Chapitre LXXIII- Trahison

Bien que l'ensemble de la Galerie des Glaces ait semblé se trouver dans un état de chaos et de panique totales, le plan des Caedis se déroulait en réalité à la perfection. Noémie ne quittait pas ses proies du regard et Eric, rejoint par Olympe en plein milieu de la panique ambiante, sirotait son vin avec une déconcertante tranquillité.

Jules et Ambre, encore à l'abri sur le balcon royal observaient tous deux la scène avec le même regard perdu, tentant de comprendre ce qui se passait sous leurs yeux tout en établissant un plan de contrattaque.

-Vous me semblez bien pâles, Majestés. Mon intervention de la soirée n'est-elle pas à votre goût ?

Eric souriait. Cet homme dont la posture et la simple présence forçaient le respect en temps normal semblait être en cet instant un véritable géant, son regard de glace transperçant le roi de Skylar de part en part, ses longs doigts savamment enroulés autour de sa coupe de cristal, comme s'il n'était pas sur le point de dégainer son épée et de déclarer la guerre à la plus ancienne dynastie de l'histoire angélique.

Helena, encore à terre, ne pouvait qu'observer la scène, impuissante. Du coin de l'œil elle voyait les deux héritiers qu'elle venait de sauver, sentait leurs muscles se tendre, prêts à se joindre à la bataille. Mais les princes de Skylar étaient bien plus que des soldats, ils étaient également de fins stratèges et ils savaient qu'intervenir immédiatement ne serait pas à leur avantage, et que se faire momentanément oublier de l'ennemi restait la meilleure chose à faire. Cependant, sa magie et celle de Gabriel étaient encore unies aux suites de l'Épreuve, et elle sentait l'agitation du Prince comme s'il s'était s'agit de la sienne. Le plus lentement possible, afin que Noémie ne remarque pas son geste, la Corneille déposa sa main sur celle du Prince, le suppliant silencieusement de ne rien faire. Les dents serrées et le regard fixé sur Eric Caedis, il ne put qu'hocher la tête.

-Que signifie tout ceci ? J'exige une explication ! Gardes !

Le cri de Jules résonna dans toute la Galerie à présent envahie par le silence, tandis que tous les invités tentaient eux-mêmes de comprendre la situation. Jules Ischys n'était pas le genre d'homme face auquel il fallait se trouver lorsque sa colère éclatait, pourtant, le sourire d'Eric Caedis ne fit que s'élargir.

-Oui, appelez donc vos gardes à la rescousse. Exigez de ces inconnus desquels vous ne vous préoccupez pas qu'ils sauvent votre règne.

Jules ne dit rien, prit de court face à cette accusation, son regard rasant toute la Galerie des Glaces à la recherche de ses précieux soldats.

De son côté, Ethan cherchait aussi ses élèves, les hommes qu'il avait formés, les adolescents qu'il avait lui-même sacrés, vu devenir des hommes... Mais ceux qu'il voyait, sabres au clair, prêts à défendre la famille Royale, ne représentaient qu'une fraction des gardes qui auraient dû se trouver dans la salle de bal à cet instant. C'est alors que le Combattant, un des meilleurs généraux et tacticiens de Skylar, se rendit brutalement compte de la réalité face à laquelle il se trouvait : avec une part incertaine des gardes ayant trahi la couronne, la victoire appartenait presque certainement déjà aux Caedis.

C'est alors qu'Olympe, qui semblait irradier de pouvoir et de puissance aux côtés de son mari, claqua des doigts, un geste si simple qui, promettait pourtant de condamner les anges les plus puissants du monde.

Au son sec et bref, les portes tout le long de la Galerie des Glaces s'ouvrirent et des centaines de soldats, Corbeaux renégats, Anges de Sang et gardes personnels de la famille Arwen encore sous couverture, firent leur entrée, entourant stratégiquement les Royaux, les hauts dignitaires du Royaume et les plus hautes personnalités de la cour. Et Ethan compris soudain où se trouvaient tous les soldats manquant à l'appel. Dans les rangs de l'ennemi.

-C'est bien à ces soldats que vous faites référence, n'est-ce pas ? Et bien ce soir, ils ne pourront pas vous sauver.

