CHAPITRE II - Le Dernier Jour
Penny s'allonge dans l'herbe fraîche, invitant Eli à faire de même. Elle lui parle de la beauté des nuages en tenant sa main, du prince charmant qu'elle espère voir un jour, et de l'obscurité qu'elle craint plus que tout. La jeune fille demande au garçon s'il a peur du noir, mais c'est alors que ce dernier se tient soudain la tête en gémissant, pris sous le coup de puissantes douleurs. Penny s'inquiète, et se tenant au-dessus de son ami, elle le supplie de lui dire quoi faire pour l'aider. Il se relève alors, et c'est avec effroi qu'il constate qu'au loin, dans les montagnes, le monde disparaît, se désagrège, la matière s'effrite, s'envolant tels six milliers de pétales dans le vent. Eli se tourne vers Penny qui semble toujours inquiète des maux de tête du garçon. Il lui demande alors : « Penny, tu vois ça ?
— Oui...
— Comment ? Pourquoi ? Le garçon est plus que confus, terrifié.
— On ne devrait pas s'attarder là-dessus...
— Pourquoi dis-tu cela ?
— On... Devrait... Vivre ce jour... Comme le dernier... Tu vois ? »
Eli ne comprend pas, il se pousse à se questionner, à réfléchir, trouver une solution, et des réponses. Mais alors, Penny prend ses mains, et affiche un visage si triste face à la crainte que ressent le garçon. Eli enlace son amie pour la consoler, mais s'interroge alors quant à ce qu'il faut faire. Penny, dans ses bras, supplie : « S'il te plaît... ». La douleur que ressent Eli face à la détresse émotionnelle de son amie lui fait prendre une décision. Il accepte alors de vivre cette journée à ses côtés, ignorant le sublime, mais terrifiant spectacle qui a lieu à l'horizon.
Après un instant, deux longs silences et trois grandes respirations, Eli reprend ses esprits et la main de son amie, puis continue cette lente marche tranquille à travers les prairies verdoyantes de ce monde mourant. C'est arrivée au sommet d'une colline que Penny crie soudain d'excitation impulsive face à ce qu'elle observe au loin : un château. Une forteresse de pierre et de sable, au milieu des plaines. Elle y court soudain, désireuse d'arriver la première. Eli la suit de près, et c'est alors qu'arrivés aux portes du fort, ils se regardent afin de voir qui osera entrer en premier. Eli franchit le pas de l'immense porte en bois de chêne, et entre dans ce gigantesque couloir. De sublimes tapis rouges, dont le tissu a été tressé avec soin, des torches de fer accrochées aux murs, des lustres d'argent, des colonnes de pierre finement sculptées, et au bout de tout cela, un trône herculéen, la chaise royale d'un géant absent. Toute l'architecture est empreinte à la démesure, tout est immense. Mais cette sensation est entachée par l'abandon, personne ne vit là. Penny se jette sur le siège géant et s'y assoit, jouant un rôle de petite reine, Eli prenant celui du grand et serviable chevalier de Son Altesse : « Je vous protégerai contre les dragons, ma reine, jusqu'à mon dernier souffle !
— Oui, mon preux chevalier ! Battez-vous en mon nom, et je vous couvrirai d'or ! »
Le jeu dure tout un matin, Eli et Penny se battant finalement avec de petits bâtons en guise d'épées. Lorsque celui d'Eli casse sous les coups de la jeune reine, il refuse sa défaite en faisant pleuvoir un flot de chatouilles sur elle. Mais le soleil atteint son zénith, et Eli est soudain pris d'une violente douleur qui enserre sa tête. Penny abandonne le rire pour se jeter sur son ami dont la souffrance semble insupportable. Tous deux sortent alors du grand château, et observent avec désarroi que la fin approche. La prairie où ils parlèrent tout à l'heure disparaît et se désagrège à son tour. « Partons vite», dit Penny. Mais alors que les deux enfants prennent la fuite, le ciel, doucement, s'assombrit...
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