LE PERCECLAIR - Partie II : Souffrances

Le maquillage verdâtre de la sorcière dégoulinait sur son visage infantile. Lorsqu'elle s'avança dans l'allée, l'occupante de la belle et majestueuse maison, au nord de la commune,  put voir ses horribles verrues nasales perler à la lueur de la lunette. Son acolyte la suivait d'un pas lourd, traînant ses jambes et laissant tomber de la paille sur les pavés polis. L'épouvantail affichait un sourire en coin. Il se concentrait sur leur objectif de la soirée : dépouiller la vieille dame qui vivait là. La petite ensorceleuse s'arrêta sur le porche, se tenant à une barrière en métal.

— Des bonbons ou un sort ! s'exclama-t-elle.

— Oooh, vous êtes bien terrifiants, mes petits monstres, répondit la femme en déposant une poignée de friandises dans les seaux d'Eil et de Garmin.

Les jumeaux adoraient la fête d'Halloween, surtout lorsqu'ils devaient confectionner eux-mêmes leurs costumes. L'imagination ne leur faisait jamais défaut, particulièrement quand l'appât du gain sucré prenait le dessus. La veuve de la dernière maison avait été très généreuse, mais lorsqu'ils retournèrent chez eux, leur mère Damezia confisqua une partie de leur récolte.

— Il est hors de question que vous mangiez tout ça dès ce soir. L'année dernière, vous vous êtes tellement empiffrés que vous n'aviez pas dormi de la nuit !

— Mais c'est notre butin ! rétorqua Eil.

— Ce paquet doit vous faire la semaine, au moins. Mangez-en quelques-uns maintenant, ensuite on se brosse les dents et au dodo. Et puis de toute façon, c'est la dernière année que vous faites la tournée des bonbons. Vous êtes grands maintenant, vous avez huit ans !

— On est vraiment obligés de se coucher maintenant ? implora Garmin. Je suis sûr qu'Elliot, lui, il va rester réveillé tard ...

— Votre grand frère est chez son copain, Camille. Sa maman m'a assuré qu'ils ne se coucheraient pas trop tard. Et vous non plus, parce que demain, on va au cimetière avec Anthéa. Ça fait beaucoup trop longtemps que je n'ai pas été fleurir la tombe de votre père.

— Ça sert à rien, grommela le garçon en lançant un regard de déception à sa sœur.

— Un peu de respect, jeune homme ! Ton père n'aurait pas aimé ce comportement.

— On en sait rien, de toute façon.

Damezia soupira un grand coup, renonçant à répliquer une nouvelle fois. Elle s'assura que ses enfants exécutent ses ordres avant de les border. Une fois seule, affalée dans le canapé, elle alluma la télévision. Elle savait qu'une grande chaîne avait prévu de diffuser Shining, l'adaptation du roman d'effroi de Stephen King par Stanley Kubrick. Un classique qu'elle avait déjà vu au moins quatre fois, mais qu'elle adorait revoir à chaque fois.

Garmin n'arrivait pas à trouver le sommeil, encore excité de sa soirée de faux effroi. Ajouté à cela, il avait réussi à dissimuler quelques sucreries dans sa poche et les avait englouties en quelques secondes, cachant les papiers collants dans le tiroir de sa table de nuit. La lune éclairait la pièce à travers des rideaux blancs. Sa mère avait oublié de fermer les volets. Le garçon fixait le plafond, hypnotisé par des ondulations dues au miroitement d'un bassin. Celui-ci, creusé dans le jardin, était le lieu de vie de deux gros poissons. La cuve en béton était alimentée par une gouttière qui y déposait régulièrement de l'eau de pluie. A travers la vitre, les reflets argentés intriguaient Garmin autant qu'ils participaient à sa grande imagination. Il se rêvait aventurier sur un voilier autour du monde, explorateur cosmique harnaché à une station spatiale, ou encore voyageur temporel à travers un vide intersidéral.

