LXX

/Quelques phrases du chap précédent #69~





« Détendez-vous. Vous êtes en sécurité, ici. Vous avez du vivre des moments terribles en compagnie des Rôdeurs, mais ça y est. Tout est terminé, mademoiselle Gliver. Reposez-vous.

-LAISsez-mo-moi... »




Mes yeux se fermèrent alors lentement. Et je me mis à sombrer dans un état secondaire. J'étais totalement consciente de ce qu'il se passait autour de moi, mais je ne pouvais pas ouvrir les yeux. Ce gaz m'en empêchait.






/






























































____________________________


































































Mes doigts serraient et desserraient le drap nerveusement. Mon regard était vide, fixé sur le mur face à moi. Mes parents étaient repartis, visiblement.

Assise contre un large oreiller, je m'étais calmée. Mon cœur et ma respiration avaient repris une cadence quasiment normale, et j'avais réalisé, avec un certain temps, que j'étais réellement dans un hôpital.

Ma gorge étant sèche, je me la raclais de nouveau.




« Tu... »




Raclage de gorge numéro 6.




« Tu pourrais m'expliquer... Comment je suis arrivée là ? »




Nadia se redressa légèrement suite à mon intervention qui brisa le silence pesant de la pièce. Elle replaça une mèche de ses cheveux rouges derrière son oreille et croisa les jambes.




« Et bien... »




Elle sembla chercher comment me raconter ce qu'il s'était produit.




« J'ai reçu un appel téléphonique de ton père quand j'étais dans mon atelier de photographie. Il pleurait. Je ne comprenais pas tout, mais j'ai saisi ces mots : Elie. Hôpital. Et aussi le mot vivante. J'ai tout de suite compris et je suis partie en coup de vent de mon lieu de travail pour rejoindre l'hôpital. »




Elle décroisa les jambes et regarda ses mains. Puis je sentis son regard brun sur moi.




« Une fois arrivée ici, j'ai vu tes parents et aussi quelques agents de police. On m'a expliqué qu'on venait tout juste de t'amener dans cet hôpital, que tu étais inconsciente et gravement blessée. »




Lentement, je déviais ma tête vers mon amie Nadia et demanda :




« Qui m'a amené ici ? »




Elle ne répondit pas tout de suite, cherchant ses mots ou bien, ne voulant rien me dire d'un coup.




« Qui, Nadia ?

-Les Rôdeurs. Les standardistes de l'accueil ont rapporté que vers 19 heures, un groupe d'une dizaine d'hommes, masqués et armés, était rentré sans menacer personne. Et ils ont demandé à ce que des médecins qualifiés viennent pour sauver les personnes qu'ils venaient d'amener. C'est-à-dire, toi, Elie, et aussi trois autres jeunes. Rapidement, vous avez été pris en charge, et eux, ils sont partis aussi vite qu'ils sont venus. La sécurité a appelé la gendarmerie, mais les Rôdeurs se sont rendus, disant qui ils étaient et qu'ils vous avaient ramené, tous en vie.

-Ils sont... Ils sont allés se dénoncer ?, répliquais-je encore faiblement.

-Oui, immédiatement après être passés par les urgences. »




Je n'en revenais pas. Ils s'étaient rendus. Tous. Sans nous garder avec eux.




« Quand les médecins t'ont pris en charge, ils ont fait énormément de tests sur toi. Tu as un os du bras cassé, quatre côtés fêlées, plusieurs fines lésions au visage et sur les deux bras. Ils ont aussi retiré une balle dans ta jambe gauche et pensé rapidement les plaies causées par les balles qui ont transpercé ton mollet. Ils ont compté plus de vingt hématomes de diamètre de plus de 4cm. Je te passe tous les détails, mais tu es surtout revenue avec du poison dans le sang. Ils t'avaient empoisonné avant de t'amener ici. Heureusement, ton sang a été traité il y a plusieurs jours et le poison a été presque totalement retiré de ton corps. »




Ils ne m'avaient pas empoisonné. Leur chef supérieur à la noix m'avait empoisonné, dans le but que je meurs. Mais alors... Herykler n'a pas pu me retiré le poison. Ça voulait dire que... Qu'ils avaient pris la décision de m'amener dans un hôpital pour qu'on me sauve, non ? C'était ce que leurs actes semblaient vouloir dire. Du moins, c'était ce que je pensais.




