17 septembre 2018

Il était une heure du matin et le MacGregor's place était plein à craquer. Comme toujours. Nathan sirotait sa boisson en attendant le retour d'Henry, parti aux toilettes. Il était resté raisonnable. Après deux verres alcoolisés, il avait opté pour des mocktails. Il préféra garder les idées claires. Car après trois heures passées en compagnie du journaliste, il n'était plus certain d'être très lucide. Ils étaient restés plus de quarante-cinq minutes assis dans un coin du bar à discuter et à faire connaissance. Nathan cherchant à comprendre pourquoi Henry refusait de quitter son job actuel. Puis, ils s'étaient rendus sur la piste de danse.

L'enquêteur avait très vite été abordé par un autre client et il s'était laissé entraîner par cet inconnu. Ce n'était pas son habitude de draguer à outrance. Il était du genre plutôt sage lorsqu'il sortait. Cette fois, il avait agi différemment. Si Josh l'avait vu, il n'aurait sans doute plus jamais voulu de lui comme coéquipier.

Car, pour une fois, Nathan sautait littéralement sur tous les hommes dont il trouvait le physique engageant. Il avait embrassé un certain nombre d'entre eux, s'était frotté sans vergogne contre la plupart de ceux avec lesquels il avait partagé une danse. Et, même s'il était vêtu sobrement, il n'avait pas hésité à ouvrir quelques boutons de sa chemise pour dévoiler le haut de son torse imberbe.

Ce comportement désinhibé, ce n'était clairement pas lui.

Appuyé contre le bar, le policier était à la recherche d'une nouvelle proie. Il avait besoin de s'envoyer en l'air, et vite. Il termina son verre d'une traite en apercevant un homme blond d'une trentaine d'années. Il avait le look typique d'un cadre supérieur de la City. Et un physique avenant. Lorsque Nathan croisa son regard, il sut que c'était avec cet inconnu qu'il passerait la nuit. Il fit un pas mais une main se posa alors sur son épaule. Le policier tourna la tête. Il se retrouva piégé par deux prunelles émeraude qui le dévoraient avec avidité.

— Viens, lui dit simplement Henry Ruardean en lui prenant la main.

Ils quittèrent le bar au pas de course. Vingt-cinq minutes plus tard, Henry referma la porte de son appartement d'un vigoureux coup de pied avant de fondre sur les lèvres de Nathan Cromford. Un gémissement appréciateur s'échappa de la bouche de l'enquêteur.

Les vêtements des deux hommes valsèrent un peu partout dans le salon et lorsqu'ils arrivèrent dans la chambre du journaliste, ils ne portaient plus que leur caleçon.

Autoritaire, Henry Ruardean allongea Nathan sur le matelas et s'installa à califourchon sur le corps de son amant d'une nuit.

— J'espère que tu as le matos sinon je t'étrangle ! murmura alors le policier entre deux baisers langoureux.

— Qu'est-ce que tu crois ?

Leurs corps déjà luisant de sueur, entamèrent un ballet désordonné où chacun des deux hommes essayait de prendre le dessus sur l'autre. Entre sourires aguicheurs, geignements impudiques et caresses provocantes, leurs ébats prirent rapidement une allure torride.

Henry se saisit ensuite d'un préservatif et contempla Nathan en se mordillant les lèvres :

— Depuis que je t'ai rencontré, je ne rêve que de ça. Toi en moi...murmura-t-il, en rougissant.

— Tu es sûr ? chuchota Nathan.

— Sauf si ce n'est pas ce que tu veux. Je ne veux pas te forcer.

— C'est ok. J'en ai envie. Et...tu as bien dit « depuis que je t'ai rencontré » ? Tu ne serais pas un peu cinglé par hasard ? Josh et moi nous t'avons quand même considéré comme suspect...

— Putain Nathan, ferme-là. Enfile cette capote et prends-moi bordel !

— C'est si gentiment demandé... se moqua l'enquêteur en déchirant le petit étui que lui tendait Henry.

Il n'y avait rien de romantique dans leur étreinte. Ils étaient juste là pour prendre du bon temps ensemble, entre deux personnes adultes consentantes.

