20. Réconciliation
Les jours ont passé. Je ne parlais toujours pas à Alec, qui semblait mettre un point d'honneur à embrasser passionnément Cassie dès que j'étais dans les parages. Je savais pertinemment qu'il ne le faisait pas seulement quand j'étais là, mais c'était l'impression que j'avais. Impression modifiée par ma paranoïa.
Les cours devenaient de plus en plus complexes. Il nous restait cinq mois avant les examens des ASPICs, alors les professeurs commençaient déjà à nous surcharger de travail et de révisions, tout en répétant ''ce n'est jamais trop tôt''. On aurait dit ma tante Hermione, c'en devenait troublant.
Et puis un soir, ma vie a radicalement changé. Allongée dansmon lit, je réfléchissais.
Comment Alec et moi avions pu en arriver là ? Ça faisait des semaines qu'on ne se parlait plus, lui et moi. Nous étions les meilleurs amis du monde, et, à cause d'une stupidité, nous nous étions disputés. Mon cœur battait la chamade rien qu'en y pensant. Comment avait-il pu penser que j'avais essayé de le tuer ? Il était mon meilleur ami ! J'étais même amoureuse de lui ! Mais il m'avait accusée de lui avoir fait subir le sortilège de l'Imperum, et de l'avoir poussé à sauter dans le vide, depuis le haut de la tour d'Astronomie. Comment pouvait-il penser une chose pareille ?
Un déclic s'est fait dans ma tête. Je me suis souvenue qu'un soir, j'étais dans la tour d'Astronomie, et que j'avais senti comme une force qui me poussait à sauter. Mais il ne pouvait pas y avoir de rapport. Deux personnes qui sont comme poussées à se jeter dans le vide, les deux histoires n'avaient aucun lien, si ? Je me suis mise à douter. Et puis mon cerveau a eu une poussée d'adrénaline et je me suis redressée dans mon lit. Bien sûr que si, les deux histoires étaient liées ! On ne voyait pas souvent les deux meilleurs amis du monde tenter de sauter du haut de la tour d'Astronomie à quelques semaines d'intervalle ! Et puisque je n'étais pas responsable pour Alexander, cela signifiait qu'il devait y avoir un coupable, et que cette personne lui en voulait autant qu'à moi.
Je me suis levée, les larmes aux yeux. Je ne pouvais pas rester là sans rien faire. Il fallait absolument que j'arrive à convaincre Alexander de mon innocence, et que je lui explique que quelqu'un nous en voulait à tous les deux.
J'ai traversé la pièce, ne prenant même pas la peine d'être discrète pour ne pas réveiller mes amies. J'ai ouvert la porte en grand, j'ai monté les escaliers jusqu'au dortoir des garçons. Une vieille loi, semblait-il, permettait aux filles d'accéder aux dortoirs des garçons, mais pas l'inverse. Alors je me suis retrouvée devant la porte du dortoir des garçons de septième année en un rien de temps, hésitant à frapper. Ils devaient tous dormir, à cette heure de la nuit. Et puis mon amitié pour Alexander l'a emporté, et, sans même frapper, j'ai ouvert la porte.
Il était là. Alexander. Il se tenait derrière la porte, comme s'il avait voulu l'ouvrir mais que je l'avais devancé. Il m'a regardé un instant, et j'ai vu dans son regard de l'incompréhension. J'ai eu peur qu'il ne s'enfuie à toutes jambes, comme à chaque fois qu'il m'avait croisée depuis qu'on s'était disputés, mais non. Il est resté là, debout dans l'encadrement de la porte. Alors je me suis jetée dans ses bras.
Moi : Alec je suis désolée !
Mon cri a réveillé les garçons, qui ont ouvert les yeux péniblement pour observer la scène.
Alec m'a serrée dans ses bras, et j'ai posé ma tête sur son épaule. Incapable de retenir mes larmes plus longtemps, je me suis mise à pleurer sur son épaule.
Alexander : Non, Lily. C'est moi qui suis désolé. Ce que je t'ai dit l'autre fois... c'était horrible, je m'en veux. Si tu savais comme je m'en veux ! Et puis c'est évident que tu n'y étais pour rien !
Je n'ai rien dit, j'ai continué à pleurer doucement sur son épaule. Il m'a serrée un peu plus fort, et, à travers mes larmes, j'ai vu quatre garçons nous observer attentivement. Lysander affichait un sourire narquois sur le bout de ses lèvres. Il savait pertinemment qu'Alec était mon meilleur ami, mais j'étais sûre qu'il avait des soupçons sur le fait que je l'aimais secrètement. Quant à Kevin, il a toussoté.
