Chapitre LXVI- Traîtresse
-Tu sais que nous n'avons plus beaucoup de temps, Jade ! Nous devons trouver une manière de réunir plus de Courtisans si nous voulons que notre plan fonctionne...
-Je sais, Noémie, je sais. Contrairement à ce que tu sembles penser, je ne suis pas idiote.
La remarque, sèche et cinglante, trancha l'air humide du petit placard à balais comme un couteau. Noémie se tut, interdite.
Jade soupira et enfouit son visage entre ses mains tout en se massant les tempes de ses ongles dorés parfaitement manucurés. Elle n'avait toujours pas parlé à son associée de sa rencontre avec Maxence la veille. Elle ne parvenait plus à lui faire confiance, ne parvenait plus à la regarder dans les yeux et avait encore plus de mal à préparer un coup d'état avec elle.
Sa rencontre avec l'héritier des Caedis l'avait profondément bouleversée : elle qui était censée tout prévoir, tout voir venir, elle était tombée des nues en apprenant le secret le mieux gardé de la Cour. Au moment de quitter les appartements de sa mère, Jade avait bien remarqué le regard menaçant que celle-ci lui avait lancé.
Ne t'avise pas de ruiner cette opportunité.
Depuis, la jeune Arwen n'avait cessé de revoir ces deux yeux noirs la fixant intensément dans l'obscurité de la nuit. Elle se remémorait la fumée rouge rubis entourant le halo de cheveux platines créant un violent clair-obscur avec la forêt au loin.
Elle était épuisée. Depuis des semaines, elle vivait dans l'angoisse constante que quelqu'un à la Cour ne découvre son secret, ne cessait de scanner ses pensées, à l'affût de la présence d'Ethan. Le Combattant occupait également une grande partie de son esprit : elle avait peu à peu appris à lui faire confiance, elle avait établi cette étrange relation entre eux, cet échange d'informations réciproque, ce même destin lié à travers le serment...
-Ton frère est un homme charmant Noémie, se contenta-t-elle alors de dire en fixant la blonde à ses côtés, prête à analyser toute réaction incontrôlée.
Pourtant, Noémie ne cilla pas, et se contenta de rendre son regard glacé à Jade.
-N'est-ce pas ? susurra-t-elle avec un sourire diabolique tout en se relevant et en sortant du petit placard sans hésiter.
Jade mis quelques secondes à reprendre ses esprits et à se lever à son tour. Noémie, ne l'ayant pas attendue, se trouvait déjà à l'autre bout du long couloir, vide à cette heure. Leurs talons résonnaient bruyamment sur les dalles de marbre veiné, un bruit sec et court agressant les oreilles de la jeune brune à chaque instant. Cependant, elle accéléra la cadence et tenta tant bien que mal de rejoindre son associée.
En cet instant, et de dos, Noémie ressemblait plus que jamais à une déesse : les rayons lumineux du soleil de midi traversaient les grandes baies vitrées du couloir et créaient un halo éblouissant autour de sa chevelure lâchée et soigneusement bouclée. Sa robe bustier d'un rose métallique semblait émettre sa propre lumière, et chacun de ses pas faisait tinter le lourd collier d'or et de perles qu'elle portait sur les épaules, comme un semblant d'armure.
Depuis qu'elle avait découvert que Noémie n'était autre que la princesse héritière des Anges Rouges, Jade s'était mise à l'observer de plus près, à analyser ses mouvements avec plus d'application. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour constater qu'en effet, la jeune blonde ne se tenait ni ne se comportait comme n'importe quelle autre suivante du Palais : sa posture était plus gracieuse, ses gestes plus délicats que la plupart des Courtisanes... Mais ce qui la démarquait le plus, c'était la véritable aura de pouvoir qui émanait de son corps si élancé. Rien qu'à sa façon de marcher, Noémie s'imposait face à n'importe qui. Sa façon de se tenir, la manière dont elle portait tous ses vêtements à la perfection, comme si elle était née avec, la facilité déconcertante avec laquelle elle choisissait des accessoires à la fois délicats et impressionnants... Il suffisait de l'observer avec un tout petit peu plus d'attention pour se rendre compte que Noémie Caedis avait été élevée pour faire partie de la royauté.
Peut-être même pour devenir reine, chuchota une voix dans l'esprit de Jade, qui n'écouta rien et rattrapa finalement l'héritière Rouge.
