XI
/Quelques phrases du chap précédent #10 ~
Du bruit se faisait entendre à l'intérieur : des rires, des bavardages, des élévations de voix. Et puis, une agréable odeur s'élevait dans l'air. Le jeune homme aux cheveux acajou s'arrêta face à la porte, se tournant vers moi, laissant cependant sa main sur la poignée. Ses yeux noirs me fixèrent de nouveau.
« Nous y voilà ».
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Juan ouvrit alors la porte. D'un signe de la main, il me fit comprendre que je pouvais entrer. C'est alors que le brouhaha que l'on pouvait entendre quelques secondes plus tôt se stoppa dun coup, et un silence prit alors place.
Quand j'eus franchis le seuil, je m'aperçus qu'on m'avait conduite dans une immense et luxueuse salle à manger.
Il y avait, au centre, une longue table en bois foncé, recouverte partiellement d'une nappe blanche, et où plus d'une dizaine de couverts étaient en place, chacun face à une chaise –en bois également-. Il y avait aussi un grand lustre au plafond, éclairé et qui illuminait la pièce de mille feux. Et puis, sur ma gauche, deux longs canapés gris étaient disposés face à une cheminée. Sur ma droite, il y avait une baie vitrée, plongée dans le noir, comme il devait faire nuit. Juste à côté, il y avait une grande bibliothèque, remplie dinnombrable livres. Plusieurs portes menaient jusquici : j'en comptais au moins 4 avec celles que je venais d'emprunter.
Mes yeux se baladant un peu de partout dans la grande pièce, je pus voir au bout de quelques secondes que les rires et le brouhaha en général venait de plusieurs jeunes hommes. Les Rôdeurs. Toutes leurs têtes étaient tournées vers moi, certains avaient un sourire accroché aux lèvres, d'autres me dévisageaient seulement.
Juan referma la porte derrière moi, sans un bruit. Il s'avança vers ses compagnons en se grattant la tête, me faisant signe d'avancer. Je ne bougeai pas. La manière dont ils me fixaient me faisait me sentir mal. Toute la liberté, le bonheur et la joie que j'avais pu ressentir jusquà présent –enfin surtout dans le bain- étaient déjà repartis aussi sec. A présent, je retrouvais cette sensation d'angoisse, de peur et d'oppression.
Après quelques instants, l'un deux se leva. Je pus reconnaître U.R, avec sa tête brune et ses yeux à la fois souriants et menaçants.
« Alors Elie. Tu te plais dans ta chambre ? », demanda-t-il avec sa voix grave.
Je ne répondis pas, ayant trop peur.
« C'est moi qui l'ai conçue, selon tes goûts et tes préférences ! Tu as remarqué qu'il y avait une bibliothèque ? Elle est belle, n'est-ce pas ? C'est du bois de chêne. C'est super beau et ça sent très bon en plus. Et puis, il y a aussi pas mal de parfums et de savons à la vanille et aux fruits, comme nous savons que tu apprécies tout ça », continua le génie de la bande.
Je clignai simplement des yeux, me pinçant les lèvres, figée.
« Il y a tout un système que j'ai conçu aussi. Je te montrerai, tu vas voir. C'est en réalité un système de protec...
-Clive, la ferme !, lui hurla alors Nilson, affalé dans un fauteuil près de la baie vitrée. Tu lui expliqueras tout ça après manger. C'est pas important, vu qu'elle n'est pas toute seule en ce moment. Pour l'instant, on se met à table ! »
Le blond se leva et se dirigea vers moi. Je reculai d'un pas, par peur qu'il me fasse du mal. Il mit sa main sur mon épaule, me dominant de plus d'une tête au moins.
« N'es pas peur, Elie. »
Il sourit narquoisement.
« Viens donc t'asseoir et te rassasier. Tu dois avoir une de ces faims ! »
Il me conduit alors en direction de la table blanche comme la neige, donc les couverts en argent faisaient ressortir la pâleur de la nappe. U.R me tira une chaise pour que je puisse m'y asseoir. C'est alors que je sentis un regard lourd et pesant sur moi. Je détournai la tête sur la gauche, au bout de la table. Mes jambes se raidirent, je m'arrêtai subitement.
