Chapitre XXI : Amour
Dumbledore fixa quelques instants les cinq Gryffondor face à lui. Il les avait convoqué, après une bonne semaine sans nouvelle d'Alex, en espérant qu'ils pourraient lui donner de bonnes informations.
« Elle s'est enfuie depuis une semaine, continua le directeur. Juste après qu'elle nous ait ramené sa sœur, enfermée désormais à Azkaban. Nous ne savons pas où elle est, nous nous disions que vous saviez peut-être quelque chose ? »
Sirius détourna le regard. Il avait angoissé pendant une semaine, depuis qu'il s'était aperçu qu'elle avait disparu. Se rajoutait à son angoisse le manque ressenti par son absence, qui lui faisait regretter à chaque instant de ne pas l'avoir retenu après leur dispute.
« Nous n'avons eu aucune nouvelle, déclara sombrement le jeune homme. Nous pensions qu'elle était partie en mission.
— Le Ministre de la Magie moldu nous a certifié qu'aucune mission ne lui avait été attribuée. Nous sommes assez inquiets, la fin de son séjour approche également et il serait idiot pour elle qu'après l'avoir tant attendu, elle doive rester encore plus longtemps parce qu'elle a disparue une semaine. »
Les Maraudeurs froncèrent tous les sourcils, étonnés. Lily dit :
« Quand était-elle censée partir ?
— D'ici la mi-janvier, dans un mois à peine. Elle ne vous en a pas parlé ? »
Les Maraudeurs acquiescèrent, étonnés. Ils quittèrent la pièce quelques instants plus tard, saluant le directeur. Sirius s'écria :
« Elle nous cache son identité, la date de son départ, que nous a-t-elle caché d'autres ? J'ai passé des heures avec elle, elle aurait pu m'en parler à un moment ! »
Les quatre restèrent silencieux, remarquant bien que leur ami semblait surtout souffrir de la situation qu'autre chose. Ils commencèrent à avancer dans le couloir, mais des cris les firent s'arrêter.
« Enlevez-moi les menottes, au moins ! Vous croyez vraiment que je vais m'enfuir à Poudlard ?
— Oui ! Tu l'as déjà fait, Wilson, on te connaît.
— Et le droit au changement, vous me l'accordez ? Je veux évoluer, cesser de m'enfuir ! cria Alex en se débattant pour que les Aurors la lâchent.
— Non ! Allez au diable, Alex ! s'exclama en retour l'Auror en sentant le pied de la jeune femme frapper sa jambe.
— Même le diable doit être plus gentil que vous, répliqua la rousse. Vous êtes agaçants ! J'ai l'impression que vous me tenez prisonnière depuis des siècles !
— Une journée à peine, le temps de vous raccompagner à Poudlard. Et puis, au moins, vous ne vous enfuirez pas à nouveau. »
Ils se retournèrent et virent derrière eux Alex entourée de deux hommes qui la tenaient fermement par les bras, malgré ses mains menottées à la moldue. La rousse les vit mais les ignora, préférant continuer de maudire les Aurors. James marmonna :
« Elle saigne de partout.
— Qu'est-ce-qu'elle a fait, encore... murmura Sirius en retour.
— Espérons qu'elle n'ait pas fait de bêtises... » lâcha Remus en faisant une grimace.
Les Aurors jetèrent Alex dans la pièce, lui ôtant enfin ses menottes. La rousse essuya ses poignets, comme si cela pourrait faire partir la douleur. Ils expliquèrent rapidement qu'ils l'avaient trouvé à Londres, dans un bar moldu, en train de discuter avec un cracmol bien connu de leurs services pour du trafic de drogue et de fausses baguettes magiques. Dumbledore les remercia, les invitant à le laisser seul avec la jeune femme, qui dit à peine furent-ils sortis :
« Je n'ai pas consommé de drogues, quoi qu'ils puissent en penser. Je n'ai pas voulu les informer du statut de mes recherches, parce que je ne leur accorde aucune confiance. Bien que, celle que je vous accorde est moindre, je préfère le dire à vous. »
Dumbledore fronça les sourcils. Alex s'installa face à lui et déclara, la voix un peu tremblante :
« Je suis allée au caveau des Malefoy à Paris. Il est juste à côté de celui des Lestrange. Je pensais y trouver la réponse à certaines de mes questions, surtout à propos d'une prophétie qui datait d'il y a des années dont ma mère m'avait parlé. A ce sujet, je sais que je ne suis pas la personne visée par la prophétie, ce qui me rassure. Cependant, mes recherches m'ont amené au caveau des Lestrange, où j'ai découvert un livre avec l'arbre généalogique complet de cette famille. Dont la branche lointaine de Livia. Les personnes mortes sont représentés d'un gris pâle, qui contraste bien avec le noir des personnes vivantes. »
Le directeur acquiesça, le menton posé sur le dos de ses mains jointes. Il écoutait attentivement, se doutant que si la jeune femme était tachée de sang, c'était pour une bonne raison. Celle-ci reprit :
« Le prénom de Livia était écrit en noir. »
Dumbledore resta stupéfait. Il resta quelques instants bouche bée, puis se redressa et commença :
« Cela signifie donc que...
— Livia est en vie. Je ne sais pas où, je ne sais pas comment elle a fait pour survivre, mais Livia est en vie actuellement.