***
Helena était debout au milieu du salon de ses appartements, un verre dans une main et les chroniques de Sysy dans l'autre. Derrière elle, face à la baie vitrée, Gabriel ne disait pas un mot, se contentant d'observer les nuages qui s'amassaient aux sommets des montagnes, annonçant un violent orage. Face à elle, venant tout juste de se laisser tomber sur un des canapés, Ethan avait le visage dans les mains.
Le silence s'éternisait, sans qu'aucun des trois ne fasse quoi que ce soit pour y remédier. Helena n'avait toujours pas bu une seule gorgée, et elle n'en avait pas envie. Non sans jeter un dernier regard au Combattant, toujours affalé sur le canapé, elle se dirigea vers Gabriel et lui tendit nonchalamment la coupe tout en s'adossant à la porte vitrée, cherchant le regard de son amant. Il détourna à peine les yeux et accepta automatiquement l'objet qui lui était proposé, avant de faire descendre l'entièreté de son contenu dans sa gorge.
Il se retourna, posa le verre sur le meuble le plus proche et s'adossa à son tour contre la porte, son épaule touchant celle d'Helena, tous deux observant attentivement Ethan, attendant patiemment une réaction quelconque.
Tout à coup, l'héritier sortit de sa torpeur et se dirigea sans un mot vers son cousin. Il tendit une main impérieuse et fixa Gabriel, attendant visiblement quelque chose. Dans un soupir, le prince sortit de la poche de son pantalon une petite boite plate et argentée, sobre et très usée, qu'il ouvrit avec une dextérité marquée par l'habitude. Le couvercle émit un claquement en s'ouvrant et découvrit, en son intérieur, une rangée de cylindres métalliques soigneusement classés sous de minuscules gemmes colorées indiquant différents goûts.
Sans hésiter, Ethan s'empara d'un tube sous une gemme noire et prit dans le même temps le briquet argenté que lui offrait son cousin. Il alluma sa cigarette et tendit le bras pour rendre l'objet merveilleusement décoré de fleur de lys et de minuscule rubis, mais avant que son propriétaire ne puisse le récupérer, Helena s'en saisit et approcha ses doigts de la boite. Elle choisit la couleur aigue-marine et alluma à son tour le morceau de métal sans hésiter, la familiarité du geste lui revenant automatiquement.
Un goût sucré et acide envahit immédiatement ses papilles et une légère fumée bleutée sortit de ses lèvres. Elle sentait le regard de Gabriel sur elle, l'entendit pousser un long soupir et le sentit prendre à son tour une cigarette, la même qu'Ethan.
Le silence s'était installé, confortable, familier, les trois jeunes gens se contentant de fixer l'horizon teinté d'orange par les derniers rayons du jour. Ethan était le plus immobile des trois, statique à en faire peur. Les minutes passaient, s'enchainant sans fin et les cylindres fondaient lentement, les trois anges laissant tomber des paillettes d'argent dans un cendrier à portée de main. Finalement, les lumières de la terrasse s'allumèrent automatiquement tandis que l'obscurité se faisait de plus en plus profonde à l'intérieur.
Le Combattant fuma sa dernière bouffée avant ses deux compagnons et se dirigea vers le cabinet à liqueurs avant même d'avoir expiré la fumée toxique. Il se servit une généreuse dose et remplit deux autres verres qu'il déposa sur la table basse au centre de la pièce. Il finit par se rassoir sur un canapé, le dos courbé et les vêtements froissés, bien loin de son attitude royale habituelle. Il but la moitié de sa boisson d'une traite et prononça enfin son premier mot depuis que son cousin et son amie lui avaient annoncé la nouvelle :
-Bordel.
Helena le rejoignit, cendrier à la main. Elle n'avait toujours pas enlevé sa robe bleue qui, si elle était plus simple que ce que les Courtisans avaient l'habitude de voir, restait imposante. Lorsqu'elle s'assit aux côtés d'Ethan, son jupon bouffant envahit tout le fauteuil, l'entourant momentanément d'un nuage bleu saphir. Elle avait aussi gardé son maquillage, ou du moins ce qu'il en restait après son plongeon dans le bassin d'éther.
-Je sais, c'est... compliqué.