Son regard. Si noir. Remplit de haine. Je le revoyais encore et encore. Mon corps se mit à trembler en le recroisant à nouveau.
« Eh ! Ça va pas ?, me demanda Nilson en voyant que je n'avançais plus.
-Je
-Quoi ? »
Il suivit alors la direction où mon regard était posé. Il eut un sourire.
« Ne t'inquiète pas. Il est attaché. »
Il n'arrêtait pas de m'observer intensément. Mon corps tremblait.
« Yael ne te touchera pas, ajouta alors U.R. Les chaines qui le retiennent sont super solides. Tu n'as pas à tinquiéter.
-Tu peux manger tranquille », rassura Nilson.
Il me prit lentement par le bras et me dirigea vers la chaise. Je m'assis alors, le regard de Yael toujours posé sur moi. Ses habits le rendaient encore plus effrayant –certes moins quavec sa blouse ensanglantée- : il portait une grande chemise vert kaki, avec une veste en cuir noir avec des reflets gris. Ses cheveux blonds platine en bataille semblaient presque blancs sous la lumière du lustre. Je n'osais même pas le regarder. Il m'effrayait trop.
Cependant, je pus remarquer qu'il avait des traces foncées sur le visage. Mais je n'avais pas le courage de tenter un regard dans sa direction, de peur de faire une crise cardiaque.
Nilson prit place face à moi, ne cessant lui aussi de me détailler de ses yeux. C'est alors quune porte, non loin de la baie vitrée et de la bibliothèque, souvrit, laissant paraître un grand jeune homme portant avec lui plusieurs plats sur ses bras. D'un coup de pied, il referma la porte. Il portait tous les plateaux avec une telle habilité et une telle grâce naturelle ! Un vrai serveur. Un tablier bleu foncé attaché et collé à son corps, Jaden vint déposer au milieu de la table ce quil venait de cuisiner.
« Voilà, voilà !, s'exclama ce dernier, fier. Je vous ai préparé quelques plats que vous allez A-DO-RER. Il y en a avec des nouilles ici, des légumes grillés là, et d'autres plats avec des épices. Oh, et je reviens, jai oublié le riz, pour ceux qui en veulent ! »
Il s'éclipsa aussi vite qu'il était venu, par la même porte. U.R prit place aux côtés de Nilson, en souriant, voyant la nourriture rayonnante sous ses yeux. Juan se plaça à côté de Yael avec des yeux pétillants. Ce dernier me regardait toujours aussi fermement. Il n'avait même pas lair attiré par tout ce que le cuisinier avait apporté, le tout sentant vraiment bon. D'ailleurs, j'en avais l'eau à la bouche. Je faisais bataille avec mon ventre pour qu'il se taise, grognant de ne pas avoir mangé depuis trop longtemps.
Cependant, je ne devais pas manger. Pas leur nourriture. Qui sait ! Ils peuvent avoir mis m'importe quoi dedans !
« Je t'en prie, sers-toi, me fit Nilson, le même sourire aux lèvres. Les femmes d'abord.
-N... Non merci, répondis-je timidement.
-Vas-y je te dis. Jaden est le meilleur cuisinier qu'il puisse exister sur Terre. Je t'assure.
-Je n'en doute pas.
-Alors vas-y. »
Le leader tendit sa main vers la nourriture, pour m'indiquer que je pouvais prendre ce que je voulais. Mais je n'étais pas dupe. Je savais qu'il y avait quelque chose de pas très net. Je baissai les yeux sur mon assiette blanche dans lequel il y avait un bol. Je ne devais surtout pas être tentée. Me connaissant, j'allais me jeter dessus en deux secondes et tout manger, avec la faim que j'avais.
« Alors quoi, tu n'as pas envie de manger ?
-Non, merci, fis-je faiblement.
-Arrête ton cinéma, tu veux. »
Je relevai la tête dans sa direction.