Jules semblait paralysé, incapable de comprendre les paroles de son ennemi. Ce dernier se fit un plaisir d'expliciter les enjeux de la soirée :

-Ce soir, Votre Majesté, vos soldats vous abandonnent. Ce soir, ce sont mes soldats. Ce soir, votre règne de sang touche à sa fin.

Alors qu'Eric parlait, les soldats sous ses ordres se mirent en mouvement, laissant leur pouvoir transparaitre sous forme d'orbes lumineux pour certains, dégainant leurs armes pour d'autres. Et, alors que l'air résonnait encore du son des lames quittant leurs fourreaux à l'unisson, les masques commencèrent à tomber, et les Ischys prirent enfin conscience d'une terrible vérité : si ceci était une déclaration de guerre, ils ne se trouvaient pas du bon côté.

Un par un, tous les alliés des Caedis, Courtisans et hauts dignitaires, dévoilèrent leurs propres armes, leurs propres pouvoirs, laissant comprendre à leurs souverains que leur propre Cour, le cœur même de leur pouvoir et de leur influence, était tout aussi pourri qu'un trognon de pomme tombé de l'arbre au cœur de l'hiver.

Et le seul fait d'avoir été à l'origine de ce fruit empoisonné, d'avoir été le parasite causant la décadence de la chair, donnait à Eric un pouvoir total sur le déroulement de la soirée. Et il le savait. Ce fut avec délice qu'il reprit la parole, son sourire large, mais ses yeux aussi froids que la lame du sabre qu'il s'apprêtait à dégainer :

-Nous ne sommes pas ici ce soir pour vous faire comprendre qu'une Révolution se prépare. Nous sommes ici pour vous faire comprendre qu'elle est déjà arrivée. Et que vous avez perdu.

À ces mots, Noémie se plaça aux côtés de son père, plus princière que jamais et, après avoir jeté un regard de pur triomphe à Ambre, inspira profondément et...

Hurla.

En l'espace de quelques instants, l'intégralité de la Galerie perdit plusieurs degrés en température, les perles de cristal sur les lustres et chandeliers se couvrant d'une fine couche de givre. Certains des invités les plus innocents ne parvinrent pas à retenir des cris de surprise.

Non seulement la cryokinésie était un don extrêmement rare, mais cela faisait des nombreuses années que la capitale n'avait pas connu de cryokinésiste puissant. Or, le fait que la détentrice de ce pouvoir ne soit autre que la suivante personnelle de la reine donnait un tout autre aspect à cette trahison.

Ce fut ce moment que Maxence choisit pour faire son entrée dans la Galerie. La détonation causée par les flammes de l'Héritier Écarlate causa une nouvelle vague de chaos dans la salle de bal. Tel un démon vengeur, il avait fait exploser deux battants de bois immaculés et, entouré des dernières volutes de fumée, révéla son sourire le plus cruel aux Ischys, ses doigts encore illuminés par la rougeur des flammes magiques.

Cependant, ce ne fut pas la vue de Maxence, ennemi encore inconnu, qui terrassa momentanément Ethan, mais bien celle de la seconde silhouette qui apparut derrière le voile de fumée.

Le Combattant sentit son souffle se couper douloureusement dans sa poitrine alors qu'il découvrait la beauté dévastatrice de sa nouvelle ennemie. Il comprit à ce moment que, depuis toutes ces années, Jade s'était bridée, avait toujours gardé un profil bas, avait toujours pris soin de camoufler sa beauté véritable. Il lui suffit d'une seule seconde pour soudainement comprendre à quel point elle avait joué un rôle depuis sa plus tendre enfance, depuis son arrivée au Palais.

Jade Arwen n'avait pas été élevée pour être une espionne, une soldate ou une suivante. Elle était née pour être une générale, reine de la bataille.

Comment ne s'en était-il pas rendu compte plus tôt ? Comment avait-il pu ignorer cet aspect de sa personne, qui à présent lui semblait si évident, si omniprésent, si inéluctable ?

La jeune femme avait abandonné sa robe de velours vert dans l'arène et l'avait échangée contre une tenue de combat sophistiquée, composée d'une combinaison moulante noire, par-dessus laquelle elle avait disposé une cuirasse, de hautes bottes ainsi que des gantelets tous faits de métal doré. Autour de sa taille et de ses cuisses, des ceintures de cuir retenaient tout un arsenal de lames et d'étoiles à lancer. Elle tenait à la main, prête à se battre, une longue et fine épée, dont le pommeau décoré de ses initiales témoignait d'un long passé.

