VI
/Quelques phrases du chap précédent #5 ~
Mon corps s'agitait tout seul et les larmes étaient prêtes à rouler sur mes joues. Ça recommençait...
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« Eh, Elie !, s'exclama Jaden en venant près de moi. Nils, je crois qu'elle ne va pas bien. Elle est en sueur. »
Je sentis ses mains me toucher le bras et la cuisse. J'aurai voulu lui porter un coup, pour qu'il me lâche, mais mon corps ne répondait plus.
« Kyron ! », s'écria Jaden.
Celui-ci accourut quelques secondes plus tard à mes côtés, l'air effrayé. Il porta alors sa main à mon front.
« Elle est bouillante, avoua-t-il. Je dirai qu'elle a près de 40 degrés. »
Je sentais des gouttes de sueur perlées sur mon visage.
« Non, pas encore... pas encore une crise !, pensais-je, les yeux fermés.
-Qu'est ce qu'il lui arrive ?
-Je... Je ne sais pas... C'est comme tout à l'heure. Mais je n'ai jamais été face à une situation pareille... Je...
-Alors fais quelque chose, merde ! T'es médecin ou pas ? », s'énerva Nilson.
Kyron partit en courant puis revint quelques instants plus tard.
« Jaden, vas me chercher un gant d'eau fraîche, lui ordonna le médecin.
-Bien Kyron.
-Merci. »
Je sentis de nouveau son toucher sur mon front, puis il attacha quelque chose de froid à mon bras. Des pressions de plus en plus fortes.
« Sa tension est très élevée, remarqua le médecin. Elle fait une sorte de... de crise de je ne sais trop quoi. Ou bien, c'est une maladie ou... Raaah ! Je n'arrive pas à savoir !
-Et bien il faudrait, Kyron !, s'énerva de nouveau le leader. Elle vient juste d'arriver, alors fais quelque chose !
-Oui, oui... Je... »
Il se tut quelques secondes, essayant de reprendre tout de A à Z, pour savoir ce qu'il clochait chez moi. Soudain, je rouvris les yeux, comme si j'avais reçu un coup dans le ventre.
« Qu'est ce que...
-Elle ne respire plus !, s'écria à côté de moi Kyron. Vite, apportez-moi un couteau ou un ciseau ! Il faut qu'on lui enlève le foulard et la corde de sa bouche ! Juan ! Vite, ton arme !
-C'est bien parce que c'est pour elle... », souffla celui-ci.
Je vis Juan s'avancer vers moi et tendre son arme dans ma direction. Je suffoquais. Je m'étouffais. Il me fallait de l'air, et vite. Il prit le lien qui était dans ma bouche et commença à le couper. Le foulard et la corde rompirent en même temps. Un soulagement. Je pouvais refermer ma bouche et l'ouvrir comme je voulais. Je me sentais déjà un peu plus libre. J'essayai d'inspirer, mais ça me faisait tellement mal. Je souffrais, vraiment. Mes poumons, mon cur... Tout mon corps entier me faisait mal.
« Respire, respire ! », me fit Kyron en posant sa main sur mon épaule.
Je tournai ma tête vers lui, l'air suppliant.
« Aide-moi..., pensais-je si fort. Aide-moi...
-Il faut qu'elle puisse se sentir moins compressée. »
Kyron tendit ses mains vers mon cou et descendit une fermeture éclair, pour enlever le haut de la veste - qu'on m'avait mise apparemment comme je n'en portais pas quand on m'avait attaqué -, ce qui me libéra encore un peu plus.
Du frais me caressa le bas du cou et les épaules. Ça faisait du bien. J'arrivais tout de même à faire passer un peu d'air dans mes poumons, mais à chaque fois, une douleur me prenait. C'était intenable.
« Voilà...C'est mieux..., murmura Kyron. Voilà... Respire du mieux que tu peux, ça va aller... Je vais aller chercher une nouvelle seringue avec un calmant plus puissant, ok ? Mais avant, je vais prendre ton pouls... »
Je me laissai faire. Il me mettait en confiance, et je savais qu'il allait m'aider.
