Chapitre 53
J'ouvre les rideaux.
- Ash ?
Ses cils papillonnent, ses paupières s'entrouvrent et le caramel de ses iris s'enlumine sous les rais de soleil qui tombe de sa fenêtre.
Sa main effleure ma joue et j'ai un sentiment de malaise vu la raison de ma présence. Je détourne la tête.
- Ash... je grogne, gênée.
Ses doigts descendent légèrement sur mon cou et passent comme un murmure sur ma nuque.
- C'est mon nom, il chuchote d'une voix éraillée par le sommeil en levant ses pupilles sur moi.
Il se redresse et sa nuque se courbe en se penchant sur moi. Je sens soudain son souffle dans mon oreille :
- Et il sonne encore mieux sur tes lèvres.
Je ferme les yeux. Ma respiration s'accélère. Mon ventre pique, il le sait, car il pose ses mains chaudes sur mes hanches. Je rouvre les yeux et serre les mâchoires. Non. J'ai quelque chose d'important à lui dire ! Ma bouche s'entrouvre.
- Tu bouges mieux, tes plaies semblent referm-
Ses lèvres éclosent comme une fleur qui électrocute brusquement les miennes. Mes yeux s'agrandissent d'un coup. Mes poumons expirent tout leur air. Ma main s'enfonce dans ses cheveux et il m'allonge en arrière. Mon ventre se soulève contre le sien. Il approfondit encore plus son baiser et ses cuisses serrent les miennes.
Ma poitrine se lève et se soulève rapidement. Il a repris tant de forces ? Un serpent se love dans mon ventre et me trouble. Je n'arrive pas à détacher mon regard de ses yeux enflammés de tendresse. Il m'embrasse de plus en plus bas sans me quitter des yeux. Je me laisse tomber sur le côté, relève le menton de mon Lion et l'embrasse. Il se redresse et prolonge le contact.
- Shari... il grogne.
Ses mains défont lestement l'attache de mon soutien-gorge et il finit par terre. J'inspire profondément alors que sa langue s'est trouvé un terrain de jeu téméraire. Des petites décharges me tendent et je respire plus fort. Sa main gauche glisse lascivement sur mon ventre nu et je courbe les hanches en fermant les yeux.
- Shari... tu es si belle... il souffle.
Ses cuisses me serrent plus fort.
- Et tu n'as même pas encore tout enlevé... il murmure.
...
Ses lèvres se posent sur mon dos, doucement, m'embrassent avec une infinie délicatesse et il se retire lentement. Mon ventre frissonne d'affection. Je me retourne et dépose un baiser sur son front en fermant les yeux. Je serre mes bras autour de lui et il écarte une mèche de mes yeux.
- Tes cheveux... ils repoussent... doucement, il murmure avec un regard paisible comme je ne l'avais pas vu depuis longtemps.
J'ai l'impression de contempler un horizon calme et sans fin en plongeant dans ses yeux. Ses doigts s'enroulent autour de ma mèche. L'incendie les avait brutalement raccourcis, mais je crois que je les préfère court. Ce n'était pas rare de les couper court pour avoir moins de prise dans l'Arène, mais j'avais toujours considéré mes longs cheveux comme une couverture, l'hiver. Maintenant, j'ai un lit avec ma propre couverture et tellement de vêtements à ma disposition que je n'ai plus peur d'avoir froid la nuit. Néanmoins, les cheveux courts sont bien plus pratiques à laver et j'aime sentir l'air sur ma nuque.
J'attrape la main du Lion nu contre moi et je la pose sur ma poitrine. Je ferme les yeux et coule dans un espace-temps noir, cotonneux, confortable. J'entends ma voix y résonner comme si elle venait de partout :
- Tant que ce cœur battra, il sera à toi.
Un froissement de couverture et je sens Ash me retourner sur lui et me serrer plus fort. Je repose ma tête sur sa poitrine. Son pouls puissant diffuse un bonheur étrange en moi. J'ai failli le perdre trop de fois pour être jamais sûr que je le sentirai toujours vibrer.
- Tant que ce cœur battra, il sera à toi, il murmure.
Et la paix qui règne à cet instant a été si rare dans ma vie que j'ai l'impression que je vais me réveiller. Mes paupières se ferment sous la chaleur des draps et la sécurité de son corps contre moi. Son souffle entraîne ma propre respiration dans un roulement profond. Mes battements de cœur se calent sur les siens. Une bille au creux de mes tripes vibre et diffuse des ondes de chaleur addictives le long de mon épine dorsale jusqu'à toutes les parties de mon corps. Je voudrais oublier tout ce que je connais et rester contre lui jusqu'à ce que nos corps partent en poussière.
Je plonge dans le sommeil, quand une chose émerge comme une flèche à la surface de mon esprit.
Je me redresse aussitôt et fais sursauter Ash, qui passe aussitôt en alerte.
- Qu-
J'ai envie de me frapper la tête contre un mur. Mais quelle couillonne ! Je devais lui dire dès que j'arrivais... je baisse les yeux et soupire :
- La raison de ma visite était pour t'informer de plusieurs choses. (Il se décale sur le lit en haussant un sourcil, soudain bien éveillé.). M. Jamal m'a alerté que Dyan, Takela et tous les autres ne sont plus dans les abris de l'armée américaine. Entre temps, Kallol m'a appelé au nom des SSR pour faire une offre d'échange : il offre de les échanger contre une rencontre avec Neal.
