XXIV

/Quelques phrases du chap précédent #23~



Mes mains tremblaient sous le dessous du livre que j'avais prit. Je tentais alors de souffler et de reprendre mon calme, posant mon regard sur les lignes de mots.








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Quelques instants plus tard, je n'arrivais toujours pas à me concentrer. J'entendais l'eau coulée dans le lavabo de la salle de bain, et les mouches qui volaient.

Je n'arrivais à rien. La présence d'un des Rôdeurs me dérangeait. Je me sentais mal. Très mal. Même si Herykler semblait être plus sympathique que les autres, cela ne me rassurait pas pour autant.

Je l'entendis revenir quelques secondes après avoir relu au moins sept fois le même mot, n'arrivant pas à me concentrer. Il entra directement dans ma chambre cette fois, et s'adossa au mur beige, en face du miroir, le regard fixé sur moi. Je pouvais le sentir, imposant et dur. Le malaise en moi grandissait.



« Pas très bavarde la nouvelle. »




Je levai la tête, lui adressant un rapide coup d'œil.

Le jeune homme prit la chaise à mon bureau pour s'assoir dessus, mais à l'envers, pouvant poser sa tête sur le dossier. Il me fixa de nouveau avec des yeux amusés.




« Tu lis plus ? »




Ma salive avait du mal à passer quand je l'avalais. Je remis alors les yeux sur les lignes du livre. Enfin, sur la même ligne que je lisais depuis dix minutes.

Le regard d'Heryk me déconcentrait énormément. Je le sentais, posé sur moi. Cette sensation d'être observée était horrible. Je n'arrivais même plus à relire le mot sur lequel je butais. Mes yeux s'en décollaient tout le temps pour fixer le sol.




« Je... Tu pourrais arrêter de me regarder, s'il te plait ?, hasardais-je à demander.

-Me donne pas d'ordre, gamine. »




Je déglutis et serrai encore plus mon livre.




« Ça va, je rigole, rétorqua le jeune homme. Mais que veux-tu. Je dois garder un œil sur toi. Ordre du chef. »





Il haussa les sourcils.






« On va devoir rester un peu ensemble, désolé. »





Je jetai un œil sur lui, les paupières clignotant sur mes yeux, par peur. Une envie de parler me prit alors. Mais je la ravalai, remettant mon regard sur le livre.

Un bon quart d'heure passa. Le silence régna. On pouvait entendre au loin, très loin, des bruits de chaises, des voix parlées aussi. Seulement la respiration d'Herykler et la mienne pouvaient être clairement perçues.

Je levai alors discrètement les yeux vers le jeune homme : il s'était levé et regardait à travers la fenêtre. Je soupirai alors et fermai lentement mon livre. Mon cœur accéléra et je me lançai.




« He... Heryk ? Je peux te poser une question ? »




Ma voix était encore un peu rauque. Je raclai alors ma gorge.

Le jeune homme ne bougea pas, son visage non plus. Aucun sourire n'était visible. Rien.




« Quoi ?

-Je... Je voudrais savoir ce qu'il se passe...ici. Mais... »





Je serrai de mes mains mon pantalon.




« Mais de manière plus précise. »




Herykler relâcha le rideau qu'il tenait et se tourna vers moi.




« Tu es curieuse. C'est bien. »






Il s'avança plus près et prit sa chaise pour s'assoir dessus, à moins de deux mètres de mon lit.




« Je ne suis pas curieuse. J'ai...

-Peur. Ouais. Je sais. »





Je me pinçai les lèvres.





« Lyna ne t'a rien dit sur nous ? On m'a dit le contraire pourtant.

-Si, elle Ma parlé de vous. Mais elle ne Ma pas dit vraiment qui vous étiez, ce que vous avez... Enfin ...

-Mh ...

-Elle a été globale quoi... »





Il pencha la tête et se courba, posant ses coudes sur ses cuisses.



« Bon. De toute manière, t'es là pour le restant de tes jours, et là, on se fait chier, alors je vais t'en dire un peu plus sur nous. »





C'était une petite victoire intérieure. Enfin ! J'allais peut-être être éclairée par l'un des Rôdeurs.




« Tu veux que je te raconte quoi exactement ?

-Je... je sais pas... Sur vous, votre personnalité, ce qu'il vous arrive...

-Mouais, si tu veux. »




Il prit une inspiration.




« Tu veux commencer par qui ? Jaden ?

-Euh... Oui...

-Bien. Alors... »



Il se gratta la tête.




« Jaden, c'est l'un des plus vieux d'entre nous. C'est comme notre mère à tous. Il cuisine pour nous, il fait la vaisselle, il repasse nos affaires, et tout et tout, commença Heryk. On le respecte tous énormément. Sans lui, on ne pourrait pas survivre.

