10. Cruel destin
Environ une semaine plus tard, nous venions de sortir de cours de Sortilèges, le vendredi après-midi. Alec était parti devant car il avait oublié un parchemin à la tour d'Astronomie.
Quand nous sommes arrivés à la tour de Serdaigle, Alec n'était toujours pas là. C'était bizarre, car il était toujours très rapide pour revenir de cette salle de classe. Aussi, j'ai demandé :
Moi : Qu'est-ce qu'il fait, Alec ? Il s'est perdu ?
Personne ne semblait savoir, ce qui était bizarre. J'ai donc décidé d'aller le chercher.
Quand je suis arrivée à la tour d'Astronomie, tout était plongé dans le noir. Il n'y avait pas de bruit. Enfin, presque. J'entendais un souffle haleter de façon irrégulière, plus loin, vers le garde-corps.
Moi : Alec ?
Je n'ai obtenu aucune réponse. Je sentais bien que quelque chose clochait. Et alors, je l'ai vu, et j'ai compris ce qui n'allait pas.
Mon meilleur ami avait passé une jambe par-dessus la balustrade et s'apprêtait à passer la deuxième. J'ai hurlé :
Moi : ALEC ?! ÇA VA PAS ?!
Il s'est tourné vers moi, son regard semblait bien vide. Puis il a ouvert de grands yeux, cette fois, et a crié :
Alec : Lily !
Puis il s'est écroulé, heureusement du bon côté du garde-corps.
Moi : Alec !
Je me suis jetée sur lui. Il respirait toujours mais sou pouls était faible. J'ai hurlé :
Moi : À L'AIDE ! À L'AIDE ! QUELQU'UN, S'IL VOUS PLAÎT, À L'AIDE ! N'IMPORTE QUI, À L'AIDE ! AIDEZ-MOI ! À L'AIDE ! À L'AIDE !
J'ai continué à crier, et finalement, un élève dont je ne connaissais pas le nom est apparu.
Moi : Va chercher de l'aide !
Il n'a pas bronché et est parti en courant. Quelques minutes plus tard, Madame Pomfresh et McGonagall débarquaient en courant, avant d'amener mon meilleur ami à l'infirmerie.
Pendant les deux jours où il est resté inconscient, allongé dans un lit de l'infirmerie, je suis passée le voir. Tous les matins, tous les midis, tous les soirs, et à chaque récréation, je passais, dans l'espoir qu'il serait enfin réveillé. Mais rien.
J'étais au bord des larmes tout le temps, et je me sentais faible. Tellement faible... Je ne mangeais presque plus, et le peu que j'ai dormi, j'ai fait d'horribles cauchemars.
Finalement, le deuxième jour, il s'est réveillé. Je ne le savais pas jusqu'à ce que je le voie débarquer dans la Grande Salle, le lundi midi.
Je me suis levée précipitamment, en faisant tomber au passage ma bouteille d'encre sur mon parchemin déjà bien rempli de Sortilèges. Pas grave, de toute façon, tant qu'Alec allait bien !
Je l'ai serré dans mes bras, mais il m'a repoussée. Je n'ai pas compris et l'ai interrogé du regard. Il n'a rien dit mais il est parti. Je l'ai suivi jusqu'à un couloir du premier étage, complètement désert. Là, il s'est tourné vers moi en criant :
Alexander : Comment t'as pu faire une chose pareille ? Je suis ton meilleur ami ! D'accord, je t'ai fait honte l'autre fois, mais ce n'est pas une raison !
Je l'ai regardé, ébahie. Mais qu'est-ce qu'il racontait ? Pourquoi était-il en colère contre moi ? Je n'avais rien fait !
Moi : Mais je n'ai rien fait, Alec !
Alexander : Tu as tenté de me tuer, et tu dis que tu n'as rien fait ? C'est ça ta définition de ''rien fait'' ?
Comment ça, j'avais tenté de le tuer ? C'était mon meilleur ami, je n'aurais jamais fait une chose pareille !
Moi : Alec écoutes-moi... S'il te plaît...
Alec m'a fusillée du regard, et j'ai senti les larmes me monter aux yeux. Mais je ne devais pas pleurer. Je devais être forte, et rétablir la vérité. Il fallait qu'Alec comprenne que je n'avais jamais essayé de le tuer, mais plutôt que je lui avais sauvé la vie.
Moi : Alec...
Il m'a tourné le dos et a commencé à partir. J'ai crié :
Moi : Alexander Frank Londubat tu vas m'écouter maintenant ! Je n'ai pas essayé de te tuer, et je n'essaierai jamais de te tuer ! Tu es mon meilleur ami, celui qui me connaît le mieux ! Pourquoi voudrais-tu que je te tue ?