Jade eut tout le mal du monde à ne pas trembler de tout son corps aux côtés de son compagnon lorsqu'elle vit les silhouettes écrasées au sol de Gabriel et d'Ethan. Mais un seul regard de sa mère, encore camouflée parmi la foule des Courtisans paniqués, suffit à lui faire regagner le contrôle. Elle avait une mission, et aucun regard nostalgique envers ceux qui étaient officieusement devenus ses amis ne pourrait changer cela.

Gabriel, qui tentait d'attirer l'attention de son père pour savoir si celui-ci comptait engager une contrattaque, n'eut pas besoin de plus de quelques secondes pour réaliser à quel point ses parents étaient tous les deux complètement dépassés par la situation. Ambre, ses pupilles bleutées brillant de rage dans la lueur soudainement glacée de la Galerie, ne semblait pas prête à engager le combat. Jules parraissait quant à lui incapable de détacher son regard de celui d'Eric, qui lui rendait volontiers la pareille, son attitude toujours aussi nonchalente.

-Jules et Ambre ne vont rien faire, chuchota-t-il avec rage à l'encontre de son cousin et son amante. Nous devons agir.

-Et comment comptes-tu procéder ? contesta Helena, dont le niveau de panique ne cessait d'augmenter à chaque seconde où elle ne retrouvait pas Jessy dans la foule. Nous sommes encerclés, nous ne connaissons pas l'identité de tous les traitres, et toi et Ethan faites partie des cibles principales de coup de force. Nous avons les mains liées !

Les poings serrés du Prince se mirent à trembler de rage à ces paroles, qu'il savait pourtant être vraies.

-Nous devons faire quelque chose, pourtant. Ou sommes-nous censés rester sagement à terre alors que notre trône est directement menacé ? cracha soudainement Ethan, faisant sursauter la jeune fille.

Au cours du dernier mois et au travers de leurs nombreuses sessions d'entrainement, Helena avait fait face à Ethan dans de nombreux états différents : elle l'avait connu énervé, exaspéré, fatigué, stressé... Elle avait poussé ses limites et testé sa patience comme aucun de ses élèves ne l'avait fait par le passé. Mais jamais, jamais, elle ne l'avait vu ainsi, la rage omniprésente dans ses veines au point que son métabolisme, incapable d'assimiler une telle émotion, le maintenait calme. Ses poings ne tremblaient pas comme ceux de Gabriel, ses yeux n'allaient pas fiévreusement de visage en visage tentant de découvrir les traitres comme Ambre. Non, le Combattant restait de marbre face à la plus grande trahison que sa lignée aie connu depuis des siècles, immobile alors que les visages de son enfance se révélaient être infidèles...

Néanmoins, il existait encore dans la Galerie trois individus qui se rendaient compte que c'était dans cet état que le Combattant était le plus dangeureux, que ce calme apparent n'était que l'anonciateur de la pire tempête possible et imaginable.

Jade, qui tentait de se préparer à l'inévitable face à face, au duel ultime qui ferait d'elle la réelle dirigeante de la Rébellion.

Helena, qui ne connaissait que trop bien les promesses meurtrières que renfermaient ces yeux gris aux pupilles déjà blanchissantes.

Aaliyah, qui, cachée dans les ombres des hautes colonnes de marbre depuis le début du coup d'Etat, était prête depuis la première seconde à se battre aux côtés de l'Héritier.

-Nous devons trouver une solution, oui, mais nous ne pouvons pas nous permettre d'y perdre la vie. Skylar est sur le point de se faire déchirer par la guerre, et perdre en une seule soirée ses deux héritiers est la dernière chose dont le Royaume a besoin.

Ethan ne dit rien, mais il ne fit rien non plus, faisant ainsi comprendre à son amie qu'elle avait raison : la survie des héritiers—ou leur mort—était un élément clé dans le combat à venir.

-Serais-tu capable de nommer les Corbeaux dont tu es sûr qu'ils ne te trahiraient pas ? As-tu une vague idée de sur qui nous pouvons compter à partir de maintenant ?

-Ne comprends donc tu pas ? Les Caedis ont préparé cette attaque depuis des mois, ils nous ont pris par surprise et détiennent désormais toutes les cartes en main. En cette même seconde je serais incapable de te dire si je fais confiance à ma propre mère. Nous sommes seuls.

