LE PERCECLAIR - Partie I : Naissances
La Renault 4L Safari filait dans la nuit, sur la grande voie vers Condate, capitale de la région. La conductrice tentait de se concentrer sur la route à peine éclairée par les phares vieillots, qui projetaient une lumière jaunâtre sur le bitume détrempé. La canicule avait enfin cessé sa longue et chaude torture, laissant place dans la soirée à un orage aussi étouffant que retentissant. Les lunettes perchées sur le haut de son crâne recouvert de longs cheveux blonds ondulés, la femme tentait de contenir son angoisse. Elle lança un regard dans le rétroviseur intérieur et eut un léger sourire. A l'arrière, un petit garçon, pas plus âgé de trois ans, s'était endormi sur la banquette en cuir. Sa respiration était calme. Son adorable visage semblait apaisé, réconfortant, en contradiction totale avec l'état de nervosité de l'adulte qui l'observait dans le rétroviseur poussiéreux. Le bruit répétitif de la pluie semblait l'avoir bercé ; son repos n'était pas le moins du monde perturbé par les grondements du tonnerre.
La conductrice ouvrit la fenêtre de son côté, en moulinant avec son bras. La vitre se baissa en grinçant. Vérifiant que l'enfant dormait toujours, elle estima qu'il était plongé dans un profond sommeil. Alors, ignorant le vent frais qui s'engouffrait dans l'habitacle et les gouttelettes de pluie qui s'accumulaient sur la portière, elle tendit sa main droite et appuya sur un bouton du vieil autoradio. Les grésillements agressèrent ses oreilles et, après un sursaut, elle s'empressa de baisser le volume sonore. Le garçon ne s'était pas réveillé, mais poussa tout de même un léger gémissement. Une fois certaine que son cœur s'était remis à battre à une vitesse normale, elle tourna le bitoniau. Elle fixa le curseur qui se déplaçait sur la ligne en verre, illuminée par une diode verte, sur laquelle étaient inscrites les différentes fréquences. Elle s'arrêta sur un réseau d'informations.
"Dans le monde, à présent : Le roi du Maroc a inauguré ce lundi, à Casablanca, le plus haut édifice religieux de l'Univers, selon ses propres termes. La nouvelle mosquée Hassan II est déjà qualifiée de phare de l'islam. En Chine, les autorités ont annoncé la condamnation à vingt ans de prison du milliardaire Yu Zuomin, suite aux retombées de la campagne anticorruption. Les hommages des personnalités hollywoodiennes affluent sur les télévisions américaines depuis l'annonce du décès de l'acteur Richard Jordan, que l'on a pu voir notamment dans le film oscarisé À la poursuite d'Octobre rouge. En sports, le britannique Damon Hill a remporté pour la première fois le Grand Prix de formule 1 de Belgique, ce qui ..."
La femme éteignit le transistor. Les actualités ne l'aidaient pas à se détendre. Elle ralentit, observant les lumières de la ville qui se rapprochaient. Elle traversa la longue zone industrielle qui précédait les quartiers ouest de Condate. Des illuminations mouvantes serpentaient sur sa droite, tels des feux follets incandescents qui la poursuivaient. Mais les décorations nocturnes du stade de football ne l'accompagnèrent finalement pas plus loin. Après une succession lassante de giratoires et de feux tricolores, elle vit enfin des reflets argentés sur la surface aqueuse de la rivière qui traversait la ville. La voiture longea le cours d'eau jusqu'à un panneau qui indiquait :
"Place Sainte-Anne / Parc du Thabor / Maternité des Anges"
Là, la conductrice bifurqua et remonta une rue bondée de passants noctambules, de fêtards et d'étudiants déjà installés avant la rentrée. La pluie ne semblait pas perturber les flâneurs et les groupes d'amis qui s'enlaçaient et riaient de bon cœur. La femme se sentait encore plus nerveuse en les entendant plaisanter sur les trottoirs, alors que l'inquiétude montait en elle. Elle arriva devant un des quatre pavillons hospitaliers et se gara brusquement. Elle sortit du véhicule, claqua sa porte et contourna la 4L pour ouvrir au garçon, encore ensommeillé.