-Non. Compliqué c'est quand ta tante décide de tout faire pour tuer ton meilleur élève, compliqué c'est quand ton Éveilleuse disparue depuis des années refait surface sous la forme de deux adolescents. Ce à quoi on fait face ici c'est beaucoup plus que ça ! l'interrompit Ethan, laissant peu à peu sa panique glisser à la surface.
Admettre une infidélité de la part du fondateur de la lignée la plus puissante de Skylar n'était pas si inconcevable que ça, même si cela voulait aussi dire accepter le fait que lui et Gabriel ne soient plus les seuls héritiers au Trône, changeant ainsi l'issu de la Course. Mais accepter le fait que l'aura de cet ange ne se soit pas réincarné dans l'une des lignées directes de la famille, mettant ainsi le destin tout entier du Royaume entre les mains d'une inconnue, la fille d'une paria et toute dernière victime de la reine... Considérer tout ceci était déjà plus difficile pour le Combattant.
-Mes ailes finiront bien par retrouver leur couleur d'origine et, comme pour tout le reste, les Courtisans auront bientôt oublié toute cette histoire, dit Helena d'une voix douce, autant pour rassurer Ethan et Gabriel qu'elle-même.
-Je crois que tu sous-estime trop l'impact qu'une Épreuve peut avoir sur la Cour, intervint alors Gabriel. De plus, même si nos auras finissent bel et bien par se détacher l'une de l'autre, on ne peut pas simplement ignorer le fait que nous avons tous les deux le Pouvoir de Destinée et que nos âmes sont capables de se lier. On parle ici de quelque chose qui n'a même jamais été envisagé par les théoriciens de la magie...
-Arrête de parler. Je t'en prie Gabriel, arrêtes de parler.
La voix d'Helena était froide et dure, ne laissant aucun espoir à Gabriel pour relancer la conversation. La fatigue gagnait de plus en plus de terrain à chaque instant, et les quelques verres d'alcool qu'elle avait ingérés avec l'estomac vide tout au long de la journée n'aidaient pas.
Toujours sans rien dire, la jeune fille se leva et se dirigea vers sa chambre, le cou raide et les poings serrés. Elle jeta sa cape sur le lit, ne faisant plus attention depuis longtemps aux couleurs changeantes des murs et des draps : sa magie, toujours aussi difficile à contrôler, semblait profiter de son état d'épuisement pour s'enfuir de son corps ; comme lors de sa première semaine dans le Palais, l'étoffe de son vêtement semblait s'être taché d'encre, le liquide se répandant de plus en plus. Chaque parcelle de tissu qui entrait en contact avec la cape à présent d'un profond noir d'encre commençait à se teindre à son tour et très vite, tous les draps du lit furent teints de couleurs foncées.
Trop occupée à tenter de défaire les agrafes de sa robe, Helena ne tenta même pas de reprendre le contrôle de ses pouvoirs. Elle se contorsionnait, tordait ses bras à des angles improbables, mais ne parvenait pas à atteindre les attaches les plus hautes, au niveau de ses épaules. Soudain, une paire de mains étrangères frôlèrent sa peau, la faisant violemment sursauter. Elle ne se retourna cependant pas : son cerveau avait reconnu l'étranger avant son corps : Killian.
-Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vus, chuchota le Corbeau.
-Depuis que tu as tenté de me tuer au cours de mon Épreuve, tu veux dire ? répondit brutalement la jeune fille tout en se retournant pour faire face à son interlocuteur, tenant le bustier de sa robe contre sa poitrine, les agrafes à présent toutes défaites.
Helena se souvenait très bien du regard qu'il n'avait cessé de lui lancer tout au long de leur face-à-face, la suppliant de le laisser faire et de lui faire confiance, mais elle se souvenait aussi du tranchant de la lame de son adversaire dans le muscle de son épaule gauche qui, si elle avait été parfaitement réparée par de nombreux sorts et potions, était encore douloureuse par moments.
Mais plus que de la douleur, Helena se souvenait de la trahison. Elle avait eu la victoire entre les mains, à une seconde près, et Killian avait tout ruiné.
-Par où es-tu rentré ? Comment ça se fait que Gabriel et Ethan ne t'aient pas vu ?
Elle avait beau ne pas être en position d'avantage ainsi, à demi-nue, au milieu de sa chambre repeinte en noir, mais elle ne laisserait sûrement pas Killian apercevoir son désarroi ou son épuisement.