Helena tenta de calmer le rythme soudain emballé de sa respiration tout en hochant la tête. Si elle commencait à paniquer maintenant c'était sa vie qu'elle mettait en danger.

Alors que les Héritiers et la Corneille tentaient de trouver une échappatoire, le roi avait brusquement pris conscience de la présence d'une autre des suivantes de son épouse dans le camp des traitres. Il pointa d'un doigt impérieux la plus jeune des Arwen, percevant dans ses yeux gris et sa chevelure brune les traits de lointaines victimes.

-Que fais-tu ici, petite ? Ce conflit ne regarde en rien ta famille. Incline-toi tant que tu le peux encore, repends-toi avant que tes actes n'apporte de terribles conséquences sur toute ta famille.

Le ventre de Jade se tordit violemment en entendant ce « petite » plein de dédain. En quelques phrases, Jules Ischys avait réussi à lui rappeler ce qu'elle avait elle-même passé des semaines à se répéter, les raisons pour lesquelles elle avait allumé la mèche qui avait fait exploser la Rébellion. En quelques phrases, il avait réussi à effacer tous les doutes de son esprit. Ce dédain face à plus petit que soi, cette intime conviction que tous les êtres dont le nom de famille n'était pas Ischysne valaient rien en ce monde : c'était là les principales raisons qui avaient mené la lignée Arwen à s'allier aux Anges de Sang, aux ennemis de la patrie.

-Pensez-vous honnêtement, Votre Majesté, commenca la jeune fille en crachant brutalement le titre de son interlocuteur, que ma famille aurait honte de mes actes ? Que les miens détourneraient le regard alors que je suis en train de défendre ce qui nous revient de droit ?

Jules resta interdit face à cette jeune femme à l'air si angéliquequi devenait soudainement une de ses ennemies les plus féroces. Il ne put rien répondre face aux accusations de cette dernière, mais la Cour, elle, ne cessait jamais ses intrigues, et les Courtisans les plus osés—ou les plus inconscients—ne purent se retenir de chuchoter quelques paroles.

-Puisque vous ne semblez pas disposé à rendre la vérité à vos sujets, laissez-moi remettre de l'ordre dans votre Histoire Royale, Sire.

Toujours souriante, sa beauté et sa force véritables apparraissant enfin derrière les lambeaux de son déguisement de servante docile, Jade se placa au centre du large cercle formé par la foule, laissant aux Courtisans tout le temps de découvrir à quoi ressemblait leur nouvelle Princesse.

-Sachez, Dames et Lords de la Cour Royale, que Jules Ischys n'est rien de plus qu'un usurpateur.

Ce dernier mot résonna contre les parois glacées de la Galerie comme une sentence de mort, son écho flottant encore parmi les rangs des invités lorsque Jade reprit la parole :

-Votre roi n'est arrivé au trône qu'après des années de complots, de duplicité et de meurtres. Le chemin qui l'a mené au pouvoir est pavé de corps, ou avez-vous déjà oublié que Jules Ischys a lui aussi participé à la Course, il y a de cela deux cent ans ? Avez-vous oublié quel autre Héritier se trouvait à ses côtés ? Votre mémoire vous fait-elle défaut au point que vous avez tous oublié le nom de celui qui allait monter sur le trône avant ce « terrible accident » ?

-Philippe Arwen. Voilà le nom dont vous devriez vous souvenir.

Noah Arwen, accompagné de la belle Anaya, laissa enfin l'attention collective se poser sur lui, son regard tout aussi triomphant que celui d'Eric Caedis. Sa fille le rejoint immédiatement, les trois anges traitres formant une terrible parodie de portrait de famille.

Le roi resta interdit face à cette nouvelle révélation. Il savait que la moindre remarque de sa part ne pourrait que lui faire perdre toute crédibilité face à sa Cour. Cependant, il était lui-même trop habitué aux jeux mondains comme pour ignorer que son silence aurait lui aussi des conséquences. C'est alors qu'une nouvelle voix s'éleva dans la Galerie devenue une véritable arène de combat : celle de la reine Ambre, restée inhabituellement silencieuse depuis le début de ce coup d'Etat. Ses pupilles bleutées brillaient de rage, mais tout dans son attitude inspirait le calme et le contrôle.

