Chapitre LXX- Gala de Sélection
La Galerie des Glaces était remplie comme jamais auparavant des figures les plus délicates de Skylar, chaque recoin où se tournait l'œil envahi de robes fantastiques, d'ailes colorées et de coupes délicatement taillées dans les cristaux les plus fins de l'univers angélique.
Devant l'une des immenses baies vitrées grandes ouvertes, un orchestre jouait, faisant résonner dans l'espace mordoré les plus belles mélodies des quatre continents.
Ailani, le verre rempli et les lèvres étirées dans un sourire qui, exceptionnellement, était sincère, observait les moindres détails de cette scène à l'allure féérique, dont elle savait pourtant tous les secrets les plus sombres.
La Dirigeante était plus somptueuse que jamais, son corps parfaitement mis en valeur dans un ensemble d'or rutilant. Son bustier, une imitation cuivrée du plastron des armures médiévales, laissait ses épaules et ses côtes nues et sa longue jupe droite, fabriquée avec une maille métallique scintillante, tombait lourdement sur ses longues jambes et dessinait ses hanches avec une surprenante délicatesse. En guise d'accessoire elle avait copié différentes parties d'un casque de chevalier et avait fait construire un diadème d'or qui enserrait son front et ses cheveux, qu'elle avait rendus blonds et lisses pour l'occasion. De fines chaines, accrochées à son diadème, tombaient sur son cou et mettaient les courbes de ses clavicules en valeur.
-Comtesse, vous resplendissez.
La contemplation d'Ailani fut interrompue par Katharine, qui fit soudainement irruption dans son champ de vision. La Dirigeante Royale avait trouvé le moyen de se faire remarquer à un bal où tous les invités avaient opté pour la même palette de couleur : sa tenue était entièrement noire. Elle portait un justaucorps qui faisait également office de corset par-dessus lequel elle avait enfilé un unique jupon de tulle noire entièrement transparent au bas duquel une scène de combat médiévale avait été reproduite dans son intégralité à l'aide de fil d'or et des mains les plus talentueuses de la capitale. Sur ses épaules, des épaulettes d'or reliées par une lourde chaine en travers de sa clavicule rappelaient des morceaux d'armure. La veuve Belladone avait laissé ses longs cheveux onduler jusqu'au bas de son dos et les avait teintés d'une couleur d'un noir d'encre. Elle avait, comme Ailani, déposé une couronne d'or sur le haut de son crâne, mais la sienne était en réalité une réplique de celle que portait Hugo Ischys de son vivant, qu'il avait fait recréer à l'identique pour sa femme des années auparavant.
-Je ne peux que vous retourner le compliment, Katharine. Comme à votre habitude, vous êtes parvenue à tourner la situation à votre avantage. La Cour va raffoler de votre tenue dans les semaines à venir.
Contrairement à ce à quoi auraient pu s'attendre les Courtisans, les deux Dirigeantes entretenaient une relation de respect mutuel, et la plupart des complots et des rumeurs circulant au sein du Palais étaient des créations communes. Ces deux anges avaient appris il y avait de cela de longues années que la jalousie pouvait devenir un réel poison lorsqu'on était enfermé trop longtemps dans la cage dorée de la Cour.
Au centre de la Galerie, les Courtisans dansaient à s'en donner cœur joie. Les jupes flottaient dans un mouvement éthéré et, sur le sol de marbre lisse, un monde entier se reflétait. De l'autre côté des portes vitrées, tout un jardin avait été aménagé : une fontaine entièrement faite de miroirs polis faisait office d'attraction temporaire, déformant les silhouettes parfaites des Courtisans. Les bancs avaient été recouverts de délicates feuille d'or et, sous des arches lourdes de bourgeons en fleur et emplis de minuscules sphères lumineuses, des tables croulant sous les mets les plus délicieux de la capitale étaient à la disposition des invités.
