Chapitre XVII- Appartements
La suite des Royaux juste pour connaître votre avis et continuer à vous donner des nouvelles d'Helena et de ses deux alliés...
***
Ses yeux s'ouvrirent rapidement, ses pupilles se rétrécissant à une vitesse vertigineuse, tentant de s'habituer à la lumière. Helena s'assit dans le lit sur lequel elle se trouvait, la respiration irrégulière et le front en sueur.
Cauchemar. Ce n'était qu'un cauchemar...
La jeune fille ramena doucement ses genoux à sa poitrine se balançant d'avant en arrière en tentant de se calmer. Impossible de se souvenir avec exactitude de sa vision, mais quelques flashs continuaient de tourner en boucle dans sa tête : une pièce circulaire, avec un toit haut et des fenêtres immenses sur tous les murs. Des décorations dorées, le long des portes et des contours des vitres. Des miroirs, partout, entourant quelqu'un, assis sur une chaise.
L'éclat du sang. Et un hurlement. Son sang. Son hurlement.
Un frisson parcourut la jeune fille, lui faisant resserrer sa prise autour de son propre corps. Ses paupières s'ouvraient et se fermaient toutes seules tentant de chasser les larmes qui embuaient son regard. Ses doigts, crispés autour de ses jambes nues, étaient rougis par le froid qu'il l'avait saisie et ses cheveux, toujours aussi longs, frôlaient ses cuisses, repliées le long de son ventre à peine couvert.
Au bout de quelques minutes et une fois calmée, Helena se mit à observer ce qui l'entourait. Son cauchemar l'avait désorientée au point qu'elle ne se souvenait absolument de l'endroit où elle se trouvait : il s'agissait d'une chambre immense, avec des murs blancs, gris clair et roses. Le mobilier était d'une couleur qui variait entre le crème, le parme et le violet clair, dépendant de s'il s'agissait de coussins, de canapés ou du petit secrétaire qui se trouvait contre le mur, en face d'une fenêtre aux dimensions exagérées.
Surprise, la jeune fille se leva du lit, où elle n'avait même pas prit la peine de défaire les couvertures et se mit à faire le tour la chambre, le froid mordant toujours ses jambes et ses pieds nus.
Elle ne gardait qu'un vague souvenir de la veille à cause de la fatigue écrasante qui l'avait saisie après la test d'Ambre mais elle aurait juré que les meubles étaient verts lors de sa première entrée dans cette suite. Ses doigts se posèrent distraitement sur le poil incroyablement soyeux d'une couverture blanche, artistiquement posée sur le dossier d'un canapé, alors qu'elle observait les murs roses. Lorsqu'elle se détourna, son mouvement de recul fut tel qu'elle faillit tomber à la renverse sur le tapis crème. La couverture qu'elle avait dans ses mains n'était plus blanche mais d'un gris très foncé. Helena observa la couleur de la matière toujours aussi douce changer en quelques secondes, comme si une bouteille d'encre avait été renversée sur l'étoffe. La tache démarrait de sa main, toujours en contact avec les longs poils, et se répandait jusqu'aux bords du carré de tissu. La jeune fille lâcha brusquement la couverture, mais rien ne se passa, à part que ses mains redevinrent froides et que les poils tombèrent mollement sur le sol, comme il était logique de s'y attendre.
Au bout de quelques secondes, le bout des poils finit de se teindre et plus aucune trace de blanc n'était visible sur la couverture. La saisissant du bout des doigts, la jeune fille la reposa à la hâte sur le canapé où elle l'avait trouvée et se dirigea rapidement vers la salle de bains, derrière une porte de bois sombre : elle ne voulait pas se demander tout de suite comment la couverture avait changé de couleur ni pourquoi les murs étaient devenus rose. Helena voulait simplement se doucher et se changer pour se débarrasser de cette odeur d'antiseptique qui l'entourait depuis qu'elle avait quitté l'infirmerie.
La robe de Jade était négligemment roulée en boule dans un coin de la pièce. Sans y faire attention, Helena retira la robe légère qu'elle se rappelait vaguement avoir enfilé avant de s'endormir et pénétra dans une douche, toute en marbre noir. Elle resta longtemps sous le jet d'eau chaude, tentant de relâcher les muscles de son dos, toujours endoloris à cause de l'incident des dernières vingt-quatre heures. Quelques lignes de sa Marque étaient encore à vifs mais dans l'ensemble, le sort de Gabriel et les soins de Marie avaient eu un effet remarquable sur les blessures causées par Jules. Sa joue retentissait d'une douleur sourde mais sur le plan physique, plus rien n'était visible. Il semblait que les anges possédaient, en plus de la magie, une médecine extraordinairement avancée, adaptée à leur force surhumaine.
