18. Une fin d'année pourrie
L'avant-dernier jour des vacances, mes parents avaient invité leurs amis Neville et Hannah – les parents d'Alexander – à venir à la maison. Ils ne savaient pas que je m'étais disputée avec Alec, je ne pouvais donc pas leur en vouloir d'avoir voulu qu'ils viennent.
Aussi, alors qu'ils n'allaient pas tarder à arriver, je m'étais enfermée dans ma chambre, tranquillement. Enfin... Ma tranquillité a bien vite été rompue car ma mère est entrée dans la chambre.
Ma mère : Quelque chose ne va pas, Lily ? Neville, Hannah et Alexander vont arriver d'une minute à l'autre, pourquoi restes-tu dans ta chambre ?
J'ai levé lentement les yeux vers elle.
Moi : Je me suis disputée avec Alec. Je n'ai pas envie de le voir.
Ma mère : Lily... Vous êtes les meilleurs amis du monde, je suis sûre que ça va passer.
Moi : Non. Je le croyais, moi-aussi. Mais il m'a dit des choses horribles... Des choses qu'un ami ne devrait jamais dire. Je ne veux pas le voir, ni lui parler.
Ma mère a haussé les sourcils.
Ma mère : Fais au moins un effort pour ce soir.
Moi : Ne t'attends à rien de grandiose. Bonjour, au revoir, et c'est tout. À part pour manger, je resterai dans ma chambre.
Ma mère : Lily...
Son ton sonnait clairement comme un avertissement, mais je l'ai coupée avec amertume :
Moi : Non, maman, s'il te plaît. Ne t'en mêle pas. Tu ne sais pas ce qu'il s'est passé. Tu ne sais pas ce qu'il m'a dit. Reste en dehors de ça, s'il te plaît.
Ma mère : Alors explique-moi. Je t'écoute. Que s'est-il passé ? Que t'a-t-il dit pour que tu refuses de lui parler ?
J'ai senti les larmes me monter aux yeux, mais je me suis concentrée pour ne pas pleurer.
Moi : Laisse tomber. J'ai pas envie d'en parler, ni de lui parler, d'ailleurs. Alors bonjour, au revoir, et c'est tout.
Ma mère voulait sûrement en savoir plus, mais en croisant mon regard, elle a laissé tomber et est sortie de ma chambre.
Je me suis étalée sur mon lit en faisant l'étoile de mer, bras et jambes écartés. J'aurais voulu être n'importe où sauf ici. J'aurais voulu qu'Albus ne soit pas reparti si tôt, me laissant seule avec mes parents et James. Même si ce dernier devait partir bientôt pour retrouver sa copine.
La sonnette a retenti dans toute la maison et mon père m'a appelée depuis le hall :
Mon père : Lily ! Ils sont là !
En temps normal, j'aurais couru pour aller les rejoindre, toute excitée de voir mon meilleur ami. Mais aujourd'hui... Le cœur n'y était pas, et je suis descendue en traînant les pieds. Mon père n'a pas posé de questions, signe que ma mère l'avait sans doute mis au courant des derniers évènements.
Neville et Hannah sont entrés, suivis par Alexander. J'ai fait la bise aux parents avant de lancer un faible salut à Alec, qui m'a répondu tout aussi froidement. Clairement, si mes parents doutaient encore de ma dispute, le ton froid et distant sur lequel on s'adressait la parole ne trompait personne. Aussitôt après avoir dit bonjour, je me suis éclipsée.
Arrivée dans ma chambre, je me suis affalée sur le lit. Je me sentais vide. J'ai fermé les yeux et j'ai senti les larmes rouler sur mes joues tandis que de vieux souvenirs refaisaient surface.
Alec et moi avions sept ans. Nous jouions dans le jardin, et Albus nous observait depuis la balançoire. J'étais tombée à plat ventre et je m'étais mise à pleurer. Alec s'était mis à pleurer avec moi, sans doute par solidarité, ce qui avait beaucoup fait rire Albus. Ce qui nous avait fait rager, Alec et moi, et, oubliant nos pleurs, on s'était jetés sur Albus pour le faire tomber de la balançoire.
Alec et moi avions neuf ans. C'était quelques jours après la rentrée, et nous étions dans sa chambre, à nous lamenter parce qu'Albus était allé à Poudlard. Nous étions pressés d'y aller à notre tour. Il nous restait deux ans à tirer.
Alec et moi avions onze ans. Il venait d'être envoyé à Serdaigle, et j'avais peur de me retrouver dans une maison différente de la sienne. Albus était à Serpentard, James à Gryffondor. Il n'y avait aucune chance que j'aille à Serdaigle. Et pourtant...
Alec et moi avions quinze ans. Kevin venait de rompre, et je pleurais doucement dans les bras de mon meilleur ami, qui essayait de me réconforter tant bien que mal.
Alec et moi avions seize ans. C'était la fin de l'année, et je l'observais qui terminait sa valise. J'étais amoureuse de lui depuis quelques temps, et je me demandais comment j'allais faire pour consigner amitié et amour. Surtout qu'il ne semblait clairement pas partager mes sentiments. Peut-être qu'avec le temps...
J'ai sursauté en sentant une main se poser sur mon épaule, et je suis revenue à la réalité. J'ai ouvert les yeux et me suis trouvée nez à nez avec James.
James : Lily ? Ça va pas ?
