10. La pierre d'amour

      Nous sommes dans la dernière région. Notre dernière chance de gagner se trouve ici. Nous nous trouvons dans un immense pré. Il y a des fleurs multicolores et de petits ruisseaux gargouillants à perte de vue. Le soleil étincelle, comme un cadeau du ciel. J'ai envie de m'allonger et de rester là toute ma vie. Mais...Je ne peux pas. Je dois accomplir mon destin. Nous marchons en silence, puis Jimmy, légèrement gêné me dit :" C'est étrange, mais quand nous sommes allés chercher la pierre de différence, nos propres différences étaient accentuées ! Idem pour la ressemblance. Ça ne t'as pas paru bizarre que l'on exécute les mêmes gestes une fois dans la grotte ?

- Si, mais j'avais compris depuis longtemps. J'ai juste peur de la troisième pierre...Je me demande ce qu'elle va accentuer chez nous.

- Enfin, si elle est encore ici." Je ne réponds pas. Je viens de remarquer qu'une fleur parmi toutes les autres est grise. Je cours vers elle, Jim' sur mes talons. Je tire sur la fleur grise et une pirogue argentée apparaît dans le ciel. Elle descend jusqu'à nous. Au milieu se trouve un piédestal, qui contient une pierre transparente et rose en même temps. Je lis le nom gravé en dessous et mes yeux s'ouvrent en grand. Je m'exclame :" Oh non...

- Quoi ?

- Elle s'appelle la pierre d'amour.

- Et alors ? Ça ne peux rien faire puisque tu ne m'aimes pas", dit-il un sourire en coin. Il me prend la main et me fais asseoir dans la pirogue. Il attrape une marguerite et la met dans mes cheveux. Je me recroqueville sur le banc parce que je sens mon cœur s'affoler dans ma poitrine. La pierre agit. Tout à coup, Jim' me semble encore plus beau qu'avant, il resplendit. J'approche mes lèvres des siennes, je sais qu'il n'attends que ça. Je reste immobile, engageant un combat contre moi-même :

Une partie de mon cerveau : Ne fais pas ça ! Tu as un avenir, si tu l'embrasse, tout le monde va mourir ! Ne sois pas égoïste, la pierre ne veut que te piéger ! Résiste à tes sentiments !

L'autre partie de mon cerveau : Tu l'aimes, fais-le ! Le monde n'a qu'à se débrouiller tout seul ! Tu n'a rien demandé toi. Qu'on te fiches un peu la paix. Allez embrasse-le voyons ! De toute façon, l'ALPHA va gagner, il possède déjà deux pierres ! 

En un effort infime, je choisis de me rasseoir. Mon ami fait une moue déçue. J'attrape la pierre, ce piège a assez duré.


Je m'exclame, joyeuse :" Nous avons une pierre ! Nos chances contre l'ennemi augmente !

- Ouais, super, dit-il, sarcastique.

- Quoi ?

- Pour une fois que le piège était agréable, il a fallut que tu gâches tout !

- Tu es un rabat-joie !

- Non, toi.

- Très bien, je suis désolée. Mais maintenant, il faut qu'on aille chez Mlle Leggins, puis nous trouverons l'ALPHA et nous le vaincrons, d'accord ?" Il hoche la tête. Je prends sa main et nous partons chez notre professeure. En chemin, mon ami me raconte ses propres cours avec Mlle Leggins, et l'histoire hilarante du ballon de baudruche en forme de licorne. Il en profite pour me glisser de temps à autre quelques mots doux à l'oreille. Nous nous posons devant la porte d'entrée de la maison, que je connaît vraiment bien maintenant. Je frappe en riant d'une blague de Jimmy. La jeune femme nous ouvre et nous prend dans ses bras. J'étouffe un peu, mais parvient à expliquer la situation. Elle nous laisse entrer en souriant. Lorsqu'elle remarque les blessures du garçon, son sourire devient affolé. Elle demande :" Mais enfin, que s'est-il passé ?" Je lui explique tous les détails de l'aventure depuis le tout début. A certains passages elle sourit, à d'autres elle semble inquiète. A la fin, elle dit :" La main noire que vous avez vu est la marque principale de l'ALPHA, cela lui permet de ne pas se déplacer. Pour les pierres, ça n'est pas bon signe qu'il en ai deux...Et heu...Les pièges n'ont pas été trop...

- Ça va. Et Jim' a particulièrement bien aimé le dernier..." Il rougit et nous rions toutes les deux.  La jeune femme va chercher de nouveaux habits pour lui et les lui donne. Ça fait du bien d'avoir un goût de vie normale dans la bouche, comme un doux roucoulement d'un pigeon ou le crissement d'un pneu de voiture dans la rue. Soudain, une immense main noire brise la fenêtre et enlève notre professeure, je crie de surprise et Jimmy lance un sort de lumière, qui ricoche sur les murs de la maison et brise le lustre du plafond. La main disparaît avec la jeune femme qui crie :" Non, je ne veux pas te revoir ! Alfy, j'ai dis non !" Un rire maléfique retentit et la voix du mal chuchote :" Tu n'as visiblement pas compris ma Lee, tu n'as pas le choix !" Ces phrases échangées me surprennent. Mon ami regarde le lustre en morceaux sur le sol, mais je sens qu'il a quand même entendu le dialogue. Il me regarde et dit :" Je crois que je commence à comprendre !" Je fais un geste d'épaule qui signifie que j'aimerais qu'il me dise ce qu'il a découvert. Il sourit, puis nous nous lançons à la poursuite de l'ALPHA.

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