15. Confidences sur confidences

      Quelques jours plus tard, Liz a trouvé le moment idéal pour parler aux filles.

      C'était un dimanche matin, le dernier dimanche avant de repartir chez nous pour Noël – pour ceux qui repartaient –, et nous traînions dans nos lits. Le dortoir était silencieux, jusqu'à ce que Liz rompe le silence d'une voix timide :

Elizabeth : Les filles... Je peux vous confier un secret ?

      La réponse ne s'est pas faite attendre, Noelia s'est indignée :

Noelia : Bien sûr que oui !

      Elizabeth s'est assise dans son lit, et nous avons toutes fait de même.

Elizabeth : Et vous me renierez pas, promis ?

Zoé : Bien sûr que non ! Tu ne m'as pas reniée quand j'ai avouée...

      Elle a dégluti et fini avec difficulté :

Zoé : ... mon homosexualité. Je ne vais sûrement pas te renier, quoi que tu ais pu faire. Qu'as-tu fait, d'ailleurs ?

      Elizabeth s'est tortillée sur son lit, l'air mal à l'aise.

Elizabeth : Eh bien... Je sors avec Asher Jacobs...

      Elle a balancé son information d'une traite, comme si ça lui permettait de faire accepter la chose plus vite. Bien sûr, j'étais déjà au courant. Mais l'entendre le dire de cette façon m'a quand même coupé le souffle.

Elsa : Tu... quoi ?!

      Zoé n'a rien trouvé à dire, et Noelia non plus. Puis elles se sont tournées vers moi.

Zoé : Tu n'as rien à dire, Lily ?

Moi : Non.

      Je ne savais pas quoi répondre. Est-ce que je devais leur dire que j'étais déjà au courant, et que c'était moi qui avais forcé Elizabeth à tout leur dire ?

Elizabeth : Lily était déjà au courant. Leo l'avait découvert et lui a raconté. C'est une longue histoire.

      Elle a poussé un soupir tandis que les filles attendaient la suite. Liz a soupiré et a commencé son histoire :

Elizabeth : Ça fait un peu plus de trois semaines qu'Asher et moi sortons ensemble. J'étais sortie un soir pour m'aérer l'esprit, et je suis tombée sur lui. Il était assis dans les escaliers centraux, l'air un peu perdu. Et puis, quand je suis passée, il n'a pas été méchant avec moi. Il m'a demandé si, en qualité de Serdaigle, je pouvais l'aider un peu. Il voulait rompre avec sa copine mais ne savait pas comment s'y prendre. Je lui ai donné quelques conseils, puis il a fini par me remercier. Et là, il m'a embrassée. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas repoussé. Mais en tout cas, on a continué de se voir, le soir, en cachette. Personne n'était au courant, et personne ne devait l'être. Je devais vous mettre au courant à la fin de l'année, si jamais nous étions toujours ensemble à ce moment-là. Je suis tellement désolée de ne pas vous l'avoir dit ! Mais... nous étions censés nous détester, et...

      Elle s'est tue, les mots semblant lui rester coincés dans la gorge.

Elsa : Bon. Eh bien, je suis contente pour toi. S'il est gentil, alors je suis contente pour toi. Mais je te préviens, il a pas intérêt à faire un pas de travers, où je l'étripe !

      Ça semblait être l'avis commun, alors Liz a ri.

Elizabeth : Merci de pas me détester.

      On s'est serrées dans nos bras en riant.

      Quand on s'est écartées, Zoé s'est raclé la gorge et a lancé, l'air de rien :

Zoé : Tant qu'on est là... Moi-aussi j'ai quelque chose à dire...

      Je me suis tournée vers elle et, histoire de détendre un peu l'atmosphère tendue, j'ai répondu :

Moi : Quoi ? Tu sors avec Asher Jacobs toi-aussi ?

      On a toutes éclaté de rire, et Zoé a secoué la tête.

Zoé : Non, je ne sors pas avec Jacobs. Mais je sors bien avec quelqu'un, c'est vrai.

      Il y a eu un léger flottement. Étant donné que Zoé nous avait avoué un peu plus d'un mois plus tôt être amoureuse d'une fille, il devait soit s'agir de la-dite fille, soit d'une autre fille.

Noelia : Qui ?

      Zoé a eu un sourire en coin, ce qui m'a fait sourire à mon tour.

Zoé : Lexa Owen.

      On s'est toutes mises à parler en même temps, ce qui a donné un cafouillis magnifique. Puis on s'est tues et Elsa a demandé :

Elsa : Lexa... La Serpentard ? La capitaine et attrapeuse de l'équipe de Quidditch de Serpentard, celle qui est d'origine moldue et qui pratique la boxe moldue ?

      Zoé a hoché la tête.

