Chapitre XXV- Transformation
Bien! J'ai 68 points d'avance selon les notes que j'ai reçues ce matin et vu que j'ai promis à une amie que je publierai un chapitre si j'avais de bonnes notes... Voici!
BONNE LECTURE!
***
Jessy volait. Le vent dans ses oreilles, l'écume sur sa peau et les larmes sur ses joues, il goûtait à ces sensations pour la première fois et avait l'impression que plus jamais il ne pourrait s'en passer. Après avoir vu ses ailes, il avait presque totalement oublié sa rancune envers la reine et n'avait put qu'accepter lorsque cette dernière lui avait proposé de voler.
Voler. Le mot glissait dans la bouche du jeune Corbeau comme du sirop, l'emplissant d'une sensation de bien-être qu'il n'avait encore jamais expérimentée. Pour la première fois depuis deux ans, il se sentait à sa place, chez lui.
Un courant ascendant le frôla, le déséquilibrant violemment. Tentant de reprendre une bonne position, il dévia trop et s'éloigna du groupe de la reine, qui volait juste à côté de lui. D'après ce qu'il avait compris, seuls les Royaux pouvaient utiliser leurs pouvoirs pour voler, tandis que les Elus, les Corbeaux, les Anges Noirs et tous les autres devaient faire appel à leur seule force physique, ayant donc besoin de nombreuses heures d'entraînement pour parvenir à se déplacer correctement dans les airs.
Le jeune homme restait à basse altitude, mais il était déjà épuisé, par la douleur de la Transformation, mais aussi par la force et la volonté que requerraient ses nouveaux muscles, à peine développés.
Il avait réussi à se déplacer jusqu'à la plage, de l'autre côté de l'aire d'entraînement des Marqués et le vent collait le sel à sa peau, la rendant piquante et irritée. Il essaya de bouger minutieusement son aile droite, mais le vent, qu'il ne comprenait pas encore, l'emmena encore plus loin. Il ne voyait plus la reine, qui devait être retournée sur la piste de vol. Jessy batailla contre les forces de la nature avant de finalement arriver à tourner suffisamment comme pour faire demi-tour et rejoindre les autres Corbeaux avant la fin de l'entraînement.
Au bout d'une demi-heure, il parvint enfin à poser ses pieds sur la terre ferme. Ses muscles, drainés de toute leur force, le lâchèrent, et il se retrouva sur le sol, haletant, incapable de faire appel à ses ailes pour se relever. Une main apparût dans son champ de vision et il la saisit avant de se demander de qui il s'agissait.
Or, il s'agissait d'Ambre.
En voyant à nouveau ses yeux bleus, le Corbeau se souvint qu'elle avait faillit le tuer quelques heures plus tôt. Il se souvint aussi qu'elle était sa reine et que l'étrangler devant ses servantes ne serait probablement pas une bonne technique de survie. Il se contenta donc de fixer les ailes bleues, de la même couleur que les pupilles qu'il avait un jour cru être chaleureuses et accueillantes mais qui en réalité n'étaient que calculs et froideur. Il se rendit aussi compte que les yeux de la reine ne changeaient pas de couleur lors de sa Transformation, comme si elle était constamment en train de faire appel à son pouvoir, que ses ailes soient sous sa peau ou pas.
-Tu es incroyable, Jessy ! s'exclama-t-elle.
Elle avait les cheveux décoiffés et un sourire illuminait son magnifique visage. Elle aurait presque pu paraître sincère si son sourire avait aussi illuminé ses yeux. Mais ils restèrent les mêmes : deux saphirs bleus inexpressifs.
-Tu t'es adapté si vite à tes ailes ! Je n'avais jamais vu ça !
Les sourires –sincères- des servantes de la souveraine prouvèrent à Jessy qu'Ambre ne mentait pas, aussi se permit-il de répondre honnêtement à son observation :
-J'ai l'impression d'avoir attendu toute ma vie pour ces ailes... J'ai hâte de recommencer.
Il s'autorisa un léger sourire, laissant ses émotions transparaître.
-Ne t'en fais pas, ce n'est pas la dernière fois que je te verrais, Jessy.
-Ne pourrais-je pas voler par moi-même ? Seul ?
