Parlure forcée

Alors que le silence règne,
Que son esprit s'enflamme de mille rêves,
Que son désespoir lui laisse une trève,
Il se plonge dans un calme que rien ne contraigne.

Mais cet apaisement superbe,
Est meurtri par sa famille,
Qui ne comprenant pas son absence de verbe,
Le force à esquisser quelque babille.

Ils pensent bien faire,
Ils veulent l'aider à s'épanouir,
Alors qu'il rêve davantage dans ce calme fait de fer,
Et s'évade à chaque fois qu'il peut lire.

Les mots sont ses meilleurs alliés,
Il répugne juste à les utiliser pour parler,
Il préfère rester en retrait
Et s'enfermer dans son cocon si douillet.

Mais, personne ne le respecte,
Ce cocon si fin et travaillé,
On le brise, l'osculte et l'inspecte
Sans se préoccuper de son intimité.

"Parle", c'est tout ce qu'il entend,
La frustration, c'est ce qu'il ressent,
On lui intime aussi de lâcher son téléphone
Comme si c'est cela qui le rendait aphone.

"Parle", c'est tout ce qu'ils ont à la bouche,
Il ne veut pas s'exprimer,
Mais, ils ressemblent à une souche
Que l'on aurait bouchée.

On pense que son refus de parole est une maladie,
Alors que ce n'est qu'un défi.
On le pense associal
Lui qui souhaite juste échapper à ce mal.

Oui, mal, c'est ce à quoi il associe la parole,
A force de se faire harceler,
Il ne sait pas jouer ce rôle
D'être humain parfaitement adepte de la société.

Cela ne semble pas ébranler son entourage
Qui écrabouille ses envies
Qui détruit ce qui le définit
Et creuse ce fossé qui les départage.

Fossé, ou devrait-il dire, néant,
Ou bien plutôt un pont qui sépare
Leurs deux mondes  évoluant
En parallèle finiront par se croiser quelque part.

C'est ce qu'ilespère.
En attendant, il nage dans le déni,
Il s'habitue à tremper dans le mépris
Ce qu'il pense être délétère.

Démuni, il enfouit sa tête dans le sable,
Juste le temps que passe la rafale,
Il endure cette nuée de rectitude,
Aspirant à un moment de solitude.

On pourrait le croire froid,
Ingrat, immâture, insolent,
Mais il est juste adroit
Pour masquer ce qu'il pense et ressent.

Dès qu'il reçoit ce qu'il désire ardemment,
Il reconstruit son cocon,
Fastidieux travail même pour un être patient,
Mais il en a besoin pour se protéger de l'horizon.

Il sait que cette tranquilité n'est qu'éphémère,
Il craint ce prochain instant,
Où son travail sera réduit en poussière
Et sera avalé par les limbes du chaos assourdissant.

Personne ne comprend son mutisme,
Il s'en moque,
Il reste dans son utopisme,
Il reste enfermé dans sa coque.

Il ne s'exile pas du monde, mais des humains,
Il se retire de leur quotidien,
Il se loge dans son antre secrète,
Il se repère grâce à des formules obsolètes.

Il se perd entre ce qu'il doit faire et ce qu'il veut,
Il réitère ses voeux avec ferveur,
Il se protège avec ce qu'il peut,
Il abandonne son coeur.

Pourtant, ses larmes commences à dévaler ses joues,
Ces perles salées ornent son regard,
On lui reproche d'exhiber ce tabou
Et on le traite d'ignard.

Pourtant, il pleure, il crie, il chante,
Il s'époumone pour montrer qu'il existe,
Il prouve que sa vie est importante,
Même si elle est faite à l'improviste.

On lui jette l'opprobre,
Il récupère des compliments,
On l'agresse violemment,
Il prend ça pour une blague peu sobre.

Relativiser devient son arme,
Son silence demeure son fidèle destrier,
Sa carapace réside dans ses larmes,
Ses paroles insalubres se cachent dans sa plume usée.

Incompris, il se laisse porter par le vent,
Exilé, il en profite pour réfléchir sagement,
Inconnu dans cette foule, il se dissimule,
Sombre, il s'efforce de se cacher dans cette lumière qui s'accumule.

Face à l'aurore, il se sent bien,
Discret, il grandit parmi les bavards,
Il renferme des secrets dont il est seul gardien
Et il se confond dans le brouillard.

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Hello, deuxième poème de la journée, je suis déterminée aujourd'hui !

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