère et mon frère James. Ma mère m'a serrée dans ses bras, les larmes aux yeux. Devant nous, Hermione avait du mal à respirer à travers ses larmes, et Rose semblait sur le point de s'évanouir dans les bras de son petit ami, Scorpius, assis à côté d'elle.
Plus tard dans la matinée, je suis retournée à Poudlard, ainsi que mes cousins et cousines. Nous venions à peine d'arriver dans le hall que je me suis mise à pleurer.
Alexander m'a prise dans ses bras, et je sentais son cœur battre à travers son t-shirt. Mais je n'y ai pas prêté attention. Le chagrin s'emparait de moi à la vitesse de la lumière, et j'étouffais presque sous la souffrance.
À côté de moi, Lysander tenait les épaules d'Elsa, qui semblait sous le choc. Les filles avaient arrêté de bouger, et les garçons ne faisaient pas les malins non plus. Lorcan était parti plus loin consoler Dominique, qui semblait plus humaine, plus sincère, le visage baigné de larmes. Pour une fois, je n'avais pas envie de la détester. Je ne la trouvais ni vaniteuse, ni prétentieuse, ni superficielle, mais simplement fragile. Elle était anéantie par la mort de son cousin, exactement comme je l'étais, moi-aussi. À ce moment précis, je me sentais plus proche d'elle que je ne l'avais jamais été.
J'ai étouffé un sanglot sur l'épaule d'Alec, qui m'a serrée un peu plus fort. Au même moment, Elsa s'est écartée de Lysander et est venue me frotter le dos.
Lorcan est venu me voir. Il avait laissé Dominique avec sa meilleure amie Hermione Sanchez – encore une Hermione ! –, et il se dirigeait vers moi à grands pas.
Lorcan : Lily...
Je me suis écartée d'Alexander et Lorcan m'a serrée dans ses bras, avant de me dire :
Lorcan : Je... Dominique voudrait... te parler... Je sais que tu ne l'aimes pas trop, mais...
Il n'avait pas besoin de terminer sa phrase. Je savais qu'elle avait besoin de réconfort, j'en avais besoin aussi. Hugo était notre cousin à toutes les deux, il était normal qu'on se réconforte mutuellement.
J'ai acquiescé de la tête, et je me suis dirigée vers ma cousine. Sa meilleure amie m'a souri d'un air navré et s'est éloignée.
Moi : Dominique, je...
Je n'ai pas pu finir ma phrase car elle s'est jetée dans mes bras et nous avons recommencé à pleurer, dans les bras l'une de l'autre. Hermione a reculé prudemment comme si nous étions malades et contagieuses, puis elle a croisé les bras sur sa poitrine, l'air contrariée.
Dominique : Écoute, Lily... Je sais que tu ne m'aimes pas... pas beaucoup, et je comprends... Je... je ne t'aimais pas... pas beaucoup non plus, mais... mais, en fait... je crois qu'on était aussi... aussi stupides l'une que l'autre... Et... et je... je tiens à... à m'excuser...
Elle m'a lâchée et m'a regardée droit dans les yeux. Je lui ai souri du mieux que je pouvais.
Moi : Je... je sais... Et je veux m'excuser aussi...
Les mots m'ont manqué et l'air aussi. On a éclaté en sanglots, et on s'est resserrées. À travers mes larmes, je voyais la tête que faisaient mes amis. Alec était sidéré, et Lorcan souriait de toutes ses dents, malgré les circonstances.
Moi : Viens, on y retourne.
J'ai pris la main de ma cousine et je l'ai emmenée avec moi vers mes amis. Alexander m'a reprise dans ses bras, pendant que Dominique se blottissait dans ceux de Lorcan.
Elsa : J'en reviens toujours pas...
Elle s'était appuyée sur Lysander et avait les yeux remplis de larmes.
Elsa : Pourquoi a-t-il fait une chose pareille ? Il ne semblait pas aller mal...
Elle serrait si fort sa baguette entre ses doigts qu'elle a commencé à faire tomber de la neige.
Lysander : Elsa, arrête de te torturer... Des fois, certaines personnes ont l'air d'aller très bien, mais au fond, elles ne vont pas bien du tout...
Mes sanglots ont redoublé et Alec m'a serrée plus fort.
Moi : On aurait dû s'en apercevoir ! On est ses amis... Je suis sa cousine... On aurait dû sentir que quelque chose n'allait pas !
Mon meilleur ami a lancé un regard noir en direction de Lysander, qui a blêmi.
Lysander : C'est pas ce que je voulais dire. On n'a pas à se sentir coupables, d'accord ? On a tous été aussi aveugles les uns que les autres, preuve qu'Hugo cachait bien son jeu. Mais on doit lui faire honneur, vous comprenez ? Il ne voudrait pas qu'on soit là, tous, à nous morfondre. Il voudrait qu'on continue. Ça ne sert à rien de se rejeter la faute, personne n'est coupable. Ce sont des choses qui arrivent, et oui, c'est dur, mais c'est comme ça. Il faut être fort, pour Hugo.
J'ai levé des yeux étonnés vers Lysander. Tout le monde l'observait, et il y avait de quoi. Depuis quand était-il devenu si sage ?
Moi : Depuis quand as-tu acquis tant de sagesse ? Où est passé le pitre aux cent mille âneries et heures de colle ?
L'intéressé a haussé les épaules en souriant d'un air énigmatique.
Lysander : Il m'arrive d'être sérieux, parfois, tu sais. Je ne suis pas à Serdaigle pour rien. C'est vrai que j'adore faire l'imbécile, encore plus quand on est en duo...
Il a fait un clin d'oeil à son jumeau.
Lysander : ... mais je sais aussi être sérieux. Ça m'arrive de temps en temps.
Elsa a haussé un sourcil en souriant. Malgré les larmes dans ses yeux, je voyais bien qu'elle avait envie de rire.
Elsa : Ça doit pas t'arriver très souvent, alors.
Lysander : Hé !
Sans doute à cause de la tension accumulée, nous avons éclaté de rire simultanément, y compris Dominique. Un instant, nous avions réussi à oublier Hugo.
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