La lagune aux sirènes

Miles s'éveilla au son calme de l'eau sur les rochers. Il entrouvrit les yeux lentement, encore passablement sonné de l'escapade de la veille, et vit qu'il était échoué sur le rivage d'une petite crique dont l'eau était d'un bleu saphir éclatant. Il tourna la tête autour de lui, jusqu'à remarquer la paire d'yeux à la surface de l'azur, qui ne manquait pas de le dévorer du regard.

« Ha ! Tu es enfin réveillé ? J'ai cru que c'était trop tard. »

Miles contempla ce visage féminin d'une beauté inouïe, les longs cheveux noirs qui en tombaient embrassaient tout juste la surface les vaguelettes s'étalant sur le rivage. Sa bouche avait une forme harmonieuse, et la voix qui en sortait l'était tout autant.

« Suis-je au paradis ? demanda Miles.

—Je suis flattée trésor, mais je crois bien que non », fit la voix amusée.

A cet instant, Miles remarqua que ce qu'il avait d'abord pris pour des jambes était en fait des nageoires pisciformes, reliées à une queue composée d'écailles azurées emplies de reflets arc-en-ciel.

« Une sirène, pensa Miles, les sirènes m'ont ramené dans leur lagune ».

« Mais ce qui m'intéresse le plus mon choux, renchérit la sirène, c'est de savoir ce qu'un pirate comme toi faisait en pleine mer, sans bateau, ni compagnons.

—Je vous remercie de m'avoir sauvé de la noyade, mais ça ne veut pas dire que je dois répondre à vos questions, ce ne sont pas vos affaires, répondit Miles d'une voie faible.

—Ho vraiment ? Moi je pense que tu as cherché à laisser tomber ton équipage, mes sœurs aussi. Et je pense que nous devrions te ramener à Peter de mon cœur pour qu'il dispose de toi selon son bon désir. Cela lui montrera que nous honorons notre part du marché et que nous ne voulons pas d'histoires. »

A ces mots, l'espoir de Miles se mua en colère. Ainsi, même des êtres si purs que les sirènes de ces lieux étaient à la solde de Pan. Il n'y avait donc aucun moyen de sortir de ce cauchemar.

« Dans les mythes que l'on m'a racontés avant que je vienne ici, dit Miles la voie tremblante, les sirènes dévoraient les marins en les séduisant jusqu'à qu'ils tombent à l'eau. En fin de compte, vous faites bien pire. Aussi belles que vous soyez, vous n'en restez pas moins les servantes du diable en personne.

—Nous n'avons jamais fait ça ici chéri. Nous voulons juste que personne ne nous mêle à leurs histoires. Et toi, tu es matière à ennuis. Qu'est-ce qui ne te plaisait pas dans ta vie de pirate ? Tu en avais marre de dérober des choses précieuses que tu ne méritais pas ? D'égorger des gens sans défense ?

—Justement oui ! Je n'ai pas signé pour tuer des femmes, des enfants ! C'est ce que Pan veut faire maintenant, ce que Crochet, voire Teach, avait fait avant lui ! Ce pays se targue d'être le pays des rêves éternels, mais il corrompt ceux qui s'y trouvent, à jamais ! Nous n'y sommes pas libres, mais prisonniers !

—Tu abuses de notre patience, trésor, répondit froidement la sirène, penser que notre Pan adoré pourrait être mêlé à des actes effroyables... Il veut juste que tout se passe bien ici. C'est toi qui vois des problèmes là où il n'y en a pas. Non vraiment, nous allons te ramener à Peter qui t'apprendra les bonnes manières !

—N'en faites rien, sirènes ! » Dit soudain une troisième voix énigmatique.

Un halo de lumière apparut aussitôt sur le Rocher au centre de la lagune, dans lequel se trouvaient deux femmes, l'une vêtue de blanc et dotée d'ailes translucides, l'autre, plus jeune, avaient des vêtements étranges et semblait ne pas savoir où elle se trouvait.

Miles trouva cela assez inhabituel, même pour le Pays Imaginaire.


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