— Elliot, mon chou, il faut se réveiller. On est arrivé.
Le petit ouvrit difficilement les yeux, mais consentit à se redresser et, une fois détaché, se laissa glisser sur ses pieds. Ses minuscules chaussures ne faisaient aucun bruit sur le sol humide, quand la femme l'entraîna, serrant sa main froide, vers le vieux bâtiment principal, datant du XIXème siècle. Composé de trois ailes en galeries, il encerclait presque entièrement une cour pavée. Au-dessus de l'imposante porte d'entrée en bois massif, était inscrit "Maternité des Anges". Tout en haut, gravée sur un fronton triangulaire, une allégorie de la charité observait les arrivants en enserrant dans son châle de marbre des enfants démunis et figés.
Au même moment, dans une pièce froide et illuminée par une énorme lampe de bloc, une autre femme hurlait. Malgré le fait qu'elle fut entourée de membres du personnel hospitalier, elle se sentait très seule et désespérée. Elle voulait rentrer chez elle, souhaitait n'avoir jamais porté ces êtres en elle, ne supportait plus la douleur et la fatigue. Mais ses larmes s'arrêtèrent de couler lorsque, à travers les paroles d'encouragement de la sage-femme, elle entendit les petits pleurs de son bébé. Elle le vit, couvert de résidus placentaires, mais d'une incroyable beauté. Ses cris lui parurent charmants et réconfortants. Il fut emmené sur le côté, posé sur une table métallique d'auscultation pour s'assurer qu'il allait bien. Quelques minutes s'écoulèrent et la jeune mère fronça les sourcils, réclamant de voir sa fille. Finalement, un interne la prit et l'amena devant la femme. Mais il ne lui confia pas le nouveau-né, à son grand regret.
— Ce n'est pas fini, dit la sage-femme. Vous devez continuer à pousser.
— Non, se lamenta la pauvre mère. Je ne peux pas continuer ...
— Il doit sortir. Vous ne pouvez pas garder un bébé mort en vous. Allez, encore quelques efforts.
Elliot patientait dans une salle d'attente beaucoup trop calme à son goût. L'adulte lui avait dit qu'il pouvait se rendormir s'il le voulait, mais il n'y arrivait pas. Il pensait que des gens étaient en train de faire du mal à sa mère et en était terrifié. Au bout d'un long moment, un homme vêtu d'une blouse blanche entra dans la pièce et s'adressa à l'amie de la famille.
— Vous pouvez aller les voir. Normalement, on n'accepte plus les visites à cette heure, mais ... Enfin, disons qu'elle a besoin de ne pas rester seule.
— Merci beaucoup. Vraiment.
Elle se leva et fit signe à Elliot de l'imiter. Ils suivirent le médecin dans un grand couloir mauve et poussèrent la porte d'une chambre. Elle portait le numéro 4. A l'intérieur, épuisée dans son lit, la mère d'Elliot observait, couchée sur son côté droit, la couchette pédiatrique de sa fille. Celle-ci n'était pas réveillée, mais poussait de légers gémissements. L'amie se précipita au chevet et enlaça tant bien que mal la femme qui tentait de se redresser.
— Damezia ! se réjouit-elle. Tout s'est bien passé ? J'étais si inquiète.
— C'était ... dur, se contenta de répondre la concernée.
L'amie se retourna pour se pencher sur le bébé, en émettant des petits "oooh" de tendresse. Elliot, resté dans un coin, se demandait pourquoi elle agissait ainsi. Se rendant compte que son fils restait en retrait, la mère lui sourit.
— Approche, mon chéri. Tu veux voir ta sœur ?
— Non. Tu as mal, maman ?
— Ne t'inquiète pas, je vais bien.
— Vraiment ? demanda l'amie, fixant à nouveau Damezia.
— Il s'est passé quelque chose, Anthéa. Assieds-toi.
Mais la femme resta debout, une main posée sur l'épaule gauche du garçon. Celui-ci penchait sa tête de droite à gauche et regardait un peu partout, tentant de déceler si sa mère avait été blessée quelque part.
— C'est à propos ... de l'autre.
Cependant, elle ne put finir son explication. Une infirmière poussa la porte et tira une couveuse dans la chambre.
