Chapitre 24 - Elden
Pff. J'en ai marre. Je m'ennuie tellement... Je regarde la TV. Ces idiots d'humains en ont aussi dans leur dimension. Ils sont un chouia plus intelligents que je ne le pensais. Je ne la regarde que distraitement, d'ailleurs, il n'y a que des programmes inintéressants ici. Ils n'ont pas une seule chaîne où nous voyons des exécutions publiques. De plus, alors qu'à Sortelia, nous avons de bonnes comme de mauvaises nouvelles, sur Terre, ils n'en ont que des mauvaises. Pas étonnant que le taux de suicide soit élevé dans cette dimension...
Je ferme les yeux. Peut-être que je devrais me remettre à l'endroit, car je sens le sang me monter à la tête. Fryn m'a dit de ne pas rester dans cette position, puisque c'était mal élevé, mais je m'en fiche bien de ce qu'elle peut penser. Je suis sur le canapé, les jambes passées au-dessus du dossier, le dos collé au siège, et la tête qui pend, me faisant voir la TV à l'envers. Je pensais que j'arriverais à me détendre de la sorte après que cet imbécile de Magicien m'a réveillé de ma sieste.
- Elden...
Encore Jux. Encore et toujours lui, quand on n'a pas besoin de lui. Qu'est-ce qu'il vient me faire chier ?
- Quoi ?
- Ça pourrait t'intéresser.
Sur ces paroles, il monte le volume avec la petite boîte. Qu'est-ce que ? Je me remets droit pour être sûr que mes yeux ne me jouent pas un tour. Je relis le titre. On est dans la merde...
- Mets en pause, je vais chercher les autres, je lui ordonne.
Je me précipite dehors.
- Vena, il faut que tu viennes.
Elle se retourne vers moi. Elle était assise en tailleur. Ses yeux blancs me font toujours un drôle d'effet. Ce n'est pas de la peur, non, ni de la pitié ou encore de la tristesse. Je dirais plutôt un mélange d'admiration et de compassion. Les autres !
- Va dans le salon et assieds-toi, je lui exige avant de repartir.
Fryn est dans la cuisine et Doryl a dit qu'il allait prendre un bain. D'abord Fryn.
- Il faut que tu viennes voir ça.
- J'arrive, fait-elle avec son habituelle mine heureuse.
Elle va très vite perdre son sourire. Je monte les marches quatre à quatre. Il y a toujours de la lumière dans la salle de bain. J'expire, ça ne me ressemble pas d'hésiter comme ça. Je toque trois coups.
- Doryl ?
J'essaie d'avoir la voix la plus posée possible.
- Qu'y a-t-il ? Qui me dérange ?
- T'as intérêt à te grouiller pour sortir de là, on fait un rassemblement.
Je réprime un vomissement. Ce mot m'arrache la bouche. Il est tellement affreux. On ne prononce ce mot que dans les histoires, lorsqu'il y a "une équipe". Rien que d'y penser, ça me fout la nausée. La bande de bras cassés qui m'accompagne ne ressemble en rien à une quelconque équipe idyllique que l'on retrouve dans ces films pour bambins.
- J'arrive, répond-il simplement.
Je redescends. Les trois autres sont déjà assis. Fryn toujours avec son sourire que j'ai envie de lui arracher, et Jux en train de parler avec Vena. Lorsque je m'assois à côté de cette dernière, ce que dit Jux m'exaspère au plus au point.
- Je peux te décrire les images si tu le souhaites.
Vu la tête que fait Vena, je devine que ça la dérange plus qu'autre chose.
- Jux ? je fais.
- Oui ?
- Je ne pense pas que tu sois sa mère, alors ferme ta gueule.
Il ne me répond rien et mes paroles jettent un froid. Doryl arrive et nous pouvons commencer à regarder ce qui causera notre perte : un discours présidentiel. J'ai appris qu'un président était le dirigeant d'un pays. Parce qu'ici, ils ont besoin d'un dirigeant pour chaque pays, et que la gouvernance est différente partout. Ils sont compliqués ces humains... Alors que nous, nous avions un roi qui dirigeait le terrain principal de Sortelia et le reste de notre dimension, on s'en fout, car elle est capable de se gérer toute seule.
