Chapitre 14 - Vena

- Je refuse que tu t'en ailles, pour quelques raisons que ce soit et avec un inconnu !

- Tu ne veux pas que je puisse voir ?

- Tu ne peux pas comprendre Vena, les gens qui offrent quelque chose ne sont pas tous bons, comme tu sembles le penser.

- C'est toi qui ne comprends pas Jax ! Tu ne sais pas ce que ça fait de retrouver quelque chose dont on est dépourvu. 

Qu'est-ce que je fais ? Qu'est-ce que je dis ? Il faut que j'arrête de parler. Il ne faut pas qu'on se quitte comme ça !

- Tu ne sais pas toutes les moqueries que j'ai subies ! Je me moque bien de rater quelques cours, de partir plusieurs mois et tant pis si c'est un traquenard, parce que dans tous les cas, je ne manquerai à personne !

Je sens qu'il s'apprêtait à dire quelque chose, mais la porte s'ouvre soudainement.

- Mademoiselle Vena ? Il manque votre... Pardon, je vous ai interrompu ? fait le monsieur.

- Non, nous avions terminé ! je décide.

Mais qu'est-ce qui me prend de parler à Jax comme ça ?! Je n'avais jamais été en colère contre lui, mais il ne peut pas comprendre ma douleur. Je suis néanmoins l'homme. Je n'ai pas le choix, n'est-ce pas ? 

Si je veux enfin servir à quelque chose, je dois suivre cet homme. Il est le seul à pouvoir me donner ce dont j'ai toujours voulu. Mais je n'ai pas pour autant envie de perdre mon meilleur et seul ami. Il est tout ce qui compte pour moi. C'est en partie pour lui que je fais ça… Pendant que l'homme nous explique les conditions et tout, j'entends la porte d'entrée se fermer. C'est Jax.

- Nous partons dès que possible. Tu veux bien aller préparer tes affaires ?

- Oui, je fais d'une voix triste.

J'aurais aimé dire au revoir à Jax et m'excuser. Je ne sais pas ce qui m'a pris. C'était peut-être l'excitation de trouver la vue. J'ai également ressenti de la jalousie à ce moment-là. J'étais jalouse de Jax, car il peut voir, mais qu'il n'était pas content pour moi d'avoir une chance de pouvoir être comme lui. 

Il faut que j'arrête de penser à ça, je vais le revoir bientôt, j'en suis certaine. Au pire, les mois passeront et lorsque nous nous reverrons, je pourrais de nouveau voir son magnifique visage. Ahh ! Il faut vraiment que j'arrête, sinon je vais mettre n'importe quoi dans mon sac. Déjà que je ne sais pas trop comment le remplir. 

Est-ce que je mets des vêtements ? Non, ils ont dit que j'en aurai des "spéciaux", adaptés au monde des humains. Des stylos ? À quoi bon, ils en ont sûrement pleins. De l'argent ? Qu'est-ce que je vais bien pouvoir acheter dans le monde des humains ? Un souvenir pour Jax. Je ne faisais pas spécialement d'économies, mais je ne trouvais pas comment les dépenser. 

Ça a d'ailleurs toujours été Jax qui m'en donnait. Il n'a jamais voulu me dire comment il gagnait cet argent. À chaque fois, il me dit qu'il est sûr que cet argent me servira un jour. Je ne vois pas vraiment en quoi, mais je vais quand même le prendre. Je pourrais peut-être me faire pardonner avec un cadeau... Ah ! Je sais ce que je vais mettre dans mon sac ! Je redescends quelques minutes plus tard.

- Je suis prête, j'annonce

- Alors allons-y !

Je m'apprête à passer la porte et dire au revoir mentalement à mon chez-moi, mais quelqu'un pose la main sur mon épaule. Vu la grandeur et la poigne, je dirais que c'est celle de mon père. Je me retourne et ouvre grand mes oreilles. Il va probablement tout simplement ne rien me dire et m'ordonner de me dépêcher de quitter l'endroit.

- Si tu reviens et que tu n'es toujours pas capable de voir, moi et ta mère te renierons à jamais et demanderons ton exil.

Pas besoin de me le dire deux fois. Je compte de toute façon, qu'on me l'impose ou que l'on me l'interdise, retrouver la vue. Mes parents ferment la porte juste après mon départ. Ils vont bien être contents de mon absence dans la maison. Ça va être "plus calme" comme ils le disent, même si je ne suis pas bien bruyante. 

À présent, concentrons-nous sur le futur. Je sens une vague d'énergie déferler sur moi au moment où un petit clic provenant de l'homme se fait entendre. Il vient sûrement d'ouvrir un portail magique, je me souviens qu'il nous a dit qu'on se déplacerait principalement avec un.

- Nous n'empruntons pas une voie contrôlée ? je demande.

- Non, ce sera plus rapide par un portatif, ne t'inquiète pas, j'ai une autorisation en cas d'ennuis.

Je n'y vois pas d'objection, car personnellement, ça ne change pas grand-chose.

- Tu peux avancer, je vais passer après toi. Et reste tranquille si quelqu'un te prend le bras quand tu as traversé le portail, c'est seulement mon collègue. Il peut se montrer un peu brutal parfois.

Ça ne me rassure pas trop. J'avance le bras et avance devant moi. Je suis hésitante, car les portails font le même bruit qu'un feu qui crépite. Dès que mon bras entre en contact avec lui, je me sens aspirée par celui-ci. 

