Chapitre 3

Léna avait été déposer la fiche signée par Gabriel au bureau de la directrice avec un grand sourire, elle avait savouré l'expression défaite de Sandrine lorsqu'elle avait vu que son plan n'avait pas fonctionné. La quadragénaire lui avait alors donné la permission de partir en mission, car il s'était avéré que Lucius avait rempli sa fiche directement au secrétariat avant de la remettre à Sandrine quelques minutes avant que Léna ne le fasse.

La jeune femme était en train de dévaler les escaliers en courant. Maintenant qu'elle avait tout, elle pouvait partir en mission dès maintenant et elle refusait de laisser passer cette chance simplement parce qu'elle n'avait pas réussi à rattraper Lucius. Elle passa en trombe devant l'accueil et fonça vers les portes automatiques qui s'ouvrirent sur son passage. Elle courra vers le portail qu'elle ouvrit à la volée. À bout de souffle, elle regarda autour d'elle. Elle reconnut les longs cheveux de Lucius; il était de dos et s'apprêtait à enfourcher une moto à l'allure sportive.

— Attends ! Cria Léna en courant dans sa direction. Lucius ne sembla pas l'entendre et commença à mettre son casque.

— Lucius ! Cria-t-elle plus fort.

Cette fois-ci, il se retourna, surpris d'être ainsi hélé.

Lorsqu'il vit Léna courir dans sa direction, il attendit patiemment qu'elle arrive à sa hauteur. Essoufflée, la jeune femme posa les mains sur ses genoux pour reprendre son souffle.

— On peut partir en mission, dit-elle simplement.

Le regard du jeune homme s'anima, visiblement intéressé.

— Maintenant ?

— Oui, maintenant

Lucius acquiesça, un sourire en coin se dessinant sur son visage. Il retira son casque et le remit à sa place sur sa moto.

— En quoi elle consiste ? Demanda-t-il, une lueur d'excitation dans les yeux.

Léna mit un instant avant de comprendre que le chasseur parlait de la mission.

— Je ne sais pas encore, avoua la jeune femme. il faut que l'on aille rejoindre Gabriel pour qu'il nous le dise.

- Le petit informaticien ? Demanda Lucius, avec un sourire presque moqueur. Il vient avec nous ?

Léna se rembrunit, elle détestait que l'on parle ainsi de son ami.

— Il est ingénieur, le corrigea-t-elle d'un ton sec. Et oui, il vient avec nous, dit-elle d'un ton qui ne laissait pas de place à la réplique.

Lucius ouvrit grand les yeux, surpris du ton courroucé de la jeune femme. Puis sa surprise laissa place à un sourire en coin.

— Bon assez bavardé, on y va ! Dit-elle sur la même intonation.

Sans attendre sa réponse, elle tourna les talons et fit le chemin qu'elle venait de faire en sens inverse.

Lorsqu'elle ouvrit la porte du bureau de Gabriel, Lucius sur ses talons, son ami sursauta.

— Léna, grogna-t-il.

— Tout est bon, tu peux nous donner une mission, déclara-t-elle.

Gabriel ouvrit de grands yeux, visiblement anxieux.

— Tu veux qu'on parte aujourd'hui ? Demanda-t-il la voix tremblante.

— Oui, confirma Léna avec conviction.

— Mais... Commença Gabriel. J'ai encore du travail ici, dit-il en désignant les feuilles volantes éparpillées un peu partout.

— Ne t'inquiète pas, quelqu'un d'autre pourra s'en charger !

— Léna... Supplia-t-il presque.

— Alors, quelle est la mission ? Demanda la jeune femme, imperturbable.

Gabriel poussa un profond soupir, avant de laisser glisser sa chaise à roulette vers la machine. Il pianota quelque instant dessus, ses lunettes toujours solidement fixées sur son nez. Au bout de quelques secondes, il cessa de taper, et le dispositif émit un vrombissement soudain. Un papier sort alors de l'imprimante. Gabriel fit glisser sa chaise pour aller le récupérer d'un geste vif. Imperturbable, ses yeux parcoururent le polycopié.

— Une activité électromagnétique anormale à été détectée près de Porterville, finit-il par dire.

