Chapitre VIII : Magie

  Voldemort était grand, vêtu de noir, les yeux rouges et le teint blanchâtre. Evidemment, il n'avait pas de nez, n'ayant que deux fentes en guise de narines, le rapprochant bien plus d'un serpent qu'un humain. Le mage noir aurait pu effrayer n'importe qui, mais pas Alex : après tout, c'était juste un homme avec une apparence détestable...

« Que voulez-vous ? demanda-t-elle. Avant de me tuer ? Vous l'auriez fait avant si vous n'aviez pas une idée derrière la tête. »

  Voldemort gardait son sourire mauvais aux lèvres. Il la fixait et la détaillait comme elle venait de le faire. Cette fille, âgée d'une vingtaine d'années, osait-elle vraiment lui parler ainsi ? Après tout, c'était une sang-mêlée, elle n'avait aucun droit de hausser le ton. Actuellement, la jeune femme avait de courts cheveux noirs ; son visage était sale à cause de la poussière des lieux et une cicatrice la marquait à la joue, dû aux sortilèges de torture que lui avaient jeté les Mangemorts pendant son sommeil.

« Je veux tout savoir sur les équipes d'espionnage. Tout. Ce qu'ils savent sur nous. Soit vous me le dites de vous-même, soit je lis dans vos pensées avant de vous tuer. Si vous parlez vite et bien, je songerais à vous garder en vie. »

  Alex sourit à son tour, moqueuse, puis attendit que Voldemort reprenne :

« Dites-moi qui sont les principaux espions sorciers.

— Vous êtes malin, déclara la rousse. Vous préférez demander auparavant les causes pour les arrêter avant de vous rendre compte des conséquences... »

  Le mage noir garda le silence, la fixant de son regard rouge.

« Je ne dirais rien. »

  D'un geste souple, Voldemort leva légèrement sa baguette vers le visage d'Alex. Elle fit une grimace en sentant une longue plaie lui traverser la joue, déversant quelques gouttes de sang sur son tee-shirt noir.

« Je ne vous dirais pas que vous êtes un monstre, cela vous ferait trop plaisir... » lâcha-t-elle en le fusillant du regard.

  Le mage noir resta quelques instants immobile, réfléchissant à ce qu'il devait faire ensuite. Alex réussit à métamorphoser son nez pour n'en faire que deux fentes. Elle rit puis dit :

« Je suis Voldemort bouhouhou je fais peur ! »

  Alex partit dans un fou rire, mi-nerveux mi-amusé, sous le regard dépité de Voldemort. Elle retrouva son nez habituel quand Voldemort lâcha, même pas un tout petit peu amusé :

« Comment s'appelle le chef espion ?

— Chef. »

  Voldemort fronça les sourcils, alors qu'Alex expliquait :

« Dans Blanche-Neige et les sept nains, les nains ont des noms différents. Il y a Prof, Simplet, Atchoum, Dormeur... Hum... Joyeux, Timide et...

— Grincheux... » marmonna le mage noir en soupirant.

  Alex lui jeta un regard étonné.

« Vous avez une culture cinématographique étrange, M'sieur. En tout cas, ça ne m'étonne pas que vous ne connaissiez que celui-là... »

  Le mage noir pointa à nouveau la jeune femme de la baguette et lui jeta un Doloris. La jeune femme parvint non sans mal à contenir ses cris, gémissant malgré tout sous la douleur. L'impression qu'on lui détruisait tous ces muscles était horrible... Terriblement horrible.

« Je ne dirais rien ! hurla-t-elle. Vous pourrez tout tenter, tout essayer, je ne suis pas aussi lâche que vous ! »

  Une longue heure passa. Voldemort la torturait, la manipulait, tentait de lire dans ses pensées... Rien ne fonctionnait. Étonnement, la rousse parvenait à le bloquer, l'empêchant d'aller plus loin que des souvenirs d'enfance, de Poudlard ou de soirées où elle était allée. Après cette heure, la rousse pleurait, souffrant à cause des larmes qui passaient sur ses nombreuses plaies.