Le soleil, qui avait déjà entamé sa course descendante, marquait également le rythme du bal : plus les ombres s'épaissiraient, plus les convives se lâcheraient. Le Gala, tous le savaient, ne deviendrait vraiment intéressant que lorsque la lune serait haute dans le ciel.
Soudain, alors que l'astre de feu illuminait la Galerie à l'angle parfait pour que ses rayons d'or liquide se reflètent sur chacune des glaces du long couloir, le transformant, l'espace de quelques minutes, en une véritable supernova, la famille Royale fit son entrée.
À la différence de la Galerie des Glaces française, la salle de bal du Palais possédait un grand balcon qui, lorsqu'on se tenait dessus, faisait face à tout le hall. Les Ischys firent une entrée spectaculaire en apparaissant sur ce balcon au son d'une musique soudain rendue dramatique par un orgue dissimulé du public. Tous les Courtisans se réunirent sous les rambardes du haut balcon, avides.
Ambre et Jules s'approchèrent du rebord du balcon de bois et d'or, tous deux resplendissant d'une inimaginable beauté dans leurs tenues d'apparat.
La reine portait une longue robe de velours bleu cobalt au décolleté carré richement décoré de perles d'or qui recréaient des motifs floraux. Ses longs cheveux avaient été coiffés en un haut chignon tressé et sur son front, la lourde couronne d'or qu'elle avait déjà arborée lors de l'Épreuve quelques jours plus tôt était visible. Au niveau de la ceinture, un corset en métal doré dessinait sa silhouette à l'image d'un plastron d'armure.
Jules avait lui aussi sorti le grand jeu, avec une tenue grandiose constituée d'un costume de cérémonie entièrement blanc recouvert de diverses médailles retraçant son parcours militaire. Il avait enfilé une paire de bottes chromées qui luisaient à la lueur des miroirs et une cape du même bleu que la robe de son épouse, maintenue en place par des épaulettes d'or elles-mêmes liées par des chainettes dorées qui traversaient son torse. Sur le front, il portait un large anneau d'or qui était gravé de cinq symboles rappelant respectivement l'un des éléments primaires, mais aussi une des régions de Skykar, le cercle se rapportant à la quintessence représentant l'union des peuples angéliques.
Une vague d'applaudissements accueillit les deux monarques, mais le murmure des Courtisans reprit rapidement le dessus, lorsque ceux-ci réalisèrent que les deux héritiers ne se tenaient pas à leurs côtés. Pour la première fois depuis l'inauguration du Gala, la famille Royale ne se tenait pas au complet sur le balcon de la Galerie.
-Mes chers amis, s'exclama alors Jules, coupant court au vrombissement incessant qu'était devenu le chuchotement des centaines de Courtisans. Vous voir ici rassemblés ce soir m'apporte une immense joie ! Nous nous retrouvons en ce jour béni afin d'initier nos soldats les plus jeunes à notre monde, les inviter à faire partie de notre culture à jamais. Nous sommes ici pour les remercier de leur sacrifice et de leur service au nom de Skylar !
De nouveaux applaudissements retentirent le long de la Galerie, des sourires polis s'étirant sur les centaines de visages tournés vers le roi. Ce dernier leva les mains devant lui en signe de silence, remerciant son audience pour son attention et son admiration.
-Depuis des millénaires Skylar prospère grâce aux centaines d'humains qui traversent nos barrières. Sans eux, il y a de cela longtemps que la dynastie des Ischys aurait sombré dans l'oubli. Rendons grâce à Aetherios Ischys, artisan de la paix telle que nous la connaissons aujourd'hui, mais aussi découvreur du mythique Pouvoir de Destinée, sans lequel toute notre Histoire aurait pu être réécrite dans le sang.
Soudain, la plus grande des fresques ornant le plafond de la Galerie des Glaces se mit à luire, remplaçant la lueur du soleil couchant par un nouveau scintillement violacée. La peinture d'Aetherios, une lourde couronne d'or sur la tête et les mains entourées d'un halo violet, s'était mise à luire, les étoiles factices entourant sa silhouette musclée brillant également.