Mais la nuit le terrifiait. Il était déjà bien angoissé le jour, lorsque le soleil éclairait tout potentiel danger. Alors quand l'étoile se couchait, l'enfant se sentait encore moins assuré. Il avait entendu à plusieurs reprises sa mère et son amie Anthéa discuter de ses angoisses irrationnelles et paralysantes. Il avait bien conscience qu'il était différent des autres garçons de son âge ; toujours à se poser beaucoup trop de questions, à anticiper des risques. Il avait du mal à lâcher prise, à s'amuser sans réfléchir, comme son frère et sa sœur, ainsi que tous leurs copains. Damezia hésitait même à l'emmener consulter un pédopsychiatre, inquiète de toutes les peurs de son fils qui, non seulement l'handicapaient lui, mais aussi toute la petite famille.

Deux ans plus tôt, jour pour jour, il était entré en trombe dans la chambre de sa mère. Il lui avait posé toutes sortes de questions. Il voulait comprendre où était leur père, s'il était devenu un fantôme comme Casper. Il avait vu le film l'après-midi même et voulait savoir s'il pouvait lui aussi voir les personnes qui avaient quitté le monde des vivants. Bien sûr, la jeune femme n'avait pas su quoi lui répondre. Elle refusait d'aborder quelconques sujets philosophiques ou spirituels, surtout avec son fils qui était encore si jeune. Selon elle, il devait plutôt s'intéresser au sport, à la musique, aux jouets qu'il délaissait dans un coin de sa chambre, au lieu de se questionner sur ces problématiques d'adultes névrosés. Il avait fini par lui dire, secoué de sanglots, qu'il ne voulait pas mourir. Ce moment, elle y repensait souvent, incapable d'expliquer ce qui s'était passé dans la tête du garçon ce jour là.

Au bout de deux heures de somnolence, les paupières de Garmin se fermèrent, lourdes et douloureuses. Quand il les rouvrit, il crut avoir dormi plusieurs heures. Une pluie battante s'abattait sur la chaumière. Les ondes au plafond étaient agitées et un tonnerre gronda un peu plus au sud. Dans la pénombre, Garmin vit la poignée de la fenêtre, face à lui, se tourner lentement. Un cliquetis lugubre résonna et la vitre s'ouvrit brusquement. Un vent froid s'engouffra dans la chambre, accompagné d'une brume épaisse. A travers celle-ci, le garçon perçut du mouvement. Il ne bougea pas, figé par la terreur. Il réussit tout de même à reconnaître une odeur iodée qui agressait ses narines et des bruits de vagues, comme s'échouant contre une grève.

Une main couverte d'algues dégoulinantes agrippa le rebord en bois de la fenêtre, bientôt suivie d'un bras squelettique. Enfin, Garmin put déceler l'ensemble de la créature, qui se tint accroupie dans l'embrasure. De l'eau mousseuse se déversait en trombes sur le linoléum, jusqu'à éclabousser les pieds du lit métallique. L'homme décharné étira sa bouche en un sourire édenté et terrifiant qui couvrit presque la totalité de ses joues, pleines de pustules. Incapable de réagir, impuissant devant cette vision d'horreur et sans possibilité d'hurler, l'enfant ne put qu'ouvrir grand ses yeux humides en regardant le marin fantomatique s'élancer vers lui. Au moment où il allait atterrir sur le corps tremblant du garçon, il explosa en un milliard de gouttelettes boueuses. Essayant de reprendre sa respiration, les yeux clos, Garmin pensa un instant qu'il allait se noyer sous le flot incessant. Mais après quelques secondes de panique, il réussit à prendre une grande inspiration et, enfin, cria de toutes ses forces.

Quand il se décida à regarder à nouveau autour de lui, il ne vit plus aucune eau, plus de monstre, plus d'algues. La fenêtre était à nouveau refermée et une chaleur l'envahit soudainement quand, au pied de son lit, le garçon vit Turms. L'homme, toujours vêtu de peaux de bêtes et de ses habituelles sandalettes, brandissait un long bâton argenté et qui se terminait par deux petites ailes collées de part et d'autre. Garmin comprit qu'il venait de le sauver ; ce n'était pas la première fois. Lorsqu'il avait peur, ou quand il se sentait attaqué ou suivi, son ami, invisible aux yeux des autres, venait le secourir. Mais quand Damezia entra précipitamment dans la chambre, Turms s'évapora sans un mot. Il fit un simple clin d'œil à Garmin et disparut silencieusement.