— Où pensez-vous que nous devons chercher ?
— Je n'en sais rien. Je vais aider les Aurors à situer chaque lieu, chaque endroit où les Mangemorts pourraient se trouver, je ferais tout pour la sortir de cet enfer. Quoi qu'il m'en coûte. »
Alex essuya son front de la main, puis reprit :
« J'ai fait une bêtise, et je me suis retrouvée à me battre à l'arme blanche avec des Mangemorts... J'ignorais qu'ils traînaient à Paris aussi. Ils m'ont jeté un sortilège qui m'a blessé de partout, mais les Aurors m'ont aidé à me soigner, alors tout va bien. Si cela ne vous dérange pas trop, je vais aller me changer et prendre une bonne douche, tout ce sang me dégoûte.
— Soyez prudente, Miss, répliqua le directeur en lui jetant un regard inquiet.
— Je ne risque rien dans mes Appartements » dit-elle en souriant, amusée.
Dumbledore haussa les épaules, le regard inquiet. Ah, Miss Wilson l'étonnerait toujours...
⁂
Alex faisait les cent pas dans ses Appartements. Elle voulait aller parler aux Maraudeurs, mais... Mais c'était dangereux. Les Mangemorts allaient les attaquer si elle continuait de leur parler. Pourquoi continuer à être égoïste à leur parler s'ils risquaient leur vie ? La jeune femme se refit une tasse de thé, remarquant également que depuis son arrivée, elle avait bu plus de thé qu'en quatre années au total.
La rousse se prépara sa tasse de thé puis s'installa sur son canapé, un livre en main. Après une bonne heure à lire et à profiter de ce seul moment calme depuis des jours, la jeune femme entendit la voix du portrait qui gardait sa porte s'élever. Elle releva son regard vers elle.
« Miss, Sirius Black veut vous parler. Que dois-je lui dire ?
— Dites-lui que je ne suis pas là. »
La femme dans le portrait acquiesça et disparut. Alex replongea dans sa lecture, le cœur battant à cent à l'heure en songeant que Sirius était là quelques instants auparavant. Elle souffla, soulagée mais toujours angoissée, mais replongea dans sa lecture. A peine quelques instants plus tard, la porte de ses Appartements s'ouvrit, laissant entrer le jeune homme. Alex soupira et posa sa tasse de thé et son livre avant de se lever, prête à le faire sortir.
« C'est vrai que tu as l'air absente, le portrait avait raison.
— Je ne veux pas te parler. Comment es-tu rentré ?
— J'ai trouvé le mot de passe. S'il te plaît, je veux m'excuser. Tu as raison, j'aurais dû te faire confiance, je suis... Je suis désolé. Je ne veux pas te perdre. »
La rousse hésita. Il s'excusait, certes. Elle l'aimait toujours, certes. Mais pour le protéger...
« Les Mangemorts m'en veulent. Je ne peux pas vous faire vivre ça, je ne peux pas vous faire connaître la peur qu'ils s'en prennent à vous à chaque instant. Ma sœur m'a menacé de te faire tuer, Sirius, ils savent pour nous deux. Je ne peux pas te faire prendre ce risque.
— Alors tu veux tout faire tomber pour eux ? Tu vas t'empêcher de vivre par peur alors que tout peut s'arrêter demain ?
— Nous sommes en pleine guerre contre eux ! Je préfère mourir seule que de vous entraîner avec moi !
— Mais je veux rester avec toi. Je ne te laisserais pas tomber, je ne te laisserais pas tout gâcher uniquement par peur.
— Je ne te laisse pas le choix, Sirius. Quand nous aurons vaincu les Mangemorts, si tu n'as pas commencé à aimer quelqu'un d'autre, je serais enfin là. Mais en attendant, je préfère me battre pour les détruire et protéger mes proches. »
Sirius fixa quelques instants la rousse, qui avait baissé la tête. Elle murmura :
« Tu devrais y aller, maintenant. »
Le jeune homme resta immobile, pensif. Alex releva le regard vers lui, et enfin il put remarquer la lueur douloureuse qui brillait dans ses yeux.
« Je ne peux pas te faire tout gâcher, répondit-il. Est-ce-que j'ai encore une chance ? Est-ce-que tu fais ça pour me protéger ou alors juste parce que tu ne m'aimes plus ? »
Alex croisa son regard gris. Elle dit :
« Je t'aime vraiment. Mais je ne peux pas te faire courir ce risque. »
Sirius secoua la tête et la rejoint en quelques pas pour l'embrasser. La rousse s'accrocha à lui, ce baiser sonnant comme un baiser d'adieu à ses yeux.
« Tu dois t'en aller, murmura-t-elle.
— Je ne peux pas te laisser alors que tu m'aimes, Alex ! C'est totalement idiot de...
— Pars. S'il te plaît. »
Il s'éloigna vivement, puis hocha la tête et lâcha, avant de quitter la pièce :
« Je ne t'attendrais pas toutes ces années. Je ne compte pas faire comme toi à m'empêcher de vivre pour eux. »
Sirius claqua la porte derrière lui. Alex s'effondra à nouveau sur le fauteuil, le corps secoué par ses sanglots.
L'amour est douloureux quand on se rend compte qu'il peut mettre tout le monde en danger.
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