LE PERCECLAIR - Partie III : Expériences

La sonnette retentit, plus forte que la grêle qui frappait aux carreaux de l'appartement. En ce début de mois de septembre, l'été touchait à sa fin et les précipitations sur la région, constamment sous les vents marins, étaient plus violentes que d'ordinaire. L'automne amenait la rentrée à l'université, les chutes des feuilles orangées et, immanquablement, un spleen dans lequel se complaisait Garmin. Deux semaines s'étaient écoulées depuis son anniversaire, durant lequel il avait été tenté de participer à une expérience paranormale. Depuis qu'il n'avait plus vu ni monstres le soir, ni silhouettes étranges dans le jardin de sa grand-mère Mamm, ni n'avait reçu la visite de Turms, il refusait de s'intéresser au moindre sujet occulte et spirituel. D'ailleurs, il était maintenant convaincu que l'homme à l'aspect sauvage et aux épaules larges n'avait été que le fruit de son esprit tourmenté. Il n'avait jamais parlé à ses amis du protecteur de son enfance, mais avait lu beaucoup d'articles sur internet, à propos des amis imaginaires. Le jeune homme se disait qu'il avait construit de toute pièce ce bouclier à l'aspect humain. Un allié puissant physiquement, comme pour se rassurer face à des pensées et des visions trop sombres. Un compagnon lorsqu'il se sentait en danger et terrifié, anormal et rejeté, alors que son grand frère était populaire et sa sœur jumelle était extravertie. Quand il se sentait différent. Il était soulagé de n'être plus sujet à ce qu'il interpréta à posteriori comme des hallucinations et une imagination bien trop étrange pour un petit garçon. Pourtant, quand il repensait à lui, Turms lui manquait.

Cassandre se précipita dans le couloir de l'appartement et ouvrit la porte à Rémi et Jeanne. Ils s'embrassèrent et rejoignirent Garmin dans la petite cuisine. En secouant sa tête au son d'une playlist joyeuse et moderne, il préparait un apéritif en découpant un céleri rave et mixant une sauce orangée. Les quatre amis s'affalèrent dans le salon, chacun une bouteille de bière à la main. Ils passèrent près d'une heure à discuter de tout et de rien, riant de bon cœur et faisant des pronostics sur leur prochaine année universitaire. Garmin retourna en cuisine, alors que Rémi et Jeanne se serrèrent sur le minuscule balcon pour fumer. Lorsqu'ils eurent fini, Cassandre revint de sa chambre en tenant une vieille planche en bois, tachée par endroits et griffée dans un coin. Des lettres en police gothique étaient gravées sur deux rangées et dans l'ordre alphabétique. Tout en haut, le nom "OUIJA" était accompagné à gauche d'un soleil et du mot "OUI" et à droite d'une lune et du mot "NON". En bas, une rangée de chiffres arabes, de 0 à 9, était inscrite au-dessus du terme "AU REVOIR". Enfin, sur les bords étaient dessinés des bois de cervidé. La jeune femme posa l'objet sur la table basse en verre, alors que Rémi débarrassait les bouteilles vides et les paquets de biscuits salés pour faire de la place. Tous les quatre s'accroupirent au sol, autour de la planche. Garmin était le seul à ne pas afficher de sourire, soudainement angoissé.

— Il ne faut pas un truc rond pour se déplacer sur la planche ? demanda Jeanne.

— Si, répondit Cassandre, mais je l'ai perdu. On peut utiliser autre chose à la place.

Garmin se leva et ouvrit un placard de la cuisine. Il en sortit un petit verre transparent qu'il amena dans le salon. Il le donna à sa colocataire qui le déposa sur l'inscription "OUIJA".

— Bien, lança-t-elle. Posez un doigt sur le verre, et ne le décrochez pas, même si ça bouge.

— Attends, les surprit le jeune brun.

Son regard s'assombrit ; il semblait soudainement inquiet.

— Ça va pas ? le questionna Rémi.

Garmin déglutit lentement, fixant le bois sec du jeu de médiumnité.

— Ça vous dérange si je ne me joins pas à vous tout de suite ?

— Pas du tout, répondit Cassandre.

— Je préfère simplement regarder, pour l'instant.

— T'inquiète pas, le rassura Rémi en lui donnant un léger coup d'épaule.

