5 | La Grotte Dérev Bree Zéh

— Désolé, mais on ne peut pas vous emmener plus loin. Je dois d'abord prévenir Axel de votre état, il saura vous offrir l'accueil que vous méritez.

Caleb retient Jude d'appeler le multimilliardaire en lui piquant son portable des mains.

— Ah non, non, non ! Il ne doit pas encore savoir qu'on est ici, insiste le punk. Les Rebelles n'annoncent jamais leur arrivée. On doit rester imprévisibles !

— Comme des ninjas ? s'amuse Acker, intrigué par cette façon de penser.

Ils ont terminé la course radeau contre jet-skis à la plage où Bay a affirmé avoir vu ses coéquipiers Disparus. C'était mieux de garer le Detroit ici plutôt qu'à la Petite Plage d'Eden, d'après le coach.

— Vous n'y connaissez rien, en effet de surprise ! ricane Caleb. On se pointera quand notre heure viendra.

— On doit surtout retrouver Davy et Doug, oui ! La Rébellion est incomplète sans ces deux-là, éclaire Bailong en désignant la jungle.

Vu qu'ils n'étaient plus dans le coin – cachés derrière l'un de ces rochers ou dans cette charmante petite cabane en troncs de cocotiers, les Rescapés pensent que leurs amis ont dû aller dans cette forêt tropicale.

Le Maître des Tactiques récupère alors son portable puis démarre son jet-ski, laissant Caleb et ses Rebelles faire comme bon leur semble.

— Elliot, Acker. On s'en va, dit Jude avant de glisser en suivant le littoral.

Cela ne leur a pris que quelques secondes pour rejoindre l'autre côté d'Eden. Celia Hills – la sœur de Jude, vient à leur rencontre aussitôt qu'ils débarquent sur la Petite Plage de sable fin.

— Jude ! Venez voir, presse-t-elle en lui empoignant le bras pour qu'il la suive vers un groupe de transats.

— Que se passe-t-il donc ?

Sa petite sœur lui montre alors un jeune footballeur installé comme un roi à l'ombre d'un parasol, entouré d'un cercle d'admirateurs diversifiés – le suspens de son récit épique les tenant en haleine.

Il était en train de se faire arranger les cheveux par Archer Hawkins – un ami de Jude et Celia, le coiffeur expressément engagé par Axel pour le plaisir de ses invités d'honneur.

L'ancien trio de Polaris reste bouche bée en reconnaissant le jeune Rebelle de l'équipe de Caleb. Doug.

— Et c'est pas fini ! continue Celia en pointant ensuite le bar à sirènes du resto de la plage.

Le club de foot de la Baie des Pirates occupait le comptoir et les tables avoisinantes, riant et commentant bruyamment les fantastiques aventures de leur capitaine – qui n'était nul autre que le second Rebelle Disparu de Caleb. Davy.

— Le naze, rigole Elliot en pensant à son pote Stony. Ils vont crever dans la jungle avant d'arriver à la fête.

• • •

— Long, on est où là ?

— On n'est pas perdus, OK ?! déclare le capitaine pour l'énième fois depuis le début de leur excursion dans les marécages d'Eden. C'est dur de penser comme Doug et Davy pour retrouver leurs traces !

Les Rebelles erraient dans la jungle en sirotant du jus de coco. Il y avait plein de noix sur la plage, avec des bananes et autres fruits sûrement cueillis par leurs coéquipiers Disparus. Ils n'avaient qu'à se servir, et en un rien de temps, ils étaient de nouveau au top.

Ils ont déjà ratissé la forêt de fond en comble, sans tomber sur leurs amis.

— Y aurait pas une rivière dans le coin ? demande Bay en reniflant l'air – ses sens de forestier reconnaissaient le gentil ruissellement de l'eau, pas très loin.

— Justement, on y est presque... sourit Bailong en pressant le pas.

Il ne restait plus que cette prairie herbeuse. Le capitaine, qui avait apparemment des souvenirs d'une bonne partie de son enfance passée sur cette île, pensait que c'était bien le dernier endroit où ses coéquipiers pourraient se trouver. C'était une zone très difficile d'accès.

Bailong pénètre dans les pâturages comme si c'était chez lui.