— C'est à peu près à deux heures de voiture, réfléchit Léna. C'est faisable, il est 11:30, on peut prendre des sandwichs sur la route et on sera rentré avant le coucher du soleil.

Gabriel poussa un soupir, visiblement peu enjoué à cette idée.

— Allez Gabriel ! De toute façon, tu as déjà signé.

— Je sais, je sais, regretta-t-il.

Alors que le jeune ingénieur s'apprêtait à riposter, la machine émit un bruit aigu qui le fit sursauter. Tous les capteurs présents sur le dispositif se mirent à clignoter en rouge, et l'engin fit trembler le bureau tant il surchauffait.

— Que se passe-t-il ? Demanda Léna, surprise.

— Aucune idée, avoua Gabriel

Alors que l'engin continuait de vibrer, l'imprimante se mit en marche et une dizaine de feuilles sortirent. Le jeune homme fronça les sourcils et saisit les feuilles qui en sortaient. Il les parcourut brièvement. Plus il avançait dans sa lecture, plus son air s'assombrit.

— Je ne comprends pas, grommela-t-il

— Qu'y a-t-il ? Demanda Léna, déconcerté.

— Je pense que la machine bug, elle me dit qu'il y a au moins une vingtaine de portails qui se sont ouverts en même temps.

— Oula, Fit Léna. Effectivement, elle doit un peu surchauffer à mon avis, dit-elle avec un sourire. Ce n'est pas grave, tu devrais laisser ça à un autre collègue informaticien, il saura régler ça et comprendre ce qu'il se passe.

— Non, tu ne comprends pas, dit Gabriel en continuant de lire les polycopiés. On dirait qu'il y a une date d'indiquer, dit-il. Habituellement, la machine ne peut prédire des portails qu'une à deux heures en avance, là, elle me dit qu'il y en a au moins vingt qui vont s'ouvrir dans 2 jours, expliqua-t-il.

— Si elle n'est pas capable d'en prévoir plus d'une heure ou deux en avance, il n'y a aucune raison pour que vingt portails s'ouvrent en même temps dans deux jours, dit Léna en roulant des yeux. Elle est devenue vieille cette machine, elle doit déconner.

Gabriel continua de fixer son regard sur les feuilles d'un air pensif.

— Oui tu as sans doute raison, finit-il par avouer, sans pour autant défroncer les sourcils.

— Bon allez ! S'exclama Léna en tapant dans ses mains. On y va ? Dit-elle

— J'attendais que ça, grommela Lucius derrière elle. Le chasseur n'avait pas dire mot depuis qu'ils étaient entrés dans le bureau, et le son de sa voix fit sursauter la jeune femme.

— Eh bien allons-y ! Dit-elle.

***

Léna remplit le coffre du 4x4 de matériel;  détecteur de champs électromagnétiques, épées astrales, piégeur d'âmes et chaînes spectrales. Après avoir refermé le coffre, elle vérifia qu'elle avait bien son talisman protecteur autour du cou. Elle avait réussi à en dénicher un pour Gabriel également, même si elle ne quittait jamais le sien, elle préférait rester prudente et vérifier à deux fois.

Elle avait finalement réussi à convaincre Gabriel de laisser quelqu'un d'autre gérer la machine pour qu'il puisse l'accompagner en mission. Depuis, le jeune homme était resté du côté passager du véhicule et n'adressait plus la parole à personne. D'un côté, Léna s'en voulait; elle avait la sensation de le forcer, mais une autre partie d'elle ne voulait pas en démordre; elle était persuadée que sortir de sa zone de confort ferait le plus grand bien à Gabriel.

Lucius, quant à lui, était parti chercher ses affaires dans le petit coffre de sa moto. Le chasseur de spectres avait été réticent à devoir laisser sa bécane, mais Léna avait réussi à négocier pour qu'il la laisse dans le garage de l'Ordre, à l'abri des voleurs. Elle l'aperçus d'ailleurs qui revenait, se dirigeant vers la voiture.

Une fois qu'elle assurée que tout était en ordre, la jeune femme grimpa derrière le volant, suivie de près par Lucius qui prit place à ses côtés sur le siège passager. Gabriel, quant à lui, resta silencieux à l'arrière du véhicule, plongé dans ses pensées.