— Bon, on commence ? s'empressa Jeanne.

— Donc gardez bien le doigt. Ne le levez pas avant que le verre ne pointe le "AU REVOIR".

Tous trois appuyèrent sur le récipient froid et transparent, réfractant à peine les gravures.

— Maintenant, répétez avec moi. Esprit de l'au-delà, âme d'en-bas, es-tu là ? Si tu es là, selon ton choix, manifeste-toi.

Ainsi, Garmin observa ses amis scander sans sourciller, bisser en boucle, insister inlassablement, reprendre presque perpétuellement ces paroles.

— Esprit de l'au-delà, âme d'en-bas, es-tu là ? Si tu es là, selon ton choix, manifeste-toi. Esprit de l'au-delà, âme d'en-bas, es-tu là ? Si tu es là, selon ton choix, manifeste-toi. Esprit de l'au-delà, âme d'en-bas, es-tu là ? Si tu es là, selon ton choix, manifeste-toi ...

Jusqu'à ce que, bouches bées et ébahis, tous virent le verre vibrer. Il parut hésitant, tanguant le temps de quelques secondes. Puis, il bougea sèchement, glissant depuis le centre de la planche vers le mot "OUI". Cassandre sourit, pendant que Jeanne et Rémi se dévisageaient avec curiosité, comme si c'était la première fois qu'ils se voyaient. Garmin, lui, fronça les sourcils.

— Est-ce que tu peux nous dire ton nom, s'il te plait ? demanda Cassandre.

La goutte retourna au centre et fit quelques cercles, confus, avant de remonter, mais cette fois en s'arrêtant sur le "NON".

— Tu ne veux pas nous le dire ? insista la jeune femme.

A nouveau, les trois doigts suivirent le verre au centre du plateau et firent des boucles.

— On dirait qu'il ne sait pas quoi te répondre, estima Garmin.

— C'est normal, les morts sont souvent brouillés. C'est pour ça qu'il cherche en tournant sur lui-même.

— Ou peut-être qu'il ne sait juste pas, supposa le jeune homme. Tu peux lui demander ?

— Je ne pense pas que ce soit ça, mais pourquoi pas. Esprit, est-ce que tu te souviens de ton nom ?

Aussitôt, le verre retourna se poster sur le "NON". Impressionnés et étonnés, les trois autres fixèrent Garmin. Celui-ci, les yeux baissés, se contenta de hausser les épaules. Pendant plusieurs minutes, ils tentèrent d'obtenir quelques informations sur l'esprit, mais celui-ci ne semblait pas très coopératif, ou même ne savait pas quoi leur répondre.

— On dirait qu'il est ... perdu, dit Garmin, les yeux plissés.

— Esprit, fit soudainement Cassandre, dont une idée venait de lui venir en tête. Est-ce qu'il y a des gens autour de toi ? D'autres comme toi ?

La goutte montra le "OUI".

— Essaies d'aller les voir. Trouve un passeur, il y a des âmes qui peuvent t'aider dans ta transition.

Mais elle afficha une expression de déception lorsque le verre glissa vers le "NON".

— Pourquoi ? demanda Jeanne.

Cette fois, leurs doigts s'arrêtèrent sur différentes lettres. Rémi les épela l'une après l'autre.

— P. E. U. R.

— Il a peur, en déduit Jeanne.

— Ils te font peur ?

A nouveau, l'esprit répondit "OUI".

— Ce n'est pas normal, expliqua Cassandre. Il devrait y avoir un passeur, quelqu'un qui ne lui fasse pas peur.

Elle regarda Garmin, comme pour l'inciter à émettre une nouvelle hypothèse. Il réfléchit à peine quelques secondes et comprit.

— Ils sont morts. C'est pour ça qu'il en a peur.

— Oui d'accord, mais lui aussi !

— Demande-lui, tu vas voir.

— Bon, ok. Esprit, pourquoi est-ce que tu as peur des autres ?

Le verre leur montra une nouvelle fois plusieurs lettres.

— M.O.R.S., lut Rémi.

— Morts, avec un "t", tu veux dire, non ? suggéra Jeanne.

La goutte monta vers le "OUI".

— Mais je ne comprends pas, appuya Cassandre. Toi aussi, tu es mort, pourtant.