-Sans notre ancêtre, jamais notre nation n'aurait pu devenir ce qu'elle est aujourd'hui. Nous avons beau nous cacher des humains, jamais nous ne devons oublier leur sacrifice envers nous, et nous leur devons toute notre gratitude.
Pendant que ces mots vides de sincérité traversaient les lèvres du roi, plusieurs gardes se dirigèrent vers certaines des doubles portes de la Galerie, encore fermées puis les ouvrirent, laissant apparaître des rangées de Corbeaux et de jeunes Marqués, qui, théoriquement, étaient les invités d'honneur du Gala de Sélection.
-À présent, si longtemps après la disparition d'Aetherios, c'est à mon fils qu'il incombe de sélectionner les meilleurs guerriers de la Terre afin de les recruter pour notre armée. Mes amis, mon fils et héritier, votre Prince : Gabriel Ischys !
Enfin, la silhouette de Gabriel fit son apparition dans la salle de bal. Sur l'un des plus petits balcons, à la droite de celui où se tenaient Jules et Ambre, ses traits sombres se dessinèrent.
Cette fois-ci, ce fut un tonnerre d'acclamations qui se fit entendre depuis les endroits les plus reculés de l'immense salle de réception.
Parfait dans son rôle de Prince Héritier, Gabriel souriait, envoyant des regards complices feints à la perfection à ses parents et à certains des Courtisans qu'il connaissait le mieux, ses mains bougeant à ses côtés avec délicatesse comme pour demander à son public de ne pas l'acclamer de la sorte.
Comme s'il n'adorait pas chaque seconde de ce qui était en train de se passer.
Une fois le silence revenu, Gabriel adressa un dernier sourire à son père avant de prendre la parole :
-Je vous remercie pour vos paroles flatteuses, Père. Cependant, jamais notre armée ne serait devenue ce qu'elle est aujourd'hui sans le rôle du Combattant. Là où Aetherios avait Samuel, j'ai Ethan, qui, en plus d'être lié à moi par le sang, est l'un des plus grands guerriers que ce Royaume ait porté depuis des décennies.
Ce fut alors au tour d'Ethan d'apparaître sur l'autre petit balcon, à gauche du couple Royal. Le Combattant resplendissait dans sa tenue de cérémonie blanche accessoirisée avec soin avec certaines parties de sa véritable armure.
Les applaudissements retentirent presque aussi fort que les commentaires sur les mots prononcés par Gabriel. Personne à la Cour de Praesidium ne penserait jamais que les deux héritiers s'entendaient bien et tout compliment qu'ils s'adressaient publiquement était immédiatement perçu et entendu comme étant un subterfuge politique.
-Mes amis, reprit Jules après quelques secondes, refusant à Ethan le plaisir de se faire acclamer aussi longtemps que Gabriel, bien que nous nous retrouvions ici chaque année, nous parvenons à faire de chaque Gala une soirée unique et merveilleuse. Cette année, ma reine et moi-même avons décidé de transformer cet évènement en un rassemblement grandiose pour tout le Royaume. C'est pourquoi, pour la première fois, des délégations arrivées des quatre régions de Skylar nous honorent de leur présence.
A ces mots, l'immense double porte se situant juste en-dessous du grand balcon s'ouvrit, et les hauts dignitaires, qui avaient déjà fait une entrée spectaculaire la veille, pénétrèrent dans la salle de bal.
Leurs tenues étaient spectaculaires, combinant symboles régionaux et armures brillantes. Chaque pas était accompagné d'un tintement de bijoux et d'étoffes brodées de perles métalliques. Les sorciers de Kalasangan portaient des tenues légères et transparentes qui laissaient deviner leurs formes avec une délicatesse presque pudique, leurs cheveux noués avec des fleurs d'or et leurs habituels colliers de perles colorées remplacés par des chaines précieuses.
Les sirènes portaient pour certaines leurs propres armures, mêlant leurs écailles à des plaques de métaux sous-marins. D'autres avaient même refusé de boire la potion de métamorphose et se déplaçaient dans des baignoires transparentes qu'elles faisaient bouger à l'aide de simples sorts, laissant leurs corps aquatiques à la vue de tous.
