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/Quelques phrases du chap précédent #50~
« Parle pas aussi fort, tout le monde va t'entendre. Et tu n'es pas con. Tu es malade, Heryk. »
Merde, je parlais à haute voix.
Ce fut dans un silence que nous ouvrîmes la porte et qu'Elie m'aida à nettoyer mes habits tachés de sang.
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J'étais restée avec Heryk jusqu'à tard dans sa chambre. Il était totalement déboussolé.
Nous avions nettoyé ses vêtements et nous les avions faits sécher sur des chaises.
Sa chambre n'était pas très grande, mais suffisamment pour pouvoir tout étendre.
Le jeune homme avait prit une douche rapide dans sa salle de bain, tandis que je faisais son lit qui était totalement défait.
Quand il était revenu, habillé pour dormir, il eut un petit sourire gêné.
« Je te laisse dormir. On se voit demain alors, fis-je en me relevant.
-Merci, Elie. »
Je n'avais rien dit et lui avais rendu un sourire. Heryk m'avait pris par le poignet et m'avait retenu.
« Je t'assure... Je ne voulais pas...
-Heryk. C'est bon, c'est oublié. Tu n'as pas vraiment voulu tout ça...
-Je suis désolé... Je t'ai déçu... Non ? »
À ce moment, j'avais eu un petit rire.
« Je ne suis jamais déçue avec vous ici. Vous êtes tous aussi dingues les uns que les autres. »
Heryk avait rit aussi.
Je l'avais ensuite laissé seul.
Aujourdhui, c'était un grand jour. Les Rôdeurs avaient prévu une grande fête. Pourquoi ? Je ne savais pas.
En marchant dans les couloirs pour me rendre dans le salon des Rôdeurs, je n'avais croisé personne.
Une bonne odeur circulait dans le bâtiment. Jaden devait être au fourneau.
Soudain, je croisai Shey qui trainait Jeremy par les bras. Ses jambes étaient en sang.
« Jeremy ?, m'exclamais-je en me rapprochant.
-T'en mêle pas.
-Mais...
-Il a fait l'con. Il va faire du cachot pendant une semaine sans nourriture.
-C'est inhumain ! Shey, lâche-le !, m'indignais-je en prenant Jeremy par le bras.
-Elie, soupira le roux.
-Vas te plaindre à Nilson si ça ne te va pas. »
Je ne pus rien faire. Le Rôdeur l'entraîna dans un autre couloir, Jeremy traina au sol, laissant des traces de sang.
Je me retins de vomir. L'odeur du sang me dégoutait vraiment.
Je devais aller voir Nilson. Mais pas seule. Sinon, je savais très bien que j'allais me fait frapper.
Mes pas rapides claquaient au sol, jusqu'à la chambre de Heryk.
« Heryk ! C'est moi, c'est Elie. Ouvre s'il te plait.
-Elie ? Qu'est-ce qu'il se passe ? »
La porte s'ouvrit alors, le jeune homme semblait inquiet pour moi.
« J'ai besoin d'aller voir Nilson. Mais je ne veux pas y aller seule... Tu sais, je n'ai pas envie qu'il me tape.
-Je comprends bien mais tu es au courant que Nils n'est pas là jusqu'à la fête de ce soir.
-Quoi ? Pourquoi ?
-Il est sorti avec Keith et Juan pour acheter quelques trucs pour ce soir. Et toi ? Tu ne te prépares pas ?
-Me quoi ? »
Mes yeux parcoururent la tenue chic que portait le Rôdeur. Un très beau et élégant costume gris clair. Ses cheveux étaient mouillés. Il venait tout juste de sortir de la douche on dirait.
« Te préparer pour ce soir. C'est quand même une fête en ton honneur !
-Ah bon ? Personne ne m'a prévenu...
-Merde. C'était peut-être une surprise ?, se rendit compte Heryk.
-Mais attends... En mon honneur ? Mais j'ai fait quoi au juste ?, demandais-je en me disant que ça sentait mauvais.
-Bah ça fait six mois presque jour pour jour que tu es avec nous ! Et ça, Nilson le fête toujours ! »
Mon cœur tambourinait contre ma poitrine.
« Vraiment ? C-Cool...
-Tu vas voir, il y aura pleins de trucs à manger, à boire. C'est génial comme fête. Et normalement, on devrait t'apporter une tenue pour ce soir. C'est Nils qui l'a choisit.
-Génial... Bon, je te... Je te laisse te préparer alors...
-A toute à l'heure. »
Il me sourit et referma la porte.
Les pieds trainant au sol, j'allais en direction de ma chambre sans j'entendais Shey parler avec quelquun au téléphone, dans un recoin du couloir sombre.
« Oui. Bien sûr Monsieur. Oui... Avec grand plaisir. J'en parlerai avec notre chef quand il sera de retour. Exactement... Bonne soirée, Monsieur. Au revoir... Au revoir. »
Il raccrocha et de mon côté je continuai d'avancer.
Monsieur ? Attendez, mais il parlait avec qui ? Ce n'était pas Nilson comme il devait lui passer une information. Étrangement, je pensais que les Rôdeurs ne s'étendaient pas seulement à ce petit groupe.
