Chapitre 3 - Vena

Qu'est-ce que les cours sont ennuyants... Je ne fais qu'écouter et pourtant j'ai si mal à la tête. 

Aïe ! Une douleur au bras droit me fait lâcher mon stylo par terre. Oh non, pas maintenant. Les autres risquent d'utiliser mes douleurs pour encore me dire que je suis une faiblarde inutile. Bon, voyons le côté positif : je vais peut-être pouvoir quitter ce satané cours dont je connais déjà le contenu par cœur. 

Je commence à masser mon bras alors que la douleur augmente au fur et à mesure. Qu'est-ce qui se passe ? Ça ne fait pas aussi mal d'habitude ! Ce n'est pas normal ! Pourquoi ce genre de choses n'arrivent qu'à moi ?! Arg… Personne ne semble avoir bougé. Tant mieux. Je n'ai plus qu'à supporter en attendant que ça passe. Ça ne devrait pas durer trop longtemps. Les douleurs fortes ne durent généralement pas longtemps n'est-ce pas ?

D'un coup, j'ai l'impression qu'on me tranche le bras et qu'on le plonge dans de l'acide. Arrrrrg. Ça fait trop mal ! Les larmes me montent aux yeux tandis que je fais mon possible pour ne pas me faire remarquer. Mais dans cette situation, c'est de plus en plus compliqué. Je n'ai jamais ressenti une douleur aussi forte !

Je me prends le bras et le serre de toutes mes forces en espérant que la douleur s'atténue, mais elle ne fait que croître encore plus à chaque fois que je pense qu'elle ne peut plus augmenter davantage. Elle est tellement intense que je n'entends plus rien du cours, mais à la place un bourdonnement sourd et continu emplit mes oreilles. 

Je ferme les yeux et me plie en deux, mais cela ne sert à rien. Tant pis pour la discrétion, la douleur est vraiment insoutenable ! Je n'en peux plus ! J'ai l'impression que je vais mourir !!! J'ai le cerveau embrumé, je n'arrive plus à penser à autre chose que la douleur ! Puis, je crois que je lâche un cri, mais je n'en suis pas sûre et je m'évanouis pour ne plus rien sentir du tout.

***

Je me réveille dans ce qui me semble être un lit. Il n'est d'ailleurs pas très confortable… Mon premier sentiment est le soulagement : je n'ai plus aucune douleur. 

J'ouvre les yeux, car j'ai senti une présence à mes côtés. Cette personne reste quelques minutes sans parler, avant de me prendre la main.

- Ça va mieux ton bras ?

Je reconnais le timbre chaleureux de Jax, un garçon de ma classe, également un ami d'enfance, que j'apprécie particulièrement.

- On peut dire ça, je réponds en faisant une grimace. Qu'est-ce qui s'est passé ?

- Tu t'es mise à crier dans toute la classe. Tu t'es prise le bras et tu t'es pliée en deux sur ta chaise. Tout le monde était prêt à t'assommer pour que tu arrêtes de crier, mais tu t'es évanouie toute seule.

- Merci, je souffle.

Il ne répond pas, mais me serre la main un peu plus fort. Je n'ose pas lui dire que je sais qu'il a refusé qu'on m'assomme et que c'est lui qui m'a amené ici, parce que toute la classe devait s'en ficher totalement de mon sort, tant que je ne dérangeais pas le cours. 

- Bon, j'y retourne, je te laisse.

- Ok, à tout à l'heure, je lui fais.

Les vampires sont cruels entre eux. Et encore plus avec ceux qui sont aveugles, comme moi.

Je suis aveugle de naissance, ce qui est un grand handicap lorsque tu es un vampire. Cela te ferme beaucoup de portes : tu ne peux pas chasser, tu as du mal à contrôler ta transformation animale et tu n'as pas le droit d'exercer un grand métier. 

Les vampires ont la réputation d'être impitoyables (ce qui est vrai). C'est pour cela que les mères tuent leurs nouveau-nés aveugles, avec une déformation ou tout simplement malades. 