— Oh bonsoir, pardon de vous déranger. Je vous ramène votre fils. Il n'a toujours pas pleuré ni crié, mais d'après les examens, tout va bien.
— Que ... quoi ? s'étonna Anthéa.
— C'est moi, son fils, répliqua Elliot.
La mère intervint.
— Mon chéri, Anthéa, je vous présente Garmin. C'est ton petit frère, Elliot.
Le garçon fut soudainement intéressé et colla son visage contre le plastique transparent de la couveuse, émerveillé. L'amie se pencha pour chuchoter auprès de Damezia.
— Mais je ... je croyais qu'il était ... enfin, tu sais.
— C'est un miracle.
— C'est lui, c'est sûr. Il s'est réincarné ! s'extasia Anthéa.
— Arrête tes idioties. Je ne veux plus en entendre parler.
— Mais c'est évident, pourtant !
— Arrête, j'ai dit ! C'est stupide.
— Ton mari est décédé il y a à peine une semaine, et ce soir ton bébé mort dans ton ventre ne l'est finalement pas ... je ne sais pas ce qu'il te faut de plus.
— Stop ! Je ne veux pas entendre ça. En plus, il est bizarre.
— Comment ça ?
— Il ne pleure pas, et il ne crie pas non plus. Quand il est sorti, il fixait la sage-femme. Il était calme. Ce n'est pas normal, tout ça.
— On est à la Maternité des Anges, c'est un véritable miracle !
— Je ne sais pas. Il ...
Pendant qu'Elliot frappait doucement avec son petit index sur la paroi de la couveuse, Damezia fit signe à Anthéa de se pencher un peu plus et baissa la voix.
— Il me fait peur.
***
Quatre années passèrent, sans que Garmin ne présente le moindre signe d'étrangeté. Sa mère en était rassurée et, avec l'aide de son amie Anthéa qui avait emménagé dans la maison d'à côté, éleva ses trois enfants tout en conservant son poste de cheffe éditorialiste chez Armor Presse, le journal numéro un dans tout le pays. Le garçon était toujours sage et curieux, complémentaire de sa jumelle Eil, plus excentrique et enjouée. Leur grand frère restait souvent en retrait. Il souffrait parfois du lien entre les deux plus jeunes que lui ne comprenait pas, des absences de Damezia dues à son travail et de la sévérité de leur grand-mère qui s'occupait d'eux quand Anthéa ne le pouvait pas.
Mamm, comme ils l'appelaient, vivait également seule, à une vingtaine de kilomètres, dans une commune bordée par une rivière qui, par pur hasard, prenait sa source près de la maison de Garmin et sa famille. Dans son petit pavillon datant des années soixante-dix, elle y avait vu mourir le père de sa fille, emporté par un terrible accident de voiture. La vieille dame entretenait des croyances ésotériques, tout comme Anthéa. Elle était même persuadée qu'une effroyable malédiction avait été jetée sur les femmes de sa lignée, et ce depuis de nombreux siècles. Dans des grimoires parfaitement rangés et conservés dans une armoire fermée à clé, elle retraçait des généalogies qui remontaient à la fin du XVIème siècle. D'après elle, ses ancêtres étaient des femmes remarquables, qui essayaient de combattre les injustices et l'oppression exercée par les hommes, surtout les maîtres érudits, dès le début de la Renaissance. Nombre d'entre elles avaient été lynchées, torturées et sacrifiées sur des bûchers pour cela. Mamm était très inspirée par l'héritage de ces enchanteresses, surtout dans cette région qui, selon elle, n'attendait qu'une chose : retrouver ses merveilles et sa magie d'antan.
Mais Damezia rejetait tout ça, prétextant que sa vieille mère perdait la tête et inventait beaucoup d'histoires.
— Elle a toujours eu beaucoup d'imagination, expliquait-elle à ses enfants. Ne croyez pas tout ce qu'elle dit.
Garmin était pourtant fasciné par les récits et les rituels de sa grand-mère. Il savait qu'elle avait un faible pour lui. Il était son préféré. Les autres faisaient souvent des bêtises, surtout Elliot, ce qui lui valait régulièrement des punitions. Mais Garmin était toujours calme, à l'écoute et intéressé. Elle racontait que leur grand-père avait été la cible d'une horrible attaque de la part de mystérieux ennemis. Leur mère disait simplement qu'il était mort dans un banal, quoique traumatisant, accident de la route.