Garmin secoua sa tête de gauche à droite, avant que l'esprit indique le "NON".

— Comment c'est possible ... murmura la jeune femme.

— Il est dans le coma, répondit simplement son ami. Il peut les voir, les autres. Mais il n'est pas comme eux.

Avant même que quiconque puisse lui répondre, le verra passa de l'autre côté une avant-dernière fois, pointant le "OUI". Interloqués et légèrement apeurés, Cassandre, Jeanne et Rémi écoutèrent Garmin, figé, les yeux vagues.

— C'est un enfant. Un garçon. Perdu et solitaire.

— Souvent, les esprits sont perturbés par la planche et font des fautes, ou sont hésitants, ça ne veut pas dire que ce sont des enfants.

— Regarde.

Effectivement, la goutte vibra, mais resta sur le "OUI".

— Comment tu sais ça ? s'inquiéta Rémi.

— Aucune idée ...

Avant qu'il n'ait pu ajouter autre chose, l'esprit dirigea le verre vers d'autres lettres.

— G.A.R.M.I.N., épela Jeanne. Il te connait !

— Attends, c'est pas fini ! souffla l'autre garçon.

— T.E.L.E.

Garmin se leva lentement, les mains tremblantes.

— Arrête. Arrêtez tout.

Ses yeux s'embuèrent.

— C.A.V.E.

— NON ! hurla le jeune homme. STOP, PITIÉ !

Une larme coula sur sa joue droite. Il enfouit la tête dans ses mains, et se mit à pleurer.

— Gar, qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce qu'il se passe ? s'affola Rémi.

Aucun des trois amis n'avait décroché son doigt du verre. Ce dernier retourna au centre, fit quelques cercles, puis se stabilisa. Le pauvre garçon, toujours tremblant, releva son visage et les regarda, avant de baisser à nouveau ses yeux vers la planche.

— Jamie. Il s'appelle Jamie.

La goutte fila vers le "OUI" une dernière fois, puis vers les lettres "M.O.I.".

***

Garmin conduisait sa voiture à travers les rues faiblement éclairées de Condate, dans une nuit sans lune. Une heure plus tôt, il avait dû tout raconter à ses amis. Tout, depuis sa naissance étrange, aux apparitions de Turms, en passant inévitablement par l'homme dans la télévision. Celui qu'il avait vu crier sur un petit garçon très maigre, dans une cave. Il savait que cette soirée-là, il avait fait peur à sa mère Damezia. Et ce soir, il avait vu le même doute et la même inquiétude dans les yeux de ses amis. Le prénom de l'enfant dans le coma lui était venu à l'esprit sans qu'il puisse leur expliquer comment. Et il avait su instantanément que l'âme avec laquelle ils communiquaient était celle du garçon dans la télé. C'était impossible, pourtant. Depuis toutes ces années, il avait sûrement grandi et devait avoir le même âge qu'eux. Sa tête bouillonnait, sa vision se troublait. Il se posait tellement de questions auxquelles il doutait de trouver des réponses un jour. Il avait prétexté vouloir prendre l'air et avait quitté cette folle soirée et ses amis effrayés. A présent, il se dirigeait vers le quartier dans lequel vivait sa petite amie.

Au volant de la vieille voiture qui fut précédemment celle d'Anthéa, il longeait les quais du canal Saint-Martin. L'amie de sa mère lui avait cédé la Renault 4L Safari qui, étonnamment, ne montrait presque aucun signe de fatigue depuis le début des années quatre vingt dix. Il bifurqua dans une rue en pente, remontant la vallée sur laquelle était construite la ville. Les réverbères éclairaient quelques passants insomniaques et des travailleurs noctambules qui filaient sur des trottinettes électriques dernier cri. Bien avant d'atteindre le sommet de la butte urbaine, Garmin ralentit et se stoppa en plein milieu de la voie. Aucun autre véhicule ne passait à cette heure avancée de la nuit. Sur sa gauche, quelque peu différent de l'aspect qu'il avait près de vingt ans plus tôt, s'élevait dans le ciel nocturne le pavillon central de la Maternité des Anges. Le jeune homme regarda le fronton inchangé, d'une mine triste. Le petit complexe hospitalier avait été transformé depuis quelques années en centre médical pour personnes âgées. Autrefois, on y naissait. Désormais, on y mourrait.