Comme lors de leur arrivée à la Cour, les Caedis bénéficièrent d'une entrée annoncée, le simple son de leur nom leur attirant tous les regards. Les quatre membres de la famille des « Écarlates » s'étaient habillés de la même couleur, arborant avec une ironie qu'ils étaient les seuls à comprendre des tenues d'un blanc immaculé. Les deux hommes portaient des redingotes rouges par-dessus des ensembles nacrés, leurs épées –spécialement conçues pour ressembler à des sabres de cérémonie inutilisables dans une véritable bataille—rappelant le thème de la soirée.
Olympe portait quant à elle une imposante robe dont le bustier était fait dans un métal doré aux reflets rosés. Elle avait lâché ses cheveux de jais et portait un bijou de tête entièrement fait de grenats et de rubis luisants.
Noémie avait, tout comme Katharine, réussi à détonner parmi des tenues qui se ressemblaient toutes : au lieu de jouer sur les contrastes de couleur, elle avait opté pour une tenue avec un pantalon. La jeune suivante portait une combinaison intégrale composée d'un bustier sans manches et d'un pantalon droit, le tout accompagné d'une traine de tulle transparent cousue de perles. Ses avant-bras étaient recouverts de protection semblables à celles d'une armure et ses cheveux, complètement lâchés, étaient ornés d'une couronne faite de deux poignards recourbés et décorés de minuscules rubis. Elle portait un rouge à lèvres d'un rouge profond, ce qui renforçait encore le contraste avec sa tenue.
Finalement, la couleur blanche n'était peut-être pas si innocente que cela...
Une fois que tous les invités furent présents dans la Galerie, des valets firent leur apparition aux côtés des deux héritiers, prêts à annoncer l'arrivée de leurs cavalières. A cet instant, Gabriel croisa le regard sévère de son père et Ethan aperçut les yeux avides de sa mère. Aucun des deux n'avait révélé à Jules ou Katharine l'identité des Courtisanes qui seraient présentes à leur bras pendant la soirée, soi-disant pour élever le mystère autour d'elles.
Les deux cousins descendirent de leurs balcons respectifs par des escaliers, traversant la Cour assoiffée de ragots et se dirigèrent, tous sourires, vers deux des plus grandes portes vitrées de la Galerie, situées en face du balcon Royal.
Dans l'embrasure de celles-ci, pendant que l'intégralité de la Cour était tournée vers les Ischys, deux fines silhouettes avaient fait leur apparition, sombres figures contre le soleil couchant.
Le valet sur le balcon de Gabriel annonça, tandis que ce dernier tendait la main vers sa compagne encore masquée :
-Helena Parsons-Vasilia, Première Corneille de Praesidium !
La jeune fille retira alors le voile argenté recouvrant son visage et posa délicatement sa main dans celle, tendue, du Prince.
Helena avait passé des heures à chercher une robe appropriée pour le Gala, jusqu'à ce que Gabriel, s'apercevant de son désespoir, fasse venir ses propres couturiers afin de concevoir une robe sur-mesure. Ainsi, la jeune fille portait une longue robe d'un blanc crème accompagnée d'une cape de la même couleur. Le haut de la tenue était composé de centaines de minuscules écailles d'or rose formant un semblant d'armure et une ceinture de la même couleur accentuait sa taille fine. Le tissu clair était taillé dans une étoffe semblable à la tulle, mais plus fine et plus éthérée. Plusieurs couches de tissu avaient dû être utilisée pour éviter que la robe ne soit trop transparente. La cape était composée d'épaulettes d'or rose elles aussi, maintenant la longue traine en place. Des perles précieuses avaient été cousue dessus, recréant la Marque d'Helena à même sa tenue.
Ses cheveux avaient été tressés puis assemblés en un chignon bas, quelques mèches lâches entourant son visage délicat et son maquillage, bien qu'accentuant ses traits et rendant à sa peau la couleur qu'elle avait perdu au cours des derniers jours, restait discret et frais.
