Chapitre 1 - Quel est ton nom ?
Il y a longtemps des sorcières étaient chassées par les humains. Leurs pouvoirs les terrifiaient.
Un jour de tumulte, trois jeunes sorcières trouvèrent refuge sur un territoire habité par des loups-garous. L'Alpha ne pouvait pas les laisser mourir alors il les aida.
Il dit à ses guerriers sous forme humaine de les trainer sur une autre piste. Ainsi espions, les loups-garous emmenèrent les humains armés vers une autre forêt. Ces êtres n'ayant pas un odorat et une ouïe développés se perdirent dans l'antre des arbres. Nul ne sut ce qu'il advint d'eux ensuite.
En remerciement, les sorcières érigèrent une immense barrière en forme de dôme. Éloignées, tout autour de la barrière, elles posèrent leurs mains devant elles et commencèrent à remplir l'espace d'incantation inconnue des loups-garous. Ceux-ci avaient bien sûr peur de ce que les sorcières pouvaient faire. Après tout, les loups-garous et les sorcières étaient des ennemis naturels. La méfiance était présente, mais une fois que la barrière majestueuse fut formée, l'Alpha ne put que sourire à ces femmes.
Grâce à elles, les loups-garous purent savoir quel genre d'êtres entreraient dans le territoire : humains, loups-garous, sorcières et sorciers, vampires... et prévoyaient ainsi les attaques-surprises, étant donné que les loups ne pouvaient théoriquement pas voir ce dôme magique.
Avant que les sorcières ne partent, elles demandèrent un peu de sang de l'Alpha, de sa compagne et de leurs deux fils. Dans un chant lyrique, elles mélangèrent le liquide rouge avec la barrière invisible puis s'en allèrent. L'Alpha ressentit leur départ par le lien de meute.
Ainsi, depuis ce jour, les intrus qui la traversaient étaient repérés rapidement et mis hors d'état de nuire. Le seul défaut est qu'elle n'entourait que l'endroit où les habitations se trouvaient et pas l'ensemble du territoire qui était déjà immense.
– Merci Barde.
La voix de l'Alpha ainsi que les applaudissements me fit rouvrir mes paupières. Je souris avec bienveillance à la foule attablée pour le dîner. Le chef de la meute commença son repas puis les autres le suivirent dans la dégustation des mets.
Assise près de lui, je sentis son pouvoir battre en cœur avec le rire des membres de sa meute. Cela faisait une semaine que j'étais arrivée sur ce territoire et je convenais de me dire que cet Alpha était étrange. Très calme, presque effrayant.
Je risquai un coup d'œil sur cet homme imposant. Ses doigts tenaient l'argenterie avec grâce. Il coupait méthodiquement la viande pour la porter ensuite à sa bouche. Rien ne coulait, rien de débordait, tout était à sa place.
Soudain, il tourna son regard vers moi. Nos yeux restèrent rivés l'un dans l'autre. J'étais envoûtée par ses prunelles noires aux reflets dorés. Son loup se réveillait et ma louve fit de même en pointant le bout de son museau vers cet Alpha.
Effrayée, je détournai le visage avec rapidité. Il était impossible que cet homme soit mon âme-soeur. Ma moitié n'était plus de ce monde depuis des années. Et c'était la raison de mes voyages en tant que barde. Je ne pouvais plus supporter de rester prisonnière dans un endroit chargé de souvenirs. Un lieu rempli d'amour, mais de tristesse et de solitude aussi.
Je calmai les battements de mon cœur tandis que ma louve restait à l'affût. En surface. Cet esprit animal qui partageait mon corps restait d'habitude calme et serein, mais elle me protégeait avec hargne depuis que j'étais sédentaire.
Je sentis toujours le regard de l'Alpha sur mon visage. Il m'observait. Sûrement aussi pensif que moi. Quand il s'aperçut que je repris mon repas, il fit de même. Le brouhaha des discussions vibrait avec les tintements de nos couverts.
Mais cette attirance était toujours présente. Même lorsqu'il se leva. Même lorsqu'il marcha. Même lorsqu'il referma la porte derrière lui.
Les femmes et hommes se levèrent à leur tour. Certains restèrent pour me donner des présents, des bijoux principalement. D'autres me firent un signe avant de partir de l'immense salle à manger pour regagner leurs maisons.
Je restais plusieurs heures avant qu'on ne me raccompagne vers la petite maison où je logeais. D'un pas traînant, j'admirais le paysage forestier tout en laissant la jeune fille qui me guidait partir chez elle. Les constructions étaient entourées par les troncs d'arbre. Je me demandais comment ils géraient les racines des plantations qui remontaient à la surface. Les arrachaient-ils ? Ou construisaient-ils leurs maisons dans un endroit autre ?
Ma contemplation se finit lorsque je sentis l'odeur alléchante de l'Alpha de cette meute. En m'approchant de la porte de mon habitation, j'hésitai à tourner la poignée. Je me mordis la lèvre en sentant ma louve gigoter dans mon esprit. Elle voulait le voir. Complaisante, j'entrai.
Il était adossé à un mur, son corps tourné vers la baie vitrée qui donnait une vue sur la nature.
– Alpha, soufflai-je en restant près de la porte.
– Auric, m'informa-t-il.
L'homme se retourna et s'approcha de moi à pas mesurés. Des pas calculés, lents, presque oppressants. Mais après avoir fait des voyages, je comprenais ce moyen de domination que possédaient les Alphas sur ma personne. J'étais une invitée, mais aussi une louve solitaire qui n'appartenait à aucune meute. Personne ne savait d'où je venais, ni qui j'étais. Même moi je commençai à l'oublier. C'était les dangers d'une vie longue et d'une mémoire sélective.