Mon meilleur ami s'est tourné vers moi, et pour la première fois de ma vie, j'ai eu peur de lui. Il avait un regard si noir et si dur, comme s'il me haïssait, que j'ai frémi. J'ai même eu peur un instant qu'il ne me frappe. Ce qu'il n'a pas fait, même s'il s'est mis à crier :
Alexander : Pourquoi ?! Des raisons, c'est ça que tu veux ? Tu veux des raisons ? Peut-être parce que tu est stupide. Après que ton frère Albus ait vécu toutes ces péripéties il y a quelques années, tu devais passer inaperçue, c'est ça ? Tu cherchais de l'attention ? Tu étais en manque ?
La colère est montée tellement rapidement en moi que je n'ai rien pu faire. J'ai hurlé :
Moi : Comment peux-tu dire une chose pareille ? Je ne suis pas en manque !
Alexander : Tu es stupide, Lily. Je ne sais pas pourquoi je te parle, ni pourquoi je suis ton ami. Tu es naïve, sotte. Tu détestes ta propre cousine ! Tu es prétentieuse, vaniteuse, superficielle, tu n'aimes personne d'autre que toi-même ! Tu manipules tout le monde ! Mais tu veux que je te dise ? Tu es une erreur, Lily. Tu n'aurais jamais dû naitre. Le monde s'en porterait mieux.
Je n'ai rien trouvé à dire et je me suis mise à pleurer. Alexander n'a même pas bronché. Après m'avoir lancé un dernier regard noir, il est parti en me laissant seule, effondrée au milieu du couloir.
Il savait pertinemment que j'étais sensible sur ce point. C'était un des seuls à savoir, avec ma famille bien sûr, que j'étais née beaucoup trop tôt, et que je n'aurais jamais dû survivre. J'étais venue au monde en juillet alors que je devais naître en octobre. J'étais née sous-développée. Trop petite, trop faible, j'aurais dû mourir. Or, j'étais toujours vivante. Et j'étais très sensible sur le cas de ma survie.
C'est Elsa qui m'a trouvée, une heure plus tard. J'étais assise par terre, inconsolable. Je n'arrivais presque plus à respirer, et j'avais une douleur atroce dans la poitrine.
Elsa : Lily ? Qu'est-ce que tu fais là ? Tout le monde te cherche !
Elle a alors remarqué l'état dans lequel je me trouvais. Son visage est passé par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et elle s'est agenouillée à côte de moi. Elle a demandé doucement :
Elsa : Lily ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
Je n'ai pas pu répondre et me suis mise à pleurer encore plus.
Elsa : Lily...
Elle m'a serrée dans ses bras, juste au moment où Liz arrivait, suivie de Zoé et Noelia.
Elizabeth : Lily !
Elle s'est jetée sur moi pour me serrer dans ses bras à son tour.
Elizabeth : Alec nous a raconté...
Mes sanglots ont redoublé d'intensité, pendant que Noelia et Zoé expliquaient à Elsa le pourquoi du comment.
L'histoire finie, Elsa a hurlé :
Elsa : Je vais le tuer ! Comment peut-il penser une chose pareille ? Il ne voit pas que tu lui as sauvé la vie ?
Noelia : Calme-toi, Elsa. Tu vas faire empirer les choses. Pour le moment, on ferait bien de retourner à la salle commune.
Je me suis levée péniblement, les jambes tremblotantes, soutenue par Liz et Zoé.
Elsa a soupiré puis a hoché la tête, avant de ramasser mon sac.
Quand on est arrivées à la salle commune, les garçons n'étaient pas là. Heureusement. Je ne me sentais pas d'affronter leurs regards.
Moi : Attendez-moi là.
Je suis montée directement au dortoir et je me suis assise sur mon lit. J'ai séché mes larmes, mais bien vite, j'ai recommencé à pleurer.
C'était comme si des milliers de bouts de verre aiguisés me rentraient dans la poitrine. La douleur était presque insoutenable.
J'ai plongé la tête dans mon oreiller pour étouffer un hurlement de douleur, puis je me suis rassise.
Je détestais Alec. Je le détestais pour ce qu'il venait de me faire. Comment pouvait-il me renier de la sorte, me dire ça, alors que je venais de lui sauver la vie ?
J'ai appuyé sur ma poitrine dans l'espoir de comprimer la douleur qui m'assaillait, mais rien à faire. Au passage, ma main a rencontré un objet, qui s'est mis à remuer faiblement à son contact. J'ai poussé un cri d'exclamation. Le vif d'or !
J'ai arraché avec violence le pendentif autour de mon cou. Le petit vif d'or a battu des ailes, et je l'ai regardé faire avec colère. Je le détestais, lui-aussi. Je détestais ce vif d'or, tout comme je détestais celui qui me l'avait offert.
