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(Coucou, chapitre un peu... long haha. par contre, je ne suis pas trop convaincue, donc je verrais pour le changer bien plus tard !
Ne me demandez pas la suite, je ne sais pas du tout ce qu'il doit se passer. Je n'ai pas la trame du chapitre d'après, mais des autres oui XD putain... elle va morfler ! Oupsyyy.
BON, avez-vous trouvés ce que sont les MacKay ainsi que Dam ????)
Cynthia,
Dans la salle de bain, j'observe mes traits. On pourrait avoir l'impression que j'ai fait une nuit blanche. Pourtant, je me sens bien. J'ai même la sensation d'avoir dormi pendant trois jours d'affilés ! Mais mon corps n'est pas aussi détendu. Mes cernes sont creusés à la limite du violet. J'opte pour mettre du correcteur. Aucune envie que mes hôtes pensent que je dors mal !
Prête, les cheveux attachés en queue de cheval et bien remonté au plus haut, j'entreprends de gagner le premier étage. Ma main glisse sur le bois laqué de la majestueuse rambarde. Elle a de magnifiques ornements qu'on pourrait croire qu'ils ont été faits spécialement pour les MacKay. Arrivée en bas, je me stoppe. Les voix des hommes s'élèvent. La conversation ne semble pas joyeuse.
- Il va être pendu demain à l'aube, annonce Steafan, sûrement à son frère.
Je me retourne sur la dernière marche pour regagner ma chambre, mais un craquement à mes côtés résonne. Démasquée. Mes yeux tombent sur Lord Keith, qui n'est qu'à quelques mètres de moi. Le visage haut, les lèvres étirées, il me dévisage.
- Vous écoutez aux portes ?
Sa question fait monter le rouge à mes joues. Je suis comme prise sur le fait, alors que je n'ai rien fait de mal ! Il a quand même la force de me mettre mal à l'aise !
- Heu... non. J'allais...
Sans attendre la fin de ma réponse, il repart dans le salon. Les bras dans son dos, les mains liées, il ne se retourne pas une seule fois. Son air qu'il se donne commence à me taper sur les nerfs !
Bon, je n'ai plus qu'à me lancer ! Je fais les derniers pas jusqu'à l'encadrement de l'arche. Sous mes yeux se tiennent debout Steafan, Keith et leur chauffeur. Ce dernier ne porte pas son uniforme. Je suis étonnée par sa beauté. Elle est encore plus frappante que l'autre jour. Peut-être est-ce parce qu'il n'est plus tenu par son rôle ?
Les trois hommes sont grands, bien développés et bien habillés. Il n'y a aucun doute quant à la peur pour leurs vies. Ils n'ont pas de soucis à se faire. Ils doivent faire fuir leurs adversaires ! Les voir ainsi, dans des postures qui les rendent nobles, me met mal à l'aise. Je me sens désormais si petite.
Lord Steafan est le premier à me saluer. Et le seul. Je lui réponds, la voix faible. Le chauffeur au regard de braise me dévisage. Il me faut un certain temps pour m'en rendre compte. J'étais en train de me perdre en lui. Pourtant, il n'y avait rien de lisible. Aucune émotion n'est transmise. Comme s'il en était dénué !
Mince, je n'ai pas le droit de les regarder dans les yeux ! Je crois comprendre pourquoi. Ils ont tous de magnifiques yeux. Des yeux dans lesquels ont voudrait s'y perdre, y lire tout ce que l'ont désire. De l'amour, de l'envie, du désir, de la passion. Tout ce que je ne vois pas.
- Baissez les yeux, ordonne Keith froidement.
Sa voix claque dans la pièce. Elle est inattendue et brutale.
- Keith, soupire son frère, visiblement agacé. Cynthia, allez vous restaurer. Tout est prêt.
Ma tête se secoue en signe d'accord. Mais je ne parviens pas à bouger. Je dois traverser le salon et passer près des hommes qui me fixent avec une certaine attention. Courage. Plus vite c'est fait, plus vite je pourrais me réfugier dans la nourriture. Je fais quelques pas et essaye de me faufiler entre le chauffeur et Keith, mais ces derniers ne bougent pas d'un poil. Hors de question de les bousculer ! L'idée de sentir leurs muscles cachés sous leurs vêtements me crispe.