Zoé : Oui, cette Lexa-là.

      Il faut dire que je comprenais un peu. Lexa était d'origine moldue, et c'était une vraie battante. Elle savait manier mieux que personne tous les sports de combat moldus, ainsi que la magie de duel. Elle était forte, mais surtout, elle était respectée par tout le monde.

Noelia : Et ça fait longtemps ?

      Zoé a secoué la tête.

Zoé : Depuis hier.

      J'ai sauté de mon lit pour aller la serrer dans mes bras.

Moi : Oh, c'est trop génial ! Je suis trop contente pour toi !

Zoé : Merci. Mais c'est encore secret, vous comprendrez pourquoi ?

      Les filles ont hoché la tête. C'était vrai que, même en 2025, l'homosexualité était taboue. Surtout chez les sorciers.

Moi : Vous savez quoi ? Je crois que je vais rompre avec Leo.

      Ma phrase a fait l'effet d'une douche froide. J'aurais peut-être dû la balancer plus calmement, plus délicatement, mais le fait que tout le monde révèle ses secrets m'avait presque forcée à révéler les miens aussi – enfin, pas tous, juste ceux qu'il fallait.

Noelia : Mais pourquoi ?

      J'ai haussé les épaules.

Moi : Je sais pas, c'est bizarre... Je l'aime beaucoup, mais... pas comme un petit copain...

Noelia : Tu es toujours amoureuse d'Alexander, c'est ça ?

Moi : Non !

      Elle m'a regardée longuement dans les yeux, et j'avais l'impression qu'elle voyait à travers mon âme.

Moi : Bon, d'accord, c'est vrai. Je suis toujours amoureuse d'Alexander Londubat. Contente ?

Noelia : Pas forcément.

      Les filles n'ont rien rajouté. Apparemment, elles semblaient toutes s'attendre à ma décision ainsi qu'à ma confession. Génial. J'avais vraiment l'impression d'être aussi prévisible que sur un planning.

      Le mercredi suivant, j'ai donc décidé d'avouer à Leo que je ne voulais plus qu'on soit ensemble. Enfin... Qu'on soit ensemble dans le sens de couple, mais j'espérais bien qu'il accepte de rester mon ami. Mais je ne me faisais pas d'illusions.

      Je l'ai donc retrouvé à la Grande Salle pour le petit déjeuner. Il était seul, assis à la table, et il m'attendait.

      Je me suis assise à côté de lui et, alors qu'il essayait de m'embrasser, je l'ai repoussé délicatement.

Moi : Écoutes, Leo... Je... je crois que je vais arrêter là...

      Il m'a regardé sans vraiment comprendre. Je le soupçonnais de ne pas vouloir comprendre, plus que de ne réellement pas comprendre.

Moi : Je veux dire... nous deux...

Leo : Tu... tu veux rompre, c'est ça ? Tu... tu ne m'aimes plus ?

      J'ai baissé les yeux, mal à l'aise. C'était la première fois que je me retrouvais dans cette situation, et j'avais vraiment du mal à expliquer les choses avec délicatesse et tact.

Moi : C'est plus compliqué que ça... Je t'aime beaucoup, sincèrement... Mais je pensais... je pensais t'aimer d'amour, seulement... ce n'est pas le cas...

      J'ai vu dans ses yeux que je venais de le blesser. Seulement, je ne pouvais pas faire autrement. Je l'aimais, je l'adorais même, mais comme un ami. Seulement comme un ami. Comme un meilleur ami, sans hésiter. Mais certainement pas comme un petit copain. Certainement pas comme j'aimais Alexander. Mais pourquoi ma vie était-elle compliquée comme ça ?

Moi : Je t'aime beaucoup, mais comme un ami... Tu es mon meilleur ami, Leo Vasquez... Mais je ne peux pas continuer à sortir avec toi... Ça finirait pas nous blesser tous les deux... Je préfère arrêter tant qu'il est encore temps, avant que notre histoire ne devienne vraiment trop sérieuse... Tu vas m'en vouloir, mais je préfère te blesser maintenant, un peu, que plus tard, beaucoup...

      Je me suis approchée de lui et je lui ai fait un bisou sur la joue. Il n'a pas bougé.

Moi : À plus, mon ange gardien !

      J'allais partir quand j'ai senti une main sur mon épaule. Je me suis tournée pour me retrouver nez à nez avec Leo, qui m'a souri tristement.

Leo : Attends... Promets-moi qu'on restera amis, s'il te plaît...

      Je lui ai souri avant de fondre en larmes.

Moi : Mais bien sûr, quelle question !

      Je l'ai serré dans mes bras à l'en étouffer. Puis je l'ai lâché et je suis partie pour de bon, retournant dans ma maison. 

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