LVI
/Quelques phrases du chap précédent #55 ~
Pour s'excuser d'avoir gâcher notre matinée télé, Nilson nous avait autorisées à aller dans la piscine des Rôdeurs. Ouais, y'avait une piscine dont je ne connaissais pas l'existence. Et dieu sait que j'ai fouillé des jours entiers à la recherche d'une sortie de cet endroit de merde.
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« Tu vas voir, la piscine est géniale. Les lumières changent à l'intérieur. Ca passe du bleu au vert et du vert au jaune, et du jaune au rose, etc...
-Un ami en avait une comme ça, fis-je en repensant à Néo.
-Et tu peux aussi régler la température. C'est royal ! », rit alors Juan qui marchait devant moi.
Nous avions emprunté un long couloir dont je ne connaissais pas du tout l'existence. Il était peu éclairé mais par moment il y avait quelques néons qui marchaient.
« Iris est déjà là-bas ?
-Oui, je l'ai emmené il y a une petite heure. Comme tu avais besoin de voir Kyron pour ton bras, j'ai pensé qu'elle serait contente d'y goûter en avance, non ?
-Si, bien sûr.
-En plus, c'est bien la première fois que Nils laisse nos filles aller dans ce coin là. Il devient de plus en plus cool avec vous. C'est mieux. Comme ça vous avez moins peur de nous, non ?
-Ça dépend quand... Aujourd'hui par exemple... Enfin bon. »
Juan se mit à ricaner en continuant de marcher. Nos pas et nos voix résonnaient le long du couloir. Après quelques minutes à tourner et continuer tout droit, nous vîmes au loin une porte surmontée d'un néon.
« On arrive. »
Sous mes vêtements, j'avais enfilé un maillot de bain que les Rôdeurs m'avaient acheté pour l'occasion. Il était simple : noir.
Quand nous arrivâmes devant la porte, Juan sortit ses clés mais fronça les sourcils.
« Bah... Merde, j'avais pourtant fermé... »
La porte était entre ouverte. Le jeune homme aux cheveux acajou la poussa et entra. Je lui emboîtais le pas quand je sentis une odeur acre et métallique. C'est alors que Juan mit une main contre mes seins pour me pousser en arrière.
« Putain !
-Qu'est ce qu'il y a ?, lançais-je, ne comprenant pas ce qu'il se passait.
-Elie, ne rentre pas.
-Quoi ? », m'exclamais-je en rentrant de nouveau.
Mes yeux se posèrent sur le sol, puis sur la piscine. Ce fut dans une hurlée abominable que je plaquai mes mains sur ma bouche. Juan me prit contre lui, pour éviter que je n'observe plus de ce spectacle épouvantable.
« NON ! NOOOON !
-Elie, Elie... Calme-toi... Chut... »
La main de Juan passait dans mes cheveux qui avaient très peu repoussés.
Iris était dans la piscine, les bras cloués aux rebords, la gorge coupée, qui déversait le sang de la jeune femme dans la piscine. L'eau était totalement rouge, les lumières ne changeaient plus la couleur.
Elle avait les yeux grands ouverts, apeurés par ce qu'il avait du voir.
Iris se vidait de son sang, morte, blanche. Seuls sa tête et ses bras étaient immergés. Le reste était sous l'eau qui sentait le métal et la mort.
L'odeur dans la salle de piscine était insupportable. Il y avait du sang de partout. Sur les murs aussi.
Je me sortis des bras de Juan et fondis en larmes en m'éloignant du corps sans vie de mon amie. Mon dos buta contre un des quatre murs et je glissai le long de celui-ci, sans pouvoir me détacher de l'horreur qui s'offrait à nous. Je ne pouvais pas retenir mes hurlements.
Juan était totalement choqué. Il ne bougeait plus, la bouche grande ouverte.
« Mon dieu... Mon dieu ! »
Il ne disait rien et se tourna vers la porte avant de prendre son talkie-walkie.
« Un, deux, vous me recevez. Un, deux. Ici, Juan.
-Juan. –grésillement-. Oui, ici U.R. Qu'est-ce qu'il se passe ?
-On a un cadavre dans les locaux. Je répète, on a un cadavre dans les locaux.
- -Grésillement- Un cadavre ? –grésillement- Comment ça ?
-Envoie-moi quelqu'un pour chercher Elie. Elle est avec moi, et profite en pour...
-Juan... », fis-je en me relevant et en pointant le bout de mur derrière la porte ouverte.
L'homme se stoppa et regarda le bout que je pointai. D'ici, on voyait tout. Mais lui ne voyait pas. Il referma alors la porte pour pourvoir regarder ce que je voulais lui montrer. Quand il le vit, il recommença à parler à U.R.
« On a été infiltré. Je répète U.R, on a été infiltré. »
Il coupa la communication et se rapprocha rapidement de moi. Je pus reconnaître le signe dessiné en grand. C'était une araignée avec une trace de main en sang à côté.