Voilà, mes hormones me jouent des tours ! Cool, il ne me manquait plus que ça.
- Le tueur a été arrêté, déclare Keith, sur le même ton qu'auparavant. Il a essayé de faire de vous sa prochaine victime. Mon frère et moi l'avons empêché à temps.
Cette déclaration me fout un coup. Je porte ma main à mon cœur, tentant de calmer les battements irréguliers de mon cœur.
J'ai failli mourir ! Je n'arrive pas à y croire ! Mon cœur se compresse et ma respiration se fait plus difficile.
- Probablement énervé, il a égorgé son ancienne assistante, a battu sa femme, abusé et égorgé sa fille. C'est un de ses amis qui l'a retrouvé, encore dans la chambre de sa fille, qui a appelé la police.
Oh merde. Parce qu'ils m'ont sauvée, une fille a été agressée et la mère a été battue. C'est horrible. Bien que ce n'est pas de ma faute, je ne peux m'empêcher de me sentir mal. Deux personnes ont payé à ma place. Ce n'est pas un cauchemar, ni même une histoire. C'est la réalité.
Lord Keith boit ma réaction avec joie. Il ne se cache pas. Un sourcil arqué, il attend que je dise quelque chose. Puis, il finit par soupirer et s'écarter.
- Mon ami Dam Kinley va vous surveiller. Il vous tiendra compagnie quand vous vous sentirez seule. Mais il ne parlera pas.
Ça en plus ? C'est trop. Je ne veux pas d'un garde du corps ! Surtout pas s'il ne peut pas me parler ! Et puis, c'est terminé puisque l'homme va être pendu. Je ne risque donc plus rien.
Je vais pour contester, mais il me fait signe d'avancer. Sa main se lèvre et désigne la salle à manger. Voilà qu'il me congédie.
- Heu... merci.
C'est tout ce que je trouve à dire. Les mots ont beau se bousculer dans ma tête, je n'arrive pas à aligner trois phrases. Je lâche un soupir. Je dois absolument me reprendre.
- Merci, me reprends-je. Sans vous... mais je n'ai...
- Vous êtes notre invité, me coupe-t-il. Nous vous protégerons le temps que vous êtes sous notre toit. Maintenant, allez prendre votre petit-déjeuner, nous avons une journée remplie.
Je secoue la tête en signe d'accord, avant de quitter le salon. La porte atteinte, je sens toujours leurs regards posés sur moi. C'est assez gênant. Mes pas me mènent vite à la chaise tirée. Je m'assieds, nerveuse. J'avais faim, il y a encore quelques minutes. Désormais, j'ai une boule au ventre. Ce que je viens d'apprendre ne cesse de tourner en boucle.
Perdue dans mes pensées, un grincement m'en sort. À ma droite, Dam Kinley s'assoit. Il a le visage tourné vers la porte de la cuisine.
Je me perds à le contempler. Il est beau et a un charme ancien. C'est même à se demander s'il ne sort pas d'un vieux film noir et blanc. Il lui manquerait plus qu'un chapeau haut-forme et un veston.
Ses traits se modifient. Un sourire étire ses lèvres. Mince, il doit me voir en biais en train de le mater. Je baisse la tête vers le bol vide. Mes yeux sont attirés par la nourriture qui est disposée sur la grande table. Finalement, ça a l'air succulent. Je pioche un peu de tout. L'appétit me gagne.
Il y a bien six cents questions qui me turlupinent. Je ne peux même pas les poser à mon camarade. Il n'y répondrait pas. Pourtant, j'ai très envie d'en savoir plus. Ce qui est normal. J'ai quand même été la proie du tueur, à même pas deux jours de mon arrivée.
- Monsieur Kinley ?
Pas de réponse. Même pas un regard dans ma direction. Très bien, je vois.
Le silence est pesant. Je prends ma cuillère et la porte à ma bouche. Les céréales croustillantes associées avec des morceaux de fruits sont un vrai régal. Je suis d'humeur taquine et je n'ai pas dit mon dernier mot ! Comme mon accompagnateur de daigne pas bouger, je décide de l'agacer.
- Oh, c'est vraiment. Vous voulez goûter ? Tout est vraiment délicieux ?
