Chapitre 1: Ne la laisse pas tomber

" Une meilleure amie, c'est une soeur que la vie a oublier de nous donner."

Tout commença l'année de mon quinzième anniversaire.

Ce qu'il c'est passé avant ne nous intéresse pas. Ou, plutôt, je préfère l'oublier.

Je revenais d'un salon à Paris, où ma tutrice m'avait exposé. Oui. J'avais attendu une heure,sur un plateau, où je papillonais de yeux aux photographes.

Elle était toute contente. Moi, j'étais abattue.

Je détestais mes golbes auculaires. Je haissais mes pupilles. Je ne supportais pas cette lueure violette qui animait mon regard.

Lilli était venue, accompagnée de Monsieur Carpentier, nous chercher à la gare. Elle m'avait prise dans ses bras et m'avait sourire.

Le 24 octobre, je fêtais mes quinze ans.

Madame Carpentier, notre tutrice, à Lilli et moi, nous avait lassé l'après midi de libre. Un sois disant cadeau pour mon anniversaire.

Et, malgré tout, c'est bien cet après midi, qui s'annonçait nuageux, qui changea le reste de notre vie.

Pourtant, il faisait beau. Les doux rayons du soleil automnal nous chauffaient dos. L'herbe était douce et le vent était frais. Lilli et moi étions assises dans un parc, qui était autrefois le jardin du domaine des trois Colombes, maintenant rebatisé "Le Manoir aux Zombies". Les adolescents et l'imagination...

Nos paroles et nos rires s'envolaient dans un ciel parsemé de nuages et se perdaient dans ces tâches cotonneuses qui coloraient le ciel.

- Elinor?

- Hum? répondis-je vaguement.

- Cap ou pas cap?

Je me tournai vers Lilli, l'air blasée.

- Sérieusement? On est plus des enfants.

- Allez! ria-t-elle, Sois sympa!

Je levais les yeux au ciel. Elle était si mignonne et si exaspérante! Une vrai gamine.

- Si tu veux, soupirai-je. Cap.

Un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres. Je pouvais m'attendre au pire...

-Alors, voyons voir... fit-elle semblant de reflechir, tu vas passer une heure dans le manoir aux zombies. Mais comme je suis une amie incroyablement sympa, je vais t'accompagner!

Je levai mon sourcil droit. C'était une de mes expressions favorite. ça l'ai toujours.

- Dis plutôt que tu ne voulais pas y aller seule!

Je me mis debout, quittant -à regrets- l'agréable douceur de l'herbe verdoyante. Lilli me suivit, et nous nous dirigeâmmes, elle avec entrain, moi avec résignation, vers l'entrée de la vieielle demeure abandonnée.

Lilli toqua joyeusement à l'immense porte de bois. Par réflex, je lui pris brusquement le bras, l'empêchant de continuer. Elle me regarda d'un air surpris et innocent.

- Bah quoi? J'avertis les morts vivants de notre présence, c'est tout!

Je levai les yeux au ciel, amusée, avant de pousser, non sans mal, l'entrée du manoir.

Lilli passa la première. En fait, elle passait toujours la première.

Il faisait sombre. Comme si la lumière du soleil ne pouvait ou plutôt ne voulait pas traverser les carreaux poussiéreux des immenses fenêtres.

Devant nous, un escalier dont l'issu se perdait dans les ténèbres. À notre droite, les restes de ce qui devait être, autrefois, un prestigieux salon, maintenant vidé de ses fauteuils et canapés, le parquet recouvert d'une fine pellicule de poussière grise. Et à notre gauche, une porte.

D'un accord silencieux, nous nous dirigeâmes, à pas de loup, vers celle-ci. Lilli actionna la poignée. En vain. La porte était verrouillée.

Je pris mon... comment appelle-t-on ça déjà... téléphone, voilà, et alluma la lampe torche. Je ne pus retenir un hurlement de terreur.

Dans l'obscurité, nous n'avions pas remarqué les marques rouges qui striaient les murs...

☆☆☆

Deux personnes normalement constituées se seraient précipitées en hurlant vers la sortie, auraient courrus jusqu'à chez elles, se seraient enfermées dans leurs chambres en se promettant de ne plus jamais retourner dans cette étrange demeure hantée.

Nous, non. Peut être parce que, justement, même si nous ne le savions pas encore, nous n'étions pas normalement constituées.

Après cette -petite- crise de frayeur, je pris la parole.

- Lilli?

- Oui?

- Est-ce qu'on est vraiment en train de vouloir continuer d'explorer cette vieille bicoque tout en sachant qu'il y a de -probables- tâches de sang sur les murs?

- Je me posais exactement la même question, figure-toi.

J'examina les traces sur la cloison. De près, mais pas trop. On ne sait jamais. Je me souvenais de cette série que Lilli et moi regardions, avec ce monstre sans visage attiré par le sang.

Sur le mur, il n'y avait pas uniquement des traces de ce liquide rouge. Il y avait aussi des marques de griffures et de grandes tâches noires. Toutes semblaient se diriger vers les escaliers. Comme si on avait forcé de redoutables animaux dotés de griffes à les rejoindre.

Je fus soudainement tirée en avant par une Lilli enthousiaste.

- Enfin un peu d'action! Moi qui commençais sérieusement à m'ennuyer!

- Personnellement, je n'appelle pas ça de l'action. Plutôt un probable futur meurtre de deux jeunes filles de quinze ans.

Lilli pris un ton acerbe.

- Oh. Forcément. C'est vrai que la vie de célébrité que mène Mademoiselle, oh, pardon, Madame, est beaucoup plus palpitante!

Je baissai les yeux. Dans ces moments là, je ne pouvais rien dire. Même si elle savait parfaitement que j'aurais volontier échangé mes yeux avec ses magnifiques iris bleues cristallines. Ma vie de bête de foire n'avait rien de palpitant. Au contraire.

Lilli était toujours persuadée d'être le centre de l'univers. Elle vivait très mal le fait que, pour une fois, ce n'était pas elle qu'on regardait. Et moi, naïve pionne que j'étais, j'avais fermé les yeux sur cette jalousie maladive qui la consumait.

Perdue dans mes pensés sombres et tumultueuses, je n'entendis ni ne vis Lilli monter quatre par quatre les marches de l'escalier.

☆☆☆


C

e fut un long hurlement strident qui me fit revenir à moi. Affolée, je regardais autour de moi. Personne. Je criai:

- Lilli!

Une faible plainte me parviens. Je me ruais dans les escaliers -le hurlement venais de là, j'en étais sûre- et les gravis en un éclair.

En haut, deux portes et un couloir dont le bout disparaissait dans la pénombre. Je demandai d'une voix tremblante:

- Lilli?

- I... Ici.

Je poussai la porte de droite et entrai. La vive lumière du soleil me fit plisser les paupieres.

J'eu un temps d'arrêt. Personne. Il n'y avait personne.

- En bas, imbécile! grofna une voix.

Je m'avançai dans la pièce, beaucoup plus chaleureuse que le reste de la maison.  Quand je l'aperçu enfin, la tête et les bras au niveau du sol et le reste de son corps s'agittant mollement contre la parois du trou dans lequel elle était tombée, je ne pus m'empêcher de pouffer.

- Mais, Lilli... Qu'est-ce que t'as foutu?

☆☆☆

Voilà! Le premier chapitre est (enfin) terminé!
Vos impressions?

😁

☆☆☆

Le petit démon

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