IX

/Quelques phrases du champ précédent #8 ~

« Tu vas souffrir autant que moi... C'est ce que je souhaite... »

/

__________

Mes yeux s'écartèrent, mon cur s'emballa après qu'elle venait de dire. Elle souhaitait clairement que je souffre... alors que quelques minutes plutôt elle ne voulait plus que ça se produise ? Euh... Je ne comprenais pas bien, là... La folie devait certainement la prendre...

« Je... », souffla Lyna, comme étonnée par ses propos.

Je le vis reculer, chancelante. Elle se tint au mur sur sa droite, se tenant la tête.

« Je suis désolée, Élie... Je... Je ne sais pas ce qu'il m'a prit de te dire ça... Je... Je ne le pensais pas... »

Comme si elle avait une douleur qu'elle ne supportait pas, sa main se raidit sur son front, allant presque enfoncer ses ongles dans sa peau. Elle n'allait pas bien.

« Je ne le pensais pas, pardon...

-Lyna, calme-toi. Tu n'es pas bien, assieds-toi, lui conseillais-je.

-Je... Je..., balbutia-t-elle encore.

-Attends, Lyna !, m'écriais-je en la rattrapant de justesse avant qu'elle ne tombe par terre. Fais attention.

-Je ne sens plus mes jambes, Élie...

-Tu as un coup de mou. Ce n'est pas très grave. »

Je la fis s'assoir contre le mur, face aux barreaux. Soudain, elle toussa. Très fort. Un drôle de son en sortait avec l'air expiré. Sa toux était grasse et rauque. Elle ne devait vraiment pas être bien.

« Tu dois être malade, suggérais-je. Vu comme tu tousses, tu as du chopper une sorte d'angine ou de rhume.

-Oui, surement, souffla Lyna entre deux expirations d'air. Ce doit être à cause de la fuite qu'il y a eut dans ma chambre, il y a deux semaines.

-Une fuite ?

-Oui. Les filles et moi, on a chacune une chambre. Toi aussi d'ailleurs, tu vas en avoir une bientôt. Enfin bref, il y a deux semaines, la mienne a été en partie inondée à cause d'une fuite au plafond. Ce bâtiment est très humide et ça s'infiltre un peu de partout. Plusieurs pièces ont subi le même sort que ma chambre. Et donc j'attends qu'ils « réparent » les dégâts avant de pouvoir y retourner.

-Je vois... Et donc, tu dors ici et tout ça ?

-Exactement, acquiesça-t-elle en toussant encore.

-Mais c'est ... inhumain ! Comment peux-tu dormir ? Il n'y a même pas de lit ! Il n'y a rien dans cette cellule !, m'indignais-je.

-Je ne dors pas tout le temps ici, me fit-elle. Parfois, j'ai le droit de dormir sur un canapé, mais Nils ne veut plus depuis la semaine dernière. Il dit que c'est trop risqué...

-Trop risqué ? Je comprends de moins en moins ce qu'il se trame ici..., avouais-je. Et puis, ils m'ont dit que dès qu'on était faible ou malade, on revenait de droit à Yael ! Tu crois qu'ils vont...

-Non, t'inquiète. Je suis malade, oui, mais c'est en parti à cause d'eux. A cause de la fuite. Du coup, ce n'est pas grave, ils ne me feront rien. Kyron doit me soigner, mais ça doit faire une dizaine de jours que je devais le voir... »

Elle toussa de plus bel. Je me tenais à ses côtés, la soutenant comme je pouvais. Son corps grelottait, les frissons la prenaient petit à petit.

« J'espère qu'il va pouvoir te soigner..., avouais-je.

-Il ne faut jamais leur faire confiance, je t'ai dit, rétorqua Lyna. Oui, il va certainement m'aider, être gentil avec moi. Il l'est toujours. Mais je sais que derrière tout ça, il est lui aussi un de ces mecs complètement barjos. »

Elle tourna sa tête vers moi, de façon à ce que nos visages ne soient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Le gris de ses yeux me fixa de nouveau.

« Ne leur fais jamais confiance. Jamais. »

Je déglutis, puis acquiesçai. Elle avait plus d'expérience que moi ici. Je pouvais la croire.

Soudain, des pas résonnèrent dans les couloirs longeant les cellules.