Après avoir repris sa route, il se gara dans le parking privatif de la résidence Cézembre, l'immeuble de Melyna. En silence, il sortit de l'ascenseur et tourna délicatement son double de clé dans la serrure. Dans la chambre, plongée dans la pénombre, la jeune femme somnolait. Il s'allongea à ses côtés, sans parler, et la serra contre son torse chaud. Il sentit ses yeux piquer, avant qu'une autre larme ne perle sur sa joue. Puis, il s'endormit, tombant de fatigue dans les bras du dieu prophétique.

***

La nuit de Garmin fut extrêmement mouvementée. Il enchaîna plusieurs cauchemars, dans lesquels il revoyait Nyla, son amie décédée, qui courait vers lui, puis il tentait d'échapper à un homme dans une cave. Et quand il relevait la capuche pour dévoiler son visage, c'était celui de Turms, le sauvage imaginaire aux sandales ailées. Enfin, il se retrouvait dans une rame du métro de Condate, et alors que les lumières se mettaient à clignoter, une autre rame arrivait en face. Au moment où les wagons se croisaient, il percevait un petit garçon, la tête plaquée contre la vitre, s'égosillant dans un hurlement que le jeune homme ne pouvait entendre.

— Gar !

Une atroce douleur l'assaillait.

— Garmin, réveille-toi !

Il ouvrit les yeux. Le soleil matinal inondait la chambre de sa lumière chaleureuse. Il essaya de hurler, mais ne réussit qu'à gémir faiblement. Chaque muscle de chacun de ses membres paraissait vouloir sortir de son corps. Contracté des pieds à la tête, l'étudiant gigotait comme un forcené sur un drap trempé par la sueur. La couette mauve pendait au bas du lit, repoussée violemment par des pieds qui semblaient vouloir, désespérément, repousser l'invisible. Même ses doigts étaient crispés ; ses mains ne ressemblaient plus qu'à des crochets tremblants.

Finalement Garmin réussit à reprendre son souffle et à se détendre très lentement. Les douloureuses crampes s'estompaient péniblement au fil des minutes. Melyna l'obligea à boire un grand verre d'eau. Quand elle sortit de la douche, quelques instants plus tard, le garçon avait quitté la chambre et était affalé sur un banc en bois à l'extérieur, profitant du large balcon. En contrebas, une quinzaine d'hommes, torses nus, s'entraînaient sur un terrain de football municipal.

— Les reluque pas trop, je vais être jalouse, lança la jeune femme dans un grand sourire.

Garmin le lui rendit, quoique bien plus faible.

— Je ne suis pas fan des mecs qui jouent à la baballe ...

— Je plaisantais. Ça va mieux ?

— Oui. Je suis désolé, j'ai dû te faire peur.

— T'inquiète pas. Ça arrive. Tu veux me raconter ?

Le jeune homme hésita.

— On devrait y aller, plutôt. Ils vont nous attendre, et tu sais que ma mère déteste qu'on traîne trop.

— Gar, je crois vraiment que tu devrais ...

— C'est bon, je te dis. Je vais bien !

Sans prêter attention aux remarques de sa petite amie, Garmin l'incita à finir de se préparer et prit à nouveau la route. Cette fois-ci, pour se rendre chez Damezia. Sur le trajet, il expliqua simplement à Melyna que la soirée de la veille avait dû le perturber un peu et qu'il en avait simplement fait des mauvais rêves. Il évita soigneusement de mentionner son attitude étrange lors de la séance de Ouija. D'ailleurs, il ignorait depuis son réveil la dizaine de messages reçus de la part de ses amis, toujours inquiets. Il ne pouvait pas affronter tout ça pour le moment. Il ne voulait pas. Il n'arrivait pas à assimiler cette expérience bien trop bizarre. Lui qui, pendant toutes ses années, avait tenté d'oublier, de mettre sous le tapis, les expériences anormales de son enfance.