La tension sexuelle entre eux n'avait fait que monter depuis le matin. En découvrant Nathan Cromford sur le pas de sa porte, le journaliste s'était mis en tête de le faire céder coûte que coûte. Il avait procédé par étape, pour ne pas le brusquer. Jamais il n'aurait cru que le policier accepterait de prendre un verre avec lui. Et quand il avait aperçu cet abruti au look de mannequin allumer l'homme qu'il convoitait, il avait vu rouge. Quitte à se prendre le pire râteau de toute sa vie, il avait foncé. Et Nathan Cromford ne l'avait pas repoussé.

Henry se doutait qu'il aurait une mine épouvantable au réveil mais il voulait profiter de ce moment.

Le journaliste croyait que son amant de la nuit se contenterait d'un seul round mais alors qu'il commençait à somnoler, l'enquêteur, qui avait visiblement fouillé dans le tiroir de sa table de nuit, lui fourra un emballage dans la main. Puis il s'allongea sur le matelas et croisa les bras derrière sa tête. Son invitation ne pouvait être plus explicite.

Ce dernier hésita un bref instant. Nathan n'était pas bourré, Henry le savait. Il était donc pleinement conscient de ce qui se passait entre eux.

Quitte à le regretter plus tard, le journaliste décida de saisir sa chance, de profiter de chaque seconde et de taquiner son partenaire comme il se doit. Jusqu'à ce que ce dernier soit à la limite de la rupture et manque de réveiller tout l'immeuble par ses gémissements peu discrets.

Henry Ruardean sombra dans le sommeil un peu avant cinq heures du matin. Courbaturé, épuisé mais dans un état de béatitude complet. Il se réveilla un peu avant neuf heures en humant une délicieuse odeur de bacon. Le soleil filtrait à travers la tenture à moitié ouverte. Le journaliste constata que la place à ses côtés était vide et les draps déjà froids.

Tout à coup, il frissonna. Et si Nathan Cromford l'envoyait chier ? Regrettait-il ce qu'ils avaient fait ? Allait-il l'écarter de son enquête ?

Si Henry avait clairement passé la meilleure nuit de toute sa vie, il commençait tout doucement à reprendre pied dans la réalité.

En se rendant dans sa salle de bain, il constat que le policier y était passé avant lui. Une serviette humide était suspendue à un crochet à côté de la douche. Et l'odeur de son gel douche flottait dans l'air.

Sous l'eau chaude, Henry se demanda comment s'adresser à Nathan Cromford. Devait-il faire semblant qu'il ne s'était rien passé entre eux ?

Un peu compliqué...

Le journaliste, une serviette nouée autour de la taille, regagna ensuite sa chambre afin de revêtir un pantalon de sport et un t-shirt.

Anxieux, il se rendit dans la cuisine où il trouva Nathan en train de grignoter un toast garni de marmelade.

— Je suis allé chercher des croissants à la boulangerie du coin, il n'y avait pas grand-chose dans ton frigo...déclara ce dernier d'un ton un peu froid.

Henry bredouilla un rapide merci avant de s'installer face au policier. Il devait dire quelque chose mais les mots restaient bloqués dans sa gorge. Nathan Cromford avait préparé le petit déjeuner pour eux deux, ce n'était pas forcément mauvais signe ?

Le journaliste se servit une tasse de thé et croisa le regard neutre de son amant de la nuit. Ce dernier déposa sa fourchette sur son assiette et observa quelques instants Henry en silence. Puis, il soupira :

— Ce qui s'est passé entre nous...était une erreur. Une erreur qui ne se reproduira pas. En sachant ce que tu es...

— Comment ça, en sachant ce que tu es ? s'énerva Henry en oubliant les premiers mots prononcés par Nathan.

— Je suis flic, tu es journaliste. Tu ne vois pas le souci déontologique ? Tu enquêtes sur les meurtres de Whitechapel pour ton boss. Moi je dois retrouver un criminel et faire en sorte qu'il puisse être jugé et condamné pour ses actes. Si quelqu'un découvre que je me suis envoyé en l'air avec toi, on est mal barré. Et je refuse qu'un meurtrier soit remis en liberté parce que je n'ai pas été capable de la garder dans mon froc ! Tu nous as bien aidé mais à partir d'aujourd'hui, je te conseille vivement de trouver un autre sujet pour ton futur article.

