Chapitre 25 - Doryl

Je suis complètement perdu là ! Les humains vont attaquer la capitale et ils vont gagner ? Mais comment ? Mais pourquoi ? Nous sommes pourtant, sans prétention, supérieurs aux Terriens en force, mais surtout en magie. Et Vena a des rêves prémonitoires ? La vraie question serait plutôt : Vena peut rêver ? Pourquoi personne ne m'écoute ? J'ai l'impression d'être le seul qui n'ait pas été mis au courant... Et ça m'énerve !

- Écoutez-moi ! je crie.

Tout le monde se tait et se retourne vers moi.

- On vous écoute, votre Majesté, me répond Elden.

Il a l'air agacé. Tant mieux, parce que je le suis également.

- Hum. Merci. Quelqu'un serait-il disposé à m'expliquer ce qui est en train de se passer ?

- Mettez des gamins devant la télé et voilà qu'ils deviennent irritables, murmure Elden absolument pas disposé à me répondre.

Je m'apprête à lui rétorquer quelque chose, mais Jux me coupe dans mon élan.

- Les terriens sont en train d'attaquer Sortelia. Et nous sommes totalement impuissants devant cette situation.

Au même moment, une explosion retentit, faisant trembler la terre. Non, non, non ! Je ne veux plus de guerre... Je ne veux pas que ce qui s'est passé au château revienne me hanter. Mes cauchemars... Ils vont revenir. Mais je suis le prince de Sortelia ! Il faudra que je mène les troupes si le roi décède. Je ne peux pas laisser mon peuple se faire dominer par de simples humains.

- Il faut prévenir les habitants de Sortelia ! je m'exclame.

- Hors de question, crie Jux.

- Si nous sortons d'ici, nous mourrons.

Cette fois, c'est Elden qui a parlé.

- Ils ne savent pas que nous sommes des Sorteliers ! je réponds.

- Il n'y a qu'à voir nos oreilles pointues. Et puis nous avons appris qu'un sort qui leur permet de détecter les non-humains existe, continue le Survivant.

Alors, nous allons les laisser attaquer notre patrie ? J'ai pourtant juré de la protéger envers et contre tout après le règne tyrannique de mon père ! Je ne peux pas les laisser se faire massacrer !

- Moi non plus, ça ne me fais pas plaisir de rester les bras croisés, mais nous n'en avons pas le choix. Il ne reste plus qu'à prier, dit Vena.

- Si ça se trouve, ton Jax s'est interposé contre une attaque qui t'était destinée. En n'y allant pas, il y a moins de risques qu'il meure, fais Elden.

- Tu as sans doute raison... murmure la Vampire.

- Qu'est-ce qu'on fait du coup ? je demande.

Personne ne répond. Toutefois, nous savons ce qu'il nous reste à faire. Finalement, c'est Fryn qui prend la parole.

- Nous devons nous séparer.

Tout le monde acquiesce. Mais où allons-nous aller ? Nous sommes capables de nous débrouiller un minimum pour ne pas nous faire repérer par les humains, mais s'ils découvrent la supercherie, je ne donne pas cher de notre peau.

- Ok. Je veux bien, mais où nous cacher ? Et si nous devons nous séparer, je vais avec Vena, fais Jux.

Il est amoureux d'elle ou quoi ? C'est énervant à force. Je veux qu'il ne protège que moi. 

- Et pourquoi donc ?

Tiens ? Cette fois, c'est Vena qui s'exprime. C'est rare qu'elle réponde à Jux.

- Eh bien, ça pourrait être dangereux pour toi.

- Ça l'est pour tout le monde, et encore plus si on est deux. Je suis capable de me débrouiller toute seule.

- Vena...

Il s'approche un peu plus d'elle pour lui prendre les mains.

- Vena, il faut quelqu'un pour te protéger.

L'instant d'après, une énergie invisible le propulse en arrière, à côté de moi. Et cette énergie venait de Vena.

- Tu vois bien que je sais me défendre toute seule.

Voilà comment une Vampire fait taire un Magicien. Même si celle-ci a l'air un peu déroutée par ce qu'il vient de se passer.

- Hi hi, ben alors Jux ? Si ça avait été un Vampire en pleine possession de ses moyens, tu serais déjà mort. Je pensais que tu étais fort ? Eh bien va falloir le prouver, le provoque Elden.

- Si tu veux, je peux te rafraîchir la mémoire, lui rétorque Jux.

- Je t'attends.

- Les gars, ce n'est pas le moment ! intervient Fryn. Venez, j'ai des endroits où je peux vous cacher. En revanche, vous allez devoir vous faire très discret, c'est compris ?

Nous acquiesçons. Elle se met à appuyer sur sa petite boîte toute fine avant de la mettre contre son oreille et parler. Elle répète cette opération trois fois. Je me demande si elle est devenue folle. Déjà qu'elle l'était un peu, mais là, c'est pire.

