CHAPITRE III - Dans le noir

Alors qu'Eli et Penny courent afin de fuir le néant, une ombre passe devant le soleil, la lune obscurcit le ciel. Penny commence à prendre peur, terrorisée par la pénombre, ses larmes de terreur deviennent apparentes, et Eli ne sait que faire pour la consoler. Depuis une colline légèrement plus haute que les autres, il aperçoit une lumière au loin qui trahit la forme d'une habitation. Il la remarque verbalement pour encourager son amie totalement affolée et terrifiée. Ils courent, courent encore, distancent la Fin et fuient la nuit. Entre deux lamentations, Penny laisse échapper que quelque chose les pourchasse. Eli, dans sa course, se retourne à peine un instant et voyant que son amie dit vrai, accélère encore la cadence pour atteindre le foyer lointain. De sombres chuchotements et de terribles hurlements émanent de ce qui les suit. La voix se fait de plus en plus forte, Penny pleure et Eli essaye de garder son calme, non sans peine. Le soleil, caché par la lune, projette une sinistre aura qui donne à cet instant un goût de cauchemar. Chaque seconde dans le noir passe pour une éternité, chaque pas dans l'ombre sonne tel un regard en arrière. La lumière au loin semble toujours s'éloigner, mais Eli distingue dans l'obscurité qu'il s'agit d'une grande maison. Il tend le bras, et arrivé là, il enfonce la porte, fait rapidement rentrer Penny et referme derrière lui.

Penny, en larmes, n'arrive pas à formuler quoique ce soit et s'effondre contre un mur. Eli, lui, s'assure que la lumière du hall où ils se trouvent perdurera jusqu'à ce que la lune laisse de nouveau échapper la lumière. Conforté dans l'idée que lui et son amie sont en sécurité, il l'enlace pour la rassurer. « C'est fini », dit-il à Penny.

Eli souffle, respire, le danger est passé. Épuisé, il s'endort contre Penny qui ne tarde pas à le rejoindre. Après une telle horreur pour ces deux enfants, un petit somme est de mise.

Eli se réveille doucement, le soleil brille...

Un atroce mal de tête l'a sorti de son doux sommeil. Comprenant ce que cela signifie, il réveille Penny en lui expliquant qu'il faut partir. Celle-ci émerge lentement, mais comprend vite l'urgence de la situation. Tous deux levés, ils quittent la maison, et observent l'horizon se décomposer. « Allons-y », dit Eli.

Une nouvelle marche débute, et tout en se tenant la main, le garçon et la fillette s'amusent sur le chemin.

« Alors, Eli, quelle est ta couleur préférée ?

— Le rouge.

— Pourquoi ?

— Ça me rappelle l'intensité de mon émotion préférée, celle d'être aimé. Et toi ?

— Le blanc.

— Pourquoi ça ?

— J'aime bien le blanc. Ça me rappelle la pureté, l'innocence, en quelque sorte... Tu vois ?

— Tout à fait. Et quel est ton moment préféré de la journée ?

— Le matin !

— Pareil ! Parce que ça te laisse penser que la nuit est loin derrière ?

— Oui !

— Et qui est ton ou ta meilleure amie ?

— Toi !

— Pareil ! Attends... »

Eli s'interrompt. Dans le creux de deux collines, il aperçoit un village, fait de petites maisons en bois. Il propose à Penny d'y aller, et celle-ci accepte. En quelques instants, les voilà déjà en train de visiter chaque maison. Dans un tiroir de la chambre d'une des habitations, Penny trouve un anneau, gravé de la formule : « Pour mon petit Eli ». Elle accourt à son ami pour le lui remettre : « Tiens ! J'ai trouvé ça ! C'est pour toi, on dirait.

— Pour moi ? » Le garçon est confus. Cet anneau lui rappelle quelque chose. Mais à peine eut-il le temps de se poser davantage de questions que sa tête brûle soudain d'une douleur intense. Il s'élève sur une colline, et aperçoit la Fin approcher. « Il est temps de partir », se dit-il. Mais avant de reprendre la marche aux côtés de Penny, un dernier regard en arrière lui laisse entrevoir au loin la sombre silhouette, en train de l'observer.

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