La fenêtre du dortoir était entrouverte. Je n'ai pas hésité une seule seconde et, entendant Elsa m'appeler dans la salle commune, j'ai jeté le pendentif ainsi que le collier par la fenêtre. Puis j'ai tourné les talons et je suis descendue pour rejoindre les filles.
Quand je suis arrivée, elles parlaient avec Luke et Lysander, qui piétinaient sur place, l'air mal à l'aise.
Elsa : Ah, Lily.
J'avais enfin arrêté de pleurer, mais je me sentais toujours aussi mal.
Elsa : Les garçons nous racontaient justement ce qu'Alec leur avait dit. On en sait un peu plus, du coup...
J'ai baissé les yeux lentement, et ils ont dû sentir mon malaise.
Elsa : Vas-y, Luke, explique-lui. Il faut qu'elle sache.
J'ai levé les yeux vers elle.
Moi : Que je sache quoi ?
Je m'attendais à ce qu'elle me réponde, mais c'est Luke qui s'en est chargé.
Luke : Eh bien... Tout à l'heure, en sortant de l'infirmerie, Alec est venu nous voir. Quand on lui a demandé pourquoi il ne t'avait pas cherchée en premier lieu, il s'est énervé. Il a dit que tu l'avais trahi. Que tu avais dit que tu lui pardonnais, l'autre jour, mais que tu avais essayé de le tuer. Bien sûr, ça ne tenait pas debout. On savait tous que, même si tu avais encore été fâchée, tu n'aurais pas tenté de le tuer. Seulement, il a dit qu'il était monté récupérer son parchemin dans la tour d'Astronomie, et que là, il avait senti quelque chose de bizarre se passer. Il a senti quelque chose prendre possession de lui, et lui dicter de sauter dans le vide. Et puis il t'a vue. Et après, il s'est écroulé, avant de se réveiller deux jours plus tard, à l'infirmerie.
Je me suis mise à pleurer.
Moi : Mais... mais je n'ai rien fait ! Je... je suis montée à la tour d'Astronomie parce que je... je trouvais bizarre qu'il soit si long... et quand... quand je suis arrivée, il était prêt à... à sauter... J'ai crié et il est revenu à lui... puis il s'est écroulé...
Les larmes continuaient de couler sur mes joues, et Liz m'a serrée dans ses bras.
Elizabeth : Eh... On va mettre les choses au clair, d'accord ? On va aller lui parler, tu vas voir, et...
Je l'ai coupée avec violence :
Moi : Non ! Je ne veux plus le voir ! Je le hais ! Je le déteste ! Laissez-le, je ne veux plus entendre parler de lui ! Je ne lui pardonnerai jamais !
Mes amis sont restés saisis face à ma soudaine violence.
Noelia : Qu'est-ce qu'il s'est passé, Lily ? Explique-nous ce qu'il t'a dit. Je ne comprends pas, cette violence n'est pas de toi. Il a vraiment dû se passer quelque chose de grave pour que tu en arrives là.
Moi : Je n'ai pas envie d'en parler. Je le hais !
J'ai séché mes larmes tant bien que mal, me rattachant à cette haine, qui n'existait pas véritablement, pour lutter contre la douleur.
L'après-midi est passé lentement. Je m'efforçais d'éviter Alec le plus possible, mais on était dans les mêmes cours, donc c'était assez compliqué. Puis le soir, je suis montée dans le dortoir sans mêmeavoir dîné. Je n'avais pas faim, et j'avais besoin de calme. Alors, tandis que tout le monde descendait dans la Grande Salle, je suis montée au dortoir.
Je me suis assise sur le lit et j'ai tiré la couette. Je me suis ensuite glissée dans les draps.
En posant ma tête sur l'oreiller, j'ai senti quelque chose de dur et de froid sous mon crâne. J'ai relevé la tête précipitamment pour regarder ce qui me gênait. Et là, le choc. Le pendentif. Mon pendentif, celui en forme de vif d'or, celui que j'avais jeté le matin même par la fenêtre. Mais que faisait-il là ? Je l'avais jeté par la fenêtre ! Il ne pouvait pas être revenu comme ça !
J'ai pris le pendentif et l'ai serré dans ma main. J'ai senti les larmes couler sur mes joues.
Je serrais tellement fort que le pendentif a écorché ma main. Sentant le sang couler, je l'ai lâché, avant de le récupérer et de le ranger dans le tiroir de ma table de chevet. J'ai saisi ma baguette et l'ai pointée vers ma main blessée.
Moi : Episkey !
Aussitôt, la plaie s'est refermée en dégageant une immense chaleur. Puis le chaud a laissé place au froid glacial, et ç'a été fini.
J'ai reposé ma baguette sur la table de chevet et me suis allongée dans le lit. Bientôt, le sommeil m'a gagnée, et je me suis endormie, même si, quelques étages plus bas, le dîner n'était pas encore fini.
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