- C'est bon. C'est réglé. Je vais devoir vous y amener au fur et à mesure. Évitez de clamer tout haut que vous venez de Sortelia et que vous vous êtes fait expulser, d'accord ? Pareil pour vos pouvoirs, évitez de les utiliser. Allez, on va commencer par toi Jux, suis-moi.

Il s'exécute. En attendant qu'elle revienne, personne ne dit quoi que ce soit. En même temps, nous allons être séparés et en terrain inconnu. Je me demande bien quand nous allons être de nouveau rassemblés. Pas que j'aime spécialement ces quatre personnes qui m'accompagnent, mais on va dire que je me suis accoutumé à leur présence. Fryn emmène successivement Elden puis Vena. Lorsque la nuit est tombée, c'est à mon tour. 

Elle m'explique que je vais me retrouver en "colocation" avec un de ses amis du monde terrien qui n'a pas été asservi par le président. C'est une petite fille du nom de Naïa et qui a beaucoup d'énergie en elle. Super... Elle m'explique que si elle l'avait mise avec Elden, il l'aurait tué. Pas faux. Mais pourquoi c'est moi qui dois me la coltiner ? Nous passons dans différentes ruelles avant d'arriver dans un petit jardin. Nous montons dans l'unique arbre. 

Enfin, j'ai plus de mal que Fryn étant donné que je n'ai jamais été formé à vivre comme les Malotrus. Finalement, l'humaine me prend sous son bras et me soulève comme si j'étais un sac de farine. Je ne lui permets pas ! Je lui donne des coups de poing pour qu'elle me redépose, mais elle n'en fait rien.

- Arrête de gigoter, sinon je te lâche et tu finiras tout en bas de l'arbre. Voilà, on est arrivé.

Elle me dépose à côté d'elle sur la branche et toque trois fois puis deux à la fenêtre qui se trouve devant nous. Comme si un code était nécessaire… Il n'y aurait personne d'autre qu'elle qui s'embêterait à monter dans un arbre en pleine nuit. Une petite fille, sûrement Naïa, nous ouvre. 

- Dernière instruction : tu restes dans cette chambre et tu n'en sors sous aucun prétexte. Les parents de Naïa ne doivent surtout pas te voir sinon ils vont te tuer. Je sais que tu es capable de te défendre un tout petit peu, mais j'aimerais qu'on évites ce qui s'est passé la dernière fois, ok ?

Je hoche la tête. Moi aussi, je ne veux plus être responsable de la mort de qui que ce soit.

- Ah et si tu as besoin de quoi que ce soit, demandes à Naïa, même si tu veux me parler. Elle est notre moyen de communication. Allez, à plus.

Sur ce, elle saute en bas de l'arbre. Comment ? Elle ne s'est pas faite mal ? Apparemment pas. Lorsque je lève ma tête vers la petite fille, elle me fais un grand sourire. Je soupire puis enjambe le rebord et entre dans sa chambre. Elle est plutôt petite... comme cette fille... Je n'ai pas l'habitude des suites aussi étroites.

- Enchanté, je m'appelle Naïa, mais tu dois déjà le savoir. Et toi ? Comment tu t'appelles ? Il paraît que t'es un prince ! Et un elfe ! C'est vrai ? Je dirais que oui au vu de tes oreilles ! Est-ce que tu as des pouvoirs magiques ? Et est-ce que tu peux voler ? Tu as des ailes ?

Ça ne va pas être du gâteau. Si tu veux, on peut la manger. Pourquoi pas ? HEIIIIN ? Mais ça ne va pas ?! Qu'est-ce qui m'a pris de penser ça ?

- Et à mon avis, il te faudra d'autres habits, ceux-là ne doivent pas être pratiques à porter… Je dois en avoir dans la chambre de mon petit frère. Je reviens, ne bouge pas.

Elle sort de la pièce avant que j'aie pu l'en empêcher. Mais c'était quoi cette voix dans ma tête ? Naïa revient deux minutes plus tard avec des habits. Je les enfile pendant que la fille va me chercher quelque chose à boire et à manger. En réalité, je suis un peu triste de quitter ma tenue royale, mais ceux-là sont plus confortables en effet.

- Au fait, tu as quel âge ? me questionne Naïa

- 13 ans. Et mon nom est Doryl.

Pas mal ces gâteaux et cette boisson fruitée et sucrée.

- 13 ans !? Mon frère en a dix ! Et vous faites exactement la même taille !

Je ne lui réponds pas. Elle n'en vaut pas la peine, tu as raison. Encore cette voix ? C'est sûrement mon démon. Ne t'inquiète pas, c'était une blague tout à l'heure, je ne compte pas la manger, elle est trop adorable pour cela. "Et ces humains dans l'entrepôt non ?", je lui réponds mentalement. Ils étaient vieux. "Pfff, vieux ou pas, on ne tue personne sans raison". Ta copine la Vampire n'en est pas une suffisante ? Si je ne les avais pas sacrifiés, c'était elle qui mourait. Vu sous cet angle... Bon, je sens que je vais avoir du fil à retordre entre ce démon et cette fillette... 

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