Même si Jessy se rendait compte que ce premier vol qu'il venait d'expérimenter resterait inoubliable à jamais, il ne cessait de s'imaginer ce que ça devait être de pouvoir voler seul, isolé et silencieux, libre de penser et de dire ce qu'il voulait. Ambre se contenta de rire.
-Tu es un Primum, Jessy, un Première Année. Normalement, les Corbeaux et les Elus n'apprennent le vol qu'à partir de la Deuxième Année d'entraînement... Ton expérience n'est pas assez développée pour que tu puisses obtenir une autorisation de vol solitaire. Estimes-toi déjà heureux : tu n'auras pas à subir la Transformation devant les autres Corbeaux l'an prochain.
-Vous voulez dire que jusqu'à ce que je sois officiellement nommé Ange Noir je ne pourrais pas voler seul ? Et encore moins quand j'en aurais envie ?
Les traits de la souveraine se durcirent.
-Jessy, une fois que tu seras un Ange Noir, tu serais chanceux de trouver quelques heures par mois pour t'envoler seul. Ce que je suis en train de te dire c'est que tu as très peu de chances de jamais voler seul. La solitude n'est pas quelque chose de concret parmi les anges, et encore moins dans l'ordre des Anges Noirs. N'oublies jamais que l'union fait la force et la force protège le Royaume.
Sachant pertinemment qu'il ne pouvait rien ajouter, Jessy se contenta de baisser les yeux, s'accordant quelques secondes pour respirer et se calmer. Ne pourrait-il donc jamais être seul ? Ne pourrait-il jamais profiter d'un simple instant seul à seul avec lui-même pour tenter de déterminer si le choix qu'il avait fait de rester avec les Anges Noirs était le bon ?
-Tu devrais retourner dans ta suite, Jessy. L'entraînement est presque terminé pour aujourd'hui et tu as besoin de te reposer et de reprendre des forces.
Le Corbeau s'inclina lentement, contrôlant le poids de ses ailes lors de son mouvement. Une servante l'aida à contrôler ses ailes et ses muscles lors de la Retransformation pour remettre ses ailes sous sa peau meurtrie. Une fois sa forme humaine retrouvée, le jeune homme s'empara de sa veste noire qu'il ferma sur son torse nu, sa chemise ayant été déchirée par ses ailes quelques heures plus tôt.
Il attendit que la reine soit partie pour se mettre à marcher : il ne voulait pas avoir a lui faire la conversation pendant tout le trajet jusqu'à sa chambre. En sortant de la piste de vol, cependant, il faillit percuter une des suivantes de la souveraine, qui semblait l'attendre. C'était Noémie.
-Qu'est-ce que tu fais ici ? demanda-t-il sans se préoccuper de quelque politesse que ce soit.
-Sa Majesté m'a demandé de veiller à ce que vous arriviez à votre suite sans problèmes, murmura la jeune ange, rougissant sous l'effet du tutoiement.
Jessy grogna à l'idée que la reine ne lui laisse pas quelques minutes de répit. Avant de commencer à marcher, il lança par-dessus son épaule :
-Tu n'as pas besoin de me vouvoyer, Noémie. Viens, je ne veux pas croiser les autres Corbeaux à la sortie de l'arène.
***
Helena arpentait la pièce de long en large depuis plusieurs minutes déjà, les yeux encore écarquillés. L'amas d'informations qu'elle avait accumulé tentant avec difficulté de s'imprimer définitivement dans son esprit. Elle n'avait toujours pas parlé, aussi Gabriel était-il assez intrigué : il voulait comprendre quel était le problème. Ethan ayant dut retourner à l'entraînement des Corbeaux, le prince était donc resté seul pour s'assurer que le sort du Combattant ne dégénérait pas. Mais il était actuellement incapable de savoir si c'était le sort qui faisait Helena réagir ainsi ou une vision.
L'ange était sur le point de parler lorsque, finalement, la jeune fille se laissa tomber à ses côtés sur le canapé, le souffle court.
-Tu vas me dire ce qu'il se passe ?
Helena hésita quelques fractions de secondes avant d'ouvrir la bouche, la question lui brûlant les lèvres depuis trop longtemps déjà.
-Tu as quel âge ?
Ses sourcils froncés et sa bouche tordue traduisaient malgré elle son appréhension. Gabriel sourit avant de répondre, impatient de voir la réaction de la jeune Elue.
-J'ai cinquante-deux ans.