Au bout d'un temps qu'elle aurait été dans l'incapacité d'évaluer, Helena sortit de la cabine et, enroulée dans une serviette aussi rose que les murs de la chambre, sortit de la salle de bains. Sur le lit, elle trouva des vêtements propres, qu'elle se dépêcha d'enfiler : un pantalon noir qui lui serrait les chevilles, un débardeur ample blanc et une veste cintrée à épaules carrées. Elle enfila avec la seule paire de chaussures à sa disposition, à savoir, les escarpins trop hauts que Jade lui avait prêtés la veille. Elle attacha ses cheveux encore humides en une longue tresse et se mit à explorer les recoins de la suite dans laquelle elle se trouvait, découvrant ainsi un immense balcon muni d'innombrables fleurs, une pièce entièrement dédiée aux vêtements, où elle put trouver une nouvelle paire de chaussures beaucoup plus confortables, mais toujours à talons et un bureau.
Dans cette dernière pièce, Helena découvrit une bibliothèque, qui couvrait un mur entier, du sol au plafond, un bureau en bois sombre et... une armoire remplie d'alcool. Elle hésita un instant, tendant la main vers une bouteille remplie d'un liquide ambrée avant de renoncer, décidant qu'il serait stupide de se saouler alors qu'elle était en territoire inconnu. En repassant devant l'imposante table de bois, elle remarqua que les tiroirs étaient remplis de feuilles vierges et de nécessaires d'écriture : plume, encre et encrier. Des livres étaient éparpillés un peu partout sur la grande surface en bois et quelques papiers étaient recouverts d'une écriture fine et presque illisible. Helena se pencha pour tenter de déchiffrer les phrases et découvrit avec surprise qu'elle n'avait en fait aucun mal à comprendre ce qui était écrit pour la simple et bonne raison que cette écriture lui était étrangement familière. Elle se mit à lire quelques phrases en essayant de se rappeler qui avait une écriture pareille dans ses souvenirs :
« Les Anges Noires se font de plus en plus rares. Elles sont meilleures au combat que la plupart des hommes du fait de leur vitesse et leur légèreté, mais il semblerait que le machisme si caractéristique dans mon monde ne soit également arrivé ici. »
Helena ricana doucement. Il était vrai que le monde des humains était régit de manière patriarcale depuis toujours... Car il ne pouvait s'agir que du monde humain dans ce texte...
« Une tempête va arriver du nord cette nuit. J'avais prévu d'aller voler au-dessus de la baie demain, mais comme d'habitude et malgré le fait que mon statut et ma notoriété ne cessent d'augmenter au sein de la Cour, Jules continue de me répéter sans cesse : 'tu ne peux pas mettre ainsi ta vie en danger... Les Anges Noirs, hommes comme femmes ont besoin de toi, Sysy.' »
La jeune fille ne finit pas la phrase, trop choquée pour que ses yeux continuent de parcourir le texte. Sysy. Un flash de la nuit précédente lui revînt soudainement à l'esprit : Gabriel qui lui expliquait que cette suite avait appartenu à la dernière Ange Noire, qui n'avait été autre que sa propre mère. Helena reprit lentement son souffle, qui s'était arrêté sans qu'elle s'en rende compte. Elle se trouvait dans le bureau, dans la chambre, dans les appartements de sa mère...
C'est à ce moment-là que la porte de la suite claqua bruyamment. Helena sortit rapidement du bureau et se retrouva nez à nez avec Ethan et Gabriel, portant tous les deux le même uniforme : pantalon noir, t-shirt gris et veste en cuir noire. Les cheveux de Gabriel étaient réunis en une espèce de queue de cheval, au ras de son cou, ce qui contrastait violemment avec la coupe parfaite d'Ethan. Helena contourna les deux anges et se redirigea vers le petit salon qui se trouvait au centre de la suite. Elle avait toujours du mal à digérer la nouvelle comme quoi elle était dans la possibilité de devenir une Elue. Elle était consciente que c'était là le seul moyen de découvrir le sens de son rêve et de savoir d'où lui venait sa Marque. Et elle savait aussi que si elle n'acceptait pas, elle pourrait tout aussi bien dire au revoir à Jessy pour toujours, ce qu'elle se refusait. Les paroles de Gabriel la veille l'avait secouée plus qu'elle ne voulait l'admettre. Helena avait donc décidé d'éviter le plus possible l'héritier, afin d'essayer de gagner du temps avant de donner sa réponse aux Royaux. La curiosité maladive qui l'avait toujours caractérisée valait-elle vraiment sa liberté ? Les réponses qu'elle ne cessait de se poser trouveraient-elles des réponses si elle offrait sa vie aux Anges Noirs ? Elle savait pertinemment que le seul moyen de le découvrir était, en effet, de renoncer pour toujours au monde des humains et à ses origines.