— Tu as fait un cauchemar ? demanda la femme.

— Non, répondit le garçon, un peu trop rapidement.

Il regarda sa mère soupirer en fixant le sol, aussi sec qu'il l'avait été quelques minutes plus tôt, avant l'assaut du marin.

— Garmin, je ...

— Oui, la coupa le petit. J'ai fait un cauchemar. Je suis désolé.

— Ne t'excuse pas. Essaie de te détendre et de te rendormir.

Mais cette nuit là, il ne se rendormit pas, attendant le reste de la nuit, guettant de moindre mouvement dans le noir. Il était partagé entre la crainte de revoir un fantôme et son envie insatiable de parler à Turms. Cependant, l'homme mystérieux ne se montra pas. Ni le jour suivant, ni la nuit suivante.

Ni la décennie suivante.


***

Garmin dévala l'escalier central de sa résidence universitaire, dans un quartier à l'ouest de Condate. Il s'était encore réveillé en retard et devait se dépêcher s'il ne voulait pas arriver à la traîne. En cette matinée pluvieuse de janvier, il allait devoir se surpasser. L'examen de climatologie allait débuter et c'était celui qu'il ne devait absolument pas rater. Il avait appris des exercices pour ne pas paniquer et, après une longue thérapie pendant toute son adolescence, il avait réussi à combattre ses craintes et manies. Cela faisait quelques années qu'il ne voyait plus d'horribles créatures, ou encore ne ressentait plus de frissons en entrant dans des maisons. Il se sentait soulagé et enfin ouvert sur le monde.

Lorsqu'il arriva sur une petite esplanade au sol vitré, à travers lequel on pouvait observer les usagers du métro qui passait en dessous, son téléphone vibra dans sa poche. Sur l'écran, le prénom de son ami Rémi. Ils s'étaient retrouvés ensemble au collège, dans la même classe de sixième. C'était un très bon ami, l'ayant soutenu dans son combat quotidien vers l'apaisement. Et depuis, ils ne s'étaient jamais quittés ; jusqu'à l'année précédente durant laquelle Rémi était retourné en campagne pour y suivre un stage de botanique. Garmin ne retournait chez lui qu'un week-end sur deux. Leur commune d'origine ne lui manquait pas et, surtout, il n'était actuellement pas en bons termes avec sa mère. Elle avait effectivement très mal réagi lorsqu'il lui avait présenté, quelques mois plus tôt, son petit ami. Le jeune homme faisait tout pour oublier ce difficile moment, tout comme sa relation qui s'était, de toute façon, mal terminée. Il se concentrait alors sur ses études, et se contentait avec joie de ses amis.

Outre Rémi, il était très souvent entouré de Cassandre et Jeanne, qui suivaient également des cours de licence dans la même université. Mais une autre lui manquait. Elle s'appelait Nyla et était la personne la plus douce qu'il ait jamais rencontré. Il était régulièrement impressionné par son intelligence et son altruisme. Elle avait quitté le pays pour s'engager dans des associations humanitaires à l'autre bout de la planète. Garmin l'enviait parfois, mais quand il imaginait ce qu'elle pouvait voir et traverser, il était souvent victime de crises d'angoisses. Celles-ci s'expliquaient également par le fait qu'il culpabilisait de ne pas prendre de ses nouvelles régulièrement. Il se trouvait toujours une bonne excuse, entre les cours, le temps passé à écrire des petites fictions et son job étudiant. Mais même la meilleure des justifications ne semblait pas apaiser sa faute. Il avait appris que Nyla s'était retrouvée, peu de temps avant le nouvel an, dans une fâcheuse posture face à des trafiquants au Cambodge. Cependant, n'écoutant que sa fierté, elle n'avait pas réclamé d'aide à ses proches en France. Et Garmin, trop occupé à gérer ses propres problèmes, n'avait pas bougé. Aucun des membres du petit groupe d'amis n'avait plus eu de nouvelles depuis.

D'un doigt hésitant, le jeune homme fit glisser son pouce vers l'icône verte, sur l'écran tactile de son smartphone.