Le jeune homme approcha sa main près du côté gauche de mon cou et il écarta mes cheveux barrant le passage. Je le regardai toujours, essayant de respirer. Je vis, au moment où il replaça mes cheveux derrière mon épaule, ses yeux s'écarquillés et la bouche s'ouvrir au maximum.
« Oh mon Dieu..., chuchota-t-il, choqué. Qu'est ce que c'est que ça ?
-Qui a-t-il Kyron ?, demanda Taleb en penchant sa tête.
-Elle... Elle s'est faite frappée là aussi.
-Comment ça ? », s'exclama Nilson en se levant.
Celui-ci se plaça aux côtés du médecin et il fut tout aussi surpris.
« Qu'est ce que...
-Ils ont du lui donné un coup de pieds ou je ne sais pas...Peut être même qu'ils ont essayé de l'étrangler ?, suggéra le médecin. En tout cas, c'est énorme !
-Ils vont m'entendre ces deux là ! »
Nilson, remonté, sortit de la pièce en claquant la porte, suivit de Juan. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Jaden revint d'une des pièces à côté, un gant trempé d'eau entre les mains.
« Il est parti où ?, questionna ce dernier.
-Vers la salle des supplices. Pour Shey et Herykler, expliqua U.R.
-Bah pourquoi ? »
Il fit ceci tout en s'avançant vers moi et il tendit le gant à Kyron, qui me le plaça sur mon front.
« En tout cas, tu as l'air d'aller mieux !, me sourit-il, la tête sur le côté.
-Ne bouge pas, d'accord, me fit le jeune médecin. Je vais toucher ton cou. Je ne veux en aucun cas te faire de mal, ok ? »
J'hochai la tête doucement, ma respiration se calmant peu à peu.
«Qu'est ce qu'il y a dans son cou ?, demanda Jaden, en se penchant où appuya Kyron faiblement. Aaahh ! C'est quoi ça ??
-Un cou qu'on lui a porté. Soit par Shey, soit par Herykler.
-Comme c'est gros, j'opterai plus pour Shey quand même, assura Jaden, d'un air dégouté. Ils n'auraient pas pu se contrôler un peu ? Non mais sérieusement ! Shey est le plus vieux d'entre nous, et il n'est pas responsable. Vraiment, je ne sais pas ce qu'ils leur ont pris...
-Je ne te fais pas mal ? », me demanda Kyron en appuyant dans mon cou.
Je lui fis signe que non. Il leva un sourcil en l'air, perplexe.
« Pourtant, vu la taille de l'hématome violet que tu as, ça devrait être impossible que je te touche, tu aurais trop mal... »
Un hématome violet ? Je compris alors.
« Ce... ce...
-Elie ? »
Ma voix était si rauque et éraillée. On aurait dit une vieille fumeuse. En même temps, ma gorge était totalement desséchée. Ça devait faire au moins douze heures que je n'avais pas bus. Je me raclai grossièrement la gorge, pour que ma voix soit plus distincte.
« Ce...ce n'est pas de leur faute, fis-je finalement.
-Wow ! J'kiffe ta voix poulette !, s'écria Taleb, redevenu le gamin de tout à l'heure.
-Boucles-la, Ta', lui rétorqua Yael.
-Comment ça, ce n'est pas de leur faute ? Ils t'ont frappé à multiples reprises, m'expliqua Kyron. Tu ne t'es pas faite ça toute seule.
-Mais... »
Je repris une inspiration profonde.
« C'est à cause de ma maladie. Ce n'est pas eux qui m'ont fait ça.
-Ta maladie ?
-Oui...Je suis atteinte d'un virus qui me provoque des crises comme celle que j'ai faite. Et cette tâche violine, c'est ... la marque de ma maladie.
-Je vois..., murmura le médecin, réfléchissant. Mais alors, il faut prévenir Nils !
-Oh punaise ! Oui ! Sinon il va... »
Hein ?
« Que va-t-il leur faire ? », demandais-je.