"Mes chers compatriotes, j'en appelle à vous. Vous n'êtes pas obligés de me croire pour l'instant, mais quand je vais vous montrer les images, vous serez bien obligés de reconnaître que des forces qui nous dépassent s'apprêtent à nous envahir en nous pensant plus faibles qu'eux. Mais nous sommes plus nombreux, plus courageux et plus malins. Regardez ces images à présent qui prouvent l'existence de démons."
Il nous montre ensuite des images de Sorteliers, et plus précisément des Survivants et des Vampires, battant et humiliant des humains. Je sais que ça arrive, mais la question est comment ont-ils réussi à avoir ces images ? Je regarde mes compagnons et ils sont tous horrifiés. Ce doit être pire pour Vena qui n'entend que les bruits. Personnellement, je savais déjà que des persécutions avaient lieu contre les humains qui parvenaient à franchir un portail magique vers Sortelia.
En général, ils ne restent pas en vie très longtemps, car on se rend compte instantanément qu'un humain est arrivé sur notre territoire. Ils sont tellement stupides... Parmi les images, je reconnais celle de Survivants qui mangent des humains. Je vois mes camarades détourner les yeux devant ce spectacle (à part Vena évidemment). Quelle sensibilité...
- Détendez votre string, les gars. Vous saviez déjà qu'il y avait des persécutions d'humains à Sortelia.
Ils se retournent vers moi tous en même temps, comme s'ils étaient choqués de mes paroles. Ce n'est pas ma faute s'ils n'ont pas appris la vie d'adulte. J'avoue qu'en même temps, ils n'ont sûrement jamais tué quelqu'un de leurs propres mains, contrairement à moi. J'aurais presque honte d'avoir brisé leur innocence.
- Alors, je ne pourrais jamais aller à Sortelia ? fais Fryn.
Et ce sera mieux ainsi pour tout le monde. Mais ça me sidère qu'elle pense à ça maintenant. À ce que nous
- Pour cela, il faudrait déjà que ces stupides humains ne détruisent pas tous les portails.
- Elden ! crie Jux.
Oups, j'avais oublié que Fryn était, elle aussi, une de ces humains. Tant pis. Je ne vais pas changer d'avis pour un seul de ces primates débiles et qui n'a pas l'air en plus d'avoir toute sa tête.
- Concentrez-vous plutôt sur ce que le Monsieur va dire, continue-t-il.
"Le Monsieur". J'ai failli rire. La foule se met à crier, comme pour manifester leur haine contre nous. Les cris sont tels que je dois me boucher les oreilles pour retrouver un semblant de calme. MAIS ÇA NE VA PAS ? Quelle bande de malotrus, je vais tous les tuer un à un pour avoir osé détruire mes tympans !
"Allons-y, mes frères ! Allons prendre possession de leurs terres et leur montrer qui d'eux ou de nous sont les plus forts. Tous les portails ont été ouverts et dès que vous serez à l'entrée, prenez une des armes anti-démons et détruisez-les !"
Je savais que les humains étaient bêtes, mais... À ce point ?! Ils se dirigent tous vers les fameux portails. Attendez...
- Il suffit qu'on prenne un de ces portails ouverts pour rentrer chez nous ! je m'exclame.
- Ça ne va pas ? Ils vont nous tuer à coup sûr si on tente ne serait-ce que de faire un pas en dehors de cette maison ! me rétorque Jux. Je ne sais pas si tu as remarqué, mais ces humains sont maintenant capables de nous distinguer d'eux.
Il n'a pas tort. Pour une fois. En plus, j'ai la flemme de me bastonner. Je me tourne vers Vena. Elle a l'air effrayée.
- Ça va ? lui demande Jux.
Gna gna gna, ça va, elle est capable de se débrouiller seule !
- Tu vois bien que non, je lui dis, tu devrais plutôt demander ce qui ne va pas.
- Ce... C'est comme dans mon rêve...
Comment ça ? Elle a rêvé de cette scène ? Et comment est-ce qu'elle est censée rêver ?
- Ton rêve ? je demande.
- Oui, celui où Jax est mort.
- Qui est Jax ?
La question de Fryn paraît tellement idiote, ce n'est pas ça dont nous devons nous préoccuper... Mais Vena est si gentille qu'elle lui répond.
- Jax est mon meilleur ami et l'alter-ego de Jux. Mais ce n'est pas tout. Ils vont réussir. Les humains vont gagner cette guerre et les êtres magiques la perdre...
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