Mes questions restent sans réponses. Je mets sous son nez un morceau de shortbread. Il n'a même pas le réflexe de s'écarter. Toujours droit comme un i, il reste figé sur la porte en face de lui. J'ai bien conscience d'être pénible. Comme je n'obtiens aucune réaction, j'abandonne. Cet homme ne m'adressera jamais la parole. Tant pis, je dois me faire à l'idée. Ou peut-être est-il muet ? Voire même sourd ? Je n'y avais pas du tout pensé ! Si c'est le cas, je dois avoir l'air d'une conne.
Je pose la nourriture dans l'assiette à côté de mon bol. La tête relevée, je découvre avec surprise une ombre au loin, derrière le chauffeur. Elle approche petit à petit. Je suis comme fixée, sans pouvoir me détourner. Quand les yeux d'or de Keith plongent dans les miens, je détourne enfin la tête. Son visage est sombre. Je n'aime pas ce que j'y vois. De l'énervement. Non, c'est bien plus que ça, mais je ne saurais dire quoi.
Il marche lentement jusqu'à moi. Son menton désigne mon corps.
- Vous pourriez au moins prendre des vêtements corrects, lance-t-il, amusé. Vous avez une tâche.
Instinctivement, ma tête se baisse. Il n'y a rien. Je prends le temps de tirer sur mon fin pull. J'ai beau chercher, je ne vois aucune tâche. Dans mon champ de vision apparaît un fin et long doigt pâle. Il frôle mon nez avec douceur, avant de disparaître.
Je relève mon visage, totalement perdue. Que vient-il de se passer ? M'a-t-il fait une blague que font les enfants ? Lord Keith contourne ma chaise, pour s'accroupir à ma gauche. Son doigt se balade sur mes épaules et termine sa balade en enroulant une mèche de mes cheveux. Il s'amuse avec, sous mon regard perdu.
Je ne me sens pas bien. Il est beaucoup trop proche. Son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien. Je peux sentir son odeur qui me fait drôlement vibrer. Oppressée. C'est le mot. Je me sens oppressée d'être à ses côtés.
- Ce n'est qu'une blague, souffle-t-il à mon oreille. Maintenant que le tueur a été arrêté, vous allez peut-être rentrer chez vous... plus vite.
L'étonnement doit se lire sur mon visage, car il sourit radieusement. Je suis bien trop interloquée pour m'arrêter sur sa beauté.
Son doigt finit par lâcher mes cheveux et glisser sur ma joue. Il la caresse, sans lâcher des yeux mes lèvres. Mes doigts se crispent sur la cuillère. Je ne sais pas du tout comment réagir à ce qu'il se passe. L'idée de m'écarter brutalement trotte dans ma tête.
Un sourd grognement retentit dans la pièce.
- Keith.
C'est un accent anglais. Je n'avais jamais entendu cette voix auparavant.
Keith se fige. Sa mâchoire se serre et ses yeux se posent sur l'homme à ma droite. Dam Kinley. C'est lui qui vient de parler. Il n'est donc ni sourd, ni muet, mais doté d'une sacrée force mentale. Me supporter sans craquer, c'est vraiment un exploit !
- Ne t'amuse pas, grogne Dam Kinley en anglais. Reste dans tes chaussures.
Un air narquois transforme les traits de mon hôte. Sa main se retire et s'appuie sur le dossier de ma chaise.
Les quelques notions d'anglais me sont bien utiles. Je suis bien contente d'avoir suivie mes cours.
- Voyez-vous ça, mon fidèle ami me dit quoi faire... bien !
En quelques instants, il se redresse et part en cuisine. Sans se retourner une seule fois. Le soupir qui s'échappe d'entre mes lèvres évacue toute la tension qui m'habitait. Un peu perdue, je me tourne vers Dam. Il a repris sa position.
J'ai pu constater que sa voix est grave et douce. Elle inspire la confiance.
- Merci, ça devenait assez étrange.
Aucune réaction, comme s'il ne m'avait pas entendue. Les secondes passent et je reprends mon petit-déjeuner. La scène repasse sans cesse. Lord Keith tente de me faire quitter sa demeure. Je ne sais pas du tout quoi penser de ça.
Lorsque j'ai fini, je quitte la table. Dam m'imite sans dire mot. Son corps s'élève et suit mes pas jusqu'à l'escalier. OK, je ne vais pas supporter l'avoir autour de moi. Au beau milieu des marches, je pivote pour lui faire face.
- Vous n'êtes pas obligé de me suivre. Ça va aller, je ne risque rien.