-Par la fenêtre. J'ai réussi à échanger mon horaire de vol avec un autre Corbeau. Je ne peux pas rester longtemps...
-C'est sûr. Sors.
Helena ne voulait en aucun voir Killian partir, mais elle ne parvenait pas à trouver la volonté en elle pour lui faire face et tenter de comprendre pourquoi il avait si désespérément tenté de la blesser pendant leur duel. Pas ce soir.
-Hel', s'il te plaît, je ne te demande qu'une paire de minutes. Je n'ai pas beaucoup plus de temps de toute façon. Contente-toi de m'écouter, c'est tout ce que je te demande.
Elle ne parvint pas à lui demander une nouvelle fois de partir, alors elle se contenta de se diriger vers le placard et s'enferma à l'intérieur pour un peu plus d'intimité.
-Je t'écoute, mais à la seconde où je sors d'ici, tu pars.
Tout en parlant, la jeune fille se mit à chercher quelque chose à mettre pour la nuit. La voix de Killian était quelque peu étouffée par le panneau de bois séparant les deux individus, paraissant soudain plus jeune, ressemblant plus à ce dont Helena se souvenait lorsque le visage de son ami d'enfance s'imposait à elle.
-Peu avant le duel, j'ai reçu une note m'informant que, si je pouvais te laisser gagner, je devais te blesser. Gravement. Je n'ai pas eu le choix, Hel' ! Elle m'aurait tué !
-Qui ? demanda vivement l'intéressée qui, ayant enfin laissé tomber sa robe, avait entreprit de retirer le dessous de robe de soie blanche qui enveloppait encore son corps.
-La lettre n'était pas signée... Mais j'ai reconnu le cachet de cire : il était bleu avec une fleur de lys argentée.
-Ambre. Je ne suis même plus surprise. Elle a aussi tenté de me faire disqualifier pour l'Épreuve de vol...
-Ça semble logique..., la voix du Corbeau paraissait pourtant hésitante, et Helena le remarqua très clairement.
-Tu as une autre théorie peut-être ? demanda-t-elle après un léger silence, fouillant grossièrement dans des tiroirs pleins de vêtements de nuit soigneusement pliés.
-Pas vraiment, mais la reine aurait signé l'enveloppe en plus d'y apposer son cachet, puis elle l'aurait ensorcelée pour que le papier s'autodétruise une fois le message lu.
-Comment peux-tu en être si sûr ? Tu as déjà reçu des messages secrets de la part des Royaux ?
-Figures-toi que oui. Pour ton entraînement : le Combattant m'a contacté secrètement pour que les autres Marqués ne posent pas de questions. Il a mentionné que la procédure d'autodestruction était automatique lorsqu'une certaine cire est utilisée. Une cire exclusivement utilisée pour les messages délicats, ajouta le jeune homme lorsqu'il n'obtint pas de réponse de la part de son interlocutrice.
Il voulut rouvrir la bouche pour lui demander si elle l'avait écouté lorsque la porte du placard s'ouvrit à la volée, révélant une Helena très légèrement vêtue d'un body de dentelle verte et d'une paire de shorts en coton crème, le tout accompagné d'un très large pull gris qu'elle était en train d'enfiler.
-Allons confirmer cette information de ce pas, décréta-t-elle catégoriquement pendant qu'elle attachait ses longs cheveux en une queue de cheval brouillonne.
Elle n'attendit même pas d'entendre les protestes de Killian, qu'elle sentait venir, et se dirigea d'un pas vif vers le salon, où elle trouva les deux héritiers dans la même position que lorsqu'elle avait quitté la pièce quelques minutes plus tôt.
-Les messages secrets de la part des Royaux, commença-t-elle sans transition, ils sont scellés avec une cire spéciale qui permet de détruire le papier une fois la note lue, c'est bien ça ?
-Je demanderais bien comment tu as eu ce genre d'information, mais je crois que j'ai obtenu ma réponse, répondit Ethan en se levant, désignant Killian d'un coup de tête.
Le Corbeau ne disait rien, et il avait raison. Il était entré dans la chambre de la Première Corneille par effraction et lui avait fourni des informations supposément confidentielles à propos de la famille Royale. Il n'avait pas vraiment le droit à la parole.