— Hello ! lança-t-il, d'un ton joyeux.

A l'autre bout de la ligne, Rémi ne répondit pas avec la même intonation.

Gar, t'es chez toi ?

 — Non je file à un exam. Grouille-toi, je descends dans la station de métro !

— Attends. Il s'est passé quelque chose.

Un frisson parcourut l'échine de l'étudiant. Il se cramponna à la rembarde fixée sur le côté de l'escalier qui descendait dans le sous-sol de la ville.

—  C'est Nyla. Elle ...

—  Quoi ?

Garmin ... elle est morte.

Il entendit son ami fondre en larmes et un bruit sourd lui indiqua que Rémi venait de poser son téléphone. Une dizaine de secondes s'écoula sans qu'aucun des deux garçons ne prononce le moindre mot. Finalement, Garmin rompit le silence, les yeux embués, les joues rouges.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Il attendit que Rémi se ressaisisse un instant et entendit enfin à nouveau le son de sa voix.

On ne sait pas. Sa mère ne me l'a pas dit ... c'est elle qui m'a prévenu. Je crois qu'il va y avoir une enquête. Elle m'a dit que le corps allait être rapatrié par des militaires dans la semaine.

— C'est quoi ce ... 

 — Je te préviens quand on saura la date de l'enterrement.

— D'accord, merci.

Garmin se sentait bête. Il ne savait pas quoi dire, perdu et désarmé. La bouche dans laquelle descendait l'escalier vers le quai du métro sembla s'agrandir, devenir un trou béant, vers les profondeurs de la Terre. Il s'assit sur les marches mouillées, observant les gens entrer et sortir des rames, innocents de son malheur, ignorant le drame qui se jouait, méconnaissant la tristesse insondable qui l'envahissait. Ces vies continuaient tranquillement, pendant que d'autres s'anéantissaient.


La cérémonie eut lieu le week-end suivant, dans l'église de la commune d'origine de Garmin, Eil, Rémi et Nyla. Ils se retrouvèrent devant la bâtisse catholique, sur un parvis au dallage géométrique, et poussèrent la lourde porte en bois massif. A l'intérieur, l'atmosphère les figea sur place. Ils se reprirent vite, cependant, et allèrent s'asseoir. La longue nef froide était divisée en deux groupes clairement distincts. A droite, la famille de la défunte était composée de militaires, gendarmes et politiques locaux, tous tirés à quatre épingles dans leurs costumes cérémoniels, képis à la main, cravates serrées à la perfection. Les amis connaissaient vaguement l'histoire de la famille. Ils étaient tous prédestinés à faire une grande carrière, cadres dans des cabinets ou gradés du camp voisin. Aucun ne bougeait, pas même les enfants. Garmin, en remontant l'allée centrale, dévisageait certains d'entre eux. Il ne vit pas le moindre battement de paupière, pas de respiration saccadée, ni de mouvement de tête. Tous fixaient l'autel sur lequel était posé un petit cadre. Dans celui-ci était enfermée une photo de Nyla, datant de quelques années. L'allure de ces personnes, tels des mannequins inexpressifs et reclus dans un conservatisme démodé, mit mal à l'aise le jeune homme.

A gauche, en opposition totale, étaient assis tous ceux que la jeune femme avait touché par son âme bienveillante. C'était la première fois que Garmin voyait pleurer des professeurs qu'il avait eus en classe au lycée et qui gardaient un souvenir impérissable de la fille passionnée qu'ils avaient eu le plaisir d'avoir dans leurs salles de cours. Elle avait participé à de nombreuses et nobles actions qui marquaient les esprits. Elle avait également été, pendant une année, une surveillante modèle, appréciée à la fois du corps enseignant et des élèves. Certains écoliers étaient également présents ; ceux qu'elle avait aidés dans leur parcours et qui deviendraient des adultes réfléchis grâce à elle.