« Ton bide gargouille comme pas possible depuis tout à l'heure, et tu vas me faire croire que tu n'as pas faim ? Hahahah ! Laisse-moi rire ! Allez, sers-toi je te dis.
-Je... Je préfère attendre les autres », mentis-je.
Nilson appuya son menton sur ses mains, un sourcil se levant en l'air.
« Vraiment ? C'est gentil tout ça. »
Il laissa échapper un rire grave, avant de reprendre son sérieux.
« D'ailleurs, où sont-ils ses imbéciles ?
-Ils doivent encore jouer à la console. Tu les connais, Nils. C'est des gamins, intervint Juan en se servant un verre deau. Tu veux que j'aille les chercher ?
-Non. Je vais m'en charger... »
Juan regarda son chef se lever et se diriger vers une porte tout à gauche.
« Ça va gueuler », fit-il en serrant les dents.
Jaden sortit de la cuisine –je supposais- et tenait entre ses mains un énorme bol où une montagne de riz débordait. Il vint le déposer sur la table, et remarqua que le leader n'était plus là.
« Il est passé où, encore ? », demanda-t-il à Juan, en penchant la tête.
Ce dernier montra la porte ouverte avec Nilson de dos, à moitié dans l'un des couloirs.
« Oula !, s'exclama Jaden en souriant. Elie, bouche-toi les oreilles. C'est un conseil. »
Il ria.
Ok, je ne comprenais toujours rien.
Je vis alors le chef de la bande prendre une grande inspiration.
« VOUS FOUTEZ QUOI, ENCORE, SALES GOSSES !?! ON MANGE !!! POUR LA DIZIEME FOIS, RAMENEZ-VOUS SINON JE MONTE !!! »
Ça y est. J'étais sourde. A 18 ans.
« Ça va cest bon !, hurla une voix lointaine à Nilson. Pas besoin de gueuler comme ça !
-NE REPONDS PAS TOI !!! JE TE PREVIENS QUE TOI ET TALEB, VOUS ALLEZ PRENDRE CHER SI VOUS NETES PAS LA DANS MOINS DE VINGTS SECONDES !!! ALORS BOUGEZ-VOUS !!!
-Mais on...
-TOUT DE SUITE, J'AI DIT !!! », s'énerva, hors de lui, Nilson.
Le chef de la bande attendit encore quelques secondes, puis revint sur ses pas, avant de reprendre place face à moi, sous le regard attentif de tout le monde.
« Ces gosses..., murmura-t-il entre ses dents.
-Irrécupérables, ajouta Jaden, souriant.
-Et il est où Kyron ?, demanda U.R.
-Encore dans son labo. Comme d'hab, suggéra Juan.
-Alors appelez-le. Et dites-lui de se bouger un peu, ça va refroidir.
-Mais Nilson, il ne veut pas qu'on le dérange pendant qu'il pratique ses expériences.
-U.R, je crois que tu devrais te taire. Nils est déjà énervé par les gamins, ne commence pas à le saouler. Vas chercher notre médecin, lui ordonna Jaden. Moi, je vais apporter à manger aux prisonniers.
-Au passage, tu diras à la Blonde que je m'entretiendrai avec elle après manger. J'en ai un grand besoin..., soupira le leader, se massant le crâne.
-Tu es sûr ? Après manger ?
-Oui, Jaden. Après manger. Allez, bouge de là et reviens vite.
-Bien, fit le grand brun au tablier, en retournant dans la cuisine, avant d'en pousser un chariot recouvert de cloches grisâtres. Je te préviens, si elle dégueule, c'est toi qui ty colle !
-Allez..., souffla Nilson. Dégage... »
Jaden disparut derrière nous, en refermant la porte. U.R, lui, se leva et partit trouver Kyron, d'un air blasé.
La nourriture fumait toujours autant sur la table, et un parfum divin me parvenait aux narines. Raaah ! Qu'est ce que j'avais faim ! Mon ventre poussait de plus en plus de petits bruits étouffés. Je me sentais vide en moi. J'avais besoin d'ingurgiter quelque chose. Et vite...
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N'hésitez pas à commenter ! Ca me ferait super plaiz ! ;)
Laughtie ~~
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