En retournant dans ma chambre, je pus croiser Iris, seule. Elle me fit un large sourire, son nez toujours dans le plâtre. Elle était habillée avec une large robe, trop grande pour elle tellement elle était devenue maigre.
« Où vas-tu ?
-Jaden a besoin d'aide pour la cuisine. Il veut que je vienne lui donner un coup de main. »
Elle me fixait dans le blanc des yeux. Puis elle perdit son sourire, presque triste.
« Je suis désolée... Pour cette soirée. On est toutes passées par là...
-Je sais... Je... Heryk vient de me l'apprendre. »
Iris me prit contre elle et je fermai les yeux, fatiguée de tout ce qu'il se tramait ici. Nous nous tûmes durant les dix minutes qui passèrent. Je la serrais toujours un peu plus, même si je savais qu'on avait toutes les deux de belles blessures.
Les filles d'ici étaient toutes devenues comme des sœurs pour moi. Lyna était notre petite protégée. Et Alma, c'était comme notre grande-sœur du haut de ses 30 ans.
Je les admirais.
« Bon, ce n'est pas tout ça, mais je dois y aller. Alma est dans sa chambre si tu as besoin.
-Merci, Iris.
-Tu... »
Il y eut un cri. Un cri de panique. D'horreur. D'effroi. Ce hurlement aiguë. Ce ne pouvait n'être que...
« LYNA ! »
Iris et moi courûmes jusqu'au salon commun, à trois couloirs d'où nous étions. Shey, qui n'était pas loin, nous rejoignit.
Quand nous arrivâmes, Lyna était à moitié debout, se retenant contre l'un des fauteuils. Ses jambes ne semblaient plus la tenir. Au sol, une immense tâche de sang. Ses jambes et sa robe étaient recouverts du liquide qui coulait d'entre ses cuisses.
Affolée, Lyna tremblait et était aussi pâle que le carrelage de la salle de bain.
« Mon dieu...
-Qu'est-ce qu'on fait ?, paniqua Iris.
-Lyna ?!, s'écria Alma qui venait d'arriver. Qu'est-ce qu'il se passe ? Merde... Merde ! »
Lyna avait une main sur son ventre devenu rond. Elle entamait son septième mois de grossesse.
Shey semblait aussi désorienté que nous toutes.
Alma se précipita vers l'adolescente et la fit s'assoir sur le fauteuil.
« Il faut appeler Kyron ! Maintenant !
-Qu'est-ce qu'elle a ?
-J'en sais rien moi ! J'en sais rien ! Shey, vas le chercher !
-On devrait plutôt l'emmener.
-Il a raison, lança Iris. Il a tout le matériel qu'il faut dans son cabinet.
-Prends-la alors. »
Shey s'avança et porta dans ses bras la jeune fille.
Ce fut en courant que nous traversâmes le bâtiment à la recherche du médecin.
Quand nous l'eûmes trouvé, il put examiner Lyna qui perdait toujours plus de sang. D'ailleurs le Rôdeur qui l'a porté était tâché par son sang.
Après plusieurs heures passées dans le couloir, nous commençâmes à nous inquiéter. Kyron et Lyna étaient toujours dans le cabinet médical. Et aucune nouvelle. Nilson et les deux autres avaient été informés.
Kyron ouvrit alors la porte, la tête dévastée.
« Alors ?, s'exclama Alma.
-Décollement du placenta.
-Et merde.
-Comment elle va ?
-Mal.
-Mal ?, demandais-je alors que Taleb et Jaden nous rejoignaient.
-Elle tousse beaucoup et crache du sang.
-Ah bon ? C'est dû à quoi ?
-A une phlébite.
-Elle a une phlébite ?, m'étonnais-je.
-Depuis quelques mois, oui. Il faut dire que son sang a du mal à circuler. Elle ne bouge pas beaucoup, et avec son énorme ventre... Ça n'arrange rien.
-Du coup, on fait quoi ? Hôpital ?, suggéra Shey.
-Je la garde encore un peu ici et on attend le retour de Nils. C'est lui qui prend les décisions. »
C'était donc peu rassurés que nous nous levâmes.
« Kyron ? Je peux la voir ?
-Viens.
-Nous aussi ! »
Alma et Iris vinrent avec moi.
Lyna bavait du sang.
« Lyna... Comment tu te sens ? »
La blondinette avait les mains posées sur son ventre et les yeux fermés. Elle toussait de plus en plus le sang coulait de sa bouche. Alma lui essuyait par moment.
« Repose-toi ma grande. Pour le bébé au moins. »
Lyna eut un petit sourire, puis cracha carrément du sang dans une bassine à côté.
Kyron nous demanda de partir. Il devait encore l'examiner.
Nous étions retournées dans le couloir, puis dans le salon commun pour nettoyer la tâche de sang. Nous ne disions rien. Lyna était donc dans un état critique. Tout ce sang... Ce n'était pas le décollement du placenta qui faisait ça. C'était autre chose.
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N°51~
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