— Tu aurais vraiment le cran de me boucler pour obstruction si je refuse ?

— Peut-être bien, oui. Alors, un conseil : ne joue pas avec le feu.

Écœuré par la manière dont Nathan s'adressait à lui, Henry repoussa sa chaise et se leva :

— Je suis fautif, c'est clair. Mais tu l'es autant que moi. Je te rappelle quand même que tu n'as pas refusé. Tu aurais pu me repousser, ne pas me suivre ici mais tu ne l'as pas fait. C'est un peu facile après coup de tout me balancer sur la tronche, tu ne trouves pas ? Casse-toi. Et n'oublie pas de prendre tes papiers.

Le journaliste se dirigea vers la porte d'entrée de son appartement et l'ouvrit pour bien faire comprendre à l'enquêteur qu'il ne plaisantait pas.

Nathan se saisit de tous les documents qui étaient restés sur la table de la salle à manger et quitta les lieux sans un regard pour le journaliste.

Ce dernier, de rage, donna un violent coup de pied dans une chaise de la cuisine lorsque son regard se posa sur l'assiette non terminée du policier.

Bien sûr, Henry avait conscience des risques. Il avait merdé en beauté. Est-ce que son attirance insensée pour Nathan Cromford lui avait fait perde les pédales ? Sans doute. Au début, il s'était convaincu que l'enquêteur était hétéro. Puis il avait émis l'hypothèse qu'il était peut-être bi et qu'il avait alors une chance de le séduire.

Quel crétin je suis !

Qu'ils aient déconné, tous les deux, n'autorisait pas Nathan à lui parler de la sorte. Certainement pas.

Putain, il ne m'a pas repoussé ce connard !

Dire qu'il espérait profiter à fond de son jour de congé !

Après un moment de réflexion, Henry Ruardean décida de contacter son patron :

« Nigel,

Après réflexion, je souhaite travailler sur un autre sujet que les meurtres de Whitechapel. Je ne souhaite pas que mes recherches entravent l'enquête officielle. Et je ne tiens pas à ce que le meurtrier, si on le retrouve, puisse s'en sortir à cause d'un article que nous aurions publié sur l'affaire. Si tu es d'accord, j'aimerais me pencher sur la disparition de cette actrice italienne lors de son séjour à Mayfair en juin dernier.

Henry. »

Nul besoin de lui en dire plus. Son boss ne devait surtout pas savoir qu'il avait enquêté en sous-marin pour Scotland Yard, sans l'approbation du supérieur de Nathan Cromford. Et que ce dernier l'avait ensuite jeté comme un vulgaire déchet après une nuit de folie.

Il faut vraiment que j'arrête d'y penser. C'est terminé.

Le journaliste, qui s'attendait à une réponse virulente de son patron, s'étonna lorsque ce dernier lui répondit, une heure plus tard. Henry avait son accord pour abandonner les meurtres de Whitechapel. Nigel avait-il reçu un appel de Scotland Yard ? Ou avait-il enfin compris qu'il y avait certaines limites à ne pas dépasser ?

Après tout, son boss avait été condamné à plusieurs reprises. Certes, il avait toujours échappé à la prison mais peut-être que cela lui pendait au nez.

Henry débarrassa la table de la cuisine et décida de garder le lit à regarder tous les films qu'il avait envie de voir depuis longtemps.

De son côté, Nathan Cromford se rendit à son bureau, tout en pestant contre sa conduite irresponsable. Et s'il n'y avait que cela, l'enquêteur avait parfaitement conscience que Josh allait le cramer dès qu'il arriverait lui aussi à Scotland Yard.

Le jeune homme essaya de se détendre avant l'arrivée de son coéquipier. Peine perdue. Lorsque ce dernier s'installa face à lui, il le fixa d'un regard pénétrant :

— Pourquoi ai-je l'impression que tu vas m'annoncer une mauvaise nouvelle ?

— Parce que c'est le cas ? On ne bosse plus avec Ruardean.

— Il s'est passé quoi ?

— Josh.