Le Lion tourne brusquement la tête et ses narines se dilatent d'un coup. Il se penche soudain vers moi.
- Ils les ont ? Comment tu as vu M. Jamal ? Et comment Kallol t'as contacté ?
Je remets tout en ordre dans ma tête et lui explique la situation, de A à Z. Son visage se ferme et se glace à mesure qu'il m'écoute. Il contient sa colère, mais je la sens bouillonner de plus en plus en lui. Le voile rouge qu'il s'efforce de rejeter s'abaisse lentement sur ses yeux, assombrissant ses iris presque auburn maintenant.
- Ces salauds... il siffle entre ses doigts, le corps tremblant, ces...
Il tourne la tête, ses mâchoires se serrent si fort que j'ai l'impression qu'elles grincent. Je me tends. S'il explose ici, il retournera dans le bloc opératoire et il se fera encore plus de mal. Il est trop intelligent pour céder à ses émotions, mais combien de temps arrivera-t-il à les contenir encore ?
Je le fixe et lui tends les béquilles à côté de son lit. Les Chamois lui ont conseillé de les utiliser le plus souvent possible, même si c'est pour faire trois ou quatre pas. Il a besoin d'évacuer. Rester immobile ne l'aidera pas. Il se lève et je remarque ses mains tremblantes.
J'ouvre la porte de la chambre. Je sais qu'il n'est jamais sorti de la chambre, mais s'il reste enfermé dans cette cage, il la saccagera. Chaque pas de plus le crispe, mais nous arrivons à sortir de l'infirmerie. J'ai mon souffle constamment retenu, mais il continue même en direction du bois. Les Lions nous regardent passer avec de gros yeux. Il n'a jamais réussi à marcher jusqu'ici depuis qu'il est revenu, mais je sens que malgré la violence qu'il se fait, l'air frais et le contact direct du soleil sur sa peau lui fait énormément de bien.
Sur les derniers mètres, je suis obligé de le tenir, mais on arrive enfin dans les sous-bois. Et il s'assoit sur un tronc d'arbre et laisse tomber ses béquilles, trempé de sueur. Le hurlement de souffrance qui s'élève alors des bois fait s'envoler tous les oiseaux des arbres.
Ses yeux se rouvrent et se plantent dans les miens, tranchants et implacables comme une lame.
- Donne-lui l'entretien. Je te l'ordonne, je te supplie, je te prie... Je ne peux pas supporter... dis-moi ce que je dois faire pour que tu acceptes ! Il crie.
Il s'appuie sur ses mains et essaye de se relever, mais je l'immobilise. Je le fixe. Il n'est pas né dur. Il l'est devenu. Et il ferait tout, tout ce qui lui coûterait pour qu'eux, ne le deviennent pas. Ce n'est pas Ash qui s'exprime. C'est ses brûlures, ses plaies, ses hématomes, son orteil arraché. C'est l'acier qu'ils ont formé en le plongeant dans les flammes. Ma main remonte sur son bras et le serre.
- Je ne peux pas prendre la décision seule. Kallol m'a contacté, mais seulement parce qu'il n'a pas d'autre moyen pour transmettre le message. Je dois en parler avec les Hamus. Accompagne-moi. S'il-te-plait.
Il prend ses béquilles et se relève.
- Alors faisons-le tout de suite, il gronde.
Sauf que trois pas plus tard, ses muscles lâchent et je dois le rattraper. Je l'observe silencieusement et soupire. Sa marche a beau avoir débloqué ses articulations rouillées, nous sommes allés très loin d'un coup. Son corps n'est pas encore rétabli des tortures auxquelles il a été soumis. Problème : maintenant, il va falloir rentrer. Je pourrais le porter, mais notre dernière expérience me fait craindre de rouvrir à nouveau ses blessures.
Je le soutiens par les épaules et l'aide à se reposer contre un arbre.
- Reste-ici, je lui ordonne. Je ne veux pas avoir à te ramasser à la petite cuillère en revenant. Je vais chercher un brancard, je reviens.
Chance est que je reviens avec un Chamois en plus du brancard et nous le ramenons ensemble dans sa chambre. Mais alors que nous l'aidions à s'allonger sur le lit, il prend ses béquilles et décide de rester debout.
- Ash, tu n'es pas allongé sur un lit pour rien. Certaines de tes blessures ne sont pas encore cicatrisés. Ta jambe n'est pas encore assez forte, intervient le Chamois en fronçant les sourcils.
- Je suis effectivement le meilleur placé pour le savoir. M'avoir forcé à marcher jusqu'au bois m'a permis de me rendre compte à quel point je m'étais affaibli. J'ai besoin de solliciter plus mes muscles pour qu'ils se renforcent et se réhabituent à fonctionner normalement. La guérison ira plus vite.
Le Chamois ne semblait pas ravi, mais Ash étant une véritable tête de mule, il n'eut finalement pas le choix.
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Hi ! Une petite conversation avec les Hamus s'impose, n'est-il pas ? En tout cas, Ash reprends du poil de la bête. Du moins, quand il n'est pas à faire son borné...
La semaine prochaine vous réserve une masterclass hé hé !
A dimanche !
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