-Tu as réfléchi ?
La voix de Gabriel sembla résonner dans sa tête, comme si son cerveau avait disparu pour ne plus laisser la place qu'à ses questions sans réponses.
Ethan restait stoïque, les bras croisés et le dos droit, dans un coin de la pièce. Il avait la posture du garde du corps parfait, mais sa présence étouffait Helena presque autant que celle du prince, le pouvoir qu'ils possédaient à eux deux semblant irradier chaque parcelle du corps de la jeune fille.
-Oui, mais ça ne veux pas dire que j'ai déjà une réponse...
Gabriel baissa la tête, dépité. Il ne comprenait pas vraiment ce qui la retenait au monde des humains, son frère étant à Skylar et ses origines semblant se trouver également au sein du Royaume, mais plus les heures passaient et plus le nombre de questions à son égard augmentait, aussi avait-il renoncer à trouver une réponse à certaines d'entre elles, sachant qu'il ne comprendrait jamais vraiment sa manière de penser et de réagir face aux coutumes de cette nouvelle culture face à laquelle elle était confrontée depuis quelques jours déjà.
Tentant de gagner plus de temps, Helena ajouta vivement, tirant le jeune ange de ses pensées :
-Je ne sais pas si je suis prête à devenir une Ange Noire mais... Si j'acceptais ta proposition, comment peux-tu être sûr que je pourrais rester sur Skylar ? Je serais la seule Ange Noire, la seule femme de votre armée entière... Où vivrais-je ?
-Ici, ça paraît logique.
Ce furent les premiers mots prononcés par Ethan depuis son arrivée.
-Dans les anciens appartements de Sysy ? Sérieusement ? Vous allez pas bien ?
Les muscles des deux jeunes anges se tendirent en même temps sans qu'elle comprenne vraiment pourquoi. Elle ne se rendait pas compte qu'elle s'adressait à des membres de la Royauté, aussi, elle passait son temps à leur manquer de respect ce qui avait tendance à les mettre hors d'eux, qui étaient habitués à recevoir marque d'admiration sur témoignage de respect.
-Pourquoi ? demandèrent-ils en même temps, tentant de donner à leurs voix une intonation moins menaçante sans vraiment y parvenir.
-Pour différentes raisons : c'était ici que vivait ma mère, et puis, tes parents Gabriel, tu penses vraiment qu'ils vont me laisser vivre ici ? Ils ne pensent même pas que je sois la fille de Sysy !
Un fin sourire se dessina sur les lèvres du prince.
-Il n'ont pas vraiment le choix !
Ils ne donna pas d'explications, ce qui énerva Helena.
-De quoi est-ce que tu parles ? le questionna Ethan, qui était aussi perdu que la jeune Marquée.
-Il m'a avoué qu'il avait brûlé Helena intentionnellement, et j'ai... disons que je lui ai fait du chantage. Oui, c'est ça, du chantage.
-Donc je peux rester ici ? demanda Helena, abasourdie.
-Pas tout à fait, répondit le prince en grimaçant. Il a accédé à ce que la Cour soit invoquée, c'est elle qui va décider de ce qui va t'arriver.
-Qu'est-ce que la Cour ? demanda Helena.
Pendant que Gabriel lui expliquait qu'il s'agissait de l'ensemble des Courtisans, et qu'ils allaient voter sur ce qui pourrait arriver à Helena, cette dernière s'aventura plus profondément dans le dressing, découvrant à chaque pas une nouvelle robe ou un nouvel accessoire qui lui faisait briller les yeux.
Chez elle, elle devait toujours économiser de l'argent, et sa garde-robe n'avait jamais dépassé les quelques pulls et pantalons, alors que là, les plus riches filles de la Terre ne pourrait se payer les merveilles que les héritiers de Skylar mettaient à sa disposition.
-D'accord, donc si j'ai compris, je dois me soumettre au vote de gens qui ne me connaissent pas, qui me voient comme une imposteur et qui se préoccupent surtout de plaire au roi, et, sachant que le roi me veut loin de chez lui, qui vont tous voter contre moi. C'est ça ?
Le visage de Gabriel se décomposa en entendant ces mots. Parce qu'elle avait raison, elle n'avait aucune chance face à la Cour. Comment est-ce qu'il n'y avait pas pensé plus tôt ? Il détestait ces moments où ses propres erreurs lui rappelaient qu'il n'était pas prêt pour la couronne.
-Ne t'en fais pas Gabriel, le calma Ethan. Je crois savoir comment convaincre la Cour que ton père se trompe au sujet d'Helena.
-Et comment ? s'intéressèrent Helena et Gabriel en même temps.
-En lui montrant ce que tu vaux, dit-il simplement, le sourire aux lèvres en s'adressant à la jeune fille.
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