— Les mecs ! Vous êtes l–

Son subit cri de surprise, semblable à un rire étranglé, était dû à l'apparition d'un personnage incongru.

Ce nouvel ennemi pointait un fusil vers le capitaine des Rebelles.

Un air professionnel se dégageait de lui : regard déterminé accentué par ses lunettes noires badass, posture menaçante complimentée par une veste en cuir assortie, petite clochette autour du cou en guise d'accessoire fantaisie, et par-dessus tout...

— Mais ce sont mes santiags ! s'offusque Bailong en pointant un index accusateur vers le bébé chèvre qui l'avait dans son viseur.

— C'est tout ce que tu trouves à dire ?! Mais rien ne va avec cette chèvre ! s'indigne Njord après le commentaire de son capitaine.

— T'as bon goût, Long ! siffle Caleb en regardant admirativement les chaussures que la petite chèvre avait à chaque patte.

Un bêlement furieux du chevreau fait vite taire les Rebelles. Il avance de quelques pas, la pointe du fusil toujours dirigée vers Bailong.

Caleb éclate de rire en voyant les mines apeurées de ses protégés.

— Il n'y a pas de danger, soldats ! Ce bébé chèvre bluffe ! Y a aucune chance qu'il soit chargé–

Une balle précisément tirée pour casser les lunettes de soleil de marque du punk lui prouve le contraire.

— Courez, soldats ! Courez ! est l'ordre immédiat du coach après cet attentat à sa vie.

— La Grotte Dérev Bree Zéh, se souvient soudain Bailong. Par là, les gars !

Il les entraîne vers une muraille de lierres grimpantes qui longeaient une dalle de pierre circulaire. Ils seront en sécurité une fois derrière, mais le temps leur manque pour s'arrêter et l'écarter de leur passage.

— Hop ! murmure alors Harrold avec un mouvement ascendant de sa main gauche.

La dalle est soulevée juste à temps grâce à sa maîtrise psychique.

— Ouf ! On a échappé à une nouvelle mort certaine, soldats ! rit Caleb après avoir rampé en dernier sous la dalle de pierre descendante.

Le passage vers la Grotte Dérev Bree Zéh  reste bloqué face aux bêlements du chevreau de l'autre côté.

— Mais pourquoi l'Univers cherche tout le temps à nous éliminer ? soupire Jimmy – le front renfrogné en étudiant l'architecture élaborée dans cette grotte secrète de l'île Eden.

Ses murs épais étaient ornés de motifs qui lui rappelaient différents contes de l'extrême Orient, mélangés à des dessins représentant des légendes du temps d'El Dorado et des Conquistadores. L'artiste qui étaient en Jimmy et Cronus se réjouissaient de pouvoir admirer un tel chef d'œuvre.

Quentin, Aimé et Iggie admiraient surtout le coucher du soleil derrière le rideau d'eau créé par une cascade à la sortie de la grotte DBZ – à l'opposé de la dalle de pierre.

— C'est beau.

— Oui. J'imagine qu'on est sous la rivière, du coup.

— Ah, j'aimerais tant que mon père voit ce spectacle ! Il adore ce genre de paysages...

— Filme-le avec notre phone, alors ! dit Aimé en lui tendant l'appareil devenu obsolète après toutes ces péripéties.

Le gardien de but entreprend donc d'immortaliser le moment.

Il remarque une silhouette obscure se matérialiser progressivement devant le rideau liquide pendant que le ciel se teintait d'un joli dégradé d'orange et de violet.

Puis un visage humain adresse un beau sourire à Quentin à travers l'écran brisé du téléphone.

— M-mais c'est–

Surpris, le Rebelle lâche l'appareil – qui est rattrapé en pleine chute par le chevreau snipper de tout à l'heure.

— N'ayez pas peur ! les rassure aussitôt l'apparition du crépuscule en l'attirant dans ses bras. Blanchette vous avait pris pour des ennemis, mais je savais que c'était vous, Bailong !

Le capitaine des Rebelles sort lentement de la zone ombragée de la grotte pour faire face à son homologue de l'équipe Zéro – le même sourire radieux que lui au visage.

— Ça fait longtemps, Tezcat !

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