De là où elle se trouvait, la jeune Corneille pouvait apercevoir les poings serrés d'Ambre et la lueur de rage dans les yeux de Jules. Elle ne put s'empêcher de sourire.
Voyons comment tourne le vote à présent, Vos Majestés.
Inconscient de la tension qui avait pris place dans la salle de bal, le valet qui se trouvait sur le balcon d'Ethan s'exclama alors à son tour:
-Aaliyah Sicarius, Courtisane de Praesidium !
Tout en adressant un sourire amusé au couple que formaient Helena et Gabriel, le Combattant s'était dirigé vers sa propre cavalière, dont le visage qu'il n'avait pas vu depuis des jours était entièrement recouvert par un voile diaphane. Lorsqu'il tendit la main et qu'Aaliyah y déposa la sienne, Ethan eu la sensation de revivre, de pouvoir respirer à nouveau. Il perçut son sourire une fraction de seconde avant qu'elle ne se dévoile et le lui rendit franchement, laissant loin derrière les murmures de la Cour et le regard perçant de sa mère.
La jeune Courtisane portait une tenue d'un blanc nacré composée d'une robe moulante accompagnée d'une ceinture dorée et d'une cape qu'elle avait enfilée et qui entourait ses épaules et son cou. Sur le haut de celle-ci, des fleurs colorées avaient été brodées à l'aide de diverses perles métalliques. En guise de chaussures, la jeune femme portait une paire de bottes hautes chromées imitant à la perfection l'armure d'un chevalier. Elle avait frisé ses longs cheveux et y avait déposé un diadème de tourmaline et d'or, dernier vestige d'une vie oubliée duquel elle n'avait jamais réussi à se séparer.
Pendant que les lèvres d'Ethan caressaient sa joue et que toute la Cour s'extasiait face à ce visage à la beauté indéniable et pourtant inconnu des Dirigeants, Aimery, vêtu d'une somptueuse armure de corail bleuté et brandissant son sceptre royal, fixait cette silhouette comme sortie d'un rêve, se rappelant de la dernière fois qu'il l'avait vue sous sa véritable forme. La fois où il l'avait bannie. Lorsqu'Aaliyah eut enfin atteint le centre de l'immense cercle formé par les invités et que le roi de la mer d'Argent s'autorisa enfin à desserrer son poing crispé, une minuscule goutte de sang noirâtre coula le long de son poignet.
Une fois réunis au milieu de la Cour en effervescence, les deux couples remontèrent les escaliers menant à leurs balcons respectifs et ce fut au tour d'Ethan de prendre la parole. Comme à son habitude, le Combattant ne s'embarrassa pas de belles paroles :
-Skylar est le plus bel endroit de l'univers. Comme moi, vous connaissez les merveilles de notre Royaume et avez, tout au long de votre vie, profité de la paix qui règne dans les quatre régions angéliques. Cependant, Skylar n'est pas qu'un modèle de beauté. C'est un pays fort, un pays qui a connu, tout au long de son Histoire, le deuil, la précarité et la guerre. Skylar est un pays qui a longtemps été forcé de se battre contre lui-même et qui a dû apprendre à renaître de ses cendres.
Un lourd silence s'était installé dans l'assistance, le rappel des affrontements passés s'imposant à la mémoire de tous les invités qui, pour certains, avaient assisté aux horreurs mentionnées en première loge.
Malgré le fait qu'il ne possédât pas de titres aussi fabuleux que ceux de son cousin, Ethan, en sa qualité d'héritier Royal participant à la Course, avait très vite compris que la meilleure façon de jouir de tous les plaisirs de la Cour sans scrupules était de se fabriquer un personnage public, à travers lequel il pourrait exprimer ses habitudes les plus détestables et expier ses désirs les plus contestables. Parmi les traits les plus spécifiques de ce personnage à demi-fictif se trouvait le titre de Chef de Guerre Impassible et Invincible. C'était là le visage qu'il affichait face aux personnalités les plus hauts placées de son monde.