-C'est vrai qu'il cuisine bien...

-Très bien même tu veux dire. »




Un sourire safficha sur son visage.



« Il a participé à plusieurs concours et il les a quasiment tous remportés. Il y pleins de trophées différents dans sa chambre. C'est assez impressionnant. Tu sais, continua Herykler et me regardant le plafond, au départ, il voulait devenir chef étoilé. Il a commencé une école, il y a 6 ans. Et puis, il a arrêté.

-Pourquoi ?, demandais-je étonnée.

-Parce que, me répondit-il gravement. S'il veut te le dire, il te le dira. Point.»





Je restai interdite, me questionnant à tout bout de champ. Heryk roula alors des yeux.




« Bon, en gros, il a tué son supérieur parce qu'il avait des excès de colère. Et il nous a rejoints. C'est tout ce que je sais.»





Mes yeux s'agrandirent, choquée par cette révélation. Jaden avait tué son supérieur... Mon dieu mais c'est pas vrai... Ils étaient donc tous pareils...



« Eh, reste pas la bouche ouverte ma belle. Déjà, tu vas avaler un moucheron, et puis la liste de nos actions, elle est pas finie hein. Et ça, c'est pas le pire... »




Je fermai alors la bouche et déglutis. Punaise... C'est pas le pire... Qu'est-ce que je vais apprendre encore...



« Bien, reprit Herykler en se replaçant sur sa chaise correctement, maintenant je vais te parler de Clive.

-Clive ? C'est U.R, je me trompe ?

-C'est ça. Tu retiens vite... »



Il sourit alors de manière narquoise et plissa légèrement les yeux. Je déglutis de nouveau et préférai regarder ses pieds plutôt que supporter son regard.




« Clive... Bon, lui, c'est pas comme Jaden ou nous autres. C'est un grand voyageur. Ses parents étaient des riches promoteurs immobiliers, alors il a vécu à travers le monde toute sa jeunesse. Il a fait Boston en Amérique pendant 4 ans, ou encore Israël pendant 3 ans, raconta le jeune homme. Quand il nous a rejoint, c'était parce que ses parents l'avaient mis à la porte.

-P-Pourquoi ?

-Il bidouillait toujours des petits trucs, des inventions. Une sorte d'intello, tu vois ce que je veux dire quoi. Et ils ne voulaient pas ça pour leur fils devienne inventeur ou un truc dans le style. Non, ils voulaient qu'ils reprennent leurs agences à travers la planète. Evidemment, Clive a refusé. Ils l'ont mis dehors.

-C'est inhumain de faire ça à son propre fils.

-Comme tu dis, Elie. Inhumain. »




Heryk soupira et reprit.





« Il est resté presque un an à la rue. Un an. Quand l'hiver est arrivé, il a bien failli crever d'ailleurs. Malgré ses inventions révolutionnaires, il n'arrivait pas à survivre seul. Il a commencé à boire pour se réchauffer. Et puis, Nilson la trouvé, un jour, quasiment inconscient, dans le froid, alors que la neige tombait à gros flocons. »




En même temps, le jeune homme mimait la scène des flocons qui tombaient. C'était... Comment dire... Comique ? Oui, comique. J'en souriais presque.




« Nils avait remarqué depuis un certain temps que le jeune garçon était au même endroit et qu'il bricolait pas mal de trucs. Alors il l'a réveillé, il l'a amené dans le repère et nous l'avons accueilli comme des frères. Quand le chef la ramené, il nous a dit que c'était le nouveau génie de la bande. Et depuis, il est chargé de construire toutes sortes de gadgets, de mécanismes et tout et tout pour nous, expliqua Heryk. Clive est un véritable génie, je peux te l'assurer.

-Et... Euh... il a vous rejoint...

-Quand il avait 17 ans.

-17... 17 ans ?, chuchotais-je.

-Yep. 17 ans. Et c'est pas le plus jeune, hein ! Sois pas si étonnée à chaque fois ! »




J'en revenais pas. 17 ans putain ! Qui voudrait, à 17 ans, être confectionneur d'armes, de systèmes chelous pour des tueurs, des kidnappeurs ? Ça me trouait... Peut-être qu'on l'a forcé, qui sait, à être leur bricoleur personnel ?




« Ah oui, et il a apprit à tuer avec nous. Avant, il osait pas, la bichette », répliqua Herykler.




Je rêvais. C'est pas possible. Ils formaient même des gamins comme moi à tuer pour eux ? Mais ils sont... mais ils sont... Rrrrh !




« C'est Juan qui lui à enseigner. Avec Ta'. Il a une super précision, c'est dingue d'ailleurs




Je ne savais plus quoi dire. Je m'assis plus loin sur le lit, sans le quitter des yeux. J'avais peur. Mais je savais que la suite allait être plus terrible encore.




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