C'est vrai, après tout. Le meurtrier vient d'être arrêté. Je n'ai pas à me sentir en danger.
Comme je n'obtiens aucune réponse, je continue sur un ton plus doux.
- En plus, je vais m'apprêter, avant de sortir avec Lord Keith. J'aimerais un peu d'intimité.
Je triture mes doigts, derrière mon dos. Je n'aimerais pas qu'il prenne mal mes mots, pensant qu'il m'est pénible.
Une froideur à mon bassin se répand. La force qui s'appuie à mon dos me fait tomber en avant. Machinalement, mes mains se mettent en avant. En quelques instants, je me retrouve plaquée contre l'ami des MacKay. L'impact est net, brutal. J'en ai le souffle coupé. Ma tête tourne un peu.
Avec lenteur, je parviens à me reprendre. Les bras de l'homme sont refermés sur moi, me retenant prisonnière. Ma main gauche est plaquée contre son épaule et l'autre contre son ventre. Je sens à travers le fin tissu noir ses muscles. J'en suis même étonnée. Mon visage se relève pour percevoir les traits de Dam inquiets. Nous sommes vraiment très proches. C'est déconcertant. Il n'aurait qu'à se baisser de quelques centimètres pour me voler un baiser. Mais il ne fait rien, à part me contempler, les sourcils plissés.
- Wouah, vous êtes fait en acier ? plaisanté-je. Je vous vois bien en tant que Clark Kent. Ne manque plus que les lunettes et le costume !
- Je n'aime pas les collants, chère dame. Et votre super héros est bien trop faible.
Il m'a parlé ! J'en suis très heureuse. Mes dents mordillent ma lèvre inférieure, tentent de cacher mon sourire. Je sais pertinemment que je suis émotive. Trop d'ailleurs. Ça devient un problème. J'ai beau tenter de me contrôler, c'est plus fort que moi.
- Je ne vous dérange pas ? émet la voix froide de Keith.
Mes yeux le trouvent en bas de l'escalier. Je me détache de son ami, les joues rougies par la honte. Je murmure quelques mots incompréhensibles. Savoir qu'il pourrait s'imaginer tout et n'importe quoi m'agace. J'ai juste été poussée. Juste. Je jette un coup d'œil derrière moi. Rien. Je n'ai quand même pas rêvé ? Quoi que, Dam aurait vu la personne derrière moi. Puis, je l'aurais entendu marcher.
- Baissez les yeux, ordonne mon hôte. Vous serez gentille.
Le visage de son ami se resserre. Il ne semble pas aimer la façon dont Keith me traite ; avec froideur. De façon très alluré, Dam se tourne et dévale les marches. Il disparaît hors de la maison.
La tension monte. Lord Keith grimpe jusqu'à moi. Même une marche plus bas, il est toujours plus grand. Cela en est intimidant.
- Ne vous imaginez rien, siffle-t-il. Il n'est pas intéressé par les petites filles.
Ses derniers mots me heurtent. Il me prend pour quoi ? Une gamine ?
Je serre mes poings.
- Je ne suis pas une petite fille, mais une femme.
Ma répartie le fait sourire. Il prend le temps de me détailler de ses yeux brillants.
- Vous en avez l'air, ma belle. Si vous voulez me faire changer d'avis, vous savez ce qu'il vous reste à faire...
Il ne termine pas sa phrase et observe ma réaction. La bouche entrouverte, je n'arrive pas à répondre. Ce qu'il se passe entre nous ressemble à un jeu de drague. Exactement comme dans les romances. C'était même le thème de mon premier livre. Je sais donc de quoi je parle.
Sauf que là, ça me dérange. Cet homme, je ne le connais pas vraiment. À part ce qu'il a daigné me dire via mail. Oui, il est vraiment charmant. Beaucoup même. Mais est-ce une raison pour se laisser draguer, voire jusqu'à coucher ensemble ? Pour moi, non.
Wouah, je me fais vachement des idées. Aussi bien, il est ainsi avec tout le monde. Il faudrait que j'arrête de psychoter.
- Je plaisante, se reprend-il, en roulant des yeux. Maintenant, dépêchez-vous de vous préparer. Je ne partirais pas une seconde en retard. Si vous n'êtes pas dans la limousine à temps, ce sera votre problème.