« Alors, je suis sauvée. Pour de vrai...

-Oui, ma petite Elie, s'exclama Nadia et se levant pour me prendre le bout des doigts. Tu es sauvée de leurs griffes. Tu es saine et sauve, Elie ! »




Mes deux bras étaient dans un sale état. L'un était plâtré, l'autre était bandé de toutes parts. J'avais du mal à les bouger et il semblerait que Nadia ne voulait pas me prendre dans ses bras pour ne pas me faire mal. Alors j'optai pour un léger sourire, soulevant mes petites pommettes recouvertes de pansements.




« Qu'est-ce que tu faisais dans ton studio de photos à plus de 19 heures ?, remarquais-je en me remémorant tout ce que venait de me dire Nadia.

-Oh, ça, c'est pas important tu sais... Le boulot quoi... Je prépare une série de photos de la ville mais avec une lumière de nuit. J'attends les coups de 18 heures pour commencer et ceux de 2 heures du matin pour tout remballer, expliqua-t-elle.

-Mais... Ça veut dire que tu as réussi ton concours dans le parc ? Mais... Et ton appareil photo ?

-Oui, j'ai eu mon diplôme grâce une candidate m'a donné son appareil, comme on ne te voyait pas revenir. C'était le jour de ton enlèvement, Elie. »




Je déglutis. Ah oui, c'était pas faux, j'avais oublié.




« Oui, je me souviens...

-Au début, tu sais... Je t'ai détesté. Noah était avec moi et essayait de me calmer, me disant que tu allais arriver. Mais j'ai perdu les pédales au moment où on m'a appelé. Tu n'étais toujours pas là, tu ne répondais pas au téléphone. Je croyais que tu m'avais laissé tomber. Et je t'ai haïe. Profondément. Mais... Quand on a voulu sonné chez toi, il y avait un amas de policiers devant ton immeuble. Les rues étaient interdites aux passants. On nous a dit, grâce aux caméras de surveillances, que tu avais été enlevée et que le concierge avait été assommé par des hommes cagoulés. Avec tes parents, nous avons immédiatement su qu'il s'agissait des Rôdeurs. C'était sûr et certain. »




Je m'en souvenais comme si c'était hier. Les hommes armés et masqués. L'homme qui m'attrapa par derrière, mon téléphone qui tombait au sol et puis les autres qui étaient arrivés. Et le mouchoir sur mon nez et ma bouche. « C'est bien elle ». Et le regard de cette personne... Herykler. C'était lui. Sa voix résonnait dans ma tête. Et son regard ce jour-là m'avait glacé le sang. Au fond, il n'était pas comme ça. Les autres non plus. Ce n'était pas vraiment eux les monstres. Mais ce sadique d'homme au masque de chair.




« Ça fait combien de temps que j'ai été enlevée ? »




Nadia m'observa un petit moment avant de se mettre à soupirer.




« Nous sommes le 17 novembre. Les Rôdeurs t'ont ramené au début du mois. Et on t'a enlevé le 24 octobre. Je m'en souviendrais toujours. Donc ça fait plus d'un an, Elie.

-Plus... Plus d'un an... Mais, attends. Ça fait deux semaines que je suis ici ?

-Tu étais dans un coma artificiel, à cause du poison. C'était plus prudent. Ils ont décidé de t'en sortir il y a quelques jours, c'est pour ça que je suis ici. J'attendais ton réveil. »




Je ne disais plus rien. Le temps avait été long, là-bas. Rien que de repenser à un moindre détail, les frissons me venaient.




« Tu sais, commençais-je, je me suis toujours dis que je n'allais jamais sortir de l'endroit où j'étais. La peur en permanence... La mort qui rode... Et puis... Tout était horrible, tu sais... Mais c'est fini.

-Oui, c'est fini. C'est un miracle, ce qu'il s'est produit.

-Je sais... »




Les yeux fermés, j'eus un léger sourire.