-Philippe et Sophia Arwen sont morts assassinés il y a de cela plusieurs siècles. Pourquoi remuer le passé ?

-Pour réformer le futur !

La voix d'Anaya Arwen résonna tout aussi fort que celle de sa rivale dans la salle de bal, lancant un défi à cette dernière face à toute la Cour. L'espace de quelques secondes, les deux reines s'affrontèrent dans le silence le plus total et, bien qu'elle n'ait jamais entendu parler d'Anaya auparavant, Helena ne put s'empêcher de remarquer sa prestence et le pouvoir qui émanait d'elle. Elle nota également le regard de stupeur ou de pure terreur dans les yeux de certains Courtisans, et comprit immédiatement qu'Anaya était une figure influente de la Cour. Les Arwen semblaient tout posséder de la classe Royale, à l'exception du titre.

Erreur qu'ils étaient disposés à corriger. Par tous les moyens.

En observant la foule, la Corneille nota qu'elle n'était visiblement pas la seule à se faire cette remarque : les Courtisans, encore cachés par les ombres de leurs masques, affichaient une attitude indécise. Tandis que l'un s'éloignait subrepticement des Royaux pour se rapprocher du nouveau centre de pouvoir, un autre commencait discrètement à activer sa magie. Les Courtisans semblaient visiblement disposés à conserver leur influence au sein du Palais, peu importe sous quelle dynastie.

-Nous nous sommes laissé écraser par les Ischys pendant de trop nombreuses années ! enchaina Anaya. Il est temps d'exposer les Royaux pour ce qu'ils sont vraiment : des meurtriers, des usurpateurs. Ils ont arraché le pouvoir des mains de ceux à qui il revenait de droit ; et aujourd'hui, nous sommes de retour pour reprendre ce qui nous appartient !

Peu à peu, les deux familles de traitres s'étaient rapprochées, et les sept individus à l'origine de cette Rébellion historique, toutes génétations confondues, se retrouvaient à présent au centre même de la Galerie des Glaces, tous les individus les plus puissants du Royaume assistant aux débuts de ce qui promettait d'être une nouvelle ère.

Soit-elle de prospérité ou de décadence, le mystère restait quant à lui entier.

Les orbes lumineux et les flammes vacillantes des bougies illuminaient les lames dégainées de Maxence et Jade telles des épées divines enflammées. Les autres membres de la Rébellion n'avaient pas encore sorti leurs propres armes, attendant le moment propice pour attaquer, conservant l'attention de leur public et de leurs interlocuteurs.

-Les Ischys sont des despotes, ils ne méritent ni notre admiration, ni notre gratitude. Ce sont ce soir les deux familles ayant le plus souffert de leur règne qui se présentent à vous, mais nous savons que nous ne sommes pas seuls, nous savons que la souffrance qu'ils ont causé dépasse les limites de notre imagination.

Tout en parlant, Noah désigna certains des Corbeaux et des Marqués ayant abandonné leurs souverains. Puis son regard s'arrêta lourdement sur certains des Courtisans qui s'étaient déjà révélés comme étant des traitres.

-Les Anges de Sang ont été décimés, expulsés de leurs terres, leurs enfants tués, leurs richesses volées. Mais nous avons survécu, nous avons prouvé notre force malgré le feu et le sang qu'ont fait pleuvoir vos rois. Nous ne réclamons rien de plus que la justice. Et nous avons bien l'intention de récupérer notre dû.

Et avec ces dernières paroles qui sonnaient plus comme une promesse macabre que comme une simple menace militaire, Eric lanca sa coupe de cristal directement en direction de Jules et Ambre, utilisant sa télékinésie pour atteindre le roi en pleine figure. Dans ce même mouvement, il dégaina son épée, provoquant en une seule seconde une vague de cri et de tentatives de fuite désespérées dans la foule.

Olympe claqua à nouveau des doigts et les chariots remplis des armes du Combattant firent leur entrée dans la Galerie, sous le regard abattu et impuissant de ce dernier. Anaya invoqua un orbe de protection tout autour de sa famille et des Caedis, que Noémie finit de renforcer en formant une impénétrable rangée de stalactites autour de la sphère de protection.

Puis Jade et Maxence quittèrent la protection de l'orbe, se ruant sans merci vers leurs ennemis, et, en quelques secondes, la guerre la plus innatendue et sans doute la plus importante du millénaire fut engagée.

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