Sa voix n'était pas comme d'habitude. D'ordinaire, il avait toujours ce petit air de plaisanterie, un léger sursaut dans la voix qui montrait qu'il était près à commettre une bêtise, même à vingt-et-un an. Seulement là, sa voix n'avait plus rien de la normale. Ses yeux trahissaient une réelle inquiétude que je ne lui avais jamais connue. En général, c'était Albus qui s'inquiétait pour moi, qui s'occupait de moi. James préférait plaisanter et metaquiner.
James : Pourquoi tu pleures ? Ça a un rapport avec Alec ?
J'ai eu un coup au cœur. Je n'aurais jamais cru que James soit capable de ressentir mes émotions, ni encore moins quoi que ce soit venant de moi.
J'ai dû paraître un peu trop étonnée car il a souri et m'a dit :
James : Je ne suis pas dupe, tu sais. Je vois bien que quelque chose ne va pas. Et je vois bien qu'il s'est passé quelque chose avec Alec, vous n'êtes pas du tout comme avant. Vous vous êtes à peine dit bonjour.
Moi : On s'est disputés.
James : Je vois...
Il s'est frotté le menton d'un air penseur.
James : Tu veux en parler ?
Je ne savais pas vraiment si je devais ou pas. James m'avait toujours paru gamin, plaisantin, mais jamais apte à écouter. Cependant, il me semblait plus mûr, comme s'il avait grandi depuis les vacances d'été. Aussi, j'ai décidé de me confier à lui.
Moi : Eh bien... Il m'a accusée de vouloir le tuer. Parce qu'un soir où il était à la tour d'Astronomie, quelqu'un lui a lancé le sortilège de l'Imperum et l'a poussé à sauter dans le vide. Sauf que, à ce moment-là, je suis arrivée, et je l'ai empêché de sauter. Mais quand il a repris ses esprits, il en a déduit que c'était moi l'auteure du sortilège. Et puis après... après, il a dit des choses horribles. Il a dit que j'étais stupide, que j'étais en manque d'attention après qu'Albus... après qu'Albus ait vécu tout ça, je voulais moi-aussi être le centre de l'attention... Il a aussi rajouté que j'étais une erreur, que je n'aurais jamais dû naître, et que... et que le monde se porterait mieux sans moi...
James, qui m'avait écoutée jusque là sans bouger, a serré les poings. Il savait aussi bien que moi que je n'aurais pas dû survivre à la naissance, et qu'Alexander était un des rares au courant.
James : Je vais le tuer !
Il a sorti sa baguette de la poche arrière de son jean – une mauvaise habitude qu'il tenait de notre père – et s'est levé, prêt à sortir.
James :J e vais le tuer ! Je. Vais. Le. Tuer !
Alors qu'il commençait à partir, je l'ai attrapé par le bras.
Moi : Non, James, s'il te plaît.
Mais James ne semblait plus m'écouter. Il écumait et marmonnait :
James : Une erreur, toi ? C'est plutôt lui l'erreur ! Je vais lui dire ma façon de penser à cet abruti de mes deux !
Moi : James, s'il te plaît. Calme-toi. Laisse tomber, je règlerai ça moi-même.
James s'est tourné vers moi et j'ai vraiment pris peur. J'ai vraiment cru qu'il allait débouler au salon armé de sa baguette pour étriper Alexander.
James : Personne n'a le droit de te faire souffrir, tu m'entends ? Personne ! Le premier qui ose, je le défonce !
Il a crié cette dernière phrase, si bien que j'ai entendu un silence pesant s'installer dans le salon, bien vite rompu par ma mère :
Ma mère : Excusez-moi, je crois qu'ils se disputent encore... Je vais aller voir ça tout de suite !
J'ai entendu ses pas dans les escaliers et j'ai supplié James du regard.
Moi : S'il te plaît, James... N'en parle pas à maman. Et calme-toi, je t'en supplie !
J'ai vu la colère retomber dans les yeux de James, juste avant que ma mère n'ouvre la porte et ne crie :
Ma mère : C'est pas bientôt fini ? James, tu es grand maintenant, pourquoi cries-tu comme ça ? Tu me fais honte ! Agir comme ça à vingt-et-un an !
James : Désolé, maman... Je me suis un peu emporté...
Il a secoué sa montre et a soupiré :
James : Je vais y aller, de toute façon. Eleanor m'attend. Je descends dire au revoir.
Ma mère a hoché la tête, les lèvres pincées, avant de se tourner vers moi.
Ma mère : Lily, on va manger. Tu me feras plaisir de descendre aussi.
J'ai haussé les épaules et acquiescé, puis elle est sortie. J'ai murmuré :
Moi : Merci James. Vraiment.
James : Pas de quoi. Mais je te jure que s'il te fait quoi que ce soit d'autre, je le tue. Par Merlin, je l'étripe !
Moi : On n'en arrivera pas là. D'ailleurs, je ne te connaissais pas dans le rôle du grand frère protecteur !
Mon ton était rempli de sarcasme et James a levé les yeux au ciel.
James : Très drôle, Lily.
Quand on est descendus, je l'ai clairement vu lancer un regard assassin à Alexander, qui a blêmi puis baissé les yeux. Heureusement, j'ai été la seule à intercepter cette menace silencieuse – enfin, la seule avec Alexander, évidemment.
Alec a semblé comprendre le message de James, parce qu'il n'a plus rien dit jusqu'au moment de partir, où il a simplement dit au revoir avant de s'en aller avec ses parents.
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