« Quelqu'un arrive... », murmura Lyna en serrant fortement mon bras contre elle.

Nos regards se tournèrent en direction du bruit de pas qui claquaient au sol, dans un silence de mort. Mes muscles se contractèrent, mon souffle se coupa un instant, collant mon corps contre celui de Lyna, tremblante. Je ne le sentais pas. Quelque chose allait arriver. Et après ce que la jeune fille venait de m'expliquer, je devais m'attendre à tous de la part de ces gars.

« Élie. »

Je me penchai près de Lyna, l'oreille presque collée à ses lèvres.

« Je t'en prie, ne commets pas d'imprudence. »

A ces mots, mes dents se serrèrent, mes yeux s'écarquillèrent.

« Fais bien attention à eux. Je t'en conjure... »

Un homme apparut face aux barreaux, un bruit de trousseau de clefs se secouant avec lui. La lumière éclairait ses cheveux acajou et ses yeux noirs. Il se tenait appuyer contre la cellule, le regard plongé sur nous.

« Tiens, on dirait que tu t'es faite une amie !, s'exclama-t-il. C'est bien. Tu as l'air sociable. »

Le jeune homme en sweat noir à grosses rayures blanches se recula, les bras tendus contre les barreaux. Il observa alors Lyna, sans une expression sur son visage.

« La Blonde !, l'interpella-t-il. On va venir t'apporter de quoi manger dans une vingtaine de minutes. Et normalement tes potes devraient te rejoindre. »

Puis, il se tourna vers moi. Le corps de Lyna se compressa de plus en plus contre moi.

« Allez, lève-toi, Élie. Je t'emmène dans ta chambre, annonça le jeune homme en trifouillant ses clefs, avant de choisir la bonne pour ouvrir la cellule. Il faut que tu prépares avant de manger. »

Je ne fis rien. Devais-je me lever ou rester assise ? Peut être devrais-je résister ? Quoi que... Je n'avais pas envie de mourir maintenant, à vrai dire. Je devrais plutôt suivre les conseils de Lyna : accepter tout ce qu'on me demande et me taire.

Un bruit métallique grinça : le jeune homme avait déverrouillé et ouvert en grand la porte de la cellule.

« Allez je te dis, lève-toi », ordonna-t-il.

Je déglutis, et me leva sans ronchonner, la peur au ventre. Mon bras fut retenu par Lyna, ne semblant pas vouloir me laisser partir aussi vite.

« Lâche-moi, lui murmurais-je.

-Reste avec moi, je t'en supplie ! Je n'ai pas envie qu'ils te fassent du mal !

-Ils ne me feront rien. Je serai prudente, j'te jure Lyna... »

Mes yeux encrés dans les siens, elle comprit que je n'avais pas le choix. Elle lâcha donc prise, toussant de plus bel.

« Bah alors, ça a pas l'air de s'arranger toi, répliqua le jeune homme qui m'attendait. Kyron devrait lâcher un peu ses expériences et te soigner. J'vais aller lui en toucher deux mots, moi. Ce serait bête que tu nous lâches après ces deux belles années ! »

Lyna baissa les yeux, fixant le sol. Je me retournai vers l'homme, marchant avec difficultés, mes blessures me faisant mal.

Quand j'eus passé le seuil de la cellule, le jeune homme m'agrippa fermement le bras avant de me dégager rapidement sur le côté. Ne comprenant pas ce qu'il lui prenait et ce qu'il se passait, je laissai un petit cri s'échapper, faisant lever les yeux de mon amie encore dans la cellule.

« Ne lui fais pas de mal, Juan !, répliqua cette dernière, fronçant les sourcils.

-Toi, tu te tais. Je reçois des ordres que du chef, donc pas de toi. Compris, la Blonde ?, fit entre ses dents le jeune homme, le masque baissé à son menton. Nous, on y va. »

Il referma à clef la porte de la cellule, avant de me pousser devant lui, de façon à ce qu'il garde un il sur moi. Je dirigeai ma tête en direction de Lyna, restée à terre, en toussant toujours aussi gravement. Ses yeux me répétaient encore et encore, sans cesse cette même phrase, que j'allais respecter à la lettre. Ne pas commettre d'imprudence et me méfier d'eux.