Incapable de trouver quoi que ce soit à répondre et trop ébahie pour y penser, Helena ne put que laisser son visage tomber au creux de ses mains, l'épuisement refaisant surface. Gabriel paraissait avoir vingt ans environ, pas plus vieux qu'elle qui en avait dix-huit... La jeune fille connaissait les légendes urbaines, comme tout le monde, et se doutait bien que la longévité des anges était bien supérieure à celle des hommes, mais de là à avoir l'air d'un jeune adulte en pleine cinquantaine, jamais elle ne se le serait imaginé.
-Pourquoi tu poses la question au fait ?
Le sourire dans la voix du prince n'énerva même pas l'Elue, tant elle était troublée.
-Ma mère a été Marquée en 1908, n'est-ce pas ?
-Oui, je n'étais pas encore né à cette époque mais d'après les archives dont je connais l'existence, c'est la bonne année... Mais, je répète, pourquoi cette question ?
-Combien de temps les anges vivent-ils, Gabriel ? En moyenne ?
Sa voix ne tremblait plus, elle paraissait juste résignée, comme si elle connaissait déjà les réponses à ses questions, même si elle ne voulait pas les entendre.
-Ça peut varier, tout comme les humains. Dans votre monde, vous pouvez mourir de vieillesse entre soixante-dix et quatre-vingt-dix ans environ... Ici, un ange est considéré comme vieux à partir de trois-cent ou trois-cent-cinquante ans... Mais les anciens peuvent atteindre quatre-cents ou même cinq-cents ans ! Un ange est mort il y a une dizaine d'années à l'âge cinq-cents-cinquante-trois ans ; il a d'ailleurs vécu parmi les humains pendant un certain temps, tu as peut-être entendu parler de lui parce qu'il était devenu assez connu : Léonard de Vinci, ça te dit quelque chose ?
Helena releva brusquement la tête, choquée.
-Léonard de Vinci ? L'italien ? Un des plus grands architectes de notre Histoire ? Un ange ?
-Tu es en train de me poser une seule longue question ou plusieurs questions courtes à la suite ?
Gabriel, malgré l'importance de la situation, ne pouvait s'empêcher de rire en voyant Helena, complètement déconcertée.
-Léonard de Vinci était un ange ? C'est bien ce que tu viens de dire ?
-Oui. C'est lui qui a peint quelques-unes des fresques dans l'aile la plus ancienne du palais lors de rénovation il y a une centaine d'années. Je l'ai rencontré une fois lorsqu'il est revenu vivre sur Skylar : il devenait trop vieux pour les standards humains de l'époque et les humains auraient fini par se rendre compte qu'il était trop vieux pour rester en vie, malgré le maquillage qu'il utilisait pour cacher sa jeunesse apparente.
Le prince reprenait son souffle pour continuer son récit mais la main qu'Helena leva en l'air l'arrêta. La jeune fille paraissait plus pâle que d'habitude et ses yeux semblaient incapables de trouver un point fixe.
-Ma mère avait plus de cent ans lorsqu'elle m'a eue... Quel âge avait-elle quand elle a quitté Skylar ?
Gabriel se rembrunit, repensant au visage si ressemblant à celui d'Helena.
-Si elle avait seize ans en 1908, alors elle est née en 1892. Toi ayant dix-huit ans, tu es née en 1998 si mes calculs sont bons... Ce qui veut qu'elle avait cent-six ans lorsque tu es née... Elle ne devait pas paraître plus de trente ans alors. Mais, Helena, toutes les informations concernant le départ de ta mère sont confidentielles. Moi-même, je ne connais pas tous les détails, et à moins que mes parents ne t'en donne l'autorisation, tu ne pourras pas avoir accès aux archives. Désolé.
-Je ne vais jamais savoir, n'est-ce pas ?
En parlant, elle s'était redressé et regardait à présent Gabriel droit dans les yeux, une ombre voilant son regard liquide.
-Non, jamais.
Avec un sourire triste, la jeune fille se contenta d'hocher la tête avant de repasser ses nouveaux souvenirs dans sa tête, à la recherche de réponses, mais les flashs étaient encore trop incontrôlés et l'Elue ne parvenait à trouver un souvenir en particulier. Elle soupira tout en se convainquant qu'attendre quelques jours pour mieux maîtriser ces informations serait plus raisonnable.