Je sentis une caresse douce m'effleurer la joue droite. Je fermai les paupières et me penchai vers cette main chaude. Elle était rugueuse, comme celle d'un travailleur acharné, mais si douce sur ma peau.
Ma louve huma l'air, conquise. Son odeur nous enveloppait. Chaleureuse et bienveillante.
– Je souhaite que tu me racontes une autre histoire.
Je ne fus que peu surprise. Certaines personnes voulaient écouter plus d'une histoire par jour. Et cela ne me dérangeait pas. Mais Auric était une personne différente. Cette attraction entre nous était incompréhensible. Presque dangereuse.
Dans quelques jours, je partirai de ce territoire pour voir de nouveaux horizons, mais y arriverai-je ?
– Où...où est ta moitié, celle qui t'aime, et qui te complète ? demandai-je avec une certaine crainte.
J'espérai qu'elle soit déjà disparue, même si c'était une pensée cruelle. L'idée que son âme-sœur soit encore introuvable alors qu'il avait la trentaine n'était pas un bon signe. Son loup devait être dans une rage noire et pourtant Auric semblait calme à l'extérieur. Cet homme se contrôlait bien, plus que bien même.
– Si je te raconte mon histoire, tu devras me raconter la tienne.
Son pouce effleura ma lèvre inférieure avec lenteur. Mon souffle coupé, je repris mes esprits et m'éloignai de son corps tentant. Dans un geste protecteur mais qui était inutile, je croisai les bras sous ma poitrine.
– Hors de question, lançai-je en marchant vers les escaliers.
Cependant, Auric utilisa sa vitesse supérieure pour se placer devant moi. Juste à quelques centimètres de mon corps. Je pouvais sentir son odeur enivrante et exquise. Avec un effort démesuré, je fermai les yeux et agrippai mes bras plus fortement.
Dénier un Alpha comme je l'avais fait était stupide. Ma réponse avait été lancée sans réfléchir. Pourtant je le savais. Je savais qu'il ne fallait pas énerver un Alpha. Je l'avais bien compris durant certaines de mes altercations avec ces chefs de meute.
Mon corps devint traître et se mit à trembler. Des micros tremblements qui ne passaient pas inaperçus aux yeux d'Auric.
– Je ne te ferais pas de mal. Jamais, Barde. Ne sens-tu pas ce lien entre nous ?
Il avança de nouveau sa main, et je ne reculai pas. Je voulais sentir sa chaleur encore. Je voulais ce bien-être même s'il était momentané. Je relâchai doucement la pression de mes bras et me laissai aller contre son torse. Un instant de confort n'était pas un danger, n'est-ce pas ?
– Je sens le lien, mais nous ne sommes pas âme-sœur, dis-je en resserrant mes bras autour de sa taille tout en inhalant son odeur de mâle.
Soudain, il se détacha de moi et me porta. Je lâchai un cri en attachant mes jambes à son torse. Mon visage contre son cou, je le laissai monter les marches. Sa proximité fit grogner ma louve de plaisir. Et il fallut que mon contrôle lâche à ce moment précis. L'odeur de mon désir s'intensifia lorsqu'il me déposa sur le lit. Le souffle court, j'attendais qu'il m'embrasse, mais ses lèvres restaient obstinément à quelques centimètres des miennes.
Auric se leva du lit alors que je restais allongé et se déshabilla. Je ne savais pas à quoi il pensait. La situation m'échappait et la frustration remplaça le désir.
– Tu dois me raconter ton histoire, affirma-t-il.
Une réplique voulut sortir de ma bouche, mais il s'approcha de moi, nu, et retira mes chaussures et chaussettes. Immobile, je le laissai me toucher en observant chaque geste. Calme. Précis.
Cet Alpha avait un bien meilleur contrôle que le mien. À aucun moment, mon nez n'avait senti un excès de désir. Il avait dû avoir des années d'entraînements pour se maîtriser à ce point.
Après m'avoir mise sous la couverture, il s'allongea près de moi et attendit. Incrédule, je le fixai avec de grands yeux. Au bout de plusieurs minutes où nos souffles rythmaient les bruits de la pièce, je lâchai un petit rire. Cette situation était totalement inédite.
J'avais à mes côtés un homme puissant et nu dans un lit confortable et ce qu'il souhaitait était entendre des récits que des membres de ma famille me contaient.
Mes lèvres s'ouvrirent, mais aucun son n'en sortait. Moi qui racontais pendant des journées entières des histoires, les paroles ne traversaient plus ma bouche dès qu'Auric planta son regard dans le mien.
– Que veux-tu savoir ? me résignai-je à demander.
– Quel est ton nom, Barde ?
Mes paupières clignèrent rapidement sous la surprise. Un sourire s'afficha sur mon visage alors qu'Auric restait impassible. Ses traits durs me faisaient penser à mon père qui possédait un air renfrogné en tous temps sauf quand nous étions seuls. Cependant, Auric n'était pas grincheux comme mon paternel, au contraire, sa bienveillance malgré cette mine renfermée me mettait à l'aise comme me gênait. Je n'arrivais pas à le déchiffrer. Je ne pouvais rien anticiper, de ses mouvements, de ses paroles, de ses pensées. J'étais aveugle avec Auric.
Mais je n'hésitais pas à donner une partie de mon identité à cet homme.
– Karen. Je me nomme Karen.
Tous les chapitres seront un peu près de cette longueur. J'espère que ce chapitre vous aura plu !
J'ai oublié de vous dire, ce sera une histoire courte ;)
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