Incrédule, je secoue la tête. Revoilà l'homme froid.
Lord Keith se retourne et descend les marches. Mes yeux sont fixés sur son pantalon noir, probablement en velours. À chaque pas, le tissu moule son fessier à la perfection. Sa main passe dans ses cheveux. Le geste est lent et maîtrisé. Quand son bras retombe, il semble mettre ses mains dans ses poches. La scène dure moins d'une minute, mais j'ai l'impression de la voir aux ralenties.
Arrivé à la porte, il attrape son long manteau noir.
- Toujours là ? s'étonne-t-il. Vous savez qu'il vous reste quelques minutes pour être dans ma limousine ?
Oh, c'est vrai. J'étais tellement absorbée par la vue, que j'ai oublié ce que je devais faire. En vitesse, je monte les dernières marches et me rends dans ma chambre. Je termine de me préparer. Mon sac à l'épaule, je vérifie que je n'ai rien oublié. Mon petit carnet noir, mon stylo, des mouchoirs, mon couteau suisse. Tout est là.
En bas, je constate que Lord Keith ne m'a vraiment pas attendue. Il est déjà installé dans sa limousine. La portière ouverte, je m'engouffre en silence. La conversation en anglais entre le chauffeur et Keith semble houleuse. Malheureusement pour moi, ce n'est ni en Français ni en anglais. Je ne comprends donc pas ce qu'ils disent.
Quand le calme revient, nous sommes déjà à mi-chemin. Le chauffeur, Dam, a monté la vitre noire ce qui nous donne plus intimité. Lord Keith, assit les jambes pliées et les mains sur les genoux, regarde par la fenêtre. Quant à moi, je le contemple. Ses cheveux parfaitement coiffés en arrière lui donnant un air princier. Sa mâchoire carrée est contractée. Ses lèvres sont pincées. Je me sens rougir quand ses yeux trouvent les miens.
- J'ai la désagréable sensation d'être un animal en cage, observé par une vulgaire touriste. À partir de maintenant, c'est un euro la minute.
J'éclate de rire à ses mots. Son ton humoristique était vraiment hilarant. Il en a conscience, car lui aussi rigole.
C'est la première fois. Vraiment la toute première fois qu'il me fait rire. Mieux, qu'il rigole. Son rire est chaleureux. Il devrait être ainsi plus souvent !
- Soyons plus sérieux, je suis flatté que vous me regardiez aussi intensément... mais vous oublié la règle numéro une.
Bon, ça n'aura duré que quelques instants. C'est déjà bien.
- Dites-moi, est-ce que Steafan était en haut, quand j'étais dans l'escalier ?
Je ne l'accuse pas, bien sûre que non. Mais je suis certaine qu'on m'a poussée. Si lui était en bas, alors il ne peut s'agir que de son frère.
- Pendant que vous draguiez mon ami, mon frère était dans l'arrière court. Il s'occupait de notre jardin.
OK. Je n'étais pas au courant qu'ils avaient un jardin. Les quelques photos qu'ils m'ont envoyées n'étaient que sur le manoir. Pas sur l'extérieur.
Donc il n'y avait personne à l'intérieur. À part les quelques domestiques. Je suis certaine qu'il ne s'agisse pas d'eux. Pourquoi me pousser ? Cela n'aurait aucun sens.
- Oh, je croyais que... enfin, j'ai senti qu'on m'a poussé. Et non, je ne draguais pas votre ami. Quelqu'un m'a poussé et il était là pour me rattraper.
Ses épaules se haussent nonchalamment.
- Il n'y avait personne. Vous avez dû rêver.
Il a sûrement raison. Sinon j'aurais entendu les marches grincer. Je perds donc la tête. Super !
Un frisson parcourt ma colonne vertébrale. La température semble avoir chuté. Les vitres sont embuées. Je ne distingue pas l'extérieur. Dans un coin de ma tête, je mets l'idée d'aller faire les boutiques. À cette allure, je vais finir par congeler. Je dois absolument trouver des pulls bien plus chauds !
- Il fait froid, tout d'un coup. Vous ne trouvez pas ?
Lord Keith reporte son attention sur moi. Je doute qu'il n'ait pas froid. Il ne porte qu'une chemise sous son manteau.
- Faites voir.
Je plisse les paupières. Que veut-il dire ?