Gabriel ne disait rien, mais il s'était levé à la seconde où l'élève de son cousin avait fait son entrée, et il n'avait pas détaché son regard du jeune homme depuis.
-Contentes-toi-de-répondre-à-la-question-s'il-te-plaît-Ethan, rétorqua la jeune fille à travers ses dents serrées.
Quelque peu surpris par la réaction de son amie, le Combattant s'approcha d'elle, jeta un regard confus à Killian et chuchota :
-Helena, que se passe-t-il ? Tu as reçu un message ? De la part de qui ?
-Moi non, mais Killian oui. Visiblement de la part de ta tante, mais il ne s'est pas détruit...
-Tu as encore ce message ? interrompit Gabriel, parlant pour la première fois depuis l'intrusion du Corbeau.
-Oui, Votre Altesse.
Killian sortit précipitamment un morceau de papier plié en quatre de la poche intérieure de sa veste de vol renforcée et le tendit avec déférence au prince, les yeux baissés. Jamais Helena ne l'avait vu ainsi, aussi... soumis. Voir son meilleur souvenir d'enfance se comporter ainsi lui rappela soudain pourquoi elle avait toujours été contre le système des Marques, et pourquoi, initialement, elle avait prévu de quitter Skylar le plus vite possible. Les choses avaient-elles changé à ce point au cours du dernier mois pour que la jeune fille ait complètement oublié les raisons qui l'avaient poussée à suivre son frère dès le départ ?
-Ma mère n'a pas écrit cette lettre.
Le ton de Gabriel, catégorique, sortit brutalement Helena de sa transe, la forçant à se reconcentrer.
-Comment le sais-tu ? demandèrent en même temps Ethan et Helena, tous deux se rapprochant du Prince pour lire la missive par-dessus ses épaules.
Killian observait la scène, à la fois impressionné et incroyablement jaloux. Comment Helena était-elle passée d'ennemi public à amante de l'héritier en si peu de temps ? Que se passait-il derrière les portes fermées et dans les couloirs cachés pour que, soudainement, la fille de Sysy Vasilia soit devenue l'une des meilleures guerrières du Royaume, si... prochedes deux figures de pouvoir les plus convoitées ?
Il ne laissa cependant pas son tiraillement le distraire très longtemps. Il resta droit comme un I au centre de la pièce, attendant pour que l'un de ses trois interlocuteurs parle à nouveau, espérant pour que ce ne soit pas le Prince, qui semblait fortement le mépriser.
-L'écriture est très similaire, je vous l'accorde, mais certaines lettres que ma mère trace très particulièrement ne sont pas correctement recopiées ici : le « A » est trop penché et la spirale à la fin de ce « e » fait trois boucles alors qu'elle ne devrait en faire que deux. Je ne sais pas qui a réalisé cette imitation, mais elle est extrêmement bien faite. J'ai remarqué les différences parce que j'ai grandi en observant ma mère écrire des courriers, soient-ils secrets ou non. N'importe qui ne connaissant pas aussi bien Ambre aurait pu tomber dans le piège, conclut finalement l'héritier en se dirigeant vers l'une des bougies disposées un peu partout dans la pièce, brûlant le parchemin sans hésitation.
Helena observa le papier brûler avec force pendant quelques secondes avant de se réduire à un misérable tas de cendres. Elle se tourna vers Killian, qui semblait tout aussi perdu qu'elle.
-Qui, à part la reine, ordonnerait à Killian de me blesser pendant le duel ? Qui d'autre me voudrait du mal à part les Royaux ? Je sais que ma mère avait beaucoup d'ennemis, mais elle est morte et enterrée depuis des années. Pourquoi m'attaquer moi ?
-Et pourquoi imiter l'écriture de la reine ? Pourquoi la personne qui a rédigé cette lettre n'a-t-elle simplement pas fait du chantage à Killian avec son propre nom ? enchaîna rapidement Ethan.
Les questions se multipliaient, mais n'apportaient aucune réponse. Comme d'habitude.
-Qui t'as remis cette lettre ? Comment a-t-elle fini entre tes mains ?