-Le fait que nous soyons doués de magie a, bien entendu, joué un rôle important dans ces conflits, mais le contrôle des éléments, aussi puissant soit-il, ne peut aucunement remplacer la bravoure et la hargne d'un soldat. Or, quoi que nous en disions, il fut un temps où Skylar n'avait plus de soldats. Les nôtres mourraient par centaines, nos rivières se teintaient de rouge et tout espoir semblait perdu.
Tandis qu'il prononçait ces paroles, la fresque représentant Aetherios sembla briller avec plus de ferveur, transformant la Galerie des Glaces, l'espace de quelques secondes, en une véritable explosion cosmique.
-Nous ne devons jamais oublier le don que nous ont fait les humains qui sont venus se battre à nos côtés. Jamais. Ce soir nous célébrons la puissance d'une armée créée par le sacrifice de milliers de soldats dont la bravoure ne serait être égalée. Nous célébrons l'héroïsme d'humains qui, chaque jour, continuent de venir sur Skylar pour protéger sa beauté. Courtisans de Skylar, je vous présente les Marqués du Royaume, vos champions de la paix !
Finalement, alors qu'ils se tenaient dans l'embrasure des portes longeant la salle de bal depuis plusieurs minutes, les Corbeaux firent un premier pas en avant, pénétrant dans la Galerie des Glaces, laissant les Courtisans affamés déchirer les uniformes rutilants de leurs regards insatiables.
Jessy se trouvaient parmi les premiers à entrer dans la salle de bal, aux côtés de ses camarades de chambre. Suivant les ordres qui leur avaient été donnés, tous les Corbeaux se répartirent aléatoirement dans la salle, certains allant même jusqu'à monter sur les premières marches des escaliers menant aux balcons des héritiers. L'orchestre s'était remis à jouer d'une musique sourde, aux notes basses et graves qui faisaient presque vibrer les innombrables miroirs. Lorsque la dernière note résonna de part et d'autre de la Galerie, tous les jeunes soldats tirèrent leurs sabres de cérémonie et se mirent en position de combat, les cris de surprise et d'admiration des convives recouvrant presque le chuintement du métal froid contre leurs ceintures.
Le jeune Corbeau connaissait déjà la salle de bal, mais il l'avait vue de nuit, alors que toutes les portes vitrées étaient fermées et que les chandeliers de cristal n'étaient pas recouverts de centaines de bougies ensorcelées. La musique semblait résonner en lui, faisant vibrer ses poumons avec un rythme brutal qui contrastait avec celui de sa respiration.
Suite au discours d'Ethan, les murmures des Courtisans avaient repris, chacun donnant son avis sur la nouvelle génération de combattants, tentant d'apercevoir le visage le plus délicat, la silhouette la plus musclée ou l'aura la plus flamboyante. Les conversations s'évanouirent une nouvelle fois lorsque le roi, du haut de son balcon doré, s'exclama :
-Chers amis ! Merci à tous d'être venus ce soir afin de rendre honneur à nos soldats ! Je vous en prie, dansez !
Jules claqua dans ses mains en prononçant ce dernier mot et, soudain, la simple note qui flottait dans l'air depuis que les Corbeaux avaient fait leur entrée dans la Galerie des Glaces s'emballa dans les violons et d'une flûte, et, enfin, le Gala de Sélection débuta.
***
BON, je sais que ça fait extrêmement longtemps que je n'ai pas publié et je m'en excuse! La 2e année de prépa est beaucoup plus compliquée et prend beaucoup plus de temps que ce à quoi je m'attendais, mais là je vous jure le livre est presque terminé!!
Une fois le gala passé, les choses vont très vite s'accélérer et SPLOILER ALERT: l'histoire prend fin pendant cette soirée (du moins pour le tome 1)
un média sera posté dans les jours suivants, en attendant j'espère que vous apprécierez ce chapitre!
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