Nathan dévisagea Josh sans chercher à dissimuler son agacement. Puis il lui montra la pile de documents imprimés par le journaliste :

— Nous avons un gars qui sort du lot. Mike Frilsham a une histoire le rend bien suspect d'autant qu'il a des liens avec les autres clients de l'agence. Mais...si nous partons sur l'hypothèse d'une vengeance personnelle, où se situe Jack l'éventreur et les escorts ? Parce que ça va clairement plus loin qu'une poignée de maris infidèles.

— Et Marcus Godward, on en fait quoi ? demanda Josh.

— Aucune idée. Il est ultra clean. Trop en fait. Et peut-être qu'on est en train de se casser la tête pour rien. Que le meurtrier voulait seulement tuer Hugh et Bernie.

— Non, je n'y crois pas. Nathan, on fait ce job depuis assez longtemps pour savoir que dans ce merdier, tout est lié. Ce n'est pas simplement un petit comique qui veut faire paniquer tout le monde en recréant les meurtres de l'Eventreur. Que Hugh et Bernie se soient trouvés au mauvais endroit au mauvais moment, impossible. Et n'oublie pas cette liste de noms de code. Visiblement nos deux lascars faisaient partie d'une société secrète. Et je suis convaincu que c'est en la démasquant que nous obtiendrons nos réponses.

— Et tu comptes t'y prendre comment ? On se présente chez Leigh Orminston et on lui demande s'il a pour habitude de se faire appeler John Seymour ou Thomas Boleyn dans son cercle privé ? répliqua Nathan, sarcastique.

Josh Sharnbrook se leva et posa les mains sur le bureau face à lui :

— Nathan. Tu es un super collègue. Tu fais un boulot incroyable. Mais depuis que Greg a rompu vos fiançailles, tu es vraiment infect. Ok, je comprends. Non, pardon. Je ne peux pas me mettre à ta place, je n'ai jamais vécu ça donc non je ne peux pas comprendre. Mais il y a un moment où il faudra bien que tu passes au-dessus. Ça fait quoi, quatre ans ? Il ne reviendra pas. Il s'est marié il y a deux ans et demi avec cet acteur canadien et, désolé de devoir te le dire, il t'a complètement oublié. Relève-toi, merde ! Ce connard ne mérite pas que tu t'enfonces encore plus par sa faute. Montre-moi que tu as les reins solides et que tu vaux mieux que lui. J'imagine que si tu ne veux plus qu'Henry travaille avec nous c'est qu'il t'a fait une proposition et que tu ne veux pas prendre le risque qu'il te saute dessus ?

— C'est déjà fait, marmonna Nathan.

— Oh seigneur...tu as couché avec lui ? soupira Josh.

— Ouais. On est sorti boire un verre hier soir ensemble. J'ai passé une partie du dimanche chez lui pour bosser sur l'affaire. Les papiers, là, c'est lui qui a tout fait.

— Putain mais tu n'en rates pas une. Tu ne pouvais pas choisir un autre mec pour calmer tes hormones ? Tu sais quoi, depuis le début, je savais qu'il te plaisait. Tu as été menaçant et malpoli avec lui parce qu'il t'attirait et tu refusais de le reconnaître.

— Non c'est faux !

L'enquêteur prit plusieurs papiers devant lui, pour montrer à son collègue qu'il refusait de poursuivre la discussion. Josh soupira et se rassit tout en se promettant qu'il aurait un jour une sérieuse discussion avec Nathan au sujet de sa vie amoureuse.

Le policier désigna le bureau :

— Et donc, qu'est-ce qu'on fait ? demanda-t-il.

— Marcus Godward. On se focalise sur lui pour le moment.

— Attends. Qu'est-ce qu'on fait des clients qui ont un rendez-vous le 30 ? Même s'il ne s'agit que d'hypothèses non vérifiées, nous devons les prévenir, protesta Josh.

— Laisse-moi trois jours.

Josh accepta la proposition de son coéquipier. Et les deux hommes partirent à la recherche d'informations sur Marcus Godward.


---------------------------------

MacGregor's place : Nom de bar fictif

Alors...vos réactions ?

Allez allez n'ayez pas peur, lâchez-vous ! 

Ah oui, pour ceux et celles qui ne me connaissent pas, je ne vous ai pas expliqué...j'ai la désagréable habitude de faire suivre un moment "hot" par une " douche froide"...

Bon, comment voyez-vous le futur entre Henry et Nathan ?


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top