« Dis, Elie...

-Hm ?

-Est-ce que... Est-ce que tu te sens d'en parler ? Pas dans les détails, mais... Je veux juste savoir si ils t'ont fait du mal.

-Tout... Tout ce que je peux dire, et bien... C'est que... Oui, bien sur qu'ils m'ont fait du mal. Des coups, voilà ce que je recevais au début. Chaque jour. Mais je n'ai pas vécu les pires choses. Je n'étais pas là pour être une cobaye. Juste... Un défouloir. Tu sais, il y avait aussi Milan. Est-ce qu'il est ici ?

-Oui, oui il est ici, Elie, déclara Nadia avec des larmes aux yeux. C'était un choc quand on a su qu'il n'était pas mort, mais prisonnier de ces crapules. Je suis allée le voir il y a deux jours et il a du tellement souffrir... Il est très faible...

-Il était un cobaye... Et... »



Je me tus en repensant à Kyron. A son corps mort dans le laboratoire. A toutes les victimes qu'ils kidnappaient pour les tuer. A tout ce sang et ses cris qui arpentaient les murs du repère. Je repensais aux Rôdeurs. A la première rencontre avec chacun mais surtout à la dernière fois où je les avais vus.

J'avais encore peur, et le sentiment d'horreur me prit de nouveau. Mes larmes coulèrent toutes seules.

Nadia caressa ma joue lentement et se recula.




« Excuse-moi... Je ne voulais pas que tu replonges tout de suite dans ce qu'il s'est passé mais... Tu sais, il y a des agents de police qui ne vont pas tarder à arriver. D'ici quelques jours, ils vont venir pour t'interroger et prendre en compte ton témoignage. Il faut que tu sois forte.

-Nous vous dérangeons ? »




Le médecin de la veille était entré en silence.




« Non... Non, entrez, fis-je en essuyant mes larmes.

-Nous allons discuter un peu ensemble. Et ces chers sergents seront avec nous pendant quelques minutes. »




Deux femmes en uniforme de police entrèrent à leur tour.




« Sergent Lee et Sergent Bouguerra. Nous sommes en charge d'une partie de l'affaire qui concerne les Rôdeurs. Vous acceptez qu'on note tout ce qui pourrait se révéler utile dans notre enquête ?

-O-Oui..., murmurais-je un peu déboussolée.

-Mademoiselle, fit le médecin à Nadia. Nous allons vous demander de sortir. »




Mon amie aux cheveux teints sortit alors sans un mot et l'homme en blouse vint s'assoir près de moi.




« Bien, comment vous sentez-vous ?

-Mieux. Mieux, merci.

-Nous avons fait plusieurs analyses depuis votre entrée aux urgences. Dont une en particulière qui a retenu notre attention. Il s'agit de votre poids. Vous aviez été chez votre médecin moins d'un mois avant votre enlèvement, et vous faisiez 71 kilos. Nous vous avons pesé lors de votre arrivée. Vous faites aujourd'hui 54 kilos.

-Q-Quoi ?

-Vous avez perdu 17 kilos. Et vous n'avez rien repris depuis, malgré les perfusions que l'ont vous mettiez pour que vous mangiez lors de votre coma artificiel. Alors, une question assez simple, comment vous nourrissaient les Rôdeurs ?

-Euh... Et bien... »




Je me regardais. Il était vrai que j'avais un peu la peau sur les os depuis mon enlèvement. Mes joues étaient creusées, mes yeux aussi et puis j'avais un peu moins de formes qu'avant.




« Ils me nourrissaient plutôt bien... En quantité suffisante même... Mais, avec la peur et le stress et... et tout ce que j'ai pu vivre, je pense que malgré une alimentation correcte et régulière... J'ai plus perdu de poids que j'en ai pris... »




Un rire nerveux sortit de ma gorge puis je regardais mes mains.

Les femmes et le médecin prenaient des notes.

Après plusieurs autres constats du docteur, ils partirent tous et mes parents rentrèrent dans ma chambre, pour prendre de mes nouvelles et me prendre dans leurs bras.


































































______________________________






































































N°70~

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top