Léna mit le contact et démarra le moteur; la jeune femme était éxitée à l'idée de cette nouvelle mission, elle adorait le frisson de l'aventure.

Le voyage commença dans un silence relatif, seulement interrompu par le bruit régulier du moteur et le doux murmure de la radio en fond sonore. Léna se concentrait sur la route qui s'étendait devant elle, tandis que Lucius gardait un œil vigilant sur les environs, ses sens aiguisés en alerte pour toute activité suspecte.
Gabriel, quant à lui, semblait plongé dans ses pensées, son regard perdu dans le paysage de Los Angeles qui défilait à travers la fenêtre.
Léna, de bonne humeur, ne laissa pas le silence pesant éteindre son impatience et chantait à tue-tête les chansons qui passaient à la radio. Elle ne cessait de jeter des coups d'œil dans le rétroviseur, inquiète pour Gabriel ; mais ce dernier finit par sourire en entendant son amie chanter aussi peu juste. Rassurée, Léna concentra à nouveau son attention sur la route et sur son portable qu'elle avait accroché au tableau de bord pour s'en servir comme GPS.
— Gabriel ? Demanda-t-elle.
— Hum...  Fit ce dernier.
— Tu peux me donner les coordonnées exactes de l'endroit où l'on doit aller ? Demanda-t-elle.
Pour toute réponse, le jeune homme sortit de sa poche le papier qu'il avait tiré de l'imprimante quelques instants plus tôt et le tendit à son amie.

Une main sur le volant, Léna le saisit. Comme toujours, Gabriel avait pris soin de surligner les coordonnées GPS. Léna glissa la feuille entre sa main et le volant, et de sa main libre, elle entreprit de taper les chiffres dans la barre de recherche du GPS.

36.110349154650955, -118.93114950400407

La suite de chiffres sembla interminable à la jeune femme. Elle avait du mal à se concentrer sur la route tout en tapant les coordonnées dans le GPS. Ses mains tremblaient légèrement, et elle fit plusieurs fautes de frappe. Son attention était tellement absorbée par les chiffres qu'elle en oublia momentanément la route devant elle. Dans un instant de distraction, elle dévia légèrement de sa trajectoire, manquant de peu une voiture qui changeait de voie devant elle. Gabriel retint son souffle et Lucius émit un léger grognement d'inquiétude alors que la voiture frôlait la leur.

— Woah, Léna, fais attention !  S'exclama Gabriel, une pointe d'anxiété dans la voix.

Léna sursauta, réalisant soudain la proximité du véhicule voisin, et se reprit immédiatement, reprenant le contrôle de la voiture avec fermeté.

— Désolée, désolée ! S'excusa-t-elle précipitamment, son cœur battant la chamade dans sa poitrine.

Elle jeta un coup d'œil rapide aux passagers pour s'assurer qu'ils allaient bien, puis reporta son attention sur la route.

— Rousse au volant, mort au tournant, dit Lucius sans pour autant détacher son regard des paysages californiens.

Sa remarque lui vallut un regard noir de la part de Léna. Gabriel éclata d'un rire franc et tapota l'épaule de Lucius en signe de complicité. Étonnamment, le chasseur de spectre sourit.

— Je ne faisais que partager une sagesse ancestrale, répliqua-t-il face au regard accusateur de Léna. Il accompagna sa remarque d'un clin d'œil.
Léna secoua légèrement la tête, mais ne put s'empêcher de sourire malgré elle ; bien entendu, elle ne le montra pas à ses compagnons. Elle appréciait l'atmosphère détendue qui régnait maintenant dans la voiture, même si elle préférait ne pas être le sujet de plaisanterie.

Après quelques heures de route, le paysage commença à changer, les imposantes structures urbaines laissant place à des étendues plus sauvages et désolées.

Au fur et à mesure qu'ils avançaient, Léna commença à remarquer que Porterville était déjà derrière eux. Le paysage urbain avait cédé la place à une route sinueuse qui s'enfonçait dans une dense forêt. Les panneaux indicateurs de la ville étaient devenus rares, remplacés par des indications de sentiers de randonnée.

Alors que la route devenait de plus en plus étroite, Léna finit par s'arrêter devant un panneau indiquant "Forêt nationale de Sequoia".

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