III
/Quelques phrases du chap précédent #2 ~
Je perçus alors une plus forte pression sur mon bras, là où le jeune homme m'empoignait : il serrait de plus en plus fort. Je secouai mon bras, pour lui faire comprendre qu'il me faisait mal, ce que je ne dus jamais faire, bien entendu. Il s'arrêta net, me prenant par le cou et en plaçant son arme, prête à me trancher la gorge.
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« Je t'avais prévenue. Tu ne m'as pas écouté... C'est regrettable tu sais ! Parce que...
-Eh ! Shey !, s'écria quelqu'un au fond du couloir, semblant se rapprocher. Il en reste encore ?
-Nope. J'ai la dernière avec moi là, répondit-il.
-Ok, mais... Tu lui fais quoi là ??, s'exclama le nouveau venu en tapant sur l'épaule de mon agresseur. Ne l'abime pas, bordel ! Sinon les autres vont te faire la peau.
-Ouais, pardon. Ça m'a reprit. Mais j'arrive à contrôler, ça va. »
Le jeune homme enleva son couteau et le rangea proprement sur sa ceinture. L'autre me souleva avec la corde qui me reliait les poignets et il me mit sur pieds. Seulement, je ne sentais plus mes jambes, alors je tombai à terre.
« Eh oh ! Debout !, hurla-t-il.
-Elle ne tient plus debout.
-C'est pas mon problème, Shey. Démerde-toi pour la porter jusqu'à la salle de réception, celle avec le salon, lui indiqua l'autre dont je ne connaissais pas le nom. Et fais-la pas tomber ! »
Shey -comme l'autre l'avait appelé - me prit par mes deux bras et me positionna le dos sur son épaule, me tenant d'une main le dos, laissant son autre main pendre dans le vide. Le pauvre, je ne savais pas comment il faisait pour pouvoir me porter ! Je n'étais pas la plus fine du monde... C'est vrai que quand il m'avait soulevé, j'avais pu voir malgré mon pull noir une musculature assez développée. Il était donc très fort. Il ne valait mieux pas l'affronter quand je tenterai de m'enfuir, enfin si je pourrai...
Il commença à marcher, l'autre homme devant lui, avançant tranquillement. Les murs, tous de la même couleur, défilaient sous mes yeux. Par moment, nous croisions des portes, qui semblaient toutes verrouillées. Les pas des deux hommes résonnaient dans le long et large couloir, qui n'en finissait plus.
Soudain, de nouveaux cris retentirent dans le bâtiment.
« Au secours ! Je vous en prie, arrêtez ! Non ! NOOON ! AAAAHHH... »
Mes dents serrèrent de plus en plus le foulard dans ma bouche, redoutant ce qu'il se passait derrière ces murs de béton. La pauvre femme. Que lui faisait-il bon sang ?
« J'adore ces cris désespérés et effrayés !, s'exclama Shey.
-Ouais, ça donne envie de les rejoindre. »
Mais c'était quoi leur problème ? Mais qu'est ce qu'il se passait vraiment pour ces gens-là ? Est-ce que... Qu'on leur faisait du mal ? Non... Mais dans quoi est-ce que j'étais tombée encore ?
Une porte s'ouvrit alors. Derrière moi surement, comme je ne voyais rien à part le couloir qui se rétrécissait face à moi. De nouveaux pas se firent entendre.
« Alors ? Ça c'est bien passé ? Tu as pu en faire ce que tu voulais ?, demanda celui qui ne me portait pas.
-Parfait. Ça m'a bien calmé. Et puis ses cris me faisaient du bien », avoua une autre voix masculine, que je n'avais jamais entendu jusqu'à présent.
Du bien ? Il était sérieux lui ?
« C'est qui ça ?
-Notre nouvelle arrivante.
-La fameuse ?
-Ouais, répondit Shey -ou le gars qui me portait sur son épaule-. Vous l'avez bien choisie, les mecs. Elle va plaire à tout le monde. Même à toi, Yael.
-Effectivement... »
Le dénommé « Yael » fit le contour de Shey pour venir me voir de face. Mes yeux s'écarquillèrent et j'eus un cri étouffé.
Un jeune d'environ 23 ou 24 ans se tenait devant moi, la peau ultra pâle, les lunettes à la monture noire sur son nez et une blouse qui était censée être blanche, mais qui ne l'était plus. Elle était trempée dans un rouge vif. De partout. Du sang. Même sur quelques mèches de ses cheveux très blonds, gouttait du sang. Son visage pâle était aussi parsemé de giclures rougeâtres.
Il s'avança un peu plus près de moi et tendit une de ses mains, fourrée dans un gant totalement recouvert de sang, et me prit par le menton.
« Vous avez raison. Elle est très bien, fit Yael avec un sourire machiavélique. J'aurai presque envie de la mettre dans mon labo...