Le soir du quatrième anniversaire des jumeaux, toute la joyeuse famille, accompagnée d'Anthéa, s'était réunie chez Mamm. Après avoir déballé leurs cadeaux, soufflé les bougies et mangé du mille-feuille, Eil et Garmin se couchèrent à l'étage. Leur frère fit de même dans une petite chambre au rez-de-chaussée, laissant les trois femmes finir leur soirée devant un bon film. Quand Damezia monta s'allonger dans son lit à son tour, elle entendit son plus jeune garçon parler, derrière la porte verte au bout du couloir. Elle crut qu'au lieu de dormir, il était en pleine discussion avec sa sœur, ce qui exaspéra la jeune mère. Pourtant, quand elle poussa la porte, elle ne vit pas la fillette. Surprise, elle se tourna vers Garmin.
— Où est Eil ? demanda-t-elle.
— Aux toilettes.
— Mais ... avec qui tu parlais, alors ?
— Personne.
— Dis moi la vérité.
Elle fit le tour de la chambre pour vérifier si quelqu'un se cachait dans un coin, derrière une étagère ou dans la penderie, mais ne trouva âme qui vive.
— Je suis désolé, supplia le garçon. Te fâche pas.
Un coup de tonnerre retentit au loin. Un orage approchait, et Damezia détestait ça ; elle en avait toujours eu peur.
— Je ne me fâche pas. Mais ne joue pas avec mes nerfs. Ce n'est pas drôle de faire ce genre de blagues !
— Mais je ...
— Rendors-toi.
Alors que la mère allait passer à nouveau la porte pour aller se coucher, son fils murmura.
— C'était pas une blague. C'était grand-père.
Exténuée et énervée, Damezia ne se retourna pas, faisant semblant de ne pas avoir entendu. Les angoisses liées à son enfant lui revinrent, se remémorant l'accouchement comme si c'était la veille. Elle se dit qu'il y avait vraiment quelque chose d'anormal chez ce garçon. Mais elle ne voulait pas non plus donner raison aux élucubrations excentriques de sa propre mère.
Cependant, ses craintes ne s'envolèrent pas le lendemain quand, dans la matinée, Anthéa proposa une promenade au bord de la rivière. Près du bourg, on pouvait longer d'anciens moulins à eau et des manufactures partiellement en ruines. Les pluies battantes de la nuit avaient empêché Damezia de se reposer aussi longtemps qu'elle l'aurait souhaité, et elle estima que prendre l'air lui ferait du bien. Chacun sortit de la maison l'un après l'autre, mais Garmin resta dans l'embrasure, une main serrant fermement le cadre.
— Viens, somma sa mère.
— Non, supplia-t-il. Je peux pas.
— Pourquoi ?
— J'ai peur.
Elle tourna la tête de tous côtés, mais ne vit rien de particulier.
— De quoi ?
Le garçon ne répondait pas. Il se contentait de lancer son regard vers le jardin, perdu dans le vide. Mais il semblait fixer quelque chose que les autres ne pouvaient voir.
— Allez-y, intervint Mamm. Je vais rester avec lui.
— Tu es sûre ?
— Ne t'inquiète pas, ma chérie. S'il ne veut pas, autant qu'il reste à l'intérieur.
— Je ne sais pas ce qui ne va pas avec lui ...
— Je vais lui parler. Allez, va te changer un peu les idées.
Ce jour-là, Garmin resta seul avec sa grand-mère, qui tenta durant plusieurs heures de comprendre pourquoi il n'avait pas voulu sortir de la maison. Mais elle n'obtint aucune explication. Alors qu'il était bavard sur de nombreux sujets et discutait volontiers des passions étranges de Mamm, il restait muet à propos de sa hantise de la matinée. Pour changer de sujet, la vieille dame ouvrit un tiroir de sa cuisine et en sortit une grosse clé argentée. Elle traversa la salle à manger et déverrouilla l'armoire contenant ses livres de mystères, ses curieux objets maudits ou encore ses classeurs remplis de fiches sur d'incroyables cryptides, ces animaux dont la véracité de l'existence n'est pas prouvée. Elle prit une légère boîte carrée, en bois, sur laquelle était gravé un crâne de canidé. Elle le posa sur la grande table familiale en verre et souleva son couvercle. En son centre se trouvait un minuscule éclat de quartz en macle de plusieurs cristaux pointant vers le haut. Mamm le posa dans sa paume et le tendit à Garmin.