Le jeune couple déjeuna en compagnie de Damezia, Eliott et Eil, la jumelle de Garmin, ainsi que d'Anthéa. Celle-ci attira toute l'attention lorsqu'ils abordèrent le sujet de son récent voyage en Nouvelle-Zélande. Une raison toute trouvée au jeune homme pour faire profil bas et se fondre dans le décor. Alors que la mère de famille allait finir de préparer le dessert, avec l'aide du grand frère et de Melyna, Garmin sortit dans le jardin. Il s'avança jusqu'au bout du terrain et plongea son regard dans l'immensité du champ de tournesols encore en fleurs. Quelque chose attira son attention, au milieu des innombrables pétales jaunes. Il n'arrivait pas à déterminer ce que c'était avec exactitude mais, il en était sûr, quelqu'un marchait à travers la culture. Soudainement, il vit la personne s'arrêter et se tourner vers lui. Il le savait, elle le regardait. Mais il ne distinguait pas clairement son visage. Alors, sans vraiment réfléchir, il s'élança sur le lopin.

Il fut très vite perdu, les tournesols étant de plus en plus hauts à chaque rangée. Il entendit alors du bruit derrière lui. La personne marchait tout droit dans sa direction, repoussant les grandes fleurs. Quand elle fut finalement à deux mètres de lui, Garmin la reconnut. Il resta figé un instant, la laissant s'approcher encore un peu plus. Lorsque leurs deux visages se firent face, il réussit à ouvrir la bouche, affichant une expression mêlant tristesse et incompréhension.

— Nyla, dit-il dans un souffle.

L'intéressée afficha un petit sourire et tendit les bras. Le jeune homme hésita longuement, puis accepta de l'enlacer. Il put sentir le corps de son amie, comme si elle était encore en vie et bien présente.

— Comment ...

— On n'a pas le temps, Gar.

— Quoi ?

— On a besoin de toi. Et vite.

— Mais je ... qu'est-ce qu'il se passe ? C'est pas normal tout ça !

— Non, c'est vrai, répondit calmement Nyla. Mais je ne peux pas tout t'expliquer maintenant.

— Pourquoi ?

— Parce que tu es notre seul espoir.

Garmin sursauta en entendant cette réponse. D'abord, parce que ce n'était pas l'esprit de son amie qui venait de parler, ensuite parce que la voix venait de derrière lui, et enfin parce qu'il savait qui venait de s'adresser à lui. Et ce ton grave et bourru, il ne l'avait plus entendu depuis très longtemps. Tellement de temps qu'il avait même cru l'avoir imaginé. Il se retourna lentement mais, cette fois-ci, ne ressentit pas de joie en constatant qui se tenait devant lui.

— Turms.

— Oui. C'est moi.

— Je ...

Sans prévenir, le garçon enfonça son poing dans la poitrine de l'homme. Celui-ci ne ressentit aucune douleur et réagit à peine.

— Ne fais pas l'enfant.

— Tu m'as abandonné !

Garmin était à présent furieux, laissant éclater une rage enfouie depuis une décennie.

— J'avais besoin de toi, et toi, tu m'as abandonné ! Tu n'es plus jamais revenu !

— Cesse donc.

— Non !

Le jeune homme tentait de frapper son ancien ami imaginaire, mais ce dernier parait à tous ses coups, bien plus fort que le frêle étudiant.

— Où tu étais passé ? Hein ?

— D'autres gens avaient besoin de moi. D'autres enfants.

— Mais tu es ... tu es mon ... mon Turms !

— On n'a pas le temps pour ta petite crise, Gar ! s'interposa Nyla.

— D'où vous vous connaissez, vous, d'ailleurs ?

— On t'expliquera plus tard, je te le promets. Mais s'il te plait, écoute moi.

— Vas-y, je t'écoute.

— Tu dois nous aider. On a besoin de tes dons de ...

— De Perceclair, enchaîna Turms.

— De ... quoi ?

— Prends ça.

Il lui tendit une petite carte, que Garmin saisit d'une main. Malheureusement, avant qu'il n'ait pu poser les yeux sur le bout de papier, Turms et Nyla se volatilisèrent, le laissant seul au milieu de cet immense champ, sous une brise fraîche qui couvrit son épiderme de frissons. Il analysa alors la carte, presque composée uniquement d'un logo qui lui était inconnu.


Sous l'étrange symbole, Garmin lut une ligne de texte typographique, écrite dans une police imitant les frappes d'une machine à écrire. Les indications lui parurent tout autant curieuses.

 Des coordonnées.

-45.861666019679106, 170.62696646948575

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