Durant la cérémonie, il ne put s'empêcher de penser que toute cette convenance et ces manières de religieux datées n'auraient pas plu à leur amie. Il finit par ne plus pouvoir se contenir, dans un mélange de désespoir et de tristesse et s'abandonna, pendant un chant poignant, à la crise de larmes. Sa jumelle le serra dans ses bras fins et laissa échapper également un petit sanglot. Eil, Rémi et Garmin ne purent assister à la mise en bière, moment réservé à la famille. Ils décidèrent de terminer leur journée dans un bar, à quelques minutes à pied de l'édifice religieux. C'était un pub que les jeunes hommes connaissaient bien. Ils l'avaient fréquenté lors de nombreuses soirées animées. Mais en ce triste après-midi, personne ne semblait prompt à la rigolade. 

Les mois, puis les années passèrent. Plus personne ne parlait de ce drame. Le sujet était même devenu tabou dans la petite commune, pourtant secouée par le décès tragique de l'un de ses plus brillants enfants ; l'une de ses filles les plus appréciées. Garmin, lui, continuait de ressasser la culpabilité qu'il ressentait au fond de ses tripes. Il pensa qu'elle s'évanouirait au fil des jours, mais elle resta accrochée à ses entrailles. La nuit, parfois, il y repensait. Il se faisait des scénarios dans son esprit, tentant de comprendre cette mort inexpliquée. Mais, comme l'avait prédit Rémi, jamais ils n'eurent de réponses.


***

Garmin était très excité, en cette belle journée d'été. Il s'apprêtait à fêter, le soir même, son vingt-troisième anniversaire. Cassandre, à présent sa colocataire, avait organisé une énorme soirée dans leur appartement de la rue Berger. C'était la toute première fois qu'il ne célébrait pas sa naissance avec celle avec qui il la partageait, Eil, invitée chez ses amis dans le sud du pays. Quelqu'un d'autre manquait également ; sa nouvelle petite amie Melyna. Il entretenait cette relation à distance depuis deux mois. Il prévoyait de la présenter à sa mère, Damezia, qui serait sûrement très contente de la rencontrer. Peut-être même soulagée.

La fête fut très réussie, les invités étaient nombreux et les voisins furent également conviés. Vers trois heures du matin, Jeanne, fortement alcoolisée, s'affala dans le vieux canapé à côté de Garmin. Elle lui tendit une bouteille de bière blonde qu'il accepta en souriant. En réalité, il n'aimait pas boire d'alcool, mais il faisait comme tout le monde. Il avait passé son enfance à se sentir rejeté, différent, bizarre. Alors, il avait décidé d'imiter les autres, cherchant une certaine normalité, suivant le mouvement. Il avait compris depuis longtemps que le monde ne s'adapterait pas à lui, alors il s'était adapté au monde.

— Dis Gar, l'interpella Jeanne.

— Ouais ?

— Cass t'as parlé de l'autre fois ? De notre petite "expérience" ?

Elle appuya son propos en mimant des guillemets avec les doigts.

— Heu ... non. Ça y est, vous avez enfin fini ensemble ?

— Quoi ? Mais non, patate !

Elle pouffa de rire et postillonna un peu de son vodka-coca sur le visage chaud de Garmin.

— On a fait du Ouija !

— Oh non ...

 — Si ! C'était énorme !

— Tu sais que c'est faux, hein ?

— Cass dit qu'elle parle régulièrement à son père. Tu sais, il est mort il y a ... genre quinze ans !

Garmin prit une profonde inspiration et préféra ne pas surenchérir. Il préféra laisser son amie continuer.

— Elle dit qu'on peut tenter de parler avec qui on veut. Moi, j'ai parlé avec ma grand-mère !

—  Ah. Je savais pas qu'elle était morte. Je croyais que tu avais été la voir en juillet ?

— Non, l'autre. Celle que j'aimais pas trop. Et ben, crois-moi, crois-moi pas, mais elle est toujours aussi chiante, même morte !

— Sympa.

— Cass a dit qu'on devrait te convaincre de faire une séance avec nous.

— Je crois pas que ce soit une bonne ...

 — Tu pourrais parler à Nyla !

Garmin la regarda intensément, fixant ses yeux injectés de sang aux paupières à demi-fermées. Il s'aperçut que sa respiration s'était accélérée. Un mal de crâne, inexistant jusqu'alors, tambourina ses tempes. Son regard se mit à briller et, d'une voix rauque, dit :

— Je suis partant. 


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