-Mais, à part son âge, est-ce que tu as réussi à intégrer les techniques de combat, de vol et de magie de Sysy ?
En se concentrant, Helena se rendit alors compte que, en effet, des fiches techniques étaient en train de se créer dans son esprit, lui faisant mémoriser toutes les prises possibles et imaginables. De la position que ses ailes devaient avoir sous n'importe quel courant à quels sorts effectuer pour quelles situations jusqu'à quelle arme choisir pour se battre contre quel genre d'ennemi.
Helena sourit, sûre de pouvoir montrer ses nouvelles capacités à Gabriel. Mais lorsqu'elle leva ses mains devant elle et qu'elle tenta de réaliser un sort simple, les images se mirent à tourbillonner dans son esprit et la quantité d'information qui défila dans son esprit fut telle que pendant un moment, sa vision devint floue. Tentant de se battre contre le vertige qui gagnait peu à peu du terrain, la jeune fille se concentra une dernière fois avant de se rendre compte que tout effort était vain : elle n'arrivait pas à exploiter la magie malgré le fait qu'elle savait comment s'y prendre.
Lorsqu'elle réussit à reprendre le contrôle de son environnement, Gabriel, devant elle, lui tenait fermement le bras gauche, l'empêchant apparemment de tomber.
-Je pense que j'ai ma réponse, dit-il avec une expression indéchiffrable.
-Je... Je ne comprends pas ce qu'il se passe... Je sais ce que je dois faire, mais je n'arrive pas à me concentrer sur une seule information à la fois... C'est comme si tous les souvenirs me revenaient tous en même temps alors que je n'essaie d'en exploiter qu'un...
-Tu apprendras à contrôler cet amas d'informations avec le temps. Pour aujourd'hui, je crois que tu en a fait assez...
La jeune fille releva brusquement la tête, les yeux écarquillés.
-Non ! On ne peut pas s'arrêter ! Nous n'avons que deux semaines, Gabriel !
-Je sais, calmes-toi. Mais même si tu étais physiquement capable de suivre un entraînement, ce qui n'est pas le cas, ton cerveau est trop saturé pour que tu lui demande quoi que ce soit pour au moins douze heures.
-Alors ? Qu'est-ce qu'on fait ?
Gabriel sourit brièvement, ses yeux fixant le front de la jeune Marquée.
-Je tiens toujours mes promesses, et tu as bel et bien réglé le problème de peinture dans tes appartements ce matin... Suis-moi, j'ai une promesse à tenir.
Prenant précautionneusement le bras qu'il lui tendait, Helena tenta de contrôler son excitation. Les auras ! Elle saurait enfin ce qu'elles étaient vraiment ! Mais Gabriel ne perdit pas son temps pour lui rabaisser le moral :
-On va devoir passer par la Cour pour accéder à l'aile du Palais que je veux te montrer. Il faut donc aussi faire un détour par tes appartements pour que tu te changes.
-Je suis déjà passée par la Cour tout à l'heure avec Ethan... Pourquoi devrais-je me changer ?
Gabriel eut un sourire narquois et se pencha jusqu'à ce que la jeune fille n'ait d'autre choix que de le regarder droit dans les yeux.
-Mais ce n'est pas avec le Combattant que tu vas traverser la Cour cette fois-ci, Helena. C'est avec le Prince.
-Et comment veux-tu qu'ils me voient ? Invisible ? demanda-t-elle d'une petite voix.
- Je veux que quand ils te regardent, ils ne voient que ton pouvoir. Je veux qu'ils soient aveuglés par ta valeur. Tu es un prix et je veux qu'ils entrent en compétition pour toi.
Bien qu'elle n'appréciait pas du tout l'expression de convoitise dans les yeux de Gabriel, elle ne dit rien et se contenta d'hocher la tête.
Serrer les dents et faire ce qu'on lui demandait. Elle ne savait plus faire que ça.
***
Bien, vous connaissez la chanson pour les Wattys2016 mais aussi pour le reste du temps
ABONNEZ-VOUS
VOTEZ
COMMENTEZ!!!
Je voulais aussi vous remercier pour les nombreux commentaires et les votes de cette dernière semaine (on est en train d'atteindre les 28K lectures et c'est absolument génial alors vraiment merciii)!!
A bientôt!
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top