La réponse ne tarde pas à venir. Il se penche au-dessus de moi. Je me contracte, le dos bien droit et les poings serrés. Sa main droite passe sous mon pull. Sa peau est vraiment froide. Je m'écarte tant bien que mal.
- Hey ! m'exclamé-je, en le repoussant.
Ses doigts parviennent à toucher mon sein gauche. Il ne se souci guère que cela me gêne. La colère monte en moi. Ma main part en direction de sa joue. La claque émet un son sec. Elle lui tourne la tête et un grognement s'échappe d'entre ses lèvres charnues.
- Oui, c'est vrai vous avez froid, remarque-t-il, en reprenant sa place. À moins que vous ayez envie de moi...
L'abruti. Il ne peut pas s'empêcher de tout ramener à lui. Ou c'est moi qui suis stupide ?
- N'importe quoi ! Vous... vous n'êtes pas mon type. Ne me touchez plus jamais sinon je vais porter plainte !
La menace est dite et vraie. Je n'hésiterais pas une seule seconde. Je n'ai pas envie que mon cauchemar recommence, même bien loin de chez moi.
- Rassurez-vous, je ne couche qu'avec des personnes de la haute société. Ce qui n'est pas votre cas. Puis, votre physique laisse à désirer.
Quelle ingratitude de sa part ! Me juger alors qu'il ne m'a jamais vue ! Quand bien même ce serait le cas, il n'aurait pas à me critiquer.
***
Le soir venu, je m'affale dans le grand lit. Lord Keith s'est montré assez coopératif. Probablement pour se rattraper de ce qu'il a fait et dit. Il m'a emmenée à un de ses amis flics. J'ai pu en apprendre plus sur le meurtrier. Comme on se doutait déjà tous, il est bien le tueur des huit femmes. En rajoutant son ancienne assistante. Cet homme était un fou allié. Il aimait terroriser son entourage. La preuve avec sa femme et sa propre fille ! Il aurait même forcé quelques employées à avoir des relations sexuelles en leur faisant du chantage. J'en suis écœurée. Il était tellement jaloux des Lords MacKay qu'il a même tenté de les accuser.
Les meurtres s'arrêtent donc en même temps que Feargus McKinnon. Égorgements, viols, tortures. Tout cela va faire partie de la passée. Les habitants ne l'oublieront jamais, tout comme moi.
Allongée, l'ordinateur sur mes jambes, j'écris mon premier chapitre. L'endroit m'inspire. Les éventements aussi. Alors je vais écrire une romance policière. Sur les deux feuilles devant moi se trouvent quelques scènes de l'histoire et le détail des personnages. Je n'ai pas encore toute la trame, mais je suis certaine qu'au fils des jours, je la trouverai.
Mon téléphone vibre. C'est l'application Snapchat. J'ai reçu un message de mon père. Il me demande si tout va bien et si je peux parler avec Skype. J'accepte. Les voir me fera le plus grand bien. J'ai toujours été avec eux, être éloignée brutalement m'est compliqué. J'ai encore besoin de mes parents. Ils m'ont toujours surprotégée, jusqu'à ce qu'ils deviennent indispensables.
La conversation Skype lancée, je découvre qu'ils sont en compagnie de mon oncle et ma tante. Je suis heureuse de tous les voir.
Ma mère, Angela porte une robe noire cintrée. Ses cheveux courts bruns reflètent la lumière des néons. Elle est toute souriante et collée à mon père. Ce dernier porte une chemise grise ainsi qu'un pantalon bleu marine. Ses cheveux noirs sont coiffés et comme à son habitude, enduits de gel. Ma tante, Ena est plus en retrait avec mon oncle. Assis sur le canapé ils la conversation. Les longs cheveux d'Ena sont attachés en une queue de cheval. Elle est vêtue d'un tee-shirt rouge et d'un jean noir. Quant à mon oncle, il a une chemise noire dont les manches sont remontées et un pantalon de la même couleur.
Notre conversation tourne sur plusieurs choses. Je parle de mes hôtes, du manoir et du meurtrier. Bien sûr, j'omets volontairement l'attitude d'un de mes hôtes. Je ne veux pas qu'ils se fassent de fausses idées. Tout va bien. Je sais bien que je ne crains rien.