Kevin : Hu-hum... Désolé de vous déranger, les gars. Je suis content pour vous et tout et tout, et surtout pour nous, parce que ça va nous éviter d'entendre les jérémiades d'Alec toute la journée, mais sérieusement, il est près de trois heures du matin, donc si vous pouviez, je sais pas... genre allez fêter vos retrouvailles en bas, ça nous arrangerait, parce qu'on aimerait bien dormir.
J'ai relevé la tête et j'ai croisé son regard. Il a semblé bien mal à l'aise tout à coup.
Kevin : Enfin, je veux dire...
J'ai éclaté de rire et il s'est détendu.
Moi : Ne t'inquiètes pas. Je vais retourner me coucher, je suis crevée. Bonne nuit les garçons !
Je me suis décollée d'Alec, je lui ai déposé un baiser sur la joue, j'ai fait signe aux autres de la main et je suis sortie à reculons de la chambre, prenant soin de refermer la porte derrière moi.
Quand je suis revenue dans le dortoir, les autres dormaient toujours, sauf Elsa, qui était assise sur son lit. Elle m'a immédiatement demandé :
Elsa : Alors ?
Je lui ai souri.
Moi : Alors quoi ?
Elsa : Je te ferais remarquer que tu es sortie du dortoir avec le feu aux fesses et que tu as foncé vers le dortoir des garçons alors qu'il est presque trois heures du matin. J'attends des explications !
Elle le prenait en riant, mais son ton exprimait clairement son sérieux. Elle attendait vraiment que je lui explique ce qu'il s'était passé.
Moi : Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Alec et moi nous sommes réconciliés, c'est tout.
Elsa a haussé un sourcil. Apparemment, elle ne me croyait pas plus que ça.
Elsa : T'es sûre ? Vous vous êtes réconciliés à trois heures du matin ? C'est étrange, ton histoire. Vous n'auriez pas pu attendre demain, tout simplement ?
Moi : Elsa, je n'arrivais pas à dormir. Ça me bousillait de l'intérieur. C'était maintenant ou je risquais d'y laisser ma santé !
Elsa : Oui, mais dans le dortoir des garçons, vraiment ? Et je t'ai vue dans ses bras. Est-ce qu'il t'a embrassée ?
J'ai écarquillé les yeux, catastrophée et choquée.
Moi : Elsa ! Tu nous as espionnés ou quoi ?
Elsa a haussé les épaules d'un geste désinvolte.
Elsa : N'esquive pas ma question s'il te plaît. Il t'a embrassée, oui ou non ?
J'ai secoué la tête.
Moi : Non. Et il ne m'embrassera jamais pour la bonne et simple raison qu'il sort avec Cassie et que je suis sa meilleure amie. Ce qu'il ressent pour moi, c'est de l'amitié, c'est tout, et...
Elsa : Arrête de dire n'importe quoi ! Ça se voit qu'il est dingue de toi, Lily !
Moi : De toute façon, même si c'était le cas, on ne sortirait pas ensemble.
Elsa s'est levée de son lit. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, elle était plantée devant moi.
Elsa : Pourquoi ?
Son ton était clairement désapprobateur.
Moi : Pour deux raisons. La première, c'est qu'il sort déjà avec Cassie. La deuxième, c'est parce que je...
Noelia : Parce qu'elle a peur de mettre en danger leur amitié !
J'ai sursauté et me suis tournée vivement. Noelia s'était assise dans son lit et prenait part à la conversation. Avait-elle réellement dormi jusqu'à présent ou avait-elle simplement fait semblant en nous écoutant ?
Noelia : Mais, Lily, tu sais, si tu refuses à chaque fois sous prétexte de préserver une amitié, tu finiras seule ! Reprends-toi !
Elsa a acquiescé.
Elsa : Elle a raison. Peu importe Cassie, quand il saura, il la larguera pour toi ! Demain, à la première heure, je veux que tu ailles voir Alexander et que tu lui dises tout. Si tu ne le fais pas, je le ferai moi-même.
Moi : Non ! Tu n'as pas le droit de faire ça ! Je... je mettrais les choses au clair... quand je me sentirai prête.
Elsa a levé les yeux au ciel et écarté les mains, l'air de dire ''mais qu'est-ce que je vais faire de toi ?''.
Elsa : Mais c'est ça le problème. Tu ne seras jamais prête.
J'ai soupiré puis je me suis glissée dans les draps, en prenant bien soin de ne pas répondre à Elsa. Non, je ne serais jamais prête, mais il était hors de question de bousiller mon amitié avec Alec alors qu'on venait à peine de se réconcilier.
Les filles n'ont pas cherché plus loin, elles ont éteint la lumière, et j'ai fermé les yeux, envahie par le sommeil.
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