13. Vacances de Noël (1/4)

Assis à leur table habituelle, Matthias attendait ses amis, le nez plongé dans un livre que venait de sortir un urbaniste réputé. Il remettait en cause toute sa thèse. Alors Matthias travaillait jour et nuit pour trouver une solution, un détail qui lui aurait échappé et qui lui permettrait de prouver qu'il avait raison. C'était la première fois depuis une semaine qu'il s'octroyait une pause, dans l'espoir que ses amis le divertissent. Malheureusement, il était là depuis déjà une heure et personne n'arrivait. Frustré, il paya et allait rentrer chez lui, quand il vit Léna de l'autre côté de la rue, bataillant avec un parapluie qui subissait la violence du vent. Il se faufila entre les voitures arrêtées au feu et attrapa deux baleines tordues pour aider Léna à replier le parapluie. Le sourire lumineux qu'elle lui offrit en guise de remerciement balaya tous ses soucis. Quand elle embrassa chaleureusement ses deux joues, il ne savait même plus quel était le sujet de ses recherches.

— Que fais-tu là ? l'interrogea-t-elle. Je croyais que tu étais trop occupé pour sortir.

— J'avais besoin de prendre l'air. Mais 'y a personne au Petit Dupleix... se plaignit-il. Ils sont passés où, tous ?

Léna lui adressa une moue moqueuse, presque peinée de constater qu'il avait perdu la notion du temps. Elle lui rappela que Ben avait retrouvé son sud natal depuis déjà deux jours et que les deux frères s'étaient envolés pour le Maroc la veille. Matthias fronça les sourcils. S'il ne restait plus que lui et Léna, cela ne signifiait qu'une chose : Noël approchait à grand pas. Et avec cette fête ridicule, la solitude et la colère. Émilie serait présente, mais elle ne pourrait pas vraiment l'aider.

— Tu veux pas venir au chaud avec moi ? proposa Matthias, sans grande conviction.

— Ça aurait été avec plaisir, mais mes parents arrivent dans une heure, il faut vraiment que je rentre chez moi pour m'assurer que tout est impeccable.

Elle n'attendit aucune réponse et le salua d'un signe de main, avant de reprendre son chemin. Matthias resta sur le trottoir, les bras ballants. Léna aurait été la distraction idéale. Leur nouvelle amitié le surprenait tant qu'il en oubliait tout le reste et se concentrait sur ses moindres faits et gestes, de peur de tout gâcher. Il ne pourrait pourtant pas compter sur elle plus que sur les autres. Comment allait-il tenir jusqu'au retour de Ben, Anis et Ilyes ? Incapable d'imaginer ses vacances en famille ou cloitré chez lui vingt-quatre heures sur vingt-quatre, Matthias se lança à la poursuite de celle qu'il pouvait désormais appelée "amie", aussi incroyable soit-il.

— Léna, attends ! Tu crois que... Enfin, tu crois qu'on pourrait se voir dans la semaine ? Les fêtes en famille, c'est pas mon truc.

La jeune femme capta une telle peur, ou détresse, dans son regard, qu'elle ne put qu'accepter. Il fallait dire qu'elle n'avait jamais vraiment aimé les fêtes de fin d'année non plus. Encore moins depuis que Jules n'était plus là pour les égayer. Ces deux dernières années, elle avait passé Noël seule, ses parents ayant refusé de gagner la capitale, sous prétexte d'une tempête de neige sur New York. Cette fois-ci, ils avaient fait l'effort de se déplacer.

— Alors, on s'appelle ? demanda Matthias, peu sûr de lui.

— D'accord, passe une bonne soirée, le salua-t-elle, sourire aux lèvres.

Sur ces mots, elle reprit, encore une fois, son chemin, abandonnant son nouvel ami. Chaque minute perdue dans la rue offrirait à ses parents une occasion de lui reprocher le mauvais entretien de l'appartement, pourtant immaculé. Elle n'avait pas de temps à perdre. Tout devait être parfaitement à sa place, au millimètre près. Sa mère remarquerait tout de suite le cadre qu'elle avait déplacé de deux centimètres sur la cheminé, pour y installer une autre photographie, prise au pied de la Tour Eiffel avec Ben.

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