Je compris en regardant dans leurs yeux. Certains baissaient la tête, d'autres me regardaient fixement, puis détournaient le regard. On les frappait, on leur faisait du mal. J'en étais sûre.
« Ça ne te regarde pas, fit soudainement Jaden. Ils t'ont fait du mal alors qu'ils devaient simplement t'amener ici, sans rien qu'il ne se passe. Et regarde toi : tu es couverte d'égratignures, tes vêtements sont salis, tu es même tombée dans les pommes. Ils n'ont pas su contrôler leur colère. Et pour ça, ils doivent être punis.
-Mais je...
-Ferme-la. Ça sert à rien de les défendre, c'est trop tard pour eux.
-Il faut quand même dire au chef qu'ils ne lui ont pas fait ce truc violet !, insista le médecin. Sinon, il va certainement les frapper lui-même ! Et... Non, je ne peux pas imaginer ça.»
Un point pour moi : j'avais raison. On les frappait. Pourtant, je ne me souvenais pas avoir été battu...Bon, à part le fait que Shey m'est lancée contre le mur, ça ok. Mais pour le reste, je ne voyais pas. Ce qui était sûr, c'était qu'aucun d'eux ne m'avait porté un coup.
« Jaden, je t'en prie ! Toi, il te comprendra !, lui supplia Kyron. Élie l'a dit elle-même, ils ne lui ont rien fait !
-Humm..., souffla le plus vieux. Je vais voir ce que je peux faire, mais je pense que tu devrais venir avec moi, pour lui expliquer. En tant que médecin, il t'écoutera peut-être plus que moi, avec ton avis de pro.
-Ok, on y va alors. »
Les deux sortirent en courant de la pièce, me laissant avec Yael, Taleb et U.R. Ceux-ci ne disaient rien, le silence était de plombs. C'était presque insupportable.
Soudain, je perçus quelque chose, loin. Ce n'était pas très clair, mais je pouvais les entendre : des cris de souffrance. Je me mordis la lèvre inférieure, regardant partout autour de moi, sans rien comprendre, enlevant le gant mouillé de mon front.
« Ce sont les cris d'Herykler et de Shey. »
Après avoir prononcé cette phrase, Yael se leva de son fauteuil et vint s'assoir sur un des canapés, une place étant plus près de moi.
« J'adore ... ces cris. Pas toi ?»
Il passa sa langue entre ses lèvres, ce qui me répugnait. Comment pouvait-on être aussi sadique ? Il aimait réellement qu'on fasse du mal à ses propres coéquipiers et amis ? Il était vraiment un malade.
« Tu as perdu ta langue, mon chat ?, me fit-il alors, toujours aussi sérieux.
-Frérot, tu lui fais peur. Arrête, lui lança Taleb en s'approchant de moi. Elle tremble encore.
-Je vois ça... Mais je ne vois pas en quoi elle devrait avoir peur. »
Oh, bah non. Je ne voyais pas pourquoi j'aurais peur de vous. Non, non. J'étais terrorisée ! Entre lui qui ouvrait les gens je ne savais pourquoi et les autres qui voulaient faire je ne savais trop quoi avec moi, le tout dans un endroit inconnu, il y avait de quoi avoir peur, non ?
Yael se releva et s'approcha de moi. Il me prit vivement le visage entre ses mains pâles et me dévisagea. Ses yeux. On aurait dit qu'il était... presque rouge. Je voulais dire, à la place du blanc qu'il y avait habituellement, là, je croyais voir du rouge. Je poussai un cri étouffé au fond de ma gorge, essayant de me défaire de sa main.
« Arrête de bouger ! Arrête de bouger !, répéta-t-il d'une voix ténébreuse, qui ne ressemblait pas à celle qu'il avait jusqu'à présent.
-Eh ! Frérot ! Arrête !, intervint Taleb.