« Vous êtes horrible, parvint à dire Alex. Laissez-moi réfléchir, seule. J'ai besoin d'être seule. »

  Voldemort secoua la tête, moqueur, et s'apprêta à rajouter quelque chose. Cependant, il y eut des bruits sourds dans le couloir. Le mage noir se leva, sourcils froncés, et se dirigea vers la porte à pas lents, sous le regard fatigué d'Alex. Il n'eut pas le temps d'aller dans le couloir, l'accès à la pièce explosa, laissant se découvrir un Auror. Un bouclier protégea Voldemort d'un sortilège, qui en lança un à nouveau sur l'adversaire.

  Le regard un peu flou, à cause de la douleur et de la fatigue, Alex en profita pour se tortiller sur elle-même afin d'atteindre sa poche, les mains toujours retenues par les cordes. L'angoisse la saisissait, la peur de ne pas réussir à survivre à ce mage noir sans pouvoir elle-même exercer la magie. Pourtant, il fallait qu'elle essaye, pour pouvoir dans le pire des cas mourir en sachant qu'elle avait tout tenté. Tout en réfléchissant, Alex parvint non sans mal à atteindre sa petite dague. Tremblante, il lui fallut plusieurs essais pour réussir à faire tomber la chaise où elle était assise et attachée au sol. A côté d'elle, des bruits de sortilèges, de soupirs et de grognements se faisaient entendre, renforçant sa peur et son angoisse, quand enfin elle put avoir un accès plus facile aux cordes qui la retenait par les mains. La rousse les découpa en une dizaine de minutes, un temps occupé également par Voldemort qui se battait contre quelqu'un qu'elle ne parvenait pas à distinguer.

  Quand enfin elle fut libérée, Alex marqua un moment d'arrêt pour reprendre son souffle. Ses poignets étaient rouges et douloureux à cause des cordes. Ses membres la faisaient souffrir, les Doloris lui laissant des crampes et le sang tâchant légèrement ses vêtements, le rouge ne marquant cependant que très peu sur le noir.

  Après avoir respiré, la jeune femme se leva avec difficulté puis partit chercher dans les meubles après son pistolet. Celui-ci avait été caché par Voldemort, pour d'obscures raisons : pourquoi l'avait-il gardé ? Enfin, au moins, Alex avait de quoi se défendre... A côté de l'arme moldue se trouvait l'étui avec la baguette. Peut-être qu'il fallait la prendre ? Un cri de l'Auror la convaincu : elle glissa l'étui dans sa poche, se promettant de ne l'utiliser qu'en cas d'urgence.

  Cette fois-ci assurée et confiante, la rousse se tourna vers le mage noir et le pointa avec son pistolet, avant de tirer. Le bouclier le protégeant arrêta la balle. Alex s'arrêta, le coeur battant. Que devait-elle faire ? L'homme contre lequel Voldemort se battait paraissait faiblir, les cris de douleur s'intensifiaient et la peur l'envahissait. Elle estima qu'il valait mieux l'aider... La jeune femme prit la dague et vint poignarder Voldemort de dos. La peur et le dégoût la faisait frissonner. Le mage noir s'abaissa légèrement sous la douleur, mais en profita pour jeter un Avada Kedavra à l'Auror face à lui qui s'effondra. Il se tourna ensuite vers une Alex qui souriait nerveusement, imaginant déjà ses dernières heures arriver. La jeune femme, sous la panique, fit la seule chose qu'elle parvenait à faire : un coup de genou dans la cuisse. Voldemort haussa uniquement un sourcil, n'ayant ressenti aucune douleur. Alex déclara en faisant une grimace :

« Je vais parler, tout vous dire à propos des espions. »