Gabriel semblait être en plein milieu d'un interrogatoire, ne laissant que très peu de temps à Killian pour répondre entre chaque question. Le jeune homme, désorienté et intimidé, répondait vite, sans réfléchir, sans pouvoir avoir le temps de filtrer ses réponses :
-Une servante, je ne sais pas laquelle. Elle est venue me voir le matin du duel. Elle a dit qu'elle venait de la part de la reine, et que la lettre était un message spécial que je ne devais en aucun montrer aux autres Corbeaux. Elle est repartie aussi vite qu'elle est arrivée. Je n'en sais pas plus.
-À quoi ressemblait la servante ? Comment était-elle habillée ? T'a-t-elle dans quel service du Palais elle travaille exactement ?
-Elle paraissait jeune, commença dubitativement Killian, tentent de se souvenir des détails à présent lointains. Elle avait de longs cheveux bruns, bouclés. Je me souviens qu'ils brillaient : elle y avait ajouté des pierres noires. Sa robe aussi était noire. Elle ne m'a pas dit pour qui exactement elle travaillait, mais je n'ai pas eu besoin de demander. Elle était beaucoup trop bien habillée pour être une simple servante, mais tout de même assignée au service de poste : seules les suivantes de la reine bénéficient d'une garde-robe suffisamment vaste comme pour se fondre dans la masse à la Cour.
Les mots de Killian flottèrent dans la pièce pendant quelques secondes, sans générer une quelconque réponse. Helena et Gabriel pensèrent tout d'abord que les informations de Killian n'avaient tout simplement été d'aucune aide... Jusqu'à ce qu'Ethan manque de perdre l'équilibre et se laissant tomber de tout son poids dans le fauteuil le plus proche, les mains sur la bouche, le teint soudain pâle.
Le Combattant voyait très -trop- bien de qui parlait son Corbeau.
Car il se souvenait parfaitement du compliment mental qu'il avait adressé à Jade ce jour-là.
-J'aime beaucoup tes cheveux. Tu devrais remettre ces pierres dedans le soir du gala, je te retrouverais plus facilement.
-Je croyais que vous ne m'aideriez pas une fois que je serais dans la salle de bal...
-Si tu es aussi éblouissante la semaine prochaine, il se peut que je change d'avis.
D'un geste brusque, il s'empara de son verre encore sur la table, avala le fond d'alcool qui y restait et se dirigea vers la porte sans adresser un regard aux autres personnes présentes dans la pièce.
-Aurais-tu l'amabilité de nous expliquer ce qu'il se passe ? demanda Gabriel d'un ton plus perdu qu'autoritaire.
-Je connais cette suivante. Et je vais la retrouver de ce pas, répondit simplement Ethan, sa voix devenue presque un grognement.
Ethan savait qu'il ne pouvait pas tuer Jade à cause du sort de serment, mais si elle l'avait vraiment trahi, il lui ferait subir un sort pire que la mort.
•••
Salut tout le monde!
Alors tout d'abord, désolée pour ce trèèèèès long retard! Mais le syndrome de la page blanche est difficile à gérer quand on a 40 heures de cours par semaine et des DS tous les mercredis (sans compter les heures de révision perso et la tentative désespérée de conserver un semblant de vie sociale).
Ce chapitre est plus une transition qu'autre chose, il n'est pas parfait, puisque j''ai pas mal perdu la main depuis l'époque où je prenais le temps d'écrire, mais il fera l'affaire le temps que je relise tout ça... (ps: ce chapitre a été relu et corrigé).
je suis tout aussi désolée de vous dire que je ne sais absolument pas quand sera publié le prochain chapitre: la semaine prochaine, le mois prochain... je sais pas.
je suis tout à fait consciente que mon incapacité à publier régulièrement me fait perdre pas mal de lecteurs, mais je ne peux pas régler ce problème dans l'immédiat.
En attendant, n'hésitez pas à voter, commenter et à partager LES ROYAUX.
J'ai hâte de lire toutes vos théories sur ce qui va se passer ensuite!
D'ici ma prochaine publication, xoxo
The_Paula_B
ps du 05.02.18 => je ne sais pas pourquoi mais Wattpad ne veut pas afficher l'image que j'ai associée à ce chapitre, alors si vous voulez la voir, et profiter de certains éléments me servant d'inspiration pour les Royaux, n'hésitez pas à aller sur mon compte PINTEREST (Paula Collados) dans le tableau LES ROYAUX ou même sur mes autres tableaux qui sont un peu plus hétéroclites: https://www.pinterest.fr/paulacollados/
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