Avec regret, nous arrêtons la conversation vidéo. Je replonge dans mon nouveau roman avec inspiration. Les minutes passent et les mots défilent. Je sursaute avec surprise. Un cri féminin vient de retentir. Puis un autre. Si j'en crois mon intuition, il s'agit de jouissance. Je m'arrête d'écrire et tends l'oreille. Plusieurs bruits totalement étranges se font entendre. Des grognements, des coups, des gémissements. Ce qu'il se passe a l'air très intense. Y aurait-il des clients indiscrets ?
Deux coups à ma porte résonnent. Ma petite voix accepte la personne d'entrée. Ma mâchoire se décroche en voyant Lord Keith s'adosser à l'encadrement. Il est nu comme un ver, les bras croisés contre son large et musclé torse. Je m'enflamme à cette vue incongrue. Mes yeux ne peuvent, malgré moi, se détacher de son membre dressé.
La phrase qu'il m'a dit auparavant me revient. Je regrette immédiatement de ne pas être de la haute société ! Bien que mon oncle est connu et que je commence à avoir une certaine popularité, cela ne semble pas compter.
Merde, suis-je folle ? Non, je ne dois pas regretter. Je suis très bien. Ce n'est pas la taille du sexe de mon hôte qui doit me troubler.
En même temps, je suis certaine qu'il fait exprès de venir à poil ! Quel genre d'homme serait capable de se pointer dans la chambre de son invité ainsi ? Ou alors je suis complètement à côté de la plaque.
- Vous allez bien ? Les bruits ne vous sont pas trop insupportables ?
Je déglutis, remontant lentement mes yeux. Keith a un large sourire. Oui, il est conscient de l'effet qu'il me fait et s'en amuse. Je mords ma langue pour retenir un gémissement de désir. Cet homme est un pur fantasme. Il pourrait être taillé dans le marbre que ce serait la même chose. Il doit se shooter au sport comme un forcené. Déjà qu'habillé, il est magnifique. Nu c'est bel et bien une autre affaire.
Mon bas ventre est en feu. J'ai déjà vu des hommes nus, mais jamais je n'ai été autant secouée. Faut dire que celui que j'ai sous les yeux sort du commun.
- Heu...
C'était quoi la question, déjà ? Comment puis-je me concentrer, alors que son membre tressaute sous mes yeux ?
- Votre petit cerveau n'est pas capable de se souvenir de deux questions ?
Il pourrait être drôle. Vraiment. Si avait pris un autre ton. Ce qui n'est pas le cas.
- Continuez de garder la bouche bien grande ouverte, dit-il, en se rapprochant. Ma queue aimera ce nouvel abri... Vous bavez.
Immédiatement, je referme la bouche et détourne la tête.
Ai-je rêvé ses paroles ? Je n'en suis pas certaine !
Les mains sur mon clavier, je tape des phrases. N'importe quoi qui me vient à l'esprit se retrouve dans mon roman. Vu que cela n'a rien avoir, je risque de les supprimer après la visite de mon hôte. Pour l'instant, je préfère me donner une contenance.
Penché au-dessus de mon épaule, il lit. Cet homme a du culot. Il ose se montrer nu et me balancer des phrases saugrenues.
- Il y a une faute ici. Sans s.
Son long doigt montre un mot. Je le corrige, les dents serrées. Je n'aime pas qu'il lise ce que j'écris. Il se croit vraiment tout permis sous prétexte qu'on est chez lui.
- Si vous désirez vous joindre, j'en serais le plus heureux.
Il se redresse, lentement. Son haleine mentholée me surprend. J'ai déjà senti ça, auparavant. Oui, ce matin quand je prenais un petit-déjeuner.
Avec grâce, Lord Keith se retourne. Je retiens un gloussement de surprise. Mes pupilles sont attirées par un tatouage au bas de son dos. Il s'agit d'une tête de mort dominée par un magnifique corbeau. Le tatouage est magnifique, très bien réalisé. Je ne suis pas une pro, mais j'adore regarder des vidéos de leurs réalisations.
La porte se referme en un grincement. Ma curiosité m'invite à le suivre. Après tout, qu'est-ce que je risque ? La réponse est tout. Je viens à peine d'arriver. Je ne peux pas succomber à un homme aussi vite. Il me reste encore trois mois. Je compte bien me concentrer sur mon roman. C'est pour cette raison que je suis ici, après tout. Pas pour me retrouver dans le lit d'un homme.
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