— Je te le donne, mon petit. Prends-en soin.
— Qu'est ce que je dois faire avec ça ?
— Serre le dans ta main quand tu en auras besoin. Crois-moi, ça viendra plus vite que tu ne le penses.
Après leur balade, Anthéa raccompagna la mère et ses enfants, contents de rentrer chez eux. Aux actualités, le soir-même, un journaliste annonça la disparition d'un petit garçon, à peine plus âgé que les jumeaux. Damezia écoutait une radio vieillotte et rouillée dans sa chambre, à peine éclairée par la lueur de la pleine lune. Elle se demanda comment elle réagirait si l'un de ses enfants était enlevé. Elle se sentirait torturée, l'âme arrachée, certainement.
"Surtout si c'était Elliot", se dit-elle avant de culpabiliser.
Elle n'eut pas le temps de continuer à s'auto-flageller en pensées, puisqu'elle sursauta en entendant du bruit à l'étage inférieur. Elle bondit de son vieux fauteuil et dévala l'escalier. Dans le petit salon, Garmin s'était assis sur le canapé en tissu gris, les épaules affaissées, suçotant son pouce droit. Il avait allumé le gros écran cathodique qui n'émettait plus aucune émission à cette heure avancée de la nuit. A la place de la surface silencieuse et noire lorsque le poste était éteint, des grésillements et un voile neigeux visuel apparaissaient.
— Qu'est-ce que tu fais mon chéri ? s'inquiéta Damezia, d'une voix hésitante.
Le garçon ne répondit pas. Alors sa mère lui secoua l'épaule, dans une vive colère. Elle ne comprenait pas pourquoi cette colère était montée en elle aussi rapidement, mais la femme sembla subitement désespérée. Elle le vit alors tourner lentement sa jeune tête, sans cligner des yeux puis, dans un terrifiant sourire, prononcer des mots dont elle ne comprendrait jamais le véritable sens.
— J'écoute le monsieur, dans la télé. Il a dit au petit garçon que s'il reste bien sage, il sortira de la cave. Tu le vois pas ?
Damezia était furieuse, persuadée que son fils tentait de lui jouer des mauvais tours. Elle le punit le lendemain, lui interdisant de sortir de sa chambre en dehors des heures de repas. Il ne pleura pas, ni n'essaya de la faire changer d'avis, acceptant la sentence. Il avait compris que sa mère ne le croirait pas, quoiqu'il dise pour la convaincre. Dans cette pièce d'habitude si chaleureuse, aux murs bleus et aux nombreux cadres stylisés, il se sentait seul et frissonnait sans savoir pourquoi. Il se leva de son petit lit, recouvert d'une couette Buzz l'Eclair, et tira un carton d'en dessous. Il plongea sa main dedans et en sortit le cristal de roche de sa grand-mère. Un éclair illumina la chambre lorsqu'il serra le quartz dans sa poigne. La porte claqua, ce qui le fit bondir. Il se retourna et vit un homme, grand et impressionnant, au pied du lit. Il lui souriait, les yeux pétillants.
— Bonjour, dit-il sobrement.
— Bon ... bonjour, balbutia Garmin. Vous êtes qui, vous ?
— Je suis ... laisse-moi réfléchir un instant.
L'homme étrange, portant un pétase noir, ce chapeau rond feutré, habillé de peaux de bêtes et chaussé de sandales sur lesquelles étaient dessinées des ailes, s'avança. Il passa une main dans les cheveux ondulés du garçon.
— Je suis né aujourd'hui. Oui, c'est ça.
— On dirait pas. Mais ce que je demandais c'était, c'est quoi votre nom ?
— Oh. Et bien je suis ton nouvel ami, ton bouclier. Et mon nom est Turms.
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