Ce qui reste de l'imaginaire
Les falaises de Pics portaient leur nom avec raison. Ce lieu atypique se compose de gigantesques falaises, presque aussi hautes que le mont central de l'île, donnant vue sur un lac intérieur, duquel surgissaient d'immenses formations rocheuses rappelant les dents d'une terrifiante créature marine, s'élevant sur plus d'une centaine de mètres. Certaines étaient de formes plutôt cocasses et se donnaient à de magnifiques figures aériennes, d'autres étaient cassées et jonchaient la surface noire du lac.
Miles comprit pourquoi ce qui restait des peuples libres du Pays Imaginaire avait choisi ce lieu. Ici, ils étaient à l'abri des pirates, peut-être même du démon volant qui hantait les cieux.
Laura ne vit cela que comme un lieu formidable de plus, formidable mais devenu sinistre. Si Pan était vraiment à l'origine de tout cela, s'il a vraiment été l'enfant au grand cœur que sa grand-mère avait connu, alors il serait possible de le faire revenir dans le droit chemin.
Il leur fallut plusieurs heures de marche pour parvenir au sentier escarpé qui cheminait le long de la falaise. Il y avait de nombreuses grottes creusant sa paroi, et Miles espérait que cette fée ne s'était pas trompée.
Laura entendit alors quelque chose d'étrange. Quelqu'un l'appelait, elle entendait son nom dans les airs.
« Miles, je crois qu'on m'appelle, dit-elle, quelqu'un est en train de m'appeler.
—Vous divaguez, miss Darling, vous voyez bien qu'il n'y a personne ici, pas âme qui vive. Je crois que ces indiens ne sont pas ici, encore moins les enfants. Nous devrions rebrousser chemin. »
A peine avait-il prononcé ces mots, que Miles se retourna uniquement pour faire face à une pointe de flèche braquée sur lui. Derrière l'arc se trouvait un peau-rouge, et un rapide coup d'œil circulaire fit rapidement comprendre à Miles qu'ils étaient encerclés.
« Maudits... jura Miles.
—D'après ce que ma grand-mère m'a raconté, les indiens ne sont pas méchants, ils cherchent juste à protéger leur territoire... se souvint Laura.
—Ce pays n'a plus rien à voir avec ce que votre parent vous a raconté, je suis un pirate pour eux, je suis déjà chanceux qu'ils ne m'aient pas tué à vue. »
L'indien qui menaçait Miles de sa flèche lui répondit alors dans son dialecte guttural, inconnu des pirates.
« Je ne comprends rien à rien de ce que tu dis, peau-rouge, dit Miles, les dent serrées.
—Ce que mon ami l'indien essaie de te dire, pirate, fit soudain un enfant sorti des fourrés, vêtu d'une peau de bête, c'est que si tu prononces encore un mot, il ajoutera ton scalp à sa collection.
—Nous ne sommes pas vos ennemis, répondit Laura, je suis Laura Darling, la petite-fille de Wendy, et nous cherchons...
—Darling ? Wendy, coupa l'enfant perdu, c'est Pan qui t'a fait venir ici ?
—Pas vraiment, c'est Clochette qui nous a dit où vous trouver, elle nous a dit de vous rejoindre, avec Miles. Elle pense que nous avons un rôle à jouer dans cette histoire.
—Et elle t'a envoyé avec un pirate ? Elle devrait mieux choisir à qui elle fait confiance.
—Miles a quitté son équipage et a choisi de me suivre. Son seul vœu est de s'en aller d'ici.
—On ne peut s'en aller d'ici, seul Pan et ce qui reste du pouvoir des fées peuvent permettre à quelqu'un de partir. »
Miles se décomposa. Pan n'était pas une option, et Clochette avait vraisemblablement mieux à faire qu'aider un ex-pirate à retourner dans un monde où il n'était plus qu'un vague souvenir.
Soudain, l'indien en face de lui disparut dans un souffle de vent.
« Enfin, je comprends pourquoi vous n'étiez pas faciles à trouver, fit une voix dans les airs. »
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top