Il fait froid et chaud, je tourne sur moi-même et je suis immobile, je suis toute petite et super grande à la fois, des épines me piquent de partout et des peluches m'entourent, j'ai mal et je me sens bien. Je ressens toutes ces sensations en une fraction de seconde. 

Lorsque mes pieds touchent (enfin) une surface plane, mes jambes se dérobent, mais heureusement que quelqu'un me rattrape. Pas de la façon la plus délicate, car il me retient par le bras et laisse tomber le reste de mon corps. J'étouffe un cri de douleur. Je tente tout de même de me relever et cette fois, c'est bon. 

Je vais... Bleuuuuuarg !!! Je recrache tout ce que j'ai avalé ce midi sur le type qui me tient. Il me lâche directement. Tant mieux. Je ne suis jamais malade d'habitude, mais le voyage a dû me secouer plus que je ne l'imaginais.

- Ça arrive toujours la première fois, fait la voix de l'homme, et toi, Aaron, tu aurais pu être plus délicat avec notre invitée.

Le dénommé Aaron grommelle quelque chose d'incompréhensible. Je me demande vraiment où j'ai atterri et si je n'aurai pas mieux fait d'écouter Jax et de rester à Sortelia. Non, je préfère ne pas penser à ce qui me serait arrivé si j'avais refusé la proposition. De toute façon, je n'ai rien à perdre. Et si je meurs, est-ce que quelqu'un d'autre que Jax s'en souciera ? Sûrement pas, au contraire. 

- Tu viens Vena ? fait la voix de l'homme.

Je me rends compte que je ne connais toujours pas son nom. Mais je n'ai pas le temps de lui demander, car une clochette retentit suivie de :

- Enfin une boutique ouverte ! Excusez-moi, est-ce que... 

Est-ce que quoi ? Qui vient d'entrer ? Pourquoi ne continue-t-il pas sa phrase ? 

- TOI ! reprend la voix, je vais te faire la peau comme c'est pas permis et tu vas regretter d'être né !

Quelle agressivité ! Est-ce l'un de ses amis ? Sinon que fait-il ici ?

- Oh, euh... Elden.

Il paraît embarrassé.

- Tu connais ce mec ? demande Aaron.

- Oui, bravo, tu m'as reconnu ! Et qui est la jeune femme qui t'accompagne ? Une de tes complices ? Ou alors quelqu'un que tu as trouvé à embobiner !

- Tu n'étais pas censé être… en prison ?

- Oh, tu t'inquiètes ? Tu as de quoi ! Je vais te déchiqueter en petits morceaux et t'éparpiller aux quatre coins de cette dimension !

Je trouve que ce fameux Elden est bien vulgaire. Qu'a bien pu lui faire cet homme pour se faire insulter de la sorte ? S'il était en prison, il aurait dû y rester.

- Non, tu ne vas rien faire du tout et tu vas te calmer, fais une voix que je connais bien.

- Occupe-toi de tes affaires, malade mental ! À cause de toi, on est fourrés dans une affaire qui nous dépasse. Si seulement tu savais te téléporter correctement !

- Jax ! je m'écrie.

Je me précipite vers d'où sa voix venais. Je lui attrape le bras puis la main. Je sens des larmes couler le long de mes joues.

- Je m'excuse pour ce que je t'ai dit, c'est sorti tout seul, je ne voulais pas te dire ces atrocités, je suis sincèrement désolée !

Pourquoi ne me serre-t-il pas la main en retour ? J'ai comme l'impression qu'il est gêné. Mais pourquoi donc ?

- T'es qui toi ? Tu la connais Jux ? demande le type agressif

- Je ne crois pas, il fait.

Jux ? Qui est-ce ? C'est vrai que leurs prénoms se ressemblent, mais ce n'est pas lui. J'aurais pourtant juré que c'était Jax. La chaleur de sa voix et la douceur de sa peau... Je le lâche immédiatement. 

- Pourtant ta voix lui ressemble... je murmure

- Fais attention, c'est une Vampire, on ne peut pas faire confiance à cette race, s'exclame Elden.

Qu'a-t-il contre les Vampires celui-là ? Peut-être que c'est un Survivant, ce serait bien la seule race qui nous déteste, et qui est vulgaire.

- Tais-toi, lui répond son interlocuteur, est-ce qu'on se connait ? 

Cette fois, il s'adresse à moi. Il vaut mieux que je lui dise. C'est tellement perturbant de me dire que ce n'est pas celui que je connais, même si tout me souffle le contraire.

- Tu ne t'appelles pas Jax, n'est-ce pas ?

- Non.

- Désolé, je t'ai confondu avec mon ami, car il a la même voix que toi.

- La même voix ? Il ne me ressemble pas physiquement ?

La question me paraît vraiment idiote. Sûrement a-t-il l'habitude de voir des personnes avec des yeux complètement blancs.

- Je ne sais pas, je lui réponds simplement.

- Tu vois, elle essaie de nous embrouiller ! reprends Elden, c'est bien les Vampires, toujours à détourner notre attention en utilisant des stratagèmes débiles et vicieux !

- Non, je ne sais réellement pas car... je suis aveugle.

- L'Oiseau qui ne voit pas ! s'exclame une petite voix que je n'ai entendu qu'une seule fois dans ma vie.

Que fait le Prince Henflom sur Terre ?!

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