Après plusieurs minutes de marche à travers le long couloir que nous longions, Juan prit la parole :

« Arrête-toi là. »

Je lui obéis, me stoppant à une intersection. Il passa devant moi, tournant sur notre gauche, dans le petit bout de couloir qui menait à une porte. Enfin, à une porte et un autre couloir en parallèle.

« C'est un vrai labyrinthe, ma parole !, pensais-je. Comment font-ils pour ne pas se perdre ici ?

-On est habitué à tout ça. J'espère que tu pourras le faire aussi vite que nous tous, s'exclama calmement Juan, comme s'il avait lu dans mes pensées. Mais pour le moment... »

Il se coupa lui-même, cherchant la bonne clef. Quand il enfonça dans la serrure celle-ci, un « clic » résonna dans la parcelle du couloir sombre, et des bruits de rouages s'enclenchèrent. Pour cela, j'eus un sursaut. Juan sourit pendant un quart de seconde, puis il ouvrit en grand la porte, avant d'allumer la lumière à l'intérieur de la pièce.

« Voici ta chambre. U.R vient de fignoler quelques trucs. Tu peux t'installer ici », m'indiqua-t-il.

Je m'avançai, prudemment, bien évidemment, ouvrant bien grand les yeux. La pièce qui s'ouvrait face à moi était très lumineuse et spacieuse. Juan me laissa pénétrer dedans en me passant devant par la suite, laissant la porte ouverte.

« Bon, bah voilà. C'est ta chambre. Ici, tu as un petit canapé avec une bibliothèque, comme on sait que tu aimes lire, remarqua-t-il en me désignant les meubles face à moi. La porte ici, fit-il en s'approchant de celle près du fauteuil noir face à la porte d'entrée, elle donne sur ta chambre. Lit simple, deux armoires en bois vernies, miroir de 1m sur 2m contre le mur, et pas mal d'autres trucs basiques. Pour ce qui est de la salle de bain... »

Il avança sur notre gauche. Je m'aperçus que la pièce était bien plus grande que je ne l'imaginais. Il y avait un large espace où quatre ou cinq marches menaient à une plateforme supérieure, où, au fond, derrière le long paravent fleuri, se découvraient une baignoire, un lavabo et des toilettes. Le tout parfaitement nettoyé et parfumé avec de la vanille - un de mes parfums favoris !-. Je restais sans mot.

« Voilà. La salle de bain. C'est sympa comme coin en tout cas, s'exclama le jeune homme en redescendant les marches, avant de se tenir face à moi, restée plantée au milieu de la grande pièce. Comment tu trouves ?

-Je... C'est très...

-Humm... Ouais, j'adore papoter avec toi poulette, me coupa-t-il rapidement, mais bon, on n'a pas que ça à faire. »

Il me regarda fixement.

« Bah allez !

-Hein ?

-Rooooh !, souffla-t-il. Vas te préparer !

-Pour ?

-Pour manger ! Idiote, je te l'ai dit. »

Je ne bougeai pas, ne sachant pas ce qu'il fallait que je fasse. Le jeune homme s'impatienta.

« Il faut que t'ailles te laver et t'habiller pour manger. Nilson veut que ce soir, on mange tous ensemble. »

Il sourit brièvement.

« Avec toi. »

Je déglutis. Son sourire redevint vite un simple trait sans grande valeur sur son visage.

« Bon, je vais pas te laver de mes mains quand même !

-Je... Je... »

Il me prit par le bras, me fit monter les marches et m'amena derrière le large paravent.

« Tu as moins d'un quart d'heure pour te préparer. Dépêche-toi, je t'attends devant la porte. Tout est ta disposition, alors sers-toi. Et ne traine pas. »

Il me lâcha et disparu derrière la barrière qui séparait l'entrée, située si loin de la salle d'eau. J'étais « seule ». Ne sachant pas quoi faire, je m'assis sur le rebord de la baignoire, me tenant la tête.

« Qu'est ce que je fous là... Mais qu'est ce que je fous là !»

Je n'eus pas le temps de réfléchir, que Juan râla, au loin :

« J'entends pas l'eau couler ! Je te préviens, si tu essayes de faire quoi que se soit, à part te doucher, j'hésiterai pas à sortir mon arme. »

__________

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top