« C'est ce qu'à vu Taleb, on est d'accord. Quand il délirait ce matin ? »
J'hochai ma tête rapidement en me retenant de pleurer encore plus. Juan se rapprocha un peu du signe sur le mur et le sentit. Il recula alors d'un coup et regarda le corps d'Iris.
« C'est fait avec du sang. Ces enculés ont pris son sang pour dessiner leur merde sur le mur ! »
Ce n'était pas Taleb, c'était sûr. Ni personne d'autre ici. Tout le monde était occupé avec ce qu'il s'était passé.
Je ne pus me retenir et éclatai en sanglots. Le regard de l'homme était posé sur moi. Je savais très bien qu'il n'allait pas me réconforté mais il s'accroupit soudain.
« Viens, on sort de là. Ce n'est pas bon d'y rester.
-Iris... Pourquoi Iris... ?
-J'en sais rien... Aller, lève-toi. »
Il m'aida à me tenir droite sur mes jambes, mais je fondais en larmes encore plus quand je posais mes yeux sur Iris, la bouche ouverte et le regard sans vie.
Juan me sortit de la pièce et je vis face à moi trois Rôdeurs qui venaient en courant. Il y avait Hyunsu -et ses bandages suite à la bagarre en entre lui, Shey et Nilson-, Herykler et Keith.
Quand je croisai le regard d'Heryk, il se détacha du petit groupe au loin et se mit à courir plus vite dans notre direction. Avec un certain élan de tristesse, je me détachai de Juan qui me maintenait par le bras, pour courir vers Heryk. Il me prit alors dans ses bras, où je pus pleurer à chaudes larmes.
Il passa un bras dans mon dos et une main dans mes cheveux.
« Chut... C'est bon, on est là, Elie. C'est fini, me chuchota-t-il.
-Alors ? C'est quoi ce bordel ?
-Iris a été égorgée. »
Keith et Juan entrèrent dans la pièce, mais Hyunsu resta devant la porte, à nous fixer, Herykler et moi, avec un regard noir. Puis il entra pour suivre les deux autres.
Heryk l'observait au loin, puis baissa ses yeux vers moi.
« Eh, Elie. »
Avec une moue arborant mon visage, je relevais ma tête vers lui. Il essaya de me faire sourire un peu mais rien ne marchait.
« Aller, viens. On va aller faire un tour chez Kyron. Et après tu vas aller te reposer dans ta chambre, ok ?
-O-Oui... »
Je reniflais grossièrement, sans pour autant cesser de chougner. Avec le Rôdeur, nous marchâmes en direction du cabinet de Kyron, pour la énième fois en deux jours.
Les Rôdeurs en avaient conclu qu'Iris avait été assassinée par plusieurs personnes. Selon Kyron, il y avait différents ADN qui avaient été trouvés sur le corps d'Iris, sur les murs et sur la poignée. Le problème était que Kyron ne pouvait pas savoir à qui ils appartenaient. La seule chose qu'il savait, c'était que les échantillons n'appartenaient à aucun des Rôdeurs.
Le corps de mon amie avait été retiré de l'eau et emmené dans la même pièce que celui de Lyna, il y a plusieurs mois.
Kyron avait fait des analyses sur elle et avait trouvé à quoi correspondait l'arme du crime, grâce à U.R. Il s'agissait d'un couteau qui servait à égorger les moutons. Il avait donc été facile de trancher la gorge d'Iris.
Mais il avait aussi remarqué qu'il y avait eu une tentative d'étranglement de la part des agresseurs.
Totalement dévastée, tout comme pour le suicide de Raphaëlle et pour la mort subite de Lyna, j'avais été examinée par Kyron qui m'avait donné des cachets. Puis, Heryk m'avait ramené dans ma chambre et avait pris soin de rester quelques heures avec moi.
« Elle est certainement mieux où elle est..., murmurais-je la tête dans mon coussin.
-Peut-être. Mais les connards qui ont fait ça doivent payer. Ils sont inhumains. »
Je me tournai vers lui, le regard noir. Il balbutia alors et gratta sa nuque.
« Nan mais... Ouais, c'était pas le bon mot. On fait pareil. »
Il ricana jaune et regarda le mur au dessus de moi. Assis sur une chaise depuis déjà deux bonnes grosses heures, il ne cessait d'essayer de me redonner le sourire. Mais rien ne marchait.
Soudain, on l'appela sur son téléphone.
« Ouais ? Maintenant ? Ok, raccrocha-t-il. Je dois y aller. On doit manger. »
Il allait se lever quand je me redressai un peu pour prendre la manche de son sweat noir.
« Attends...
-Hm ?
-Tu... Tu ne veux pas rester avec moi encore un peu ? »
Heryk me fixa avec de grands yeux étonnés.
« S'il te plait... »
Je savais que mes yeux reflétaient une petite lueur de tristesse. Je pense que c'était grâce à cela qu'il accepta avec un petit sourire et qu'il s'était rassis en me tenant la main.
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N°56~
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