Sauf que j'ai été une exception : dès la naissance, je me suis transformée en renard. Mes parents ont donc pensé que j'étais spéciale et que je pourrais leur servir à quelque chose. 

Ils m'ont alors laissé en vie, pensant sûrement que je ferais de grandes choses, mais je n'ai plus jamais reproduit ce phénomène.

Quand ils s'en sont rendus compte, j'étais déjà trop vieille pour que la loi ne les autorise à me tuer. Je suis pour ainsi dire la seule et unique vampire aveugle du royaume de Sortelia…

Je reste jusqu'à la fin de journée à l'infirmerie pour attendre Jax. Il est le seul à se préoccuper de moi, même si je suis un fardeau. 

Tous les jours, il vient devant chez moi à 8 h et m'accompagne au collège, et ce, depuis que je suis toute petite. Le soir également, il me ramène et reste gentiment avec moi jusqu'à très tard. 

En cours, il me prend des notes et me les lit le soir même (grâce à ma super mémoire d'écoute, je retiens tout). Il fait ça avec une telle patience !

Il fait aussi les exercices avec moi et, grâce à lui, je sais même écrire. En réalité, je ne sais pas si j'écris bien, mais je m'entraîne. Mes parents ne l'en empêchent pas, et personne ne veut être ami avec lui, à part moi et à cause de moi. 

Même si je ne sais pas à quoi il ressemble, ça ne m'empêche pas de l'aimer. J'aime entendre sa voix, le sentir près de moi et j'apprécie beaucoup quand nous parlons et passons du temps ensemble. Il a réussi à me redonner foi en le monde qui m'entoure, malgré l'inconsidération et le mépris de nos pairs. 

Lorsque la porte de l'infirmerie s'ouvre, je sais que ce n'est pas lui. Ce n'est pas son rythme de pas (aussi infime puisse être la différence). À la place du timbre chaleureux auquel j'ai l'habitude, une voix aiguë me salue :

- Salut Vena ! Je ne te dérange pas, j'espère ? fait la voix perchée.

- Non Steffie, je lui réponds à demi-soupir.

Ça y est, elle a décidé d'encore m'embêter, sûrement à cause que Jax traîne avec moi. Cette fille saute sur tout ce qui bouge. 

- Encore heureux ! J'ai quelque chose à te demander. Ça ne devrait pas être trop compliqué pour toi ! crache-t-elle avant de rire hypocritement.

- Qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

- Que tu arrêtes de fréquenter ce BG de Jax. Tu ne le mérites pas ! Ce garçon est au-dessus de toi. Et même tous ceux qui t'entourent. Donc si tu mourais, tu ne manquerais à personne, pas même à Jax. S'il reste avec toi, c'est uniquement parce qu'il est trop gentil et qu'il a pitié de toi.

Ses mots me font mal, mais il n'y a que la vérité qui blesse. Je suis sûre que mes parents feraient même la fête et m'oublieront.

- C'est de toi dont j'ai pitié Steffie, fait Jax.

Celle-ci renifle avec dédain.

- Pourquoi tu traînes avec cette fille ? Elle est aveugle. Je ne vois vraiment pas la raison qui te pousse à l'aider. De toute façon, elle ne sera pas utile à quoi et à qui que ce soit plus tard ! À ce moment-là, tu te rendras compte qu'on avait raison de la laisser de côté.

- Tu es complètement stupide Steffie, fais Jax, je préfère de loin traîner avec Vena qu'avec une pimbêche ou des gens insensibles. Et ne t'approche plus d'elle avec des intentions aussi mauvaises ou tu auras affaire à moi.

Elle lâche un petit cri de peur puis part en courant. Je ne sais pas ce qui lui a fait peur, mais c'était la première fois que Jax se mettait autant en colère. Il s'assoit sur le bord de mon lit et me prend la main.

- Merci, j'articule.

- Je t'en prie, dit-il en me faisant un baiser sur la main.

Si je savais ce que ça faisait de rougir, je parierais que je suis en train de le faire. 

- Bon, fait-il, on rentre ?

- Oui.

Et nous rentrons, main dans la main. Je me fiche de ce que les gens peuvent penser, tant que des moments comme celui-là existent. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top