-Arrête de bouger, sinon tu finiras comme Jainee ! Tu sais, la belle brune qui était avec toi quand tu t'es réveillée et que tu as vu éventrée ! Tu sais que tu as le même regard qu'elle : suppliant et apeuré. J'adore ! »
Il ria tel un méchant dans un film. Il le faisait tellement peur. Sa main descendit de mon visage pour venir prendre ma gorge, la serrant de plus en plus fort, puis il posa fortement son autre main contre mon épaule. Je ne pouvais déjà pas beaucoup bouger, mais là, c'était impossible. Il avait beaucoup de force, ce qui m'empêchait même de respirer. Ses yeux ne quittaient pas les miens. Je ne rêvais pas : le blanc de l'il devenait rouge. Qu'est ce qu'il lui prenait ?
« Je t'apprécie déjà, Élie Gliver.
-Yael, arrête !, lui lança U.R en lui sautant dessus pour qu'il se cesse toute emprise sur moi.
-Tu lui fais mal, arrête bordel !, s'énerva Taleb, assit à mes côtés.
-Lâchez-moi, vous deux ! Laissez la moi ! Elle est à moi ! Je lui ouvrirai son corps et j'entendrai ses cris désespérés ! Ses cris appelant à l'aide, me suppliant de la laisser en vie ! Je veux qu'elle crie de désespoir ! Il le faut ! J'en ai besoin !, hurla Yael, retenu par U.R et Taleb, qui avaient réussi à lui faire lâcher prise.
-Il pète un câble là !, s'écria U.R. Il faut faire quelque chose ! Il va la bouffer sinon !
-Lâchez-moi bordel !!!, hurla de plus belle Yael, semblant devenu incontrôlable en moins de deux minutes. Elle est à moi !!! A MOI !!!
-Reprends-toi, Yael, je t'en prie ! », supplia U.R.
J'étais pétrifiée par la peur. C'était devenu un véritable monstre. Oui, face à moi, se trouvait un monstre assoiffé de sang. Qu'est ce qu'il lui arrivait ? Je mis mes mains dans mon cou, reprenant mon souffle.
Taleb et U.R n'allaient pas tenir longtemps. Yael forçait pour se dégager, pour me sauter dessus. Devais-je m'enfuir ? Prévenir quelqu'un ?
La porte s'ouvrit à cet instant, laissant apparaître Jaden, suivi Juan, Nils et Kyron. Dès qu'ils virent que Yael était retenu par les deux jeunes hommes, ils se jetèrent sur lui pour le maitriser. Plaqué au sol et sur le dos, le blond criait qu'on le laisse tranquille, qu'il voulait ma peau.
C'est alors que le médecin sortit de sa veste une seringue – il en cachait partout ou quoi ?- et la planta dans l'épaule de Yael, versant tout le contenu. Après quelques secondes, le jeune homme se calma et Jaden revint avec un dispositif de menottes. On lui passa les deux poignets dans une des paires et on le traina par terre, comme on l'avait fait pour moi et les autres prisonniers précédemment.
« Juan, emmène-le dans sa chambre et attache-le, lui ordonna Nilson.
-Ok. Allez, viens-là Yael. U.R, accompagne-moi. J'ai besoin de toi pour les manips des chaînes et tout ça. Je m'y connais pas trop, avoua le jeune homme en se grattant la tête d'une main.
-Alors on se bouge, j'ai faim », fit ce dernier.
Les deux sortirent de la pièce en trainant derrière eux Yael, me fixant toujours aussi intensément.
« Excuse nous pour ce petit... imprévu. On n'aurait jamais du le laisser seul ici avec seulement deux personnes pour le retenir, m'expliqua Nilson. Je vais aller le voir, et on va s'expliquer. Jaden, vas préparer le repas en attendant. Je commence à avoir faim, et il se fait tard.
-Comme si c'était fait !, s'exclama le cuisinier.
-Vous deux, vous savez ce qu'il vous reste à faire d'elle. »
Taleb et Kyron hochèrent la tête. Leur leader m'adressa un dernier regard avant de quitter une nouvelle fois la pièce. Jaden, lui, disparu derrière l'une des portes, au fond du salon –car oui, après une brève réflexion, je m'étais enfin aperçue que c'était un salon-. Nous n'étions plus que tous les trois dans la pièce.
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N°6~
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