  Voldemort sourit, satisfait. Il s'apprêtait à refermer la porte lorsqu'un autre Auror arriva, prêt à aider Alex. La jeune femme posa le regard sur l'homme au sol que le mage noir venait de tuer, cherchant à voir qui était le pauvre Auror : elle eut la surprise de voir son ami Andrew. Les larmes lui montèrent immédiatement aux yeux, assorties d'une haine incommensurable et d'une terrible envie de hurler. Ses armes moldues étaient inutiles, et ce pauvre homme qui se battait désormais contre Voldemort risquait de connaître le même sort qu'Andrew. Alex essuya une larme sur sa joue, puis posa le regard sur l'étui dans sa poche. C'était un de ces moments critiques. Elle n'avait plus le temps de réfléchir, il fallait qu'elle les sauve.

   Prise d'une hargne qu'elle ne savait pas posséder, la rousse sortit l'étui de sa poche, juste avant la baguette, qui se mit à émettre d'étranges étincelles rougeâtres. Un frisson s'empara d'Alex, qui avait envie de vomir. La magie la dégoûtait, cette magie qui coulait en son sang, ce sang qu'elle-même jugeait impur...

  La jeune femme releva la tête. L'Auror poussa un grognement plaintif et s'effondra, main sur la hanche. Il saignait abondamment. Voldemort referma la porte et se tourna vers Alex, qui lui dit :

« Je vous déteste plus que tout au monde. Vous avez causé la mort des deux sorciers les plus proches de moi. »

  Le mage noir ricana, bien qu'il ignorait de quelle personne Alex parlait, autre que celui qu'il avait tué quelques minutes avant. L'autre, celui qui saignait, n'était pas mort... La rousse pointa la baguette sur Voldemort, qui se moquait ouvertement d'elle.

« Endoloris !

— La demoiselle est si énervée qu'elle ose me jeter des sortilèges impardonnables ! Etonnant. »

  Ils échangèrent quelques sortilèges, simples pour la rousse qui retrouvait peu à peu sa force, plus complexes pour Voldemort qui ne souhaitait pas perdre de temps. Puis, Alex sembla s'agacer : cet homme avait tué Andrew, avait tué tellement de gens, et elle ne parvenait même pas à le fuir.

  Il fallait qu'elle survive. Il fallait qu'elle lui prouve qu'elle était forte. Son coeur battait à cent à l'heure, elle avait l'impression que seul n'existait plus au monde que ce combat contre ce monstre. Focalisée là-dessus, elle ne se rendait pas compte de l'étrange réaction que sa magie avait après tant d'années sans l'exercer. Après quelques minutes encore, la rousse sentit une vive brûlure dans le bras. Toute sa magie jaillissait de sa baguette. Alex poussa un cri presque surhumain, à deux doigts de tomber de douleur. Comment était-ce possible que cette brûlure vive vienne de sa magie ?

  La haine déborda. A peine eut-il frôlé grâce à un sortilège le bras d'Alex qu'une énorme boule de lumière blanche sortit de sa baguette, se dirigeant droit sur Voldemort, qui s'envola en même temps en traversant le mur dans un grand craquement.

 Des Aurors arrivèrent en courant quelques instants plus tard, après s'être battus contre plusieurs Mangemorts. Ils trouvèrent la partie de la maison où Alex se situait entièrement détruite. Il ne restait que des gravats, des pierres et la rousse, au centre, le toit à deux doigts de s'effondrer sur elle. Elle était le seul point coloré et encore debout de la grande salle. Elle tourna son regard bleu vers eux et après être restée tremblante quelques instants, les larmes roulant sur ses joues, elle s'effondra en tombant au sol, sanglotante. Un homme accourut à ses côtés, puis remarqua la baguette qu'elle tenait entre ses mains. Il lui jeta un regard effaré, alors qu'elle murmurait des paroles incompréhensibles.

  La suite fut floue pour elle. Alex sentit qu'on l'emmenait, mais elle ne savait pas où. Elle s'en fichait, finalement.

  Elle souhaitait juste que tout ceci ne soit qu'un cauchemar.



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