-Eh oh ! On t'en apportera une autre si tu veux, mais pas elle. Les autres la veulent aussi, s'exclama Shey en se retournant. Dis, Heryk, tu veux pas lui en trouver une autre ?
-Hors de question. On a dit que quand elle serait enfin là, on devrait tous être présent. Alors non, je ne lui en trouverai pas une autre, rétorqua sèchement « Heryk ». Et toi, Yael, calme-toi un peu, tu veux ? Ça fait déjà la quatrième en trois jours que tu utilises.
-Ne me parle pas comme si j'étais un gamin, Herykler. Je fais ce que je peux, ok ?
-Je sais, je sais... »
Alors là... J'étais encore plus paumée qu'avant. Ce Yael, il faisait quoi à ces personnes ? Il les « utilisait »... mais pour quelle raison ? Pour qu'il soit en sang comme ça, je ne préfère pas y penser... Et puis, ils parlent des personnes qu'ils enlèvent comme de simples objets ! Comme leur « marchandise » comme disait l'autre un peu plus tôt. Mais bon, le point qui semblait le plus positif, c'était qu'il n'allait pas se retrouver avec mon sang sur sa blouse. Enfin, j'espérais...
Shey recommença à marcher, en me tenant plus fermement. Quand à Yael, il nous regarda partir, son sourire toujours encré sur son visage. Je ne pouvais cesser de trembler. Ou m'emmenaient-ils ?
« Arrête un peu de la fixer comme ça, Yael. A chaque fois tu leur fais peur », fit mon porteur, étant pourtant de dos.
A chaque fois ? Attendez, combien il y en a eut avant moi exactement ? Je ne le sentais pas...Pas du tout même...
Yael remonta ses lunettes, ne bougeant pas d'un poil, nous regardant seulement partir. Je n'arrivais pas à lâcher mon regard de cet homme. Il me faisait encore plus flipper que les cinq autres que j'avais vus jusqu'à présent, dont celui surnommé « Ta' », ainsi que Shey et Heryk -ou Herykler-. D'ailleurs, ce dernier n'avança pas et resta planté là. Il fixait l'homme à la blouse rouge.
« Change-toi, au moins pour les frérots. Et rejoins-nous dans 10 minutes, lui lança-t-il.
-Hum... Je serai là. »
Le brun se tourna alors face à moi et marcha, nous suivant, moi et mon porteur.
« Eh ! Herykler !, l'interpella le blond.
-Qu'est ce que tu me veux encore ?, fit celui devant moi.
-Ne me donne plus d'ordres, c'est bien compris ? »
Herykler se retourna, marchant à l'envers.
« Compris, Papi Yael ! »
Shey lâcha un rire moqueur, ce que me fit légèrement sauter, et Heryk se remit face à moi, un sourire gai aux lèvres.
C'est quoi leur délire ? L'autre blondinet ressemblait carrément à un psychopathe sortit d'un film d'horreur et il le traite de... de Papi Yael ? Hein, quoi ? Non, vraiment, je ne comprenais pas du tout ca qu'il se passait. Plus ça allait, plus je me sentais mal. J'étais presque au maximum de l'angoisse possible.
C'est alors que nous passâmes devant la porte ouverte. Sur le seuil, des trainées de sang. L'odeur était si répugnante ! Puis, la tête tournée sur ma droite, j'essayai de balader mon regard dans la salle.
Même si Shey allait vite, le peu que je pus voir me donna des hauts de cœur : une femme brune - celle qui se faisait emmener et qui hurlait précédemment -, les yeux ouverts et terrifiés, était attachée sur une table d'opération penchée, laissant apparaître ses d'énormes plaies noires d'où le sang coulait encore sur tout son corps dénudé. Le liquide était aussi étalé dans toute la pièce, sur tous les murs.
Mon cœur s'accéléra et ma respiration se stoppa presque. Puis, plus rien. Nous venions de passer la porte, longeant de nouveau les murs. Heryk, voyant que j'étais horrifiée par ce que je venais de voir, se pencha vers moi. Ce regard... Je l'avais déjà croisé quelque part... Mais où ? Je n'étais pas en capacité de me rappeler, j'avais trop peur.
« Pardon, t'aurais pas du voir ça..., souffla-t-il. Mais bon, Yael est tête en l'air. Il n'a pas refermé la porte de son labo. »
Un sourire se dessina de nouveau sur son visage, laissant apparaître ses deux pommettes.
« Oublie ce que tu viens de voir. C'est rien, t'en fais pas. Il ne...
-Heryk, ça sert à rien, le coupa Shey. De toute manière, elle va bien en voir d'autres.
-Mouais, t'as pas tort... »
En voir d'autres ? Non merci les mecs. Cette vision sur le carnage qu'il avait fait me suffisait amplement. Attendez... C'était Yael qui lui avait fait ça ? Il l'avait... Il l'avait...
« Hey, les gars !, s'écria une nouvelle voix, toujours masculine, qui me sortit de mes pensées. C'est elle ? Elle est arrivée ?
-Ouais ! Eh, tu vas voir, c'est un bon choix !, lui fit Shey, fier.
-Wouah ! Super ! Je vais prévenir les autres que vous l'accompagnez et que vous arrivez bientôt ! », s'exclama de nouveau la voix, au s'éloignant petit à petit.
Ses pas résonnaient d'ailleurs, comme s'il trottinait loin devant nous. Ce couloir faisait combien de mètre de loin exactement ?
« Hep ! Attends !, lui lança Herykler en levant ses bras en l'air. T'oublieras pas de repasser dans ton cabinet expérimental pour prendre ce que tu sais, hein ?
-Ouais, ouais, t'en fais pas ! J'y penserai ! »
La voix s'éloigna de plus en plus, laissant place à l'écho des pas pressés de l'homme courant à travers le couloir.
Je me raidis de plus en plus. Combien étaient-ils au juste ? En tout cas, jusqu'à présent, si je ne m'étais pas trompée, j'en avais compté 7, enfin 8 avec celui qui venait de repartir. C'était un véritable réseau de kidnapping ma parole ! Qui sait leur nombre réel... peut être bien plus que ce à quoi je pensais.
Durant les quinze secondes qui suivirent, j'analysai la discussion que venaient d'avoir les trois hommes. L'un d'eux avait parlé de « cabinet expérimental ». Ces deux mots me restèrent en tête, comme si j'en étais hantée. Je sentis mon corps trembler de nouveau à cause de l'angoisse qui ne cessait de grandir en moi.
Shey le sentait, que j'étais mal. C'est alors qu'il prit la parole :
« T'as peur, c'est ça ? »
Nan mais sans rire. Je venais de me faire enlever par des gens complètement chelous, de voir des gens se faire frapper et un corps sans vie, déchiqueté, mais tout allait bien ! Je m'éclatais là ! Il avait de ces questions, lui...
« Tu as de quoi. »
C'était quoi son problème ? Il aimait plomber le moral des gens encore plus ? Déjà que je flippais à mort...
« Mais t'inquiète. Nos frérots sont gentils, tu vas voir. »
S'ils sont comme eux tous, j'avais du souci à me faire.
« Gentils ?, intervint Heryk, les mains dans les poches. Tu rigoles j'espère ? »
Un rire moqueur lui échappa, laissant de nouveau apparaître ses fossettes – que je trouvais d'ailleurs trop mignonnes -.
« Ils sont sympas tous les 36 du mois, continua-t-il en se balançant de droite à gauche.
-Heryk, commence pas. T'es vraiment pas cool, rétorqua Shey en soufflant. Elle vient d'arriver, merde ! Fais un effort. Je sais que c'est pas ton boulot d'habitude de venir avec moi pour les emmener, mais là Juan devait aider notre Little Bro pour transporter le mec qu'on a prit ce matin. Il était du genre « je me laisse pas faire ». Enfin, tu vois quoi, finit Shey.
-Ouais, je sais... Mais ça me saoule. C'est pas à moi de faire ça. Pourquoi ce n'est pas le leader qui ne le fait pas lui-même ? »
Shey s'arrêta d'un coup, se tournant face à Herykler. Je pouvais sentir son bras se serrer plus fort mes jambes engourdies.
« Ne dis pas ça. Tu sais très bien que ça va te retomber dessus après.
-Je sais, merci. Mais je dis simplement la vérité, lui lança Herykler.
-Ferme-la.
-Alors là, tu peux te gratter ! C'est vrai quoi ! Il demande qu'on lui apporte tous ces gens, mais pourquoi il ne vient pas les chercher tout seul, ces cobayes ? Hein, pourquoi ?
-Mais ferme-la ! », hurla alors Shey.
C'est alors que je sentis ses deux mains me prendre par la taille avant de me balancer derrière lui, au milieu du couloir, comme si j'étais une simple chaussette sale.
C'était aller très vite. Trop vite. Je n'avais rien compris à ce qu'il venait de se passer. Je glissai au sol, les mains et les pieds toujours attachés, avant d'heurter violemment ma tête contre l'un des murs. J'avais tellement mal.
Des cris et des coups volèrent devant moi : Shey et Herykler se bagarraient. Soudain, ma vision se troubla et mes tympans sifflèrent légèrement.
Mes paupières se fermèrent et la lumière tamisée du couloir fit place au noir profond. Une nouvelle douleur au crâne surgit alors, puis elle se répartit dans tout mon corps. Je ne luttais plus, n'ayant plus de force pour ouvrir mes yeux et me relever pour partir d'ici. Je me laissai tomber contre le mur avant de toucher avec ma joue le sol froid du bâtiment.
Les cris et les injures des deux jeunes hommes s'éloignaient, je ne